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mafllf, 8c.Vénus lui en avoit fait préfent. Mèneras
le préparant à L'expédition de T ro y e , fut
confulrer l'Oracle de Delphes avec Ulyfle, Apollon
ordonna de lui confacrer ce collier , qui fut
porté dans Ton temple. Quand les Phocéens pillèrent
ce temple, la femme à qui il échut n'en
fut pas plutôt parée, qu’ elle fe livra à la profti-
tution.
On a parlé auffî du népenthe apporté d’Egypte,
qui avoit la vertu de faire oublier le chagrin , 8c
dont elle fit boire à Télémaque dans le temps qu'il
étoit fi inquiet & fi affligé de l'abfence de fon père.
Voyei. NepeNthes.
Telles font les traditions communes fur l’hif-
toire d’Hélène : mais Hérodote & Euripide en
fuivent d’autres très-différente^.
Hérodote raconte qu'étant en Egypte, il avoir
demandé aux prêtres égyptiens fi Hélène avoir
été véritablement enlevée, & que ces prêtres lui
avoient répondu que la vérité de ce fait avoit été
confirmée à leurs anciens par -Ménélas même5 que
Paris retournant avec elle avoit été je tte , par
la tempête, fur la côte d ’Egypte, & conduit à
Memphis devant P rorée, qui lui reprocha fortement
le crime 8t la lâche perfidie dont il s'étoit
rendu coupable enenlevant la femme de fon hôte,
& avec elle tous les biens qu’il avoit trouvés dans
fa mai fon; que Protée , en ch.: fiant Paris de'fes
états avoir retenu Hélène avec toutes fes richef-
fes , pour les reftituer à leur légitime poffelfeur;
que les Grecs avoient mené une grande armée devant
T ro y e ; qu’avant de commencer les hofti-
lités , ils avoient envoyé à Priam des ambaffadeurs,
du nombre defquels étoit Ménélas, pour redemander
Hélène > que les Troyens avoient répondu
que cette princefie étoit en Egypte chez le roi
Protée ; que les Giecs prirent cette réponfe pour
une dérifion; mais qu’aérés la ville prife, ils trouvèrent
que la réponfe étoit vraie, 8c qu’Hélène
étoit eff étivement à Memphis ; que Ménélas y
alla fur le champ, 8c quelle lui fut rendue. A ce
récit des prêtres égyptiens , Hérodote ajoute ces
réflexions : « Si Hélèneavoit été à Troy e , dit-il,
» les Troyens l’ auroient rendue, malgré Paris ,
», car Priam 8c tous les autres princes de fa fa-
„ miUe n’étoient pas allez fous pour hafarder la
» ruine du royaume, dans )a feule vue de lui con-
» ferver fa màitreffe ; & quand même, ils^ fe fe-
„ roient d’abord opiniâtrés à la retenir, ils au-
„ roient changé de fentiment après leurs pre-
sr mières pertes, & fur - tout après la mort de
», deux ou trois fils de Priam, tués dans le combat,
», D ’ailleurs , ce n’ étoit. pas Paris qui devoir
», régner-après Priam, mais Heélor , & Heétor
», n’aurok pas eu la complaifance de fe facrifier
n pour l’injuftice de Ton frère. MaisJes Troyens
» pç puiçnt ni rendre Hélène* ni perfuader qu ils
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» ne l’avoient pas, le deftin réglant de la forte'
^ les évènemens, afin que Troye fût faccagée 8c
» ruinée de fond en comble, & qu’elle apprît
» à tous lès.hommes que les grandes injuftices
» attirent enfin de grandes punitions de la part
» des dieux ». A ce raifonnement d’Hérodote.,
on pourroit oppofer ce que dit Homère de la belle
Hélène y « que les vieillards, confeillers de Priam,
» n’eurent pas plutôt apperçu Hélène, que, frap-
» pés d’admiration, ils fe dirent les uns aux au-
» très : faut il s’étonner que les Grecs 8c les
» Troyens fouffrent tant de maux, 8c depuis fi
» long-temps, pour une beauté fi parfaite : elle
« refîemble véritablement aux déelfes immor*
» telles ».
