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Le cult e de Jupiter chez Les arcadiens étoït de
la plus haute antiquité. ( Paufan. lib. V I I I .) . Il y
fut établi par Lycaon, fils de Pelafgus , qui bâtit
fur le'mont.Lycée la ville de Lycofme. Il donna
le nom de Lycéen à Jupiter Avxuloç ( Plut, in vit.
C&f. fchol. Pindar. Olymp. Od. v u . ) , & inftitüa
en fon honneur des jeux appelles aufii Lycéens,
Ay k a ià .
Paufanias dit que fur le chemin de Mantinée à
Pallantium , il y avoit un temple de Jupiter,
furnommé Charmon d’ un lieu où il étoit adoré.
Le mont Citheron donna le nom à Jupiter Ci-
th&ronius. .Cette montagne de Béotie étoit àppel-
lée auparavant A f te r iu s félon Plutarque.; l’h if-
toire ne fait point mention ou il y ait eu une ville
fur cetre montagne. ( Beat.) Paufahiàs en parle*
cependant comme d’un lieu très - fréquenté , où
Ton célébroit des fêtes.,, & où Ionfai foi t de-s fa-
crifices à Jupiter.
Les auteurs grecs font fouvent mention de l’oracle
dé _ Jup i ter-Trop konius , que l’on venoit consulter
de toute la Béotie ; il étoit placé entre l’Hé-
licon & CHéronée.
Jupiter-avoir encore un oracle en Béotie, dans
la vil'e de Theb.es ; fi Ton en croit Suidas , Omo-
loia, fille d’Ennéus, que Ton envoya en fui se à
De ’phes , en étoit l’interprête.- Ce fut à caufe
d’elle j félon le même auteur, que l’on donna au
dieu le furnom d’Omolius , ouHomolii^ ( Suidas.)
Callimaque appelle JupiterLycornus de. Lycorée,
bourg fitué près de Delphes.
. Dodone a été attribuée à différer s pays, fui-,
vant les circonftances , & elle fut tantôt àe la
Perrhébie, tantôt de la Thefprotie , & enfin du
pays des Moloffes , félon que ces peuples eh éten^
dant leur domination fe 1;approprièrent.' Lfemays
des Moloffes avoir fait autrefois partie de la Théf-
protie , & les deux noms ayant été confondus ,
celui des Moloffes relia feul en ufage.- Il nleft. pas •
fans exemple que des pays, apfè£ avoir changé dé
maîtres , aient confervé leur ancien nom , & que*
ce nom ait été employé par des auteurs .étrangers
fans'avoir égard à.ces changemens. Ce fontappa- 1
remment ces raifons qui ont tant, fait varier les auteurs
fur la pofitiôn de Dodone. Jupiter avoit dans
cette ville, un temple & un oracle célèbre ;. ce qui
lui fit donner le furnom de Dodonéen. ( Hefyqji. )
L ’oracle de Dodone étoit le feul connu, chez les
Pélafgès, 8t le plus ancien de tous ceux de la
Grèce. Hérodote avoit fait des recherches fur fon
origine, il s’étoit informé lui-même fur les lieux.
L ’oracle de Dodone ayant été fondé chez les
Pelafges , les plus anciens peuples de la -Grèce ,
l’épithète de Pelafge a quelquefois été-donnée à
Jupiter, comme on le voit dans la prière d’Achille
adreffée à ce Dieu {flomer. )
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Suidas dit qu’il'y avoit en Tlieffafîe un temple
de Jupiter Pkégonéen, furnom qui ne peut »Voir
tiré’ fon origine que des oracles qi e l’on croÿoit
être reridus à Dodone par des Chênes.
Dodone étoit fituée au pied du mont Tmarus ou
Tomurus fur lequel Jupiter étoit adoré. Le dit U
.& fes prêtres reçurent le nom de cette montagne.
Le temple que l’on avoit élevé à Jupiter fur une
montagne de Theffalie, appellée Elacatée, fit donner
au dieu le-fùrnom de Elacatéen. ( Stepkan. )
Hardouin(-Ntf/ra. Illuftr.) rapporte une médaille
de Goltzius, fur laquelle on voit un Jupiter a fils
fur une montague, qu’ il croit être le montAthos,
& le Jupiter furnommé a 6aos. Il eft vrai qurnn
r en doit un culte à ce dieu fur le mont Athos.
( In lliad. VEujlath. ) Il fut appelle A’mAos , du
mont Aenus dans l’dle de Cépralonie.
