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ou l’art des baigneurs C appelles à caufe de cela
glahratores) 3 avoitdépouillé de tous les poils.
G LADIA TEU R du palais Farnèfe , mal-à-
propos nommé Commode. Voye% Atrée.
G l Adi AT eur mourant du Capitole ( prétendu).
k-Entre les ouvrage« du fameux fculpteur Cté-
filaiis , dit Winckelmann ( Hift.de ïArt. VI. 2.) , '
l'antiquité vante fur-tout un homme bleffé &
mourant, apparemment un héros, dans lequel on
pouvoir voir ce qui lui reftoit encore d'ame dans
le corps : in quopojftt intelligi, quantum reflet anime,.
Je crois que cette figure repréfentoit un héros,
parce que je m'imagine qu'il n'auroit pas voulu
defcendre à traiter des fujets inférieurs , attendu
que fon grand mérite confiftoit, fuivant Pline , à
donner encore plus de noblefle aux caractères nobles
de fes perfonnages. ( P lin. U b. X X X IV .
eap. X IX .) En conféquence de cette remarque
la ftatue du prétendu gladiateur mourant > au
cabinet du Capitole , ne fauroit être de la main
de Ctéfilaüs, parce qu'elle reprérente une perfonne
de la clafiTe du peuple, qui a mené une yie labo-
rieufe, ainfi que nous le montrent fon vifage ,
une de fes mains qui eft antique, & les plantes
de fes pieds. C e perfonnage a une corde autour
du cou , nouée fous le menton , & il eft couché
fur un bouclier ovale, fur lequel on remarque
un cor brifé. Cette ftatue ne fauroit repréfenter
un gladiateur, tant parce que dans les beaux
liècles de l'art les grecs ne connoiffoient pas les
combats de gladiateurs , que parce qu'aucun ar-
tifte célèbre, de qui cette ftatue eft digne, n'aura
voulu defcendre à faire des ftatues d'un pareil
perfonnage. C e ne peut pas être non plus un
gladiateur , puifqu'ils ne portoient pas de cor
tortueux, comme étoient les trompettes ou les
lituus des romains : l'inftrument qu'on voit ic i,
eft cafte & étendu fous la figure. Une infcription
grecque nous apprend à ce fujet, que les pro-
clamateurs, ou les hérauts, Ktjpvx.es 3 dans les jeux
olympiques en Elidé, portoient une corde au
cou, & fonnoient d'un cor. Cette infcription,
placée fur la ftatue d'un vainqueur , à Olympie,
peut répandre du jour furTa figure du Capitole.
Elle porte que ce vainqueur, qui étoit en même-
temps héraut, s'acquittoït de fon emploi, ennefe
fervdnt ni du cor, ni de la corde :ov6 v7rotroiX7riyyav ts6
àvoïl'eiyparut efecuv. ( Polux. Onomaft. lib. IV . Jegm.
02. ) ; car Héfychius explique le mot a'mhiyparcty
par îvUs îrsp,i rp é^ o o s, une bride, ou une corde
autour du cou. Saumaife conje&ure que t es hérauts
fe mettoient une corde par précaution, de
peur de fe rompre une veine en fonnant du cor.
L 'é log e du héraut, renfermé dans ^'infcription,
porte que, fans avoir eu befoin ni du cor, ni
de la corde, il n'employoit que fa voix, pour fe
faire entendre de tous les grecs affçmblés aux
jeux olympiques».
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« Cependant il y a une différence à faire entra
les hérauts olympiques & ceux que les généraux
envoyoient d'une armée à l’autre, & d’une ville
à l’autre : il n'eft pas dit que ceux-ci fuflent munis
de cors pour fonner. Les hérauts portoient
ordinaîrement_un caducée, fymbole de paix, fym-
bolc que Jafon prit aufli en ligne de fes intentions
pacifiques , lorfqu'il débarqua au rivage de
Golchos. ( Apol. Arg. - l. III. v. 197. ) Ces fortes
de députés portoient quelquefois le caducée dans
une main, tk la pique dans l'autre, pour déclarer
la guerre, ou pour propofer la pax : c'eft de ces
hérauts que vient le proverbe grec : rà <%o
to \Kfjpvxuo» âiftet iréfCTrut ( Polyb. lib. I V . p. ^ 18.
A . ) 3 envoyer la pique ou le caducée en même-
temps , c’ eft-à-dire, propofer la paix ou la guerre.
