de fe lever héliaquement, étoient le grand & le
petit cheval. Le premier eft mieux connu fous le nom
de Pégafe. L'allégorie eft fl frappante / que je ne
m'attacherai pas même à en développer tous ’les
rapports. C'eft le Kallenqui ou Kelki, fur lequel
monte Vifchnou dans fa dernière métamorphofe,
au folflice d'été , au coucher du matin de la
lyre ou de la tortue, chelys marina , 8c au lever
de Pégafe le foir.\En effet, Vifchnou fe métamorphofe
en tortue?, pour aller fous terre chalfer
la malignité du diab'e, & fous cette forme il
foutient la terre avec le ferpent. Lorfque Vifchnou
paroit fur le cheval, la tortue, difent-ils, plonge
dans la mer, & le ferpent ploie fous le fardeau,
parce qu'il penche effectivement vers le couchant.
Dans le manuftrit d.s métamorphofes, à la page
142, on voit Vifchnou dans fon repos folftitial,
accompagné de deux lions.
Neuvième travail.
Le neuvième travail, qui tombe fous le bélier,
eft le combat d'Hercule contre les Amazones ;
& c’eft après le huitième travail que plufieurs auteurs
placent le départ d'Hercule pour la conquête
de la toifon d 'or , ou du bélier placé dans nos
conftellations. (LylioGiraldi, tom e l, p. y y i ) :
Pofth&c Hercules cum Argonautisin Colchos advellus
aureum navigavit. Pour exécuter ce travail ,• il
pafïè en Bebrycie ( Natalis cornes , page 678).
Çuant aux Amazones, le but de cette expédition
étoit de conquérir la ceinture d'une de ces héroïnes.
Hercule, pour cet effet, traverfe la mer
noire, & le pays des Cymmeriens : on lui refufe
la ceinture 5 plufieurs Amazones périflent } la dernière
meurt vierge} alors la reine des Amazones,
appellée Ménalippe, lui livre la ceinture } le lieu
du combat eft Tnemifcure, fur les bords du Thermodon.
De retour de cette expédition , ce héros
délivre une femme expofée à un monftre marin,
tue le monftre.
Si nous confidérons les conftellations qui fe
trouvent à f horifon le foir & le matin, lorfque
le foleil eft arrivé aux premières étoiles du bélier,
nous verrons q u e , foit le foir , foit le matin , ce
font toutes les femmes deTa fphère, q u i, par
leur coucher ou leur lever* déterminoient cette
époque aftronomique, telles qu'Andromède, Caf-
fiopée, la Vierge, & la femme qui tenoit la balance
dans les anciennes fphères. Les étoilés de
la ceinture d'Andromède fur-tout étoient en con-
jon&ion avec le Tôleil, ou , pour mieux dire ,.fe
couchoient Cofmiquement & defeendoient fous
Thonfon avec cet aftre 5 c'eft la fameufe ceinture
dont le héros devoit faire la conquête. Il paffe
la mer noire , & traverfe le pays des Cimnré-
riens , expréfiion allégorique pour dire qu Hercule
pîors étoit fousj'hôrifon vers le nord , où les anciens
plaçoient le pays des Cimmériens} c'eft auÂi
une allufion aux ténèbres qui étoient fuppofées
régner fous le globe terreftre.
Comme c'étoit, non pas à l’aurore * mais le
foir, qu'anivoit cette conquête, on dit que c'étoit
Mélanippe, ( la femme aux cheveux noirs ou la
-nuit) qui lui livra la ceinture. Le lieu du combat
étoit 1 hemifeure ou Them feore, la vierge Thémis,
parce que c'étoit au moment de l'afeenfion
de la balance ou de la femme porterbalance,
que le foleil & la ceinture d'Andromède fe cou-
choîent. C étoit près du fleuve Thermodon (route
de la. chaleur ) , le foleil regagnant alors l'équateur :
ainfi l’allégorie éclate de toutes parts dans cette
fable. Cette même époque aftronomique étoit
fixee le matin par le coucher delà vierge} voilà
pourquoi on fuppofe qu'une de ces héroïnes étoit
morte vierge , Ôc qu’elle a voit juré de l'être toujours.