L ’ifle de Naxos, fituée dans la mer Égée au
milieu des Cyclades , domine toutes les ifles voi-
fines, & renferme dans fon enceinte une montagne
extrêmement haute, que l’on apperçoit dans un
temps fereiri de la partie occidentale de l’ifle ' de
Ghio,- c’ eft-à-tlire,~cîe 120 milles d’ïtaüe. Les
habitans confacrèreht cette montagnè à Jupiter £
comme le fommet en étoit très-fertilë en pâturages;
& que l ’on y cônduifoit autrefois comme à^préfènt
beaucoup de troupeaux , on donna pour cette
raifon le furnom m hAQSiOS, ami.dés moutons, à
Jupiter y qui en étoit regardé comme la divinité ,
tutélaire.
. Dans , l’ifle de Lesho.s , ôn adoroit Jupiter-,
'f'x-epIeZio.s & Minerve-TVgp(^e|i>f, furnom qui leur
avoir été donné delà petite contrée appellée
Jï'iiov. ( Stepkan. ) . ;
-Unevmédadle'd’Augufle d e l ’ I flc d eC o s , publiée
par Vaillant, nous apprend que l ’on y ren-
idoit un culte à Jupiter ( Numis. SeleÜ.p. 294)/
& cependant dhcù# auteur n’en parlé. '’On voit
au revers la tête de Jupiter, avec la légende: 2 eyc
KOl'&N.
Le .culte de Jupiter Céhéën fut établi dans
l’Eubéé par.Hercule. Ce Héros, après avoir pris
lOEchalie , epoiifa Ioîe , fille, d’EurituS , roi de ce
jpays & aborda au promontoire Cenée , où il bâtit
un .temple à Jupiter , qui deçe- lieu fut appelé
Knïoeioç'. '( S'échol. Sophocl. in Trachin. ,) .
Dans1 la partie de l’ifle. o.ppofée au pro'montbire
Cenée, dans le térroired’Eretrie, étoit une ville
appellée Tamyna, dont parlent Strabon ƒ>. 447 .in
Phocion. Etienne & Plutarque; Jupiter y étoit
adoré & furnommé Tctpovctlos. -
Denys le Péfiegété,; dans la ^defcription qu’il a
faite de la ville d’Alexandrie d’Egypte,-'dit que l’on
y voyoît un tèmple de Jupiter-Smopites tout brillant
d’or, & que fa magnificence Xurpafibit tous ceux
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qui étoîent alorscdhnus. {Edit. Rob. Stepkip. 45. )• |
Selon Euilathe, le Jupiter dont parle Denys, p.ou^
voit être ainfi nommé de la vide de Sinope dans
le Pont. •' ■
Ceferoitici le lieu de parler du mont Olympe
de Bithynïe & du J^/rer-Olympien qui étoit adoré
fur cette montagne ; mais nous en avons fait mention
à l’article d’ôlympie , ville d’Elide. Etienne le
Géographe dit au’ il y avoit en- Bithyniê’ une ville
de Tarente dans laquelle Jupiter étoit adoré &
furnommé Tûf u/juios. Cette ville & le dieu fie font
pas fort connus.
Vaillant a publié une médaille de Domitien, frappée
à Nicéè (Num. Greecjp. 24.) deBithynieJ fu r laquelle^
félon lui,on lit : NIKÀLIS & ZEYS MH Ai OS:
au toiir de la tête nue de Jupiter -, & il traduit
ainfi cette légende : Nicoeenjes Jupiter Piorum con-
fervator. On ne fauroit imaginer pourquoi Variant
à rendu Mfaios par piorum confervator, ptiifqne ce 1
mot ne préfente aucune i dée qui ait rapport à cette
lignification, & qu’il eft queFquefois employé dans
une acception tout-â-fait contraire, MéXio?, Melius
eft l’Ethnique de l’ifle de Melos une des Cyclades.
LaMy-fie, province;d’Afie, défignée fous lesdif-
fér en-s noms 4'Æ;oljs.&, dé Mqeonia •( P lin. Strab.
Steph. ) a été au,fli appellée Abrettina, Atytrir/, 3
ou, comme l’écrit Suidas,, a 'fipz.Tctw, dénomination
qui a été reftreinte à une. partie de la province. /«-
pirerqxù étoit la divinité tutélaire de cette contrée
& de-toute la^Myfi^.ên reçut l’ épithète d‘Abrctjte-
nien. J Strabi -Libt XII. p-., 574.) ,
Jupiter étoit la divinité principale de toute la
p’rovincé.de Lydie, comme on le volt par une médaille.
dé la ville de Sardes ,: frappée du temps de
Septime-Sévère, & publiée par Pellerin (. Tom. 1 1 .
pi. LX II1. n°. Vo. ) D’un côte eft la tête de Ju-
p ü é r avec la légende : z e y c AYAio c ; au revers
Hercule nud, appuyé de‘là 'main droite fur la maf-
fue , porte de la main gauche une peau de liori,
pour îégen.ie r c a p Ai a n o n , ,
Le culte général qui étoit rendu à Jupiter dans.
toute la Lydie, n’etapêchoit pas qu’on ne lui en
rendit un particulier dans quelques endroits de la
même prpvince. Il é toit, .par exemple j furnommé
Afçroeus de la ville d’Afc-ra.
