
tion n’exigeoîent pas de fort grands foins : cette
tête eft de terre cuite, 8c elle terminoit une de
ces gouttières multipliées à l’entour des maifons
romaines, & dont on a découvert un grand
nombre dans les fouilles 6'Herculanum. C e monument
a été trouvé à Rome, cù il a été travaillé
: oïi peut eti juger par la blancheur & la
qualité de la terre ».
G O U V E RN A IL . Les anciens mettoient quelquefois
deux gouvernails à un navire ( Heliodor.
&. 35. & Ælian. Var. Hiß. IX. 40. & Pètron.
e. JLX11. & e. jLXXIV. ) , quelquefois quatre,
comme au navire de Philopator ( Athen, lib. VC).
Suidas ( in voce âixfcra ) dit que des quatre on
en plaçoit deux à la proue & deux à la pouppe.
Sur un jafpe du baron de Stofch, on voit un
vaiffeau fans rames allant à toutes voiles, ayant
deux gouvernails à la pouppe. ( HH. clajfe,
n°. 44. )
Un gouvernail pofe fur un globe, accompagné
de failceaux , marque la fouveraine puiffance. Sur
une médaille de Jules - Céfar on y a joint le
caducée, la corne d'abondance, & le bonnet
pontifical, pour marquer que Céfar gouvernant,
la. république , y faifok fleurir la paix, la félicité 8c la religion.
G O Z E , ou G O Z ZO . Voyez Gàulos.
G R A A L ( faint ). Voyez Emeraude.
Ç RA BATU S , mauvais lit des efclaves, des
pauvres , 8c des philofophes cyniques ennemis du
luxe 8c de la molleffe. Sénèque le met en oppo-
fition avec les lits mous & fomptueux des riches
( Epiß. 1 8 .) : non efi quod nunc exifiimes me ducere
te ad modicas ccenas , 6' pauperum ce lias. . . . . .
grabatus ille verus fit , & fagum , & panis duras
ac fordidus t
GRACCHUS y fumons delà famlle Sempronia.
G R A C C U R IS , dans TEfpagne.
M uni erp: Graccvrïs.
C e Municipe a fait frapper des médailles latines
en l'honneur de Tibère.
GRACES. Entre toutes les Reffes , il n'y
en avoit point qui euflent un plus grand nombre
d'adorateurs, pi qui fufjfent plus fêtées, parce
que lès biens, dont on les croyoit difpenfatriçes ,
font* recherchés de tout le monde, & dans tous
les états. Les Grâces font filles, feloR quelques-
uns , de Jupiter & d'Eurynome, ou Eunomie,
fille de l’Océan 5 félon d'autres, du Soleil & d’Églé,
ou de Jupiter 8c de Junon} mais la plus commune
opinion les fait naître de Bacchus & de Vénus.
J.a plupart des poètes ont fixé le nombre des Gra*
ces à trois , & les nomment Eglé, Thalie & ‘Eu-
phrofine. Les Lacédémoniens n’ en reconnoiffoient
que deux, qu'ils honoroiehtfousle nom de Clita
8c de Phænna. Les athéniens n’en admettoient non
plus que deux, qu’ ils nommoient Auxo & Hé-
gémone. En plufieurs endroits de la Grèce, on
en reconnoifioit quatre , & on les confondbit
quelquefois avec les quatre faifons de l’année.
Paufanias met au nombre des Grâces, la décile
de la Perfuafîon, voulant nous infinuer par-là,
que le grand fecret de perfuader, c’eft de plaire.