Hercule, à fon tour, c'éft-à-dire le matin,
delivre Unefemme expofée à un monftre marin ; c’eft-
à-dire , que le matin Andromède eft toute entière
levée héliaquement, tandis que la baleine, qui eft
au-deflus d'elle, eft abfqrbée dans les rayons
folaires. On fait qu'Androniède fut expofée à ua
monftre marin ; elle eft repréfentée dans’ les fphères
enchaînée, & s'appelle encore, Mulier devotu
pefii futurs ; 8c la conftellation placée au-deifous,
qui fe couche avec elle, eft la baleine célefte,
que plufteurs auteurs prétendent être le monftre
auquel fut expofée Héfione ( Csfus , p. 227 ) a que
délivre ici Hercule.
Il n’eft pas difficile d'appercevoir que ce font
toiftes ces apparences aftronomiques réunies, qui
ont donné la naiflance à la vi&oire fur les Amazones.
Hercule y triomphoit de plufieurs femmes.}
mais Hercule ne devoit pas triompher de femmes
timides} il etoit naturel de lui oppofer une armée
d héroïnes ; c’eft la broderie poétique; on ne peut
efpére.r d'expliquer que les traits effentiels de ces
allégories.
jDixième travail.
Le dixième travail à*Hercule tombe fousde ligne
du taureau. C ’eft la conquête de Géryon > roi d'Ef-
pagne.
On peut l'expliquer de la mettre manière que
nous avons expliquée triomphe A*Hercule fur le
lion, & dire que c’eft l'atriyée.du feleil au ligne
équinoxial du taureau qu'on a' voulu ici déligner.
Ovide dit qu'on célèbroit .fous le taureau la fête
des Argées} 8c à cette occafion il cite l'arrivée
A’Hercule tn Italie ; avec les Boeufs de Géryon, 8c
attribue-à un des Àrgiens de fa fuite , cet établif-
fement ( faft. lib. V", v. 621. ) Nous obfervons
encore que 1 entree du foleil au taureau, eft annoncée
le foir par le coucher de la chèvre & du co-
c.her, & le lever entier A’Hercule, Cette chèvre,
dans notre fyftême, fournie les attributs de Pan
& de Faune.
Or
Or voici ce que dit Plutarque ( Parallel.p. a i t )■
Hercules boves Geryonis, perjtulmm ugens hofipl-
tio Tauni regis, qui M ercum films fuit & patn kofi
pites maBare folebat, exceptus efi : is ugreffuslier
cuUm ab ipfio trucidatus eft. Dans notre fyfteme ,
Mercure elt Perfée, dont le lever -eft gggjraf
celui du Cocher ou de Faune. Cette meme hlia-
tion a lieu quand on confidère Perfee comme Saturne,
& le Cocher comme Jupiter. C e faune a
pieds de bouc eft donc fils de Mercureï, comme
Jupiter Ægiochus I fils de Crone ; & L effi tu e .
c'eft-à-dire qu’ il fe couche au lever d Hercule,
lorfque le foleil gagne le taureau * & ramene les
vaches de Géryon , travail qui tombe prectfemeiit
fous ce même ligne, dans 1 ordre des travaux
fl’ Hercule.
Cependant les boeufs dont il. eft queftion dans
le dixième travail, peuvent être auffi les fept étoiles
de la grande ourfe, qui fe Ievoient le mat n quand
le foleil étoit dans le taureau , & qui par-la Pou‘
voient défîgner cette époque. On fait que les anciens
appelloient ces étoiles les boeufs d Icare ou
du.Bootès.
. Noël le Comte dit qu'ils étoient gardés par un
dragon , fils de Typhon & d Echidna, tel^preci-
fément que le dragon célefte, place a cote oe
l'Ourfe, ou des boeufs d'Icare; qu ils etoient
auflï gardés par des chiens , ce qui eft encore vrai
des boeufs d'Icare , puifqu'on peignit autrefois
des chiens à côté de lui, cum canibus venaticis pin-
gitur ,• dit Catfius , (pag. I37- )• Le conduéleur
de ces boeufs Fe couche & defeend fous 1 horifon
dans ce moment, vers 1« régions même , on les
anciens plaçoient l'Hefpérie.