C'eft avec ce double caractère de fa million
qu'eft peint fur un vafe de terre cuite un héraut
voyageur, portant un chapeau blanc rabattu fut*
fes épaules, & tenant fon caducée dans la main
droite Ôc la pique dans la gauche. C e vafe, con-
fervé au cabinet du collège romain, fe trouve
gravé à la fin du troifième chapitre du traité préliminaire
de mes monumens de l'antiquité. Quelquefois
les hérauts qu'on nommoit aufli Tpappareos,
c'eft-à-dire, porteurs des ordres du général à
larméè , portoient aufli une pique , à laquelle
étoit attachée une efpèce debanderolle, T ainiA
( Diod. Sic. lib. X V . pag. 367. ) q u i, flottant
au gré du v en t, étoit une marque, que la perfonne
de ces porteurs étoit facree. 11 y a grande
apparence que les bandelettes, qui furmontoient
: le fceptre de Chrysès , prêtre d'Apollon, avoient
la même lignification dans Homère ( II. v. 14. 1 y.).
Quand ils étoient porteurs de bonnes nouvelles ,
ils avoient foin d'entourer leurs piques de rameaux
de laurier ( Plutarch. Pompej.p, 1174. /. X X V I I I .) ,
Comme nous favons que les barbares envoyoient
leurs hérauts avec des flûtes & une lyre, pour
calmer les efprits &: les difpofer à entendre leurs
propofitionS (Athen. Deipn. lib .X IV .p .6 17.T>.)%
. nous pouvons croire aufli que les grecs étoient
pareillement dans l'ufage d'équiper les hérauts
qui leur fervoient de députés, à la manière de
ceux d’Olympie,' & de les envoyer munis d'un
car & le cou entouré d’ une corde , outre un
bouclier, dont ils étoient encore armés; C e qui
femble prouver fur-tout l’envoi de ces . fortes
de députés, c’ eft l’ ufage moderne d'envoyer un
trompette au lieu de héraut, ufage qui partît
venir de l’antiquité. De plus, Virgile difoit de
Misène, héraut d’H ed o r , qu’il portoit un clairon
& une lance 5
Et lituo pugnas inftgnisobibat & hafta,
~ ( Æn. lib. VI. v. 167. )
ce On pourroit me demander i c i , comment
[ à quelle oçcafioa a-t-on repréfenté par la ftatue
en
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en queftion, un héros bleffé & mourant ? Quoi- 1
que je pulfe fort bien me difpenfer de répondre à
cette demande , après avoir, comme je le crois,
apporté des raifons qui conftatent fuffifamment
que notre ftatue offre un héraut bleffé , je prierai
le ledeur, de confidérqr fi ce perfonnage ne
repréfenteroit pas Polyphonte, héros de Laïus ,
roi de Thèbes, qui fut tué par OEdipe avec fon
maître ( Apollod. bibl. I. III. p . 99. a. ) j ou fi ce
ne feroit pas Copréas, héraut d'Euryftée, que les
athéniens maflacrèrent, pour avoir voulu emmener
de force les defeendans d'Hercule, qui s'étoient
réfugiés dans leur ville, auprès de l'autel de la
miféricorde. Cette opinion pourroifeacquérir quelques
degrés de vraifemblance, en confidérant que
Copréas eft le plus, fameux héraut de l ’hiftoire
mythologique, dont la mémoire fe renouvelloit
chaque année publiquement à Athènes. Du temps
de l’empereur Hadrien, Athènes célébroit encore
une fête d’expiation pour le meurtre commis dans
la perfonne de ce héraut ( Philoftr. •vit.fophift.
I. II. p. yyo- )• Dép lu s , notre ftatue pourroit
bien aufli être celle d’Anthémocrite , héraut
athénien, maffacré par les mégaréens. La mort de
cet homme public fut caufe , au rapport de Pau-
fanias , que la ville de Mégare éprouva la colère
des dieux. Les mégaréens , ajoute-t-il, furent les
feuls de tous les grecs à qui les bienfaits d’Hadrien
femblèrent avoir été inutiles. ( Paufart. lib. I.
pag. 88. )
Gladiateur de la villa Pamfili. Bato eft le
nom de ce gladiateur, auquel Caracalle fit faire
des obsèques magnifiques. On l’y voit fculpté
de grandeur naturelle fur une pierre fépulcrale.
C e t ouvrage eft d'une exécution médiocre.
Gladiateur de la villa Borghèfe (prétendu).
