
* % . I N C
coucher dans le temple de Jupiter Capitolin,
ifiry . in Æneid. V II. 88. ) , ou fur les peaux des
vidtimes immolées pour obtenir par des longes des
re'ponfes' des oracles ou des dieux : ufage des
grecs & des romains. Voy. Amphiaraus.
IN C U B A T IO N ARTIFICIELLE. » Il faut
parler, dit M. Paw} ( Recherches fur les Egyptiens,
1. i 6q. ) de Pincubation artificielle , telle que les
égyptiens Font pratiquée anciennement, & telle
que les chinois la pratiquent aujourd'hui. On ne
trouve pas, que je fich e , dans l ’hiftoire, d'autres
nations qui-aient fait ufage de ce procédé En gu-,
lie r ,fo it qu’elles n'aient pu en approfondir les
principes, foit que leur climat s'y foit oppofé >
comme celui du nord de l’Europe femble s'y op-
pofer effectivement; & c’eft là une difficulté qu'on
n'eût pu furmonter.par l'adrefle des égyptiens-que
M. de Maillet propofoit, dit-on, d'envoyer en
France, pour y donner d e s leçons, & corriger
1 imperfe&ion de la méthode de M. de Réaumur.
C'en: l’invinçible attachement pour leur patrie qui
a vraifemblablcment empêché ce voyage de quelques
payfans des environs du Caire-; mais je crois
quils ne feroient jamais parvenus à diminuer la
mortalité parmi les pouffins, ni à prévenir la corruption
tu l'avortement d'un grand nombre
d'oeufs expofés à la chaleur des fours, des lampes
ou du fumier. Ces hommes, tranfplantés fous un
autre ciel, auroient vu leur routine fe déconcerter,
auroient voulu avoir recours au thermomètre,
feroient tombés dans tous les embarras dont on
vouîoit fortir, & auroient dit pour exeufe, qu'ils
n'avoient pas avec eux leur fcheic.-On fait qu’en
Egypte, les fcheics arabes commencent par fe def-
habijler tout nuds, fe couchent fur les fours, au
moment qu'on les échauffe, & récitent dans cette
attitude une prière pour laquelle le peuple paye
rces charlatans, qui lui font accroire que fans eux
on n'amène pas les poulets à terme ».
»11 y a lieu d'être furpris que les anciens prêtres ,
de l’Egypte , qui avoient d'ailleurs des connoif-
fances a nez étendues fur une infinité de chofes,
aient manqué de fagacité en un point effentiel. i
Ils n’avoient pas découvert la méthode des fours,
& ne paroiffent pas même en avoir foupçonnéla
poffibilité, comme il eft aifé de le démontrer.
Ariftote, le plus ancien auteur qui ait parlé de la
manière de faire éclore les oeufs en Egypte, dit
qu’on n'employoit que la chaleur du fumier.
( Uifioria. animalium , lib. V I 3 cap. z3 init.) Antigone
, qui vivoit plufieurs fiècles après Ariftote,
dit la même chofe. ( Hifioria .mirab. collettanea ,
cap. i©4,p<z£.8o. ) Pline,qui écrivoit après Antigone,
dit aufli la même chofe. ( Hifi. nat.s lib. X,
cap. 54.) Pline a traduit mot pour mot les expref-
fions d'Âriftote. Enfin l'empereur Hadrien , qui
avoit parcouru toute l’Egypte, & examiné fes Angularités
avec attention, s'exprime en ces termes,
I N C
dans fa lettre à Servien : » Je ne fouhaite autre
” chofe aux égyptiens, linon qu’ils continuent à
| » fe nourrir de leurs poulets, qu'ils font éclore
! » d’une manière que j’aurois honte de vous con-
» tzi'ipudet dicere ». ( Vopifcus in Saturn. )Tous
ces témoignages réunis prouvent que la méthode
1 des fours, a été inconnue dans ce pays, jufqu'à
l ’an 133 de notre ère, & peut-être encore long-
tems après; car j'ignore quand & comment on eft
parvenu à la découvrir. Si les Egyptiens avoient
. eu de telles machines, ils n’auroient pas manqué
de les montrer à l'empereur Hadrien,qui mar-
quoit tant d’horreur pour les poulets nés dans le
fumier ; quoique je ne prétende pas infinuer qu’il
y ait quelqu’ombre de bon fens dans les expreftions
qu'emploie ce prince, qui venoit d’élever fur la
rive orientale du Nil un temple au profane AntL
noüs ; & vo;là ce qu'il auroit dû avoir honte de
conter; car le culte des animaux valoit encore
beaucoup mieux que ce culte-là ».
