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ment grecques , firent ufage des lettres latines b ,
T , L , m , n , R , S : ainfiparleMontfaucom Mais
la plupart de ces lettres font incomparablement
plus anciennes fur les médailles , fans y être pourtant
ordinaires. »
« On croit communément que l’ufagë des ac-
cens & des efprits ne s’eft introduit dans les ma-
nuferits grecs qu'au V Ie fiè c le , parce qu'on en
trouve du V I e où ils ne paroiffent pas. Leur origine
eft néanmoins , de l'aveu des favans , beaucoup
plus antique > & l'on ne pourroit rien conclure
contre l'âge de manuferits marqués daccens,
s’ils porïoient des caraétères d'un âge plus reculé :
peut-être même auroit-on tort , fous cè feul prétexte
, d'en raibaiffer quelques-uns au-deffous des
V e ou V I e fiècles. Cependant , comme au VIIe
fiècle l'ufage des accens devint général, on ne
peut fe difpénfer de fixer au moins à ce fiècle les
manuferits qui en font dépourvus. » ( Nouvelle
Diplomatique. ) Vfye^ ÉCRITURE.
L ettres gauloifes. Voyez Gau lo is & É critu
r e .
L ettre s hiftoriées.
« Les lettres initiales des livres, des chapitres
& des alinea étoient d'abord d'un goût beaucoup
plus fimple -qu'elles ne commencèrent à le paroître
au V IF fiècle , & même fur la fin du V I e. Ces
ornemens furent prodigués de plus en plus dans
la fuite. Moins un manuferit affeéte les lettres
hiftoriées à la tête des livres & des chapitres,
moins il emploie de lettres initiales d'un plus grand ,
volume que celles du texte aux alinea, plus on
doit juger ce manuferit ancien , s'il eft écrit en
onciale ou demi-onciale- Par exemple, les premières.
lettres des pfeaumes du célèbre Pfeautier
qu'on croit avoir été à l'ufage de S. Germain,
évêque de Paris au V Ie fiècle, ne font point fu-
périeures à celles du texte. C'eft encore une marque
d'une belle antiquité lorfqu'on trouve la première
lettre de chaque page, ou feulement la plupart
des pages d'un manuferit, commençant par
^une grande lettre , tandis qu'on n'en, met que
d’une taille ordinaire à la tête des livres & des
alinea : tels font les fragmens d’un Virgile , dont
on a donné le modèle dans la nouvelle appendice
de la Diplomatique de Mabillon j tel eft le manuferit
960 de la bibliothèque de Saint-Germain-des-
Prés. »
« Il n'eft peut-être point de cara&ère plus facile
à faifir, ni plus propre à déterminer l'âge des
manuferits, que celui qui réfulte de la forme &
du génie de leurs lettres hiftoriées , répondant à
nos lettres grifes- En général,' leur rareté dans les
manuferits, où d’ailleurs on ne s’eft point négligé
fur l’élégance, eft én proportion avec leur antiquité.
Si ce caractère n’étoit démenti par aucun
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autre, on pourroit eftimer du V fl fiècle, ou dà
V Ie au moins, tout manuferit où l ’on n'en déçoit
vriroit aucune. Du re lie , on ne prétend pas fixer
au dernier l'origine, des lettres hiftoriées : on ne
fauroit même prefque douter qu'elle ne foit bien
plus ancienne. »
«En effet, le V I e fiècle n’étoit pas un temps
fort propre à faire éclore des nouveautés fi recherchées.
Ces lettres font appcllées capitulaires
parce qu’elles étoient placées au commencement
des chapitres & des livres.