« La ftatue , connue fous la fauffe, dénomination
du gladiateur Borghèfe, parcît être, dit
Winckelmann ( Hift: de l‘A r t, liv. VI. ch. IV .) ,
fuivant la forme des lettres de fon infcription,
là plus ancienne de toutes les ftatues , confervées
maintenant à Rome, & car.aéfcérifées par le nom
du maître de l'ouvrage. Le temps ne nousatranf-
mis aucune notice fur Agafîas, auteur de ce chef-
d’oeuvre : mais l'ouvrage qu'il nous a laiffé attefte
fon mérite. La ftatue d'Apollon, & le torfe
d'Hercule du Belvédçre, offrent l ’idéal,le plus
fublime. Le groupe de Laocoon , confervé au
même lieu, préfente le naturel, relevé 8/embelli
par l’idéal & par l’expreflion, tandis que le mérite
de la ftatue , dont je parle , confifte nans raffëm-
blage des beautés naturelles de l'âge fait, fans
aucun fupplément de ^imagination. Les figures
précédentes font comme un poème épique, qui,
paffant du vraifemblablé au-delà, du vrai, conduit
jufqu'au merveilleux : pendant que celle,
dont nous parlons, eft comme l'hiftoire qui
Antiquités , Tome III,
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expofe nettement la vérité, mais avec le plus beau
choix-des penfées &des expreflions. L'air de tete
de cette figure montre clairement que fa forme
eft prife de la vérité du naturel. Toute fa phy-
fionomie nous offe un homme qui n'eft plus a
la fleur de fon âge , & qui eft parvenu aux années
de la virilité. La ftruélure de fes membres nous
découvrent les traces d’ une vie conftamment
aétive, & nous montre un corps éndufci par
le travail ».
« Les ^antiquaires font partagés fur la repré-r
fentation de cette figure. Quelques-uns en font
un difcobole, c'eft-à-dire , un jetteur de difque ,
ou de grand palet de métal. C'étoit le fentiment
du célèbre baron de. Stôfch, ainfi qu'il me le.
! marqua dans une lettre; mais il n'a voit pas luffi-
famment examiné la pofition qù'auroit demande
une pareille figure. Car celui qui veut jetter un
palet, doit tenir le corps en arrière. ( K
a'incûs. . . . .Euftath. in Ilomer. pag. 1 309* ) H
certain qu’au moment qu'on jette quelque chofe,
toute la force repofe fur la cuiffe droite, pendant
que la jambe gauche eft dans l’ inaétion.
C'eft ici le contraire. Toute la figure fe porte en
avant, & repofe fur la cuiffe gauche ; la jambe
droite tirée en arrière, eft extrêmement étendue.Le
bras droit eft moderne , & la main tient un bout
de javelot: fur le bras gauche on voir la courroie du
bouclier qu’elle portoit. Quand on confidère que la
tête& les yeux font dirigés en haut, & que la figure
paroît fe garantir avec fon bouclier d'un danger
qui la menace d'en haut, on aurait plus de ra>
fon de la prendre pour la repréfentation d’ un
guerrier qui s'étoit fingu’iérement fignalé dans
une pofition dangereufe. Du relie, je ne crois
p.is que l ’honneur d'une ftatue ait jamais été accordé
en Grèce aux gladiateurs des fpeétacles
publics : de plus, cet ouvrage paroît antérieur
à rinftiumon des gladiateurs chez les gréer..
Gladiateurs. Dans les premiers fiècles dç
l'hiftoire, c'étoit la coutume d'immoler descap“-
t ifs , ou prifonniers de guerre, aux mânes des
grands hommes qui étoient morts en combattant.
Ainfi Achille , dans Homère ( Iliad. 23. ) , imr-
mole douze jeunes troyens aux mânes de fon ami
Patrocle. Et dans Virgile, Énée ( lib. X I. v.
81./) envoie d e ‘même des captifs à Évandre,
pour les immoler aux funérailles des perfonnes
diftinguées. Cependant, comme il parut barbare
de les maffacreÊ. coinihe' des bêtes , on
établit qu’ils fe battroientTes uns contre les autres
, & qu’ils feraient de lètir mieux pour fauvet
leur v ie , & pour l'oter à leur ad:verfalre ; cela
parut moins inhumain , parce qu'enfin ils. pou-
voient éviter la* mort, & ils ne dévoient- s'en
prendre qu’à eux-mêmes , s’ils ne l'évitoient pas.
Alors la profeflion de gladiateur devint un art :
il y eut des maîtres pour l'énfeigner; on apprit à
fe baure , on s'y exerça, & on èn fit des jeux