» Il fe peut que les prêtres, attachés opiniâtrement
aux anciennes obfervations recueillies fur la
manière dont les oeufs d'autruches & de crocodiles
dépofés dans le fable viennent à éclore, ne
s’étoient pas mis en peine de faire des recherches
& des expériences .ultérieures. Cependant ce qui
prouve que leur procédé n'étoit pas le meilleur ,
c’eft qu’on l’a entièrement abandonné aujourd'hui
en Egypte ; ce qui ne feroit jamais arrivé, s'il
n'eût renfermé plus de difficulté dans la pratique
que celui des fours».-
. » Comme, par une conftitution particulière du
régime diététique, les Pharaons, les grands-officiers
de la couronne, & les perfonnes attachées à
la daffe facerdotale fe nourriffoient principalement
de chair d’oie, il avoit bien fallu chercher un
moyen pour multiplier cette efpèce de volailles,
dont on détruifoit un nombre étonnant,& même
pour les facrifices. C e qui révolta un peu les romains,
lorfqu’on établit à Rome le culte d'Ofîrîs
& d’I f i s q u i exigeoit pour fes premières victimes
les gardiens du capitole ».
Nec defenfa javant capitolia3 quominus anfer
Dec jecur in lances, inachi lauta , tuas.
y Tout cela avoit engagé les égyptiens,comme
Diodore Fobfcrve , à faire éclore artificiellement
les oeufs d’oies j & Fon.pouvoit s'imaginer que
cette incubation réuffiroit moins mal dans le nord
de l'Europe, que celle qu’on y a effayée fur les
oeufs de poules, qui font fujetees à beaucoup de
maladies, & dont les petits ont à chaque inftar.t
befoin d'être réchauffés ».
» Il y a eu en Egypte des villages & des bourgades
entières qui ont contracté le nom de Cheno-
bofeion( qui élève des aie s) , & où l'on ne n,our-
rinoit que des troupeaux d'oies, fuivant une méthode
I N D
ttiode particulière, qu’on prérend s'être confervée
parmi les juifs; & ce n’eft pas là le feul ufage qu’ils
aient retenu d’un pays qu’ils ont tantôt maudit
& tantôt regretté , tellement qu'on ne fauroit
favoir au jufte ce qu'il faut en penfer. Les prêtres
ent fans doute eu des raifons qui nous font inconnues,
pour donner la préférence à ces oifeaux
dans leur régime; mais, dès qu’ils préfentoienr la
moindre apparence de quelque maladie épidémique,
ils renonçoient à cet aliment, y faifoient
renoncer aufli le fouverain, & ne fe nourriftoient
plus alors que de pigeons, comme on pe.ut s'en
convaincre par ce paffage d'Ox.us Apollon : Puru/n
autem columba animal ejfe videtur. Si quidem cfon
aèris conftitutippejii/ens efi3 omniaque tam animata9
guam inanimata eâ ajfipiuntur, quoique hoc vefeun-
tur animali, foli ab haç lue immunes femantipr.
Jdeoque ep tempore Ægyptioruni .régi in cibo fu-
jpendo nihil aliud prêter polumbas apppnitur3 idem-
que iis j qui, quod ,D'ds mini firent , puri c.afiique
permanent. ( Hieroglyph., lib, 1 , cap. $6. ) Cette
ancienne coutume de fe nourrir de pigeons eft
encore fort en vogué de nos jours en Egyptë ;
aufli y trouve-t-on plus qu'en aucun autre pays un
nombre prodigieux de colombiers, que les turcs
comptent parmi les plus grandes richeffes de cette
contrée. On peut confulter Ià-.deffus les voyages
de Bruyn, (chap. 34. ) Four ce qui eft des tourterelles,
11 y en a en Egypte ; mais il étoi.t anciennement
défendu aux prêtres d’en manger ».
