
G Y A R E , une des îles Cÿcladés. L’île de Délos
ayant long-tems flotté fur borner au gré des vents,
difent Virgile & Pétrone, Jupiter prit deux chaînes
avec lefquelles il attacha Délos d’un côcé-à l’île de
Gy are, & de l’autre à. l'île de Mycone.
Elle eft non-feulement fort petite, mais en partie
couverte de rochers } ce qui a fait dire à Ju vénal
.( Satyra X , ÿ . 170) Gy-ar& claufus fcopulîs , par-
vâqueferipho. Rome y reléguoit les criminels: c’eft
pourquoi nous lifons dans Tacite que Lucius Pifon
opina qu’il Falloir interdire !e fe ir& l’eau à Silanus
& le reléguer dans file de Gyaros. On la nomme
à préfent Joura. Elle n'a point changé de face*
elle efl auffi fauvage, aufli déferte, aufli délaiflee
qu’autrefois.
G Y A S , géant à cent mains, dont il eft parlé
dans quelques auteurs.
GYGÈS. Héfiode dans fa théogonie, ( v. 149
Scfuiv. ) dit que Gyges étoit fils du ciel & de la
terre. Il avoit, félon le poète, cent mains & cinquante
têtes. Il étoit puilfant ; il fe brouilla avec
fon père ; Saturne irrité, le lia & l’enferma fous
terre, mais Jupiter le délivra, & lui confia ainfiqu’à
fes frères Briare'e & Cottus , la garde .des Titans
dans le Tartare. ( Ibid. v. 668. & 734. ) Voflms
( de Idolol. L I I I , c. II. ) dit que ces trois frères
font des vents, dont le nom ( Gyges ) vient
de ce qu’ils étoient renfermés fous terre; car
yuy*io$ Ugnifie obfcur, ténébreux.
G YG $ S , devenu roi de Lydie, defimpleberger
. du prince qu’il étoit, a fourni à Platon la matière
d’ une fable que Cicéron (lib. 3 de offîciis) raconte
ainfi : «« La terre s’étant entr’ ouverte par de gran-
î? des pluies, Gyges defeendit dans cet abîme, où
w il trouva un cneval d’airain, qui avoit à-chaque
tôté une efpèce de porte qu’ il Ouvrit. Il trouva
®> dans ce chenal un corps mort d’une grandeur
11 prodigieufe, qui avoit à qn doigt un anneau d*or.
*> Il le prit & l’ayant mis à un des fiens, il vint
»» parmi les autres bergers. Lorfqu’il tournoit le
chaton de fon anneau vers le dedans de fa main,
«e il devenoit invifible, & ne laiflbit pas de voir
î» tout le monde > & lorfqu’il remettoit le chaton en
•> déhors il redevenoit vifible comme auparavant.
» Cette eommpdité lui donna le moyen de s’infî-
» mier jufques dans le lit de la.reine, de s’aider
a» d'elle pour faire mourir fon maître & fon roi,
m & de fe défaire de tous ceux qu’il crut lui pou-
»1 voir faire quelque obftacle-, & il vint à bout de
» tous ces attentats fans être vu de perfonne. Ainfi
>* par le moyen de fon anrleau il parvint à la cou- ;
?> :ronne de Lydie. Quand le fage auroit un pareil
anneau, ajoute Cicéron, il ne s’en ferviroit jar
»9 mais pour commettre aucune mauvaife aélion,
a» parce quela vertu ne connoît & ne cherche point
p îgs pépçbrçs. Il y en a qui difent, çqntinp^-t-il,
1 »a que ce que Platon rapporte dans cet endroit
- n’ eft qu’une- fable y comme s’il le donnoit pour
»j vrai, 8c qu’ii fe mît en pe’ne fi la chofe eft pofli-
. ble ou non. Cet anneau & cette aventure de
M Gyges ne tendent qu’à mettre la fuppôfi'tion dans
» toute fa force : quand on demande à quelqu’un
*>• ce qu’ il feroit, fi, fans être vu ni foupçonné de
» p rfonne, il pouvôit fe contenter fur tout ce que
fes paflions peuvent lui infpirer, & s’ il fe con-
» tiendroit ou non, sûr que les hommes ni les
« dieux ne fauroient jamais rien de ce qu’il auroit
M fait. » Il eft vrai que Gyges détrôna Candaule
fon fouveram, de concert, avec la reine. On ajoute
que le meurtre de Candaule ayant excité une fécii-
tion parmi les Lydiens, les deux partis au lieu d’en
vcqjr aux mains , convinrent de s’en rapporter à la
décifion de l’oracle .de D.dphes, .qui fe déclara pour
Gygés. Il fit au temple de Delphes de grands préfeus
, qui, fans doute, avoient précédé en partie &
préparé la réponfe de l’oracle. Quand il fe vit pai-
lible poflefleur du trône, il envoya une fécondé
fois à l’oracle pour lui demander s’il y avoit un
mortel plus heureux que iui : Appollon lui répondit
qu’Aglaüs avoit été pliïs heureux que lui. Cet
Âglaüs , au rapport de Pline , avoit cultivé toute fa
vie un champ affez médiocre, mais qui fourniflbit
à tous les befoins de fa fam lie.