Les Grâces étoîent compagnes de Vénus. « On
» les repréfentoit anciennement vêtues, dit Pau-
» fanias ( Boetic. IX. c. XXXV., ) : telles, pour-
» fuit i l , les voit-on chez les Eliens, levifage,
» les mains & . les pieds de marbre blanc, l’une
» tenoit une rofe , l’autre un de z , & l’ autre un
» rameau de myrthe. Elles étoient aînfi vêtues
» à Smyrne, faites par Bupalus, de même dans
» l'O d c e , peintes par Apelles, &àPergames ,
» par Pythagore. Telles étoient auffi leurs ftatues
» d’Athènes, faites par Socrate , fils de Sophro-
» nifque ». Dès le temps de Paufanias même *
la coutume de les peindre mies avoit prévalu : on
les trouve aujourd’hui de Tune 8c de l’autre
manière dans les monumens qui nous relient, mais
le plus fouvent pues. Quand on veut moralifer ,
on dit que cela fignifie, que les vraies Grâces fe
doivent trouver dans le fujet même, 8c n’être
point empruntées d’ornemens extérieurs 5 que rien
n'eft plus aimable que la fimple nature. On les
peignait jeunes, parce qu'on a toujours regardé
les agrémens comme le partage de la jeuneffe.
Communément on croyoit qu'elles étoient filles
& vierges } cependant Homère en marie une au
Dieu du fommejl, 8c une autre à Vulcain. Aflez
fouvent elles paroiffent dans l'attitude de perfon-
nes qui danfenr, fe tenant par la main. Un ufage
fort fingulier chez les anciens, c'étoit de placer
les Grâces au milieu des plus laids fatyres, juf-
ques-là qu'allez fouvent les ftatues des fatyres
etoient !creufes, de manière qu'on pouvoit Je£
ouvrir} 8c alors on découvroit au-dedans de petites
ftatues de Grâces. Que pouvoit lignifier un
alfepnblage fi bifarre ? Vouloit - on nous indique^
par-là qu’il ne faut juger -de perfonne fur les
Amples apparences} que les défauts de la figuré
peuvent fe réparer par les agrémens de Tefprit,
& qu'affez fouvent un extérieur dîvgracié cache
de grandes qualités intérieures ?
Des divinités fi aimables n'ont manqué ni de
temples, ni d'autels. Ethéocle, roi d'Orcho-
mène , fut le premier qui leur, en éleva , 8c qui
leur afligna un culte particulier > ce qui a fait dire
qu’il étoit Jetir père- Selon Paufanias , elles eurent
un temple à Élis, à Delphes, à Perges, à Périnthe,
à Byzance, & en pluheurs autres endroits de la
Grèce & dç la Thrace. Dans Tille de Paros, une
des
G R a
des Cyclades, elles àvoïent un temple & un prêtre,
parteuher. Minos, dit Apollodore, facrifiant2UX
Grâces dans Tille de Paros , apprit J a mort de fon
fils : il jetta d’abord la couronne qu’il portoit en
facrifiant, & fit c.ffer le joueur de flûte > ce qui
n’empêcha pas qu'il ne continuât fon facrifice.
Depuis ce temps, à Paros, on facrifioit aux
Grâces fans couronne & fans joueur de flûte.-Les
temples confacrés à l’Amour & à Venus, 1 etoient
aufli ordinairement aux Grâces. Alfez fouvent
elles avoient pl.ice dans ceux de Mercure, pour
nous apprendre que le dieu même de 1 éloquence
avoit befoin dé leur fecoursj mais fur-toüt Jes
Mufes 8c les Grâces n’avoient d’ordinaire qu’un
même temple, à caufe de l’union intime qui doit
être entre ces deux fortes de divinités. Le prin-
tems leur étoit fpécialement confacré, comme a
Vénus leur mère. On faifoit peu de repas fans
invoquer les Graees ; & Ton y buvoit trois coups
en leur honneur.
Quant aux bienfaits qu’on attendoit de ces
déenes , on croyoit qu’elles difpenfoient aux hommes
non-feulement la bonne grâce, la gaieté de
l ’humeur, mais encore la libéralité, l’éloquence
& la fageffe; la plus belle de toutes les prérogatives
des Grâces y c’ eft qu'elles préfidoient aux
bienfaits & à la reconnoiffance , jufques-là que,
dans prefque toutes les langues, on fe fert de
leur nom pour exprimer la reconnoiffance 8c les
bienfaits. Les athéniens ayant fecouru les habitans
de la Cherfonèfe, dans un befoin preffant, ceux •
c i , pour éternifer le fouvenir d’un tel bienfait,
élevèrent un autel avec cette infeription : autel
confacré a. celle des G râces qui préfide a la recon-
noijfance. En fuivant cette id é e , on trouve de
belles allégories dans les attributs de ces déeffe?.
