
obéit j & fut toute furprife au fortir de l’onde »
de fe trouver heureufe & tranquille.
On ignore cependant quel mortel ofa le
premier fuivre l’exemple des dieux. Sapho nous
allure dans la lettre où l’aimable Ovide lui fervoit
de fécrétaire , que ce fut Deucalion, trop fen-
fible aux charmes de l ’indifférente Pyrrha. L’hif-
toire parle de deux poètes qui l’imitèrent ; 1 un
nommé Nicoftrate , fit le faut fans aucun accident,
& fut guéri de fa paffion pour la cruelle
Tettigigéej l ’autre, appelle Ckarinus , fe cafta
la cuifle, & mourut quelques heures après.
Nous ne favons pas mieux fi ce fut la fille
de Ptéréla , éperdument amoureufe de Céphale,
ou Calycé, atteinte du même mal pour un jeune
homme qui s’appelloit Evathlus, ou l’infortunée
Sapho, qui tenta la première le terrible faut de
Leucade, pour fe délivrer des cruels tourmens
dont Phaon étoit la caufe ; mais nous favons que
toutes périrent vi&imes de leur aveugle confiance
dans le remède des prêtres d’Apollon.
On doit être cependant moins étonné des
égaremens où l’amour jetta les trois femmes
que nous venons de nommer, que de ceux.,où
tomba depuis une illuftre héroïne , qui ayant
partagé fa vie entre les foins d’un état, & les
pénibles exercices de la guerre, ne put avec
de pareilles armes, garantir fon coeur des excès
d’une folle paffion, je veux parler ,d’Artemifè ^
fille de Lygdamis, & reine de Carie.
Cette Princeffe dont ©n vante l’élévation des
fentimens , la grandeur de courage, & les ref-
fources de l’efprit dans les plus grands dangers,
fécha d’amour pour un jeune homme de la ville
d’Abydos, nommé Dardanus. Les prières & les
promefTes furent vainement employées ; Dardanus
ne voulut rien écouter : Artémife guidée par
la rage & le défefpoir, entra dans fa chambre,
& lui creva les yeux ; bientôt une aétion fi
barèare lui fit horreur à elle - mêijie, & pour
lors fes feux fe rallumèrent avec plus de violence
que jamais *. accablée de tant de malheurs, elle
crut ne pouvoir trouver de rdfource que dans
le remède d’Apollon Leucadien; mais ce remède
trancha le fil de fes jours, & elle fut enterrée
dans rifle Leucadie.
Il paroît par les exemples tirés des annales
hiftoriques, que le faut du promontoire a été
fatal à toutes les femmes qui s’y font expofées,
& qu’il n’y eut qu’un petit nombre d’hommes
vigoureux qui le foutinrent heureufement.
Il eft même très-vraifemblable que fans les
liens d’ un voeu redoutable contra&é par les
amans fur les autels d’Apollon , avant que de
fubir l’épreuve du faut 5 tous auroient changé de
résolution à la vue du précipice \ puifqu’il y
en eut qui malgré cet engagement foleranel ,
firent céder dans ces moments d’effroi, le ref-
peét pour les dieux, à la crainte plus forte
d’une mort prefqu’afliirée 5 témoin ce Lacédémonien
qui s’étant avancé au bord du précipice,
retourna fur fes pas, & répondit à ceux qui
lui réprochoient fon irréligion. » J ’ignorois que
mon voeu avoit befoin d’un autre voeu bien
plus fo r t , pour m’ engager à me précipiter.»
Enfin, les hommes éclairés par l’expérience ;
ne fongèrent plus à rifquer une fi rude épreuve,
que les femmes avoient depuis long-temps pour
toujours abandonnée: alors les miniftres du temple
d’Apollon , ne trouvant aucun moyen de remettre
en crédit leur remède contre l’amour,
établirent, félon les apparences, qu’on pourroit
fe racheter du- faüt, en jettant une fomme
d’argent dans la mer, de l’ endroit où l’on fe
précipitoit auparavant. Du moins cette „.conjecture
eft fondée .fur ce qu’un hiftorien rapporte,
qu’on tira de la mer, dans un filet , une caf-
fette pleine d’qr, avec un jeune homme nommé
Nérée, dont on fauva la vie. ( D. J . )
L eu c ad e , dans l’Acarnanie. aeykaai&n.
Les médailles autonomes de cette ville font :
C . en argent.
O. en or.
RR. en bronze.
Leur type ordinaire eft :
Pégafe volant. — Une mafïue.
Cette ville a fait frapper une médaille împé*
riale grecque, en l’honneur de Commode.
LEV CAD1U S , furnom d’Apollon, à caufe
d’un, temple qu’il avoit dans Rifle de Leucado
fur la côte d’Egypte.
LEUCAN IE . On ne conn oît cette divinité
que par l’infcription fui vante , rapportée dans
Crûtes, page 1074, n°. 8-
D E A E L E U C A N I A ' E
S E X A U R E L L U S B A C C H I
L U S. V O T. S O L V.
LEUCAS , en Syrie. Aeykàaiûn.
Ses médailles autonomes font ;
RRR. en bronze.. . .* • . Pelleriru
O. en or.
O. en argent.
La fabrique fyrienne les fait diftinguer des
•médailles de l’ autre Leucade. ''
Cette
Cette ville a fi.it frapper des çiédailles impériales
grecqjes , en l’honneur de Gordien-Pie,
de Macrin, de Faulline jeune , de Claude,
d'Hadrien.
