
jours efcorté de douze grandes intelligences qui
préfident aux douze divisions de fa marche.
Janus doit fe trouver à la tête, & au point ou
commence la révolution descieux, & qui ouvre
la marche du temps qui circule dans le zodiaque ;
& effeétivement il s'y trouve.
Pour nous en affurer, plaçons la fphère telle
qu’elle s’offroit aux yeux de Numa * lorsqu'il régla
fon année, 8c nous verrons que Janus eft le premier
aftre qui monte fur l’hotfizon 3 & ramené la
nouvelle période.
Le commencement de l’année romaine fut fixé
par Numa peu de jours après le folftice d’hiver,
& à l’heure de minuit, comme on peut le_ voir
dans Plutarque ( Queft. romaines, pag. 284. ) , &
dans Macrobe ( Saturn, liv. I. ch. III. ).
O r , le capricorne dans lequel étoit alors le
foleil, éfant mis fous l’horizon , au méridien inférieur
fi nous confîdérons l’état du ciel en ce
moment, & fi nous-tirons en quelque forte l’ho-
rofcope de l’année, en regardant quel ligne monte
à l ’Orient, nous trouverons que c’ eft la vierge,
le bouvier 8c le vaiffeau célefte. Les vers d’Aratus
nomment le vaiffeau parmi les confteliations qui
fe lèvent avec les extrémités de la vierge:. Nous
trouvons déjà là un des emblèmes aftronomiques
qui caraélérif.ntJû/ï«J,la barque célefte,qui eft atifli
inféparable de lui que le font les clefs, Tout le
monde fait que la fn on noie romaine portoit d’un
côté l’empreinte de Janus à deux têtes , & de l’autre
celle de fa parque : « cumprimus Ara Janus figna-
0« retj dit Macrobe ( 1. I. ch. V I L ) , fervayit
>3 ut ex unâ quidem pane fui capïtis effigies , ex al-
» terâ vero navis exprimeretur ». Delà l’exprelfion
des enfans dans leur jeu, "aut càpita, autnavia »,
Ovide pareillement demandé à Janus l’origine
de l’ufage de marquer ainfi la monnoie :
0; .................. Car navalis in Are
?? Altéra fignatapft3 altéra forma bicèps ?
( Faft. I. I. V..129.)
Ces auteurs s’accordent à dire que ce vaiffeau
étoit celui dans lequel Saturne, dieu du temps ,
étoit arrivé en Italie ; allufion manifefte à l ’arrivée
de l ’année qu’annonçoit le lever de cette conftel-
Jation, & laquelle d’ ailleurs commençoit dans le
ligne du capricorne, domicile de la planète de
Saturne , où étoit alors le foleil. Dans la fphère
des Décans , rapportée par Scaliger, on voit vers
le i$m* degré de la vierge un génie porté dans
lin vaiffeau : « vir navicula navigans ».
Il nous relie à trouver le navigateur, ou l’homme
à qui l’on attribuoit la barque. Voyons ce que
difent les anciens auteurs, des étoiles de la couf-
leÜationdela vierge, ou de celles qui en font Yoifines,
telles que le bouvier, connu fous le nom
d'Icare. Plutarque nous dit que parmi les étoiles
qui brillent dans cette bande du c ie l, eft l’étoile
J a n u s avec fes frères Hymnus, Faullus, & Félix.
11 les fait petits-fils du bouvier ou d’Icare, par fa
fille Efigonne ou la vierge. Il le place peu loin de
l’étoile appellée vendangeufe , 8c dit de Janus en
particulier : «« Janus prior ftella oriens ante pedes
33 virginis ». ( Parallel, p. 507).
Ainfi toute la partie du ciel qui fe trouve border
cirçulairement l’horizon à l ’inflant précis où
la révolution commence, fe trouve liée à l’hrftoire
8c à la généalogie de Janus, qui lui même part le
premier, 8c s’avance avec le vaiffeau fur rhorf-
zon. Peut-on douter après cela que ce ne foit là le
génie lumineux qui ouvre la marche de l’année ,
ramène la nouvelle révolution, ouvre les portes
de l’Olympe, dont i! tient les clefs'; 8c donne une
efpèce d’impuifion au fyftême univerfel du monde ?
