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• connoiffance qu’elles avoient dé leu« couches*'
heureufes & de leur fécondité , Junoni Lucins,
yeneri génitrice
La bonne fortune des princes, qui a toujours ;
été leur principale déité, fe trouve auffi'Iè plus:
fouvent fur leurs médailles en toutes, fçrtes de manières
{Fortuna Augufta , Perpétua. Fortune. Felici.
Muliebri. Fortuna. manens , Fortuna. obfequehs ,
Fortuna redux, où le nom de là Fortune eit indifféremment
par le nominatif, par le da tif, ou par
I’accufatif j car nous voyons également Mars Victor
, Marti Ultori y MartePropugnatorem , &
' même Martis Ultori s ; mais cette dernière légende
fe rapporte au temple bâti pour venger la mort.de
Jules, ce qui fait une différence notable.
Il ne fa Ht pas oublier ici que les noms exprimés
dans les légendes fe lifent quelquefois au nominatif,
Csfar Auguftus , quelquefois au génitif, Divi Julii3
enfin au datif, lmp. Nerva Trajano Germanico3 &c.
ou à l’accufatif, M. Aopt)?r aas|*^ « v, &c. On ne
trouve guère d'exemples de i’accufatif fur les mé- j
dailles latines, que dans celle de Gallien , Gallie-
inum Aug. au revers, Ob confervationem fàlutis.
N e parlons point maintenant des perfonnes >
' mais des chofes même qui paroiffent fur les médailles,
où leurs noms & leurs qualités tiennent
lieu de légendes : je rangerai dans ç.e nombre
i ç . Les villes ,'les provinces., .les rivières, dont
nous voyons les unes avec leur fimple nom, Tibe-
ris , Danuvius 3 Rhenus , Ni lus , Ægyptus , Hif-
pania , ïtalia , Dacia3 Africa, Roma , Alexandrea3
Valentia 3 Italica, Bilbilis. Les autres avec leurs
titres particuliers , leurs qualités & leurs préroga-
, tives ; Colonia Julia Augufta Félix Berytus. Colonia
immunis illici .Augufta. Colonia Aurélia Mctropo~
lis Sidon. Colonia Prima Flavia Augufta Csfarenfis.
Municipium Ilerda. Aelium Muniçipium Coilluta-
num Antonianum.
Les villes grecques fur-tout étoient foigneufes
d'exprimer ies'priviléges dont elles jouifioient3*
Jep e ts , A r v À o u 9 A uTovopoo , EX evê tp etç 3 N aues.g^ib'os 3
ULoxovtus. Pour marquer qu’elles étoient inviolables,
c’eft-à-dire, qu’ on ne pouvoit en retirer les
criminels qui s’ étoient réfugiés dans leurs mur?
©îles fè qualifioient Uças aavxov. Le droit qu’elles
avoient confervé de fe gouverner par leurs propres
loix, s’exprimoit fur leurs médailles par le mot
AvTovofcou. Les villes qui n’étoient point foumifesi
à la jutifdiéfion du magiftrat envoyé de Rome pour
..gouverner la province dans laquelle elles étoient'
fituées , s’agpqlloienÉ tibrep y EfouGtçc&s. Ç ’eft une.
obfetvation du marquis Maffei. Le privilège d’avoir,
un port de mer & des' vaifleaux fe marquoit en;
.légende fur lés médailles, par. le mot N■ etvaçfrfoç.]
Celui d’être exempt des tributs & des impôts , par
le mot Les privilèges particuliers des
colonies, tels que le droit du pays latin , ou le
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dro?t des citoyens romains, par le mot K«atvd,
Ceux des Néocores , qu’elles étoient fort foigneufes
de marquer par les mots Ats3 t$is3 rerpax^,
NtoKoçav. Enfin les alliances qu’elles avoient avec
d’autres villes» par le terme Op*mu. 11 faut con-
fulter fur tous ces titres les favantes remarques de
Vaillant,, dans fon livre des médailles grecques »
il feroi't difficile d’y rien ajouter.
2°. Les légendes des médailles nous découvrent
le nom des légions particulières qui compofoient
les aimées. Nous trouvons furiine médaille de
Marc-Antoine, Leg, xxiv. dans le cabinet du P.