Suivant Paufanias, Coryphée étoit le même
que lies. romains appeltoient Jwp/ïer- Capitolin ;
nous aérons bientôt béeafion d’en parler.
- Nous voyons le titre d‘Ephéjien donné à Jupiter
fur une médaille dé Scptime - Sévère, frappée à
Ephefe. ( Vuill. Numifcn, Se le fl. p. 224.)
r «I-a province; ’de Ciaric; h 6110 ' oit Jupiter d’un cuite
fpéçial. L'^vbabitâns dt Mylâfa, ville principale du
pays , avouent deifx temples de .ee dieu. Le premier
étoit-,dans- la ville , ;&• Jupiter y .étoit révéré f o u s le
nom d Ofogo, felpn Strabon'.(/?.«^. é’59. ) , ou d’.Ogoa
3 félon Paufanias y d’autre étoit fitué fur une
montagne à quelque diftanee de la ville dans un
lieu appelle .Labranda , ce qui fit donner au dieu
le lurnom de Labrandéen. Plutarque , en racontant
l’ufurpation (Plut. Quoefi'. G,sc. Quaft. X L V .)
delà couronne de Lydie par Gy g es , dit: que ce
prince s’étant révolte contre Cahdaule, roi de
Lydie, il fe ligua avec Arfelis de 'Mylafa en Carie,
qui lui amena un corps confidérable' de Cariens :
Candaule fut défait & tué dans un combat, ainfi
que l’écuyer auquel il avoit confie'-la hache d’EIer-
ciile. C e héros, dans fon expédition contre les
amazones, l’ avoit enlevée à leur reine Hypolite ,
& en avoit fait préfent à Oinphale. Depuis ce temps
les roisde Lydie , fucceffeurs de cette princeffe, la
portèrent toujours eujt-mêmes,dans,les combats;
& Candaule ne viola pas impunément, une cou-:
tume que la .religion avoit en quelque ior.te con-
facre'e. Gygès, quife crôyoit redevable de là victoire
à la valeur d’Arfélis, lui abandonna la poffef-
fion de cette hache ; & ce général plein du defîr
de tranfmettie à la poftérité fes belles a étions la
porta en Caiie & en arma Jupiter-Labrandéen. On
voit fur les médailles de Myl,afa,cet:e hache à deux
, tranchans, repréfentée comme celle des amazones.
IL eft vraiferhblable que c’ eft de la que le dieu fut
aufii furnommé guerrier, titre qui n’eft
point du nombre de fes attributs efientul-. C ’étoit
Mars & non Jupiter qui étoit regardé comme le
dieu de la guerre; Minerve ne reçut le,furnom de
HrfUTtlet3 que parce quelle pafloit pour -pr.fider
aux armées, & qu’elle étoir confondue avec Bel-
loné.,Mais le, nom de'Srpâr««?, donné i Jupiter,
ne peut lui venir que de rihftrument milirr.ire dont
l’ avoir armé Arféiis. ;Cét attribut étoit affez fihgu-
lier, & l’événement qui l’avoit occafionné, étoit
affez remarquable pour avoir donné lieu à cette
dénomination.
Freret ( Mém, de Y Acad, tom. V. pag. 28 3. )
dit que l’on voit la double hache de Jupiter-Labran-?
déen , très-biejî repréfentée fur un bas relief ƒ où
. Le dieu eft iiommb J)olichenus , du nom d’ une ille
voifihe dés côtes de Carié.
Vaillant S publié une médaille de la ville d’Eu-
romus en Carie , avec la légende : z e y c e y p o -
•M-EŸC EYRiîMEÛN.
De .toutes „les villes de C ar ie , où le culte de
Jupiter étoit établi d’un manière fpéciale, Stra-
tonicée eft une des plus rem rquables. Elle ré-
' vérole ce dieu &■ Hécate comme Es divinités tuté-
1 aires. ( Tacït. Strabon. p. 660. ) Il avoit dans fon
territoire un temple célèbre dédié à Jupiter- Chry-
faorien.
Selon-.Et'enne , il y a eu en Carie une ville du
nom de Chpyfaôris, qui fut enfuite appellée Adrias.
Apollonius dit qu’elle fut bâtie d’abord par les
peuples, de: Lycie. Ç ’eft de là qu’il forme l’Eth