Il a dû être dans la fphère célefte , puffque c’eft
lui qui en dirige le mouvement. Il a dû être à la
porte des dieux , à l’orient^ au moment où le
temps mefuré par le" foleil va commencer. Il s’y
trouve; il s’élance dans les deux ; 8c traîne à-fa
fuite l ord e duodécimal des génies qui forment
le cortège du dieu -lumière, au moment ou le
temps fe renouvelle. Son vaiffeau 3 fon père Icare ,
8c fa mère l’accompagnent. Peut-on croire que le
hazard ait ainfi arrangé les chofes ?
Et fi l’on voit évidemment du deffein, convenons
que toute fon hiftoire eft allégorique & liée
au fyftême aft.ronomique. Les- noms feuls de fes
frè es achèvent dè démontrer l’allégorie. Faufius
8c Félix étoient les deux móts confacrés pour les
voeux chez les romains: quod Faufium, Felixque
fit. Hymnos, lignifie chant ; 8c rentre ici dansTe
if,.ns de voeux exprimés dans les chants, de manière
que tout fe réduit à peu près à ceci: « je la
» fouhaite bonne 8c heureufe ». Et l’on fait que
les anciens romains faifoient en ce jour-là des
fouhaits 8c des voeux de bonne année, comme
nous le dit Ovide. ( Fàfi. /. 2, v. 175 ).
» At cur Uta tuis dicuntur verba Kalendis 3
» Et damas alternas, accipimusque preces.
Tout ici eft perfonnifié ; ainfi le fut Janus ; ainfi
le fut l’année elle-même fous Je nom à‘Anna
Perenna. T e l étoit le goût de toute l ’antiquité
religieufe.
Ainfi le-dieu aux clefs 8c à la barque, le plus
ancien gén:e qui ait été confaeré dans la religion
des romains, comme première divinité tutélaire >
celui dont ils unirent le culte à. celui du .temps
8c du dieu - lumière qui circule dans les douze
lignes, dont Janus ouvroit la marche, eft une
intelligence célefte qui brille dans les aftres , *8c
nullement un bon prince qui ait régne' autrefois
èn s le Latium. Ceci, eft la fable qui mafquoît
toujours l’ idée théologïque, dont les piètres,
avoient feuls le fecret. Ils étoierit chargés de rédiger
le calendrier, 8c l’ordre des fêtes dont la
füccéffion étoit marquée par des levers 8c des cou- :
chers d’étoiles , comme le prouvent les faftes
d’Ovide.
A la tête des confteliations dut être placée celle
qui fixoit la .première f ê t e c e l le de Janus ou du
dieii qui ouvroit la marché de 1 année. On tiroit,
pour ainfi dire, l’horofeope de 1 annee, qui > fuivant
Firmieus ( /. I I , c. 3 ©■ )* ab horofeopo femperfu-
mit exordium; 8c l’horofcOpe lui même, fuivant
le même auteur (/. I I , c. 18) aborientali parte
primas exurgit. Il étoit, totius genîtur& fundamen-
tum, cardo primas , totius geniturA compago atque
fubfiantia, quA reliquis aditum prAbet. Ce fut fur
ces principes que les pontifes aftrologues composèrent
le thème de l’année, 8c formèrent la parure
fymb'oiique du génie Chronocrator, qui en com--
mençoit la marché. Comme les révolutions céieftes
font connues 8c réglées, la méthode géométrique
a .pu être employée pour décompofer cette fable,
puifqu’e'le l’a été pour la compofer. On voit donc
encore ici une nouvelle preuve de la nécefllté în-
difpenfable d’appliquer la clef aftronomiqüe à la
théologie ancienne ; & que fans elle le fan&uaire
des dieux eft fermé pour nous. La mythologie dans
fon orig'ne eft T ou v race de la fcience l.i plus profonde
, la fcience feule l’expliquera.' ( Cet article efi
de M\ Dupuis ).
J anus., Les latins ont donné quelquefois le
nom de Janus à de grandes arcades fort ex hauffées,
qui traverfent une rue d’ un côté à l’autre , comme
des arcs-de-triomphe , & fous lefquelles on paffe.