Chamillaj-d , *qui elt une médaille bien rare. La
médaille qui porte Leg3 1 , l’eft encore davantage;
car la plupart de celles qu’on connoît, portoient
dans leur origine un autre chiffre, & ne font réduites
à celui-ci que par la friponnerie de quelques
brocanteurs. Il eft bon d’en avertir les curieux»
pour qu’ils n’y foient pas trompés;
3°. Les jeux publics, marqués ordinairement
par des vafts , d’où il fort des palmes ou des
couronnes , ne fe diftmguent que par la légende,
qui contient ou le nom de celui qui les a inftttués,
ou de celui en l’honneur duquel on les çélébroit.
Ainfi l’on apprend que Néron fut l’auteur des jeux
qui fe dévoient donner à Rome de cinq ans en
cinq ans, par la médaille où fori l i t , Çertamen
Quinquennale Rome Conftitutum. Par la- legende du
' revers de la médaille de CaracaJla | MjjTg?zn»A.
Avxvçcis. AraAinried. canif t». irô. ïî»,6ict. on apprend
qu'à Ancyre. en Ga’atie pn çélébroit en l’honneur
d’Efcjatape, dit le Sauteur, les mêmeis jeüx.qui
fe célébroient dans l’ifthrne de Corînthe'en l’honneur
d’Apollon j qu’ on confulte là-defïus des lettrés
de Spanheim , publiées par Morel, dans le projet
il nous a. donné du plus, beau dêffein qu’ott ait
jamais formé pour la fatisfattion des curieux.
On trouvera dans ce projet (Specimett univerfs
rei nummaria ) les légendes qui expriment les prin"
■ cipaux jeux des anciens, & les favantes remarques
que M. de Spanheim a faites fur ce fujet. On
nommoit Y-a/iuftag ceux qui fe faifoient à Theffa-
lonique en l’honneur des Cabires ; ©Êay«^<«, ceux
qui fe .célébroient principalement en Sicile, pour
horiorer le mariagé de Proferpine & de Pîuton >
ctooypetu, ceux qui avofent été inllitués par £ep-
time Severe ; K , ceux qu’on fai foi t par
l’ordre de Commode, &rc. On trouve aufll les jeux
marqués fur les médailles latines avec le temps de
leur célébration. Nous ayons fur la médailje de
Memmius, 'Ad Cerialia. primus fecit. Nous trou*
vons_ fur-tout des jeux fécùlaires qui fe célébroient
à la fin de chaque fiècle, marques avec grand foin
fur les médailles, Ludos fdculares F u i t , dans celle
de Domitien > S&culares Aug. ou Augg. dans Phi'
lippe, &c. Les typés-en font différensj tantôt ils
expriment des facrifices , tantôt des combats ,
tantôt
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hntôt des animaux extraordinaires, dont on don-
noic le fpeâacle au peuple dans ces jeux.
4°. Les voeux publics pour les empereurs, &
qui font marqués fur- plufieurs médailles , foit en
légende, foit en infcriptjon, ont fait nommer ces
fortes de médailles médailles votives.
y0. L’une des chofes les plus curieufes que les
médailles nous apprennent par les légendes, ce
font les différens titres que les empereurs ont
pris, fdon qu’ils ont vu leur puiffance plus ou
moins affermie. Jules-Céfar n’ofa jamais revêtir
ni le titre de ro i, ni celui de feigneur ; il fe contenta
dq ceux-ci , Imperator, Diélaior perpétuas ,
Pater Patria. Ses fuçcefleurs réunirent infenfible-
ment à leur dignité le pouvoir de toutes les charges.
On les vit fouverains pontifes, tribuns , procon-
fuls, cenfeurs, augures. Je ne parle que des ma-
giftratures j car pour les qualités, elles devinrent
arbitraires ; 8c le peuple s’accoutumant peu à-peu
à la fervitude, laiffa prendre au fouverain tel nom
que bon lui fembla , même ceux des divinités
qu’il adoroit ; témoin Hercules Romanus , dans
Commode ; Sol Dominus Imperii Romani, dans
Aurélien, fi toutefois ce nom eft donné au prince,
& non pas au foleil même , qui fe trouve fi fou-
vent fur les médailles , Soli invitôo Comiti. ,
Augufte ne fe nomma d’abord que C&far Divi
Fi lias , & puis Imperator 3 en fuite Triumvir Rei-
publics; Conftituends, enfuite Auguftus ; enfin il y
ajouta la puiffance de tribun, qui le faifoit fouverain.
Caligula garda les trois noms, lmp. Csf.
Auguft. Claude y ajouta le titre de Cenfor. Domitien
fd fit Cenfor perpetuus , fans que depuis lui
on puiffe rencontrer cette qualité fur les médailles.