Euripide nous préfente l’hiftoire de cette pnn-
ceflfe fous un point de vue plus fingulier : Hélène
vertueufe, c’eft ce que l’.on ne voit chez aucun
autre auteur ancien. Hélène, dans l’2<fte premier
de la tragédie qui porte fon noni j« protefte que
» ce n’ elt point elle qui fut enlevée par le prince
» Troyen , mais un fantôme qui avoit fa reflem-
» blancé; 8c cela, parce que Junon, piquée de
.» voir Vénus remporter la palme de la beauté ,
» voulut tromper Paris par cette faufle apparence
» d'Hélène. Cette erreur, dit elle, devint toute-
» fois bien funefte à la Grèce 8c à la Phrygie*
» car il n’y a eu rii Phrygien, ni Grec qui ne
» crût voir Hélène dans Troye. Cependant des
» milliers d’hommes ont été les vt&imes d’une
» guerre de dix ans: Troye eft devenue la proie
» des flammes, 8c toute la Grèce a été boule-
» verfée pour un fantôme ». Platon fembJe avoir
adopté la tradition d’Euripide , puifqu’ au livre
neuvième de fa république, il compare les hommes
qui courent après les plaifirs vains 8c palfagers aux
Troyens qui combatoient, félon Stéfichoré qu’il
c ite, pour le fantôme d’Hélène, croyant pofféder
la vraie Hélène,qu ils n’avoient pas. "Cette fable
venoit apparemment des Lacédémoniens, -qui
étoient intéreffes à la faire croire, pour fauver
l’honneur d'Hélène3 fi décriée par toute la Grèce ,
8c de Ménélas, qui avoit eu la foibleffe de fe raccommoder
avec e!«!e après l’avoir recouvrée. Mais
comment fe trouvoit-elle donc en Egypte à Inifçu
des Grecs 8c des Troyens ? Mercure, dit le
poète , enleva , par l’ordre de Junon, la reine de
Sparte, tandis qu’elle cueilloit des rofes, 8c la
tranfporta dans Pile de Phares en Egypte, Ménélas,
après la ruine de T ro y e , s’ tn retournoit
en Grèce avec le fantôme dé Hélène, qu’ il rfvoiç
enlevé aux Troyens, lorfque la tempête le jc-tta
fur la côte d’Egypte : il app-.it qu’il y avoit au palais
du roi ure pr nceffe grecque , nommée Hélène ,
fille de Tytidare ; il rèconnojt fa femme en la
voyant, 8c Hélène le reconnoît aufli ; mais ne
pouvant concevoir qu’ il y eut deux Hélène s y il fa
crut trompé par un fonge. La véritable Hélène
lui explique le feerçt de fqnsBRB} mai$ il ne fo
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contefttoit pas de ce récit, lorsqu'un officier de
Ci fuite, criant au prodige , lui vint dire que
vainement les Grecs ont effuyé tant de maux a
Troye, qu'il ny a plus d'Hélène pour Ménélas ,
qu’elle s’ eft évanouie dans les airs apres avoir dit
ce paroles : « Grecs & Phrygiens, qui avez péri
.. pour moi aux rives du Scamandre, que je plains
„ votre illufion 1 Junon vous abufoits vous crûtes
n Hélène au pouvoir de Paris j il ne la pofléda
a. jamais i pour moi je vois ma deltinee remplie,
»» 8c je retourne dans les airs dont je fuis formée 5
„ mais apprenez que la fille de Tyndare étoit inno-
» centè ... Ménélas , pleinement convaincu par
ce récit, fe vendit à l ’évidence du prodige, &
ne fongea plus qu’aux moyens d’emmener à Sparte
fa vertueufe époufe. Te l efi le fujet de la tragédie
d ‘Hélène dans Euripide.