« Les lettres en broderie commencent à relever
les manuferits du V I e fiècle.. Au VIIe , elles deviennent
plus fréquentes, & rempliffent quelque-
c fois la première page d’un livre. »
« Aux lettres brodées , en France, fuccéda la
mode des lettres en treillis ou à mailles. Leur
malfif commença d’abord par recevoir des chaînettes
: bientôt elles fe multiplièrent au point de
produire des lettres treffées & entrelaffées. Le
règne de ce caractère défigne les V IIF de IX*
fiècles. »
« Les arabefques parurent fur les lettres hifto-
: rièes dès le V IIF fiècle; leur faveur s’accrut dans
la fuite ; leur crédit fe foutint au moins jufqu’au
X I Ie fiècle ; mais depuis le X e fiècle, ce fut avec
un dépériffement fenfible du côté du goût. »
« Les lettres blafonnées, ou pour ainfi dire, en
marquetterie, appartiennent à l'écriture lombar-
dique. Elles font extrêmement maflîves ; quelquefois
même leur largeur excède leur hauteur. »
« Loifque Ips lettres grifes wifîgothiquës font
plus fîmples du côté des images, elles le paroiffent
auffi du côté des couleurs ; mais en général elles
font très-compofées, fur-tout dans les livres d’é-
glife. C e font des lettres à figures d'hommes,. ou
de quelques parties de leurs membres.. Elles re-
préfentent des animaux à quatre pieds, des oifeaux,
des poiffons, des ferpens , des fleurs, des
fleurons, des feuillages. Les V IF & V IIF fiècles.
font, à proprement parler, ceux des lettres com-
pofées d'un ou de plufieurs animaux à quatre
pieds, d’un ou de plufieurs oifeaux, poiffons
ferpens, ou de différens affortimens de ces animaux
entr'eux, ou même avec les hommes. Les
uns & les autres formèrent originairement je corps
des lettres ,* mais dans le moyen âge, communément
ils n'y parurent que comme des décorations,
qui ,n'empêchèrent pas qu’on n'y figurât les lettres
à l’ordinaire. »
« Les lettres_ hiftoriées anglo-faxones fe distinguent
des autres , parce qu'elles aboutiffent, en.
têtes & en queues de ferpens, parce qu'elles font,
bordées de points , parce qu'elles paroiffent dans
leur maffif garnies de perles^ parce qu'elles portent
fur un fond rouge, bleu , jaune, mi - partie
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ou écartelé de ces couleurs. Ces lettres grifes,
terminées en tête qu en queue de ferpens, de
dragons,’de monftres, ou jes repréfentant dans
leur maffff, ont été moins imitées des autres nations
que les précédentes. Le treillage & les en-
tortillemens ont fouvent lieu dans ces fortes de
lettres. «
«« Les lettres fleuronnées ou fleuries, conftam-
ment employées dans les manuferits , ont paffe
de-là dans les imprime's. Leur variété prefque infinie
ouvroit fans doute un vafte champ à l'imagination
des peintres de manuferits ; auffi fe donnèrent
ils carrière en ce genre. Aux V III6 & IX e
fiècles , ils diverfifièrent prodigieufement leurs
lettres hiftoriées : fouvent les couleurs les plus
vives & les plus tranchantes y contraftèrent. Rien
dans la nature-dônt ces lettres n'aient emprunté
la forme j mais après l'avoir pour ainfi dire épuifée,
à force.de vouloir raffiner, les enlumineurs & les
peintres tombèrent dans le ridicule & dans l’extravagant.
Toutefois avant le XIIIe fiècle ils s’en
préfervèrent en quelque forte , fi l'on compare
les productions de leur imagination la plus égarée
avec celle des fiècles fuivans. ©n ne vit plus alors
ces lettres garnies que de têtes déplacées , avec
des nés monltrueux , ou bien elles fe chargèrent
de lignes de diverfes couleurs, en barbes, en
geibes, en chevelures bouclées par les extrémités
; fouvent leurs extenfions poftiches ne fe bornèrent
pas, foit a remonter au haut, foit à def-
cendre au bas de la page , mais fe replièrent encore
le long des marges fupérieures & inférieures :
cependant le corps de la lettre proprement dite
n’avôit ordinairement guère plus d'un pouce de
diamètre. Les extenfions thevelues affeCtoient des
couleurs oppofées à celle du fond de la lettre.
Deux filets voifins foutenoient fouvent leur alternative
de couleur autant de fois qu'i!s étoient répétés.
Dans leurs intervalles, d’autres petites
lignes, qui ne tenoient à rien, fe trouvoient
placées ; fouvent elles étoient en vis ou en volute.