On ne doit pas m'accufer de faîte ici un double
emploi de l'ourfe, d'abord comme fanglier d’Ery-
manthe, enfuite comme boeuf dlcare : car il eft
certain qu’elle a eu cette double dénomination, &
que le poète l'ayant déjà envifagée dans le premier
fens, l'a enfuite cônfidérée fous un fécond rapport,
pour ne point fe répéter. Peut-être auffi que fon
triomphe fut le fanglier eft d un autre poeme,
d’autant plus qu'il eft uni à la vi&oire des Centaures
, & forme en quelque forte un double travail
fous un feul figne.
Onzième travail•
Le onzième travail répond au figne des gémeaux
& nous préfente le triomphe A’Hercule
fur le chien Cerbère } ce héros le charge de
chaînes de fe r , & le force de venir a la lumière.
L'hiftoire de Thefée & de Pirithoüs fe trouve
liée à ce travail ; Hercule obtient la permiffion
de les ramener fur la terre- Celle d’Orphee s y
trouve auffi placée ainfi que fa lyre enchanterefle.
L'eptrée du foleil au premier degré des gémeaux
étoit fixée par le- couçber héliaque dp
Antiquités. Tome HT
chien célefte Procyon que les Arabes appellent
K ebel,; & qui difpaio flûit dans les flots de lumière
que répand l'ailre du jour. Peu de jours
après il fe levoit, pafïoit au méridien, & fecou-
choit avec le foleil , & il fembloit enchaîne à
fon char: il n'éii fallut pas davantage pour chanter
la viétoire du génie fur un chien monttrueux.
Dans le même moment les dernieres étoiles de
la lyre célefte. * appellée lyre d Orphee, ache-
voient de fe lever acroniquement ou le fojr.
L'hiftoire d’Orphée 8c de fa ly re, forma donc ici
une épifode agréable. Quant à Théfee & z Pirithoüs
, O d ïu s , ( pag. 40 ) , prétend qu on les
avoit placés dans la conftellation des gémeaux j au
moins il prouve qu'on y mit Thétée. Si cela e lt ,
la lîailon de ce travail avec leur retour ? .lno-
rifon fupérîeur, eft naturelle, & 1 allégorie s explique
d’elle-même. Au refte, je ferai obferver que
le chien dont il eft queftion ici , n eft PasAle
chien fymbolique représenté avec une triple tete
de chien, de loup & de lion. Celui-ci etoit un
emblème compofé de la mute du foleil dans les
lignes fupéricurs. Ils n’ont de. commun enfem»
b!e que le nom de Cerbère ou Kebel.
Le grand chien Sirius , venoit auflï de fe pre*
cipiter, quelques-jours auparavant, dans les feux
folaires} maisStace, ( Sylvarum ,/iv. I I I , « . 11 *
verf. 112. ) , parlant d'Anubis r *que nous démontrons
être le même que le chien celelte, qui
en porte eracore le nom en aftronomie, 1 appelle
Janitor Letksus.
D o n c le cerbère eft un des deux chiens cé-
leftes qui font J'un près de l'autre , & aP fe. f S
parles Arabes Kebel, par une inverfion de Cheleby
chien. Le Cerbère étoit fils d Echidna , & il etoit
fouvent peint avec les attributs du ferpent , ou la
tête hériflee de ferpens. Mais l'hydre de Lerne ,
qui s'appelle Echidna, s'élève au-deffusde fa
tê te , & lui fournit fans doute ces attributs fym-
boliques. Dans le manuferit des métamomhofes
de Vifchnou ( pag. i y . ) , on'voit le dieuCalbai-
ren, également avec le chien, debout à fes pieds,
& i l tient de la main droite un ferpent} des ftam*
mes s'élancent dé fa tête.
C e qui a donné lieu à la defeente aux; enfers,
c'eft qu’ alors Hercule approche de l’horifon inférieur
, & que même fa maflue & fon bras font
couchés lorfque le foleil parcourt les derniers dé*
grés des gémeaux, ou pendant fon onzième travail.
Il revient enfuite fur l’horifon, mais c eft a la
fin du jour i de manière qu'alors il eft toute la nuit
fur l’horifon obfcur, ou dans la partie du cielobf-
curcie par l’ombre de la terre.
Douzième travail.
Le dernier travail A3Hercule répondant au Cao*
cer eft fou fécond voyage en liefperieou au cou»