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met fur fa tète un cafque d’airain s & s’arme d’une
cuiraffe. L'airain étoit la matière dont les peuples
des temps anciens faifoient le plus communément
ufage. La forme des armes elt plus difficile
à déterminer : on apperçoit fur les médaillés citées
au commencement de cet article un cafque
de forme ordinaire, des boucliers longs, des
cuiraffes femblables à celle des grecs & des romains
: il en eft de même des cuiffards. Au refte il
n’eft pas probable que toutes les cuiraiTes aiejit |
été d’airain comme celle de Goliath. Il eft dit
C Reg. lib. I l , c. 20 j v. 8 ) que Joab portoit a la
guerre un habillement étroit , qui ferroit le corps ;
ce qui ne peut s’entendre que d une cuirafle
de laine ou de coton , ou autre matière fouple ,
comme chez les grecs.
Les juifs portoient l’épée ( Reg- lib. z 3 c. 18,
v. 1 1.) fufpendue à un baudrier (cant. cantico ,
lib. 5 , y. 7 j j y elle pendoit .fur la cuilfe gauche,
puifqu’Aod , (Judicùm, cap. 3 , v. 19 ) pour faire
un coup de main , la mit fur fa cuilfe droite ,
fous fon fagum : Calmet croit ( Differt. fur la milice
des anciens hébreux, comment, tom. I I I ,
fol. 529O qu’ils portoient auffi l’épée attachée a
une ceinture. La médaille romaine, repréfentani
un hébreu cap tif, montre que ce peuple faifoit
ufage du fagum à la guerre. On attachoit un prix
( Judicum , c- 2 0 , v. 16.) chez les ju ifs , a ce
qu'un guerrier pûc-fe fervir de la main gauche,
comme de la droite.
Dieu avoit ordonné àMoyfe (Nombres, c. 10,
v. i . ) de faire deux trompettes d’argent, pour
convoquer le peuple, ou pour annoncer le départ.'
Calmet croit ( Differt. fur la milice des anciens
hébreux, comm. tom. I I I , fol. 527) qu’ils fe
fervoient suffi du cor, pour fonner la charge ou
la retraite ; il ajoute que les trompettes étoient
des mftrumens facrés chez les juifs : on en voit
la forme, fur un bas-relief de l’arc de Titus* Les
juifs avoient pour inftrumens de mufique les cy-
thares, les nablia ou le pfâltérion , le tympanum ,
-les fiftres , les flûtes , les cymbales , & les hidrau-
les , qui étoient fans doute des orgues-à-eau. Voy.
L aKPE , (Fred. Aiolphi Lampe , de cymbalis ve-
■ terum) & Calmet dans fon commentaire.
Les juifs connoiffoient l’ufage des chars de
guerre, puifque Jofias, roi de Juda , ayant été
bleffé clans une bataille contre N echao, roi d’Egypte
, fut tranfporté du char dans lequel il
étoit, dans un autre qui le fuivoit félon la coutume
des rois.
Le premier étoit donc un char pour le combat*,
fans cela quelle néceffité y avoit il de le
transférer dans un autre , fi le premier eût été
propre au tranfport d’ un bleffé ? On ignore du
rcfte la forme qu’avoient ces chars ; ils étoient
probablement femblables à ceux des grecs.
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Le Seigneur avoit ordonné ( Nombres, ch. 2.
ÿ . z. ) aux enfans d’ Ifraël de camper autour du
tabernacle par diverfes bandes, chacune avec.fès
marques diftinétives, & avec fes enfeignes. Mais
quelles étoient ces enfeignes ? Les auteurs hébreux
( Calmet, fur le f . 1. ch. z. des Nombres.)
rapportent différentes.figures, qu’ils prétendent
avoir été appropriées à chaque tribu ; mais Calmet
révoque en doute ce récit des Rabbins ( Diflert.
fur-la milice des anciens hébreux, comment, t. 3.
fol, I33, >, & à jufte titre, vu la répugnance que
les juifs exprimèrent à l’afpeét des aigles romaines
& des trophées érigés par Hérode. Leurs en-
fefgnes pouvoient être des pièces d étoffés, dif-
tinguées entr’elles par la couleur. Qn veut meme
que la tribu de Juda ait eu un.étendard verd ; celle I
de Ruben un étendard rouge; Ephraim un étendard
coulenr de chryfolite, ou jaune-verd, & celle de Dan
blanc & rouge ; les autres tribus fe rangeoient fous
les quatre principales. Il eft dit que Jofue eleva fon
bouclier au haut d’ une pique, pour donner le
'lignai à fes troupes lorfqu’ iî marchoit contre Haï:
leurs enfeignes n’étoient probablement que de
cette forte..