G YM N A S E , gymnafium, édifice public chez
les grecs & les romains, où ceux qui vouloient
s’inftruire & fe perfectionner dans les exercices,
trouvoient tous les fecours nécelfaires. Ces lieux
fe nommoient gymnafes, à caufe de la nudité des
athlètes, ftepalefires, à caufe de la lutte qui étoit
un des exercices qu’on y culcivoit le plus, & quelquefois
chez les romains thermes, parce que l’appartement
des bains & des étuves en faifoît une de*
parties princiaales.
Les différentes pièces qui compofoient ces grands
édifices peuvent, fuivant Burette, fe réduire à
douze principales, favoir : i°. les portiques extérieurs
où les philofophes, les rhéteurs, les mar
thématiciens, les médecins & autres favaris fai-
foientdes leçons publiques , difputoient ou lifoient
leurs ouvrages.' i° . Vépkêbeum, où les jeunes gens
s’aflembloient de grand matin pour y apprendre les
exercices dans le particulier & fans fpeCtateurs.
30. Le çoryceum, autrement nommé Y apodyteriutt
ou le gymnafiérion, qui étoit une efpèce de garde-
robe où l’on quittoit fes habits, foit pour les bains
foit pour les exercices. 40. L' éUothjfium , Yalip-
térion ou l’unStuurium, dans lequel on fe faîfoit
oindre d’hu-ile avant; les bains, la lutte, le pancrace
, &c. y°, La paleftre proprement dite, où
l’ons’exerçoit à la lutte, au pugilat, au, pancrace,
& autres exercices. 6°. Le fpkaerifiêrium ou jeu de
paume, réfervé pour les exercices où l’on em-
ployoit une balle. 70. Les grandes allées non pavées
Jefquçlles ©çcupoient le terrein compris çntrç lej
portiques & les murs qui entouroient tout I édifice.
8°. Les xyftes, ( xyfti ) qui étoient des portiques
fous lefquels les athlètes s’exerçoient pendant
l’hiver & dans le mauvais temps. 9°. D autres
xyftes , ( xyfia ) qui étoient desallées decou*
vertes, deitinées pour l’été & pour le beau tems,
dont les unes étoient toutes nues & les autres plantées
d’arbres. io ç . L'appartement des bains , compofé
de plufîeurs pièces. n ° . Le ftade qui etoit
un terrein fpacieux, demi circulaire, fablé & entouré
de gradins pour les fpe&ateurs des exercices.
11°. Le grammateion, qui étoit le lieu defline à
la garde des archives athlétiques.
Ges gymnafes étoient gouvernés par plufîeurs
officiers; tels étoient : i° . le gymnafiarque, ou
le furintendant de toute la gymnaftique. 20. Le
xyftarque, ou celui qui préfidoit aux xyftes St au
ftade. 30. Legymnafte ou le maître des exercices,
qui en connoilfoit les différentes qualités, & les
accomodoit aux âges & aux divers complexions.
4°. Ltpoedotriba y ou prévôt de falle, employé à
enfeigner méehaniquement les exercices, fans en
étudier les avantages par rapporj à la fanté. Sous
ces quatre principaux officiers, dont on peut c©n-
Xulter les articles, fervo.it une foule de fubalternes,
dont les. noms affez peu importans défîgncient les
différentes fonélions. -
I Si l’on en croit Solon dans Lucien ( Anacharf. )
Cicéron ( de Orat. 1. II. n°. 8 & 12. ) les grecs
ont été les premiers qui aient eu à^s gymnafes, &
entre les grecs ,;les lacédémoniens; après eux les
athéniehs. Vitruve décrit fort au long (/. X V 3
Le. i i .) la manière dont 1 çs gymnafes étoient conf-
[truits & la forme qu’on leur donnoit. | .