Aurélien , ou , félon d’autres , Æmilien , s’arrogea
le titre de Dominus, que les provinces accordèrent
à Septime Severe & à fes amis. Après
Cai'us, cette qualité devint commune à tous les
empereurs, jufqu’ à ce que ceux d’Orient prirent
le nom de rois des romains, buAmus Vapcuav. Il
eft bon d’apprendre ici que les grecs donnèrent
quelquefois ce même nom aux Céfars, quoiqu’ils
n’aient jamais; fouffert qu’ils priflent celui de Rex
ên latin. Le titre de Nobilijftmus Csfar , donné au
prince delliné à l’empire, ne fe vit pas pour la
première fois fur les médailles de Philippe le jeune,
comme tous les antiquaires l’ont cru. M. l'abbé
Belley prouve, dans YHift. de l'acad. des Infcrip.
que ce titre parut dès le règne de Macrin fur les
médaillés de Diaduménien.
L’ambition des princes grecs , & la flatterie de
leurs fujets, nous fourniffent, fur leurs médailles,
une grande quantité de titres, qui étoient inconnus
aux empereurs latins, Buitimvs BawMav, Nicator,
Mzcèpkorus , Evergetes , Soter , Epiphanes , Cerau-
, llus. 3. Callinicus , Dionyfius , Theopator. -Ils ont
Antiquités. Tome I I I '
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été aufli bien ipoins fcrupuleux que les latins a
fe faire donner le nom de dieu : Démetrius s étant
appellé N<»«7op ; Anfiochus,
NtxtjQopos î un autre'Démétrius, ©e«?. Qiionctroç
Ils ne faifoient pas non plus difficulté
d’adopter les fymboles des divinités, comme la
foudre & les cornes de Jupiter-Hammon, avec
la peau de lion d’Hercule. Tous les fuccelieurs
d’Alexandre s’en firent même un point d honneur.
Les princefles reçurent la qualité à'Augufta dès
le haut empire, Julia Augufta , Antonid Agrip-
pina, &c. On la trouve même fur les médailles
de celles qui ne furent jamais femmes d empereurs
, Julia T iti, Marciana , Matidia^, &c. Les
titres de Mater Senatûs & Mater Patrie, fe voient
fur les médailles d’or & d’argent , de grand &
de moyen bronze de Julie , femme de Septime
Severe , dont le revers repréfente une femme'
affife , ou une femme debout, tenant d une main
un rameau & de l’autre un bâton ou une hafte,
avec ces mots en abrégé , Mat. Augg: Mat. Sen:
Mat. Pat. '
6°. Les alliances fe trouvent au(ïï marquées
dans les légendes à la fuite des noms » & non-
feulement les alliances par adoption qui donnoiert
droit de porter le nom de fils, mais celles meme
qui ne procuroient que le titre de neveux & de
nièces. Nous n’entrerons point dans ce détail
a fiez connu, ce qui d’ ailleurs feroit long & ennuyeux.
7?. Les légendes nous découvrent encore le peu
de temps que duroit la reconnoiflance de ceux qui
ayant reçu l’empire de leur père, de leur mère ,
ou de leur prédécefleur qui les avoit adoptes ,
quittoient bientôt après le nom & la qualité de
fils qu’ils avoient pris d’abord avec empreffement.
Trajan joignit à fon nom celui de Nerva qui l’avoic
adopté ; mais peu de temps après il ne porta plus
que celui deTrajan. D ’abord c’étoit Nerva Trajanus
Hadrianus, bientôt ce fut Hadrianus tout feul ;
& le bon Antonin, qui s’appelait au commencement
de fon règne Titus Ælius Hadrianus An-
toninus , s’appella peu après Antoninus Auguftus
Pius : cependant la vanité ou l’ambition leur faifoit
quelquefois garder des noms auxquels ils
n’avoient aucun droit, ni par le fang, ni par le
mérite. Ainfi celui d’Antonin a été porté par fix
empereurs jufqu’à Elagabale j celui de Trajan par
Dèce, & c .
Ces noms propres, devenus communs a plu-
fieurs , ont caufé beaucoup d’embarras aux antiquaires
, parce que ces fortes de medailles^ ne
portent aucune époque, au lieu que les médaillés
.grecques > beaucoup plus exactes , portent les
furnoms & marquent les années , & par-là faciJi-
h r^nnoiflance de certains rois,