De i‘architecture , des meubles, &c. des juifs.
Les patriarches logeoient fous des efpèces de
tentes ( Genejis , cap. 18. ÿ . 1 . ) de bois , conl-
truites de manière à pouvoir être tranfportées d’un
endroit à un autre. Les juifs, en temps de guerre I
(Calmet, diflert. fur la m.liee des hébreux , t. 3.
fol. 534. ) ,'avcient des tentes de toiles ou de
peaux. Dans la fuite, ,ils élevèrent des rfiaifons
dans le goût oriental, avec des plates-formes ou
terraffes ( Regum 3 lib. 1. cap. 9. f . 2y. ) »Tur
lcfquelles en alloit prendre le frais-, ou meme
coucher dans les plus grandes chaleurs; c’eft pourquoi
la loi avoit ordonné ( Deutéronome, ch. 2.
f . 8. ) d’environner ces plates-formes d’ un mur
d’appui ; l’efcalier qui y conduisit ( Differt. fur
les demeures des anciens hébreux, par Calmet,
t. z. fol. 15y .) étoit pratiqué ordinairement en-
dehors , comme on en voit encore en Italie ;
ces toits faillants de la même fabrique que
ceux dont parle Diodore, & qu’ il avoit obferve
dans n ie de Malte , garantiffoient l’extérieur des
maifons, & une partie de la 111e, du foleil & de
la pluie, fur-tout du foleil, dont les rayons tombent
à plomb dans les pays méridionaux ; de-là
l’utilité des portiques & colonnades , affez communs
encore en Italie. Calmet croit que les rues
des juifs n’ étoient point pavées ; dû relie la conf-
tru&ion des maifons doit avoir été très - fimple
chez les juifs, à en juger par ce qui nous refte
des grecs &.d es romains ; les fenêtres des mai-
! fons fe fermoient avec des voiles ou des rideaux ,
| au lieu de vitrages : Calmet ( Ibid. tom. 2. fol.
156 .; parle de ferrures aux portes i en quelques
endroits des livres des juifs ce font des verrous,
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ou’ on levoit par-dehors à l’ aide d’une corde qui
paffoit par un trou i de feçori que la porte étant
fermée par dehors^ ceux qui etoiènt en-dedans ne
pouvoient l’ouvrir.
Les anciens, & les orientaux en particulier,
faifoient peu d’ufage des cheminées, même dans
les cuifines ; la fumée fortoit par les fenêtres ou
par la porte; dans les temps froids ils fe chauffaient
ayec des brafiers f Calmet, differt. fur les^
demeures des hébreux, t. 2. fol. 1 5 4 .) , dans
lefquels on brûloit des charbons ou des noyaux
d’olives.
Les juifs, fuivant Calmet ( Differt. fur les dem.
des hébr- t. 2, ) , avoient des peintres & des
fculpteurs ; mais leurs ouvrages fe bornoient à |
repréfenter des fleurs , des feuilles , ou des chofes
femblables, à caufe de la défenfè faite dans
l ’Exode (ch . 20. f . 4. ) de former des images
ou 'figures fculptêes de tout ce qui eft I en Jiaut
dans le ciel3 & en bas fur la terre , fous la terre &
dans les. eaux.
On doit fe former une haute idée du temple
de Salomon, bâti à l’époque 011 l'es arts , que les
juifs pouvoient pratiquer, avoient été portés auffi
.loin qu’ils pouvoient l’être chez ce peuple. On
ne dit pas qu’il fût d’une architeâure grecque,
quoique les commentateurs en aLnt approche leur
fyftême autant qu’il a été poffible. Certainement
les grecs n’enfeignerent pas l’archite&ure aux ouvriers
de Salomon ; ce prince fe fervit des tyriens
pour conftruire fon temple, & ceux ci avoient
probablement tiré leurs piine'pes de l’architeélure
égyptienne ; ils dévoient donc teqir du goût égyptien.