GYM N A SIARQ UE ; c’ étoit le premier des
officiers d’un gymnafe, & celui qui en avoit la furin-
tendance. Gymnafiarcha\ c’eft lui que Plaute appelle
['gymnafii prsfe&us. ( Bacchid aâi. III,: fcen. I I I3
[v. 20. ) Le gymnafiarque régloit tout ce qui regar-
l'doit la police du gymnafe; il avoit jurifdjétion fur
Iles Athlètes & fur tous les jeunes gens qui venoient
>’y apprendre les exercices ; il étoit le difpenfateur
Ides récompenfes & des châtimens 5 & pour marque
Ide fon pouvoir fur ce dernier artic'e, il avoit droit
Ide porter une baguette, & d’en faire porter devant
jlui par des hûiffiers, toujours prêts à exécuter fes
iprdres, lorfqu’il s’agiffoit de punir ceux qui con-
Itrevenoient aux loix athlétiques.
I II paroît même que cet officier exerçoit dans le
Sgymnafe une efpèce de facerdoce, & qu’il y prenoit
■ foin des chofes facrées? car Paufanxas dit que le
mgymna/iarque d’Olympie célébroit tou^ les ans
ttfanniverfaire d’Attolus.
■ Les prérogatives du gymnaf arque alloient juf-
Iqu’ à lui i>ermettre de célébrer des jeux en fon
înern; comme il eft facile de le recueillir d’une ancienne
infeription publiée par Fulvius Urfînus, où
il eft parlé de Bâton, \e gymnaf arque 3 qui avoit
donné des jeux gymniques en l’honneur d Hercule
& d e Mercure, pour la fante du prince, & dans
lefquels il avoit propofé des prix pour les combat-
tans. Plutarque, dans la vie de Marc-Antoine,
nous reprélente ce romain au milieu d Athènes >
fe dépouillant de toutes les marques de fa dignité
pour prendre l’habillement de gymnafiarque, St en
faire publiquement les fondrions. C Academ. des
belles lett. mém. tom. 1 yp. 234. )
Le gymnafiarque n’étoit pas repute magiftrat
chez les grecs. Il avoit fous lui deux officiers qui
l’ aidoient dans le gouvernement du gymnafe. Le
premier s’appelloit xyftarque, & l’autre gymnafte.
(V o y ti ces mots.) Ceux-ci avoient encore fous
eux plufieurs officiers fubalternes, ou valets, pour
le fervice ou pour l’inftrudtion de la jeuneffe qu on
■ mettait entre leurs mains. Le gymnafiarque fournif-
foit l’huile néceflaire pour la lutte, l’un des jeux
delà bacchanale.
C e mot vient de y vfAiot<nov3 gymnafe , lieu
d’ exercice 8c de , gouvernement 3gymnafiarque3
celui qui a le gouvernement, l’intendance d ua
gymnafe.
Une infeription de Paros. C fpon mifc.pag. 335-.)
fait mention d’une Aurélia Leité gymnafiarque 9
AYP. A E ITHN ..;.. THN FTMNAEIAPXON. C e
qui fuppofe qu’il y avoit dans la ville de Paros un
lieu deftiné à former les jeunes filles aux exercices
du gymnafe. Un marbre de Cizique, publié par le
comte de Caylus (JL page 2.10.), nous apprend
qu’en cette ville les filles étoient exercées du moins
à la courfe de chevaux, puifqùe Julia Aurélia
Ménélaïs , parut dans les jeux publics célébrés en
l’honneur d'Hadrien , à la tête d’un efeadron de
filles, innAPXOTSHS...........
Dans ce même volume du comte de Caylus
(pl. 37.J, on voit un gymnafiarque en fon&ion. Il
paroît aufli fur des mofaïques dont Winkelmann
a publié les deflins dans tes monumenti inediti
( nos- 19 7, vi 98. ) . C et officier tient une baguette,
8c il n’a d’autres vêtsmens qu’une tunique fort
ample, garnie de larges manches, ou rabbattues
fur les bras, & ferrée par une ceinture.
t ym n a s ia p x ia , jeux qui étoient donnés par
les gymnafiarqües. Il en eft fait mention fur une
médaille de Salonin, frappée à Colybraflus, ville
de C ilic ie , publiée par Pelleritr.
G YM N A S T E , l’ un des officiers du gymnafe,
celui qui enfeignoitl’art gymnaftiqne aux athlètes,
gymnafia. On défignoit par différens noms les
officiers du gymnafe deftinés à Tinftru&ion des
ath'ètes ; ils s'appelaient epiftau, psdotriba, gym-
nafia, alipts, jatralipts. Les anciens auteurs emploient
fouvertt ces termes indifféremment dans
la même lignification; cependant Galien établit