Ces Janus étoient pour la plupart incrufte's & ornés .
de ftatues; Suétone 8c Publius Viélor le difent-
expreffément. Il y avoît plufieurs de ces fortes
d’ arcades,, dites Janus, dans différentes rues de
Rome. E t forum feul, cette place qui .formait le
quartier des banquiers , des marchands 8c des ufu-
riers., avoit trois Janus ou arcades , au rapport de
Tite-Live ( liv. XLI. ) , fa voir■ une à chaque bout,
& une troifième au milieu : forum porticibus , ta-
bernifque claudendum , & Janos très faciendos loca-
vêr.e ; ce font les paroles de cet hiftorien qui lignifient
que Flavius Flàccùs enferma la place romaine
de portiques, de boutiques , 8c y fit faire trois
Janus. Le troifième de c t S ' Jahus, nommé Janus
médius , étoit célèbre ; Horace en parle dans une
de fes fatyres, 8c Cicéron en plufieurs endroits
de fes offices. Le Janus médius, dit ce dernier
dans fa V I e Philipique, .eft fous la protection
d’Antoine.
Janus. On voit fa tête, à deux vifages fur les
&s romains, 8c fur les médailles de Lampfaque,,
ffk Rhegium.
JAPET fils d’Uranus, 8c frère de Saturne *
ayant époufé, dit Héfiode, la belle Climène,
fille de l’Océan, en eut Atlas, Ménétius, Pro-
méthée 8c Epiméthée. Diodore dit qu’il fe maria
avec la nymphe Afie, ; .8c au-lieu de Ménétius ,i l
lui donne pour fécond fils, Hefpérus ou Vefpérus.
C e fu t, ajoute-t-il, un homme puiffant dans la
Theffalie , peu fociable, & plus recommandable
par fes quatre fi's , que par fon propre mérite. Les
grecs le reconnoilfoient pour l’auteur 8c le chef de
leur race, 8c croyoient qu’il n’y avoit rien de^
plus ancien que lui. C ’eft pourquoi ni leur hiftoire,
ni leurs traditions ne remontoient point au-
deffus de lui. De là vient aufli qu’on -appe’Joic
ja p e ts , des vieillards décrépits qui commençoient
à radoter, comme on le voit dans Héfychius üc
Suidas. Voye% T itan.
JARDINAGE. On ne peut douter que ce n«
foit une occupation tçès-noble, dont les grecs 8c
les romains faifoient leurs délices. Pline ( Uifi•
nat. liv . X V JJ J. chap. JJ J. ) nous le fait fi bien
connoître par ces mots, imperatorum olim.mani-
bus colebantur agri. Les pfiilofophes les plus distingués
ont luivi leur exemple, 8c nous lifons dans
. Goltzius , de eruditis hortorum culioribus differtatio
(Lubec, 1706.), qu’Epicure , Thépphrafte, Dé-
-mocrite, Platon , Caton., Cicéron, Columelle^
Paladius, Varron , 8c plufieurs autres honqmes célèbres
ont aimé le jardinage,.
JARDINIER de la villa Negronî, à Rome.
Cette villa renferme une ftatue qui repréfente un
vainqueur du cirque. -On a de la peine à recon-
I noître cette figure aujourd’hui, parce qu’en la
■ reftaurant on en a fait un jardinier, à caufe d’un
: couteau antique , recourbé en forme de Serpette,.
qui eft attaché à fa ceinture, 8c que le vainqueur,,
repréfenté fur ce bas-relief, portoit de cette fa*
çon. Par la même mauvaise raffoa on lui a fait
• tenir une houe de jardinier.
Jardinier. V^oye? Hortorum cultura ( ab.). ;
JARDINS de Babylone , l’une des fept merveilles
du monde. On peut bien mettre au nombre
des fables de l’antiquité ces jardins fufpendus, fi.
. renommés parmi les grecs. Ils étoient, dit-on,
foutenuspar des colonnes de pierres : fur ces pierres
étoient des poutres de bois de palmier, qui ne
pourrit jamais à la pluie , 8c qui, bien loin de plier
fous le poids, s’élève toujours 8c monte en haut,
plus il eft chargé. Ces poutres étoient affez près
l’une de l’autre, 8c foutenoient un grand poids de
terre : dans l’efpace qui étoit entre les poutres ,
s’inféroient les racines des arbres du jardin. Cette
terre ainfi fufpendue en -l’a ir , étoit fi profonde,
que plufieurs fortes d’ arbres y venoient fort grands 3
les plantes, les légumes * 8c toutes fortes de fruits
1 s’y trou voient abondamment» Ces jardins étoient