Quand les filigranes n'avoient pas lieu , les échap-
pemens des lettres, prefque en forme d'antennes,
ne laiffoient pas d'occüper autant ou plus de ter-
rein , lors même qu'on leur donnoit pour fond
des feuilles d'or. En un mot, tout ce qu'un goût
dépravé peut produire de plus abfurde, tout ce
qu’un cerveau frénétique peut enfanter de chim
è re s fu t prefque l'unique apanage des lettres
hiftoriées des XIIIe , X IV e & X V e fiècles.
«Cependant c'eft au X V e fiècle qu'on commence
un peu à fe réconcilier avec la belle nature j
on en découvre même quelques foibles préludes
des le X IV e. Ces filigranes & ces échappemens
de'. lettres hiftoriées donnèrent lieu à des vignettes,
a des rinceaux, où l’on vit naître des fleurs &
des fruits. Les /enlumineurs s'exercèrent d'abord
beaucoup fur les fraifes , & c'eft peut-être en
quoi ils réuffiffoient le mieux. Leurs deffins au
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refte étoient des pièces mal afforties. S’ils s'avi-
foient d'orner, les manuferits de portraits, leurs
pérfonnages étoient roides & fans vie 3 mais peu-
à-peu leurs mignatures devinrent plus douces ,
plus finies & plus naturelles : les vignettes & les
peintures furent détachées des lettres. Les portraits
devenus un peu plus animés , fur la fin du
X V e & le commencement du X V I e fiècle, ne
fervirent plus que d'ornemens ifolës 5 & les vignettes,
de cadres & de bordures. Les rinceaux
de feuillages y paroiffoient fouvent fur un fond
d'argent; & les fleurs fur un fond d’or. Des
oifeaux, des dragons, des reptiles&c, faifoient
quelquefois un effet affez gracieux dans ces
cadres & ces bordures ^ quoique la nature n'y
fût pas encore:, tout-à-fait copiée dans fa beauté'.
Lès lettres initiales étoient fouvent elles-mêmes
décorées de plantes , garnies de feuilles, de
fleurs & de fruits. » ( Nouvelle diplomatique. )
L ettres fur des galets, c'eft-à-dire fur des
pierres roulées par les eaux des fleuves ou des
torrens. Ces galets font ordinairement de 4 à ƒ
pouces de longueur, 2 ou ,3 de largeur & 1
ou 2 d’épaiffeur. Les lettres font de relief. Ces
pierres font ordinairement calcaires. En vaici une
defeription : on a trouvé, difoit-on , près de
S. Ma1xent-en-Poitou, une de ces pierres fur
laquelle étoit fculpté en relief un trophée d’armes
avec cette infeription : V IEN . T I . C. II.
S. P. Q. R. Le poffeffeur de ce petit monument
le croÿoit antique, & en préparoit une
favante explication. J ’examinai la nature de
ce galet, & le trouvant calcaire, je reconnus la
fupercherie.
Voici la manière dont on s'y prend pour en fabriquer
de femblables. On couvre le galet d'un
fort enduit de cire jaune ordinaire ; fur lequel
on trace les lettres ou figures défirées. Puis on
enlève la cire de toutes les parties qui ne doivent
pas concourir à ces lettres. On plonge enfuite
le galet dans un acide ; & on l'y laiffe affez de
temps pour que l'acide diffolve & ronge les
parties nues du galet. On découvre enfin les
parties chargées de cire, & elles fe trouvent de
relief fur le refte de la pierre. Toute cette manipulation
dépend, comme le favent les chy-
miftes, de la propriété qu'ont les acides de
ronger & de diffoudre les pierres calcaires.
L ettres miffives. Les lettres des grecs &
des romains avoient, comme les nôtres, leurs
formules : voici celles que les grecs çnettoient
au commencement de leurs miffives.
Philippe, roi de Macédoine, à tout Magif-
trat, Salut ; & pour indiquer le terme g r e c ,
%eti(>tiv. Les mots 3 eu7TpciTe]s(y ,* vytctlvui ,
dont ils fe fervoient & qui fîgnifioient jo ie ,
projpérité , feinté , étoient des efpèces de formules