LEUC É , ifle du Pont-Euxin, dotit les anciens
ont fait une efpèce de champs elifées,
où habitoient les âmes' de plufieuvs héros. » 11 j
y a fur le Pont-Euxin, dit Paufanias, vers
l’emboüchure de l’Ifte r , ( le Danube ) une j
ifle coiifacrée à Achille, qui s’appelle Leucé : ■
cette ifle "a quelques vingt ftades de circuit,
elle eft toute couverte de forêts , qui abondent
en bêtes fauVe&^&s de toute efpèce. Achille y
a un temple & une ftatuç. On dit que Leo-
nyrne de Crotone eft le premier qui ait abordé
en ce lieu. En effet la guerre s'étant allumée
entre. les crotoniates -& les locriens d’Italie ,
ceux-ci à caufe de leur ancienne affinité avec
les opontiens , invoquèrent Ajax fils d’Oilée.
Léonyme qui commandoit les crotoniates , attaqua
les ennemis & donna d’abord fur un gros
que l ’on fuppofjit être commandé par Ajax j
mais il reçut une grande blefîure dans l’ efto
mac , ce qui l’obligea à fe retirer du combat;
dans la fuite , comme fa plaie lui faifoit beaucou
p'd e ' douleur , il alla confulter l’oracle
de Delphes. La Pythie lui dit d’aller dans
l’ifle de Leucé y que là il trouveroit Ajax qui
le guériroit. Il y alla en effet & fut guéri. Les
.crotoniates. difent qu’à fon retour il affura
qu’il avoit vu dans cette ifle Achille, les deux
Ajax & avec eux Patrocle & Antiloque ; ;
qu’Helène étoit mariée à Achille, & que 1
cette princefîê lui avoit recommandé qu’auffi- :
tôt qu’il feroit arrivé à Hinïera, il avertit Sté- 1
fîchore, qui n’avoit- perdu la vue que par un
effet de fa col ère ; & de fa vengeance ; avis dont
le poète profita fi bien que peu dé temps après
il chanta la palinodie «. H faut remarquer ,que
Paufanias Commence fon récit par ces mots :
»'11 faut que je rapporte un conte que font les
crotoniates , fur Hélène.- Voyez A chille À.
LE U C I P P E , fille de Jheftor. Voye^
T hestor.
LEUCIPPIDES, Phoebé & Hilaire, fille de
Leucippus. V. C a s t o r , H il a ir e .
LEUCIPPUS étoit fils de Gorgophone &
de Perierès, fils d’Eole. Leucippus fut père de
Phoebé &c d’Hilaire, qui furent enlevées par
Caftor & Pollux leurs coufins germains; Tyn-
dare étant frère utérin de Leucippus. Voye%
Gorgophone , H il a ir e .
L eucippus , fils d’CEnomaiis roi de Pife ,
au rapport de Paufanias, devint paflîonnément;
amoureux de Daphné, mais il comprit que s’il
Antiquités. Tome III.
la demandoit ouvertement eri mariage il s expo-
feroit à un refus , parce qu’elle avoit une aver-
fion générale pour tous les hommes. Voici le
ftratagême dont il s'aviCa ; il laifta croître les
cheveux, pour en faire difoit-it, un fa cri fi ce ,
au fleuve Alphée. Après les avoir noués à U
manière des jeunes filles ; il prit un habit de
femme, & alla voir Daphné : .si fe prefenta a
elle fous le nom de la fille d’GXnomaüs, & lui
témoigna avoir grande envie de taire une partie
de chafte avec elle. Daphné fut trompée à 1 habit,
& Leucippe paffa .pour une fille. Comme d ailleurs
fa naifiance & fon adreffè lui donnoient
un grand avantage fur toutes les compagnes de
Daphné , & qu’il n’oublioit rien pou'r lui plaire,
il gagna bientôt fes bonnes grâces. Ceux qui
mêlent les amours d’Apollon avec cette aventure,
continue l’hiftorien, ajoutent que le dieu,
piqué de voir Leucippe plus heureux que lui ,
infpira à Daphné & à fes compagnes , l’envie
de fe baigner dans le Ladon ; que Leucippe fut
contraint de quitter fes habirs comme le s ’autres,
& qu’ayant été reconnu pour ce qu’il étoit, il
fut tué à coups de flèches ou de poignard.
Cette hiftoire peut être vraie dans toutes fes
circonftances, fi on en ôte l’intervention d’Apollon
j car il eft sûr que Leucippus périt dans
fa jeuneffe par quelqu’aventure tragique. Voyeç
Daphné.
L E U C O , divinité des platéens. Au temps
de la guerre de Perfe, la Pithie ordonna aux
Grecs d’honorér Leuco comme un Dieu, & les
platéens furent les plusv empreffés à obéir à/
l’oracle. ( V^ojfîus, de laololatr. 1. 13 .)
L E U C O CH R Y SO S , nom par lequel Pline
& les anciens femblent avoir défigné l’hyacinthe
d’un jaune clair.
LEU CO G R APHIS, Maracus, Galaxia, terre
à foulon, formant lait ou bouillie avec l’eau.
Diofcoride ( S* H 2- ) en vante ^es propriétés
médicales.
L E U C O L ITH E , nom par lequel les autetirs
grecs défignent une efpèce de Pyrite blanche
qu’ils ealcinuient & qu’ils regardoient comme
un remède efficace contre les maux d’yeux.
-LEUCOMA , régïftre public de la ville
d’Athènes, dans lequel on écrivoit le nom de
tous les citoyens, d’abord qu ils avoient atteint
l’âge preferit, pour être admis à l’héritage
paternel , cet âge étoit celui de vingt-ans
( Potter Archoeol. gr&c. lib. I . cap. X I I ,
tom. 1. p. 79* )
L E U C G N , fils d’Athamas. Voyci
A ndreus.
V v y