Elles font toujours en joie, pour marquer que
nous devons également nous faire un plaifir, &
de rendre de bons offices, & d e reconnoître.ceux
qu'on nous rend. Elles font jeunes , parce que
la mémoire d'un bienfait ne doit jamais vieillir}
vives 8c légères , parce qu'il faut obliger promptement,
& qu’un bienfait ne doit point fe. faire
attendre : auflî dit-on communément, qu'une
grâce qui fe fait attendre, ceffe d’ être grâce. El'es
font vierges, parce que l’inclination bienfaifante
doit être accompagnée de prudence & de retenue}
c’eft pour cela que Socrate, voyant un homme
qui prodiguoit fes bienfaits fans diflinétion, & à
tout venant, s’écria : que les dieux te confondent}
les Grâces fonf*vierges, & tu en fais des courti-
fanes. Elles fe tiennent par la main} ce qui fignifie
que nous devons, par des bienfaits réciproques,
ferrer les noeuds qui nous attachent les uns aux
autres. Enfin, elles danfent en rond , pour nous
apprendre qu’ il doit y avoir entre les hommes une
circulation de bienfaits, 8c que, par le moyen de
la reconnoiffance , le bienfait doit naturellement
retourner au lieu d’où il eft parti. « Les ftatues
Antiquités , Tome III,
G R A *7
» d’Apollon, dit Macrobe, portent de la main
»> droite les Grâces, 8c de la gauche, 1 arc 8c les
» flèches : & cela ,• parce que cette main gauche,
» qui fait le mal, eft plus lente} & que la main
» bienfaifante, qui donne la fanté, eft plus
» prompte que l’autre ».
Sur un bel autel triangulaire de Ja villa Bor-
ghèfe, à Rome, les Grâces font vêtues comme
elles Tétoient chez les anciens grecs. Gori a cru
les voir nues fur une patère de la galerie de Florence}
mais il ell douteux que ces figures repre-
fentent les Grâces. Ces divinités fe tiennent par la
main , & foripent une danfe fur 1 autel cité plus
haut.
A l’égard des Grâces nues, celle du palais
Rufpoji, dont les figures ont la moitié des proportions
naturelles, font les plus grandes , les
)lus belles 8c lés mieux confervées} 8c comme
es têtes en font originales , tandis que celles de
la villa Borghèfe font modernes & laides, elles
peuvent fervir à fixer notre jugement. Ces tetes
font fans aucun ornement, & les cheveux font
attachés autour de la tête avec une bande étroite }
mais à deux de ces figures, ils font ramaffes en
noeud fur le chignon du cou. La phyfionpmie de
ces déïîés, n’exprime ni gaieté, ni gravite, ellé
annonce cette douce fatisfaélion ,• propre a 1 innocence
de cet âge.
Les Grâces fervent de type à quelques médailles
de la ville de Deulton en Thrace.
G R ADIVU S ; Mars eft ainfi apçellé , lorf*-
qu’on le repréfente dans Tatritude d’un homme
qui marche , 'gradiens , ayant la pique-a la mam ,
ou quelqu’autre fymbole de la guerre. Il y avoit
à Rome un temple dédié à ^A^is-Gradivus. Voye£
Quirinus.
G RADUS , grejfus , pas de voyageur, mefure
itinéraire des anciens romains.
Elle valoit 28 pouces r l î àc France, félon M.
Pauéton. ( Métrologie. )
Elle valoit en mefures des mêmes peuples 2^
pieds romains. Voyez Mesures .pour connoître
l’évaluation de M. deRomé de TIfle.—
GRÆCOSTASIS , Salle ou portique firué près
des Comices romains, dans lequel fe tenoient les
ambaffadeurs étrangers avant d’entrer dans le
1 fénat, & pendant le teins où le fénat déhbéroit
fur les réponfes qu’il devoit leur faire. C Varr.
L I V . i l . ) ,
G^ULLATOR . } Feflus donne le nom d£
grallatores à des pantomimes , qui, pour imiter la
danfe barbare 8c lesbonds des égipans, fe plaçoient