INCUB E S , efpèpe d,e génies, qu'on croypit
coucher avec les femmes, d’où leur vient leur
nom (Incubare9 coucher ). Les grecs les appejloient
Ephialtes. C'éft aufli un furnom qu’on donnait
aux dieux faunes & aux fatyres,à qui Fo.n.gttri-
buoit le talent d’abufer les hommes', en prenant
différentes figures. On compte ies lnpub.es parmi
les dieux ruftiques»
INQUSES, ( Médailles'). Les médailles ineufes
n’ont probablement jamais été contrefaites, &
on peut les regarder toutes comme des pièces
Rarement antiques? Celles que nous appelions
ainfi font des médailles qui ont la même tête
en relief d’un c ô t é , .& en creux de l’autre. Ce
défaut provient de la prccipation du monnoyeur,
qui,avant de,retirer la médaille qu'on venoit de frapper,
remettoit.un nouveau flan , qui, trouvant en
deffos [e carré, & jen deffous la médaille qu'on
p'avoit pas .retirée, marquoit des deux cotés la
même tête,.en relief & en creux, mais toujours
frappée plus imparfaitement du côté du creux ;
l’effort étant beaucoup plus foible du côté de la
médaille que de celui du carré. Ces médailles, qui
font rares, ne fervent dans les cabinets .que pour
la curiofité. Il y en a d’or & d'argent, & quelques-
unes de bronze, fur-tout en moyen. On doute
qu’il y en git ey en grand bronze. On trou-ye quelquefois
des têtes rares de cette façon î-télle eft un
4 ptiquités. Tome /ƒƒ.
I N D
Peitijiax d'argent, qui étoit autrefois dans le cabinet
de M* de Pont-Carré.
% Ï n T U TRæ } ^VïCiROGRAPHE.
IN D IC A N T , furnom donné à Hercule. *• On
avoit dérobé une coupe d’or très-pefànte, dans le
temple d’H ercule, dit Cicéron i ( au premier livre
de la divination ) , & Hercule étant apparu en
fonge au poète Sophocle, lui indiqua celui qui
l’avoir, volée. Sophocle pourtant n'en dit rien
alors; il eut même encore une fois une femblable
vifion , fans en rien déclarer ; mais le même fonge
.étant revenu pour la troiiième fo is , il en alla
rendre compte à l'aréopage. Auftj-tôî: on fif arrêter
celui que Sophocle avoit nommé ; on le mit a la
queftion ; il confeffa le .vol; il rendit la ooup.e, &
ee temple fur appelle depuis, le temple d’Hereule
Indiquant »_.
IN D IC E A , inaei , furnom de Stratonicée;
dans la Carie. Voy. .et mot.
Pellerin a publié .une médaille autonome de
bronze, avec la légende cî-deffus. On en a une
impériale .grecque , frappée en l'honneur de
Trajaa,
IN D IC T IO N ,/f. f. VîndiOion eft en chronologie
un cycle de quinze années juliennes accomplies.
Çe terme a d'abord lignifié un tribut que les
. romains percevoienc toutes les années dans les
provinces, fous le nom d‘indiclio tributaria. Il e.ft
vraifemfciable que ce tribut é_toit levé pour la
fubfiftance ders foldats^ & particulièrement de ceux
qui avoient .fervi pendant quinze .ans Ja république.
Quoi qu'il en foit, lorfqu.e l'empire romain changea
de face fous les derniers empereurs, on ccn-
ferva le termé-indiBip, niais on l'employa Amplement
pour marquer un efpace de quinze années.
On chprchproit inutilement le tems où l'on a
comtnencé à fe feryir de Yindicîion dans e t dernier
fens; on l ’ignorera toujours. Ceux qui difent que
Con.ftantin, après avoir aboli les jeux féculaires,
& vaincu Maxence, întroduifit l'époquè de l‘ in-
diftion au mois de feptembr.e .312, devinent fans
doute, puifqu’ils ne peuvent pas en rapporter la
preuve.
On n’a pas mieux démêlé l'origine & le commencement
de Y indid ion romaine fo u , fi l’on veut,
pontificale ; ce fécond point d'hiftoire eft encore
un des plus obfcurs. Mabfllon s ’eft donné des
peines inutiles pour l'éclaircir; & Ducange n'a pas
été plus heureux dans fbn gloflaire. C e qu’on lait
de vrai, c’ eft que les papes, après que Charlemagne
Us eut rendus fouverains, commencèrent à
dater leurs aétes par l'année de Yindiction, qui fut
fixée au premier janvier 313 de Fan de J. Ç .
Auparavant iis datoient par les années des empe**