C ’eft fur ce fondement que les Lacédémoniens
confacrèrent un temple à Hélène, ou elle étoit
honorée comme déelfe, dit Paufanias. Hérodote
ajoute qu'on l’ invoquoit pour rendre beaux les
en fans difformes. Une femme deSparte, dit-il,
extrêmement riche, étant accouchée d une fiLe
la plus laide de toutes le s , créatures, une per-
fonne inconnue apparut à la nourrice, qui lui
confeilla de la porter fouvent dans le temple de
la déeffe Hélène ; 8c elle devint fi belle dans la
fuite, qu’Arifton, foi de Sparte, en devint amoureux,
8c l ’époufa. Si ce prétendu miracle eût été
bien avéré, 8c que l’officieufe nourrice n’eût f>as
changé l’enfant, le temple d'Hélene auroit etc
affinement le plus fréquenté de tousles temples
de la Grèce. Un autre miracle de la déeffe Hélène y
c ’eft qu’elle aveugla le poète Stéfichoré , qui avoit
ofé médire d’ elle dans fes poèmes , 8c qu’elle lui
rendit la vue dès qu’ il eut chanté la palinodie.
Voyei Achille, Déiphobe, Ménélas , Paris,
Protée.
Ifocrate a fait un panégyrique d'Hélène , dans
lequel il affure que non-feulement elle obtint
1 immortalité , mais qu’ elle acquit encore une
puiffance dans l’olympe affez grande pour faire,
placer au nombre des dieux Caltor 8c Pollux, fes
Frères.
Winckelmann croit reconnoître l’arrivée en
Egypte d'Hélène tk de Paris fur'la belle mofaïque
de Paleftir.e ; mais M. l’abbé Barthélemy y r'e-:
connoît l'arrivée d’Hadrien dans la même contrée.
Colutus admiroit comme une beauté d'Hélène
fes four cils qui étoicnr réunis.
Winckelmann a publié dans fes monumenti ine-
diii plufieurs bas - reliefs 8e_iine peinture, dont
les fujets font les amours de Paris 8c d'Hélène,
8c l’enlèvemei't d'Hélène par Paris. Il a trouvé
dans la cplle&îon de Stol’ch une pâte antique
représentant l'enlèvement d'Hélène par Théféè ,
.wdé de fon ami Pirithoüs, 8c une prime d’émé-
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rayde, fur laquelle on voit Ulyffe aflis devant
un baflin deftîné à lui laver les pieds, une femme
agenouillée .qui l’aide à fe déchauffer, 8c derr ere
celle-ci Une autre femme debout. Comme Ulyfle
ne fait point ici le figue du faïence à la femme
agenouillée, on ne peut y reconnoître la nourrice
frappée d’ étonnement à la vue de fa cicatrice.
On fait qu’Hélène ( OJyJJ. A* v. 252.)
lava les pieds à Ulylfe lorfqu’ ii fe fvt introduit
dans Troye déguifé en mendiant. D ’ ailieurs les
deux femmes gravées fur cette pierre ont un air
noble qui les diitingue d’une nourrice 8c d’ une
vieille fervante.
H éléne , femme de Conftance-Chloie, mere
de Conllantin.
Flavia Julia H elbna Augusta.
Ses médailles font :
RRRR, en o r , ou peut-être unique,aucabipet
du r oi.
O. en argent.
C . en P. B. latin.
H éléne , femme de Crifpe.
HELENA NOBILISSIMA FQEMINA.
Ses médailles font :
O. en or, 8c en argent.
RRR. en P. B .j on n’en trouve que de cette
forme.
Héléne,, femme de Julien II.
Flavia Julia H elena. Augusta.
Ses médailles font :
O. en or 5 quoique Banduri en rapporte uneî
mais elle n'eft connue dans aucun cabinet.
O . en argent.
R. en P. B. qui eft la feule grandeur où l’on
trouve cette pnneefle avec le nom d'Hélène y ou
avec le titre de Isis Fa r ia .
HÉLÉNOPHORIES , fêtes célébrées à Athènes.
Elles prenoient leur nom des cotbeifles d’ofier,
appellées txéycci t dans lelquelles on portoit en
grande pompe des chofes religieufes, & cachées.
( Pollux X. 5-3 & Hejychius. )
HÈÎLÉNUS , fils de Priam 8c d’Hécubé , fut
le feu! dés fils de ce prince qui furvëcut à la ruine
de fa patrie. Il avoit appris de fa foeur Caffandre
i l’art de la divination. Virgile lui fait prédire l’ave