Il en faut feulement retrancher les fiatues
& les. figures d’animaux , ou de femblables or-
nemens , qui étoient défendus aux juifs ; cette J
défenfe étoit obfervée à la lettre , comme le
prouve le foulévement ( Jofeph, guerre dès juifs
Contre les Romains, liv. 1. ch. i ù ) du peuple
de Jérufalem, à l’occafion de l’aigle placé au-
deffus de'la porte du temple : entreprife qu’ils
traitèrent d’attentat contre les commandemens de
Dieu. Aufii ce peuple avoit-il réfolu de fe laiffer
maffacrer ( idem3 liv. 2. ch. 14. ) plutôt que de
fouffrir dans fa yiüe les* enfeignes romaines , ou,
comme parle Philon ( Tillemont, hift. des empereurs,
tom. 1 , fol. i©<52. ) les boucliers avec
les images de Tibère , que Pilate avoit fait entrer
la nuit dans Jérufalem ; fon mécontentement
éclata de même contce les trophées d’armes
(Jofeph, hiftoire des juifs, liv. 15 , ch. 11 . )
qu’Hérode avoit fait pofer au - deffus de fon
théâtre.
Des repas & des bienféances che£ le s juf s .
L’hommage rendu par un inférieur à fon fupé-
rieur avoit chez les juifs quelque chofe d’ humiliant,
& defcemlnit jufqu’à une efpèce d’adoration. Àbra-
'Antiquités. Tome III,
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. kàm ( Genefis , cap. XXIII. v. 7. ) s ’étant levé,
adora les peuples de cepays-la. Les frétés de Jofeph
( ibid. cap. L. v. 18. ) étant venus le trouver après
la mort de leur père, fe profternèrent devant lui
en l’adorant : c’étoit un excès de polit, ffe orientale,
mais qui dîfféroit de la manière d’adorer la divinité.
Eliezer ( ibid. cap. X X IV . v. 2 6 ) , en adorant
Dieu, s’inclina profondément; on élevoit auffi les
mains vers le ciel dans la prière ( ibid. cap• X V I I I .
v. z. Lament. de lérèmic , chap. III. y. 41.
comme on le pratiquoit auffi dans la formule du
ferment. ( Gen. cap X IX . v. 1. cap. X IV . v. 22; )
Abraham leve la main , & jure par le Seigneurie
Dieu très-haut, i
Un autre ufage fe remarque dans le paflage fuivant
: Abraham étant ( ibid. cap. X X IV v. 2. J
fort avancé en âge, dit au plus ancien de fes dôme f -
tiques .* mette£ votre ‘main fous ma cuijfe, afin que
je vous fàjfe jurer par le Seigneur le Dieu du ciel
& de la terre. Quelques interprètes ont expliqué
différemment cette façon de jurer, comme on peut
le voir dans le livre des explications de plufieurs
textes difficiles de l’écriture fainte. Joab ( Regum ,
lib. I.cap.XX.v. 9.) , touchant le menton à Amafa,
en figne d’amitié, nous fait voir que cet aéle de
po'iteffe n’étoit pas particulier aux grecs.
L’on fait qu’il étoit d’ufage chez les juifs,de
laver les pieds aux perfonnes qu’on reçevoit dans,
fa^maifon , & qui arrivoient de quelque voyage ;
la propreté rend oit cet ufage néceffa.re chez un
peuple qui ne portoit point de chauflure capable
de garantir de la ponflière. Du refte, faire honneur
à fes hôtes dans un repas, c’étoit comme
chez les grecs en leur offrant des port ons doubles
( Gènefis , cap. XLIII. v. 34* )• La place la plus
diftinguée, félon Calmet ( Differtation fur Je manger
des hébreux, tom. V . fol. 256 ) , étoit au
haut bout de la tab’e , au fond de lafalle vers le
mur. Saul ( Regum, lib. I. cap. IX. v. 22. cap. XX .
v. iy . ) occupoit cette place d’honneur. David
( ibid. liv III. cap. XI. v. 1-9. ) , pour honorer
, Bethfabée, lafitaffeôir à fa droite. Il feroit ^difficile
d’affîgner l’époque où les juifs adoptèrent
l’ufage de manger couchés fur dés lits. Amos
j (/Tobie,chap.XI. v. 4. Amos , chap. VI. v. 4 .) ,
Ézéchiel & i ’hiftoire deTobie en font mention;
cependant , fous le règne de Salomon ( Differtation
fur le manger des hébreux, tom. V . fol. 2y6. )
ôn fe fervoit encore de fièges.
Selon S. Luc ( chap. VII- v. 36. ) , un phariften
ayant prié Jéfus de manger chc^ lui , i l entra en
(on logis & fe mit d table ; en même-temps une
femme de la ville, qui étoit de mauvaife vie,
ayant fu quil étoit a table chef ce pharifien , y
, vint avec un vafe d’albâtre plein d huile de parfum 3
& fe tenant debout derrière lui â fes pieds , elle
■ commença â les arrofer de fes larmes, & elle les
effuyoit avec fes cheveux ; elle les baifoit & y re~