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les transformer en ferpens. Au refie , cette pâte
vient à propos au fecours de ceux qui font venir
l'épithète de Jupiter Awtogoç 3 de fon égide , quoique
, félon Spanheim ( Obf in Call. kymn. in Jov.
49 .p. 19 .) , leur fentiment foit fans aucun fondement.
Il eft Vrai qu'on ne trouve fur aucune
pierre ou médaille, Jupiter portant l ’égide , ni félon
l ’idée commune qu'on en peut avoir, ni félon
ce que nous en apprend la fable ; & c'eil ainfi que
cette pâte peut fervir à entendre Paufanias, & je
crois quelle repréfente ( /. V. p. 417. I. X V II.)
Jupiter-Martius , apeioS , dont il ne nous a laiffé
que le nom.
Sur une prifme d'émeraude, Jupiter debout fur
le foudre, ayant un boiffèau fur la tête ; il porte
une patère de la main droite, & fur la gauche
avec laquelle il tient fon fceptre, il y a un aigle
qui étoit pofé ordinairement ( Paufan. lib. V. p.
400. /. 41. ) fur le fceptre de Jupiter, comme on
le voit fur un autel antique qui eft dans la villa
Albani. Au refte, ce Jupiter eft JupiteY-Pkilius
qui tenoit une patère.
Sur un jafpe rouge , tête de Jupiter - Sêrapis,
a vec l'infcription : E t c c e ï c c e p a i ï i c ,
c'eil-à-dire , Jupiter-Sérapis eft unique.
Sur une fardoine de deux couleurs, tête de Sé-
rapis rayonnée , avec les cornes de Jupiter- Aramon.
Sur une pâte de verre, tête de Jupiter-Ammon,
ayant au-deflus un croiffant comme Diane. C ’eft
ici la feule fois qu'on ait trouvé Jupiter avec un
croiffant, pas même dans la grande collection
d'empreintes de ce cabinet, où il n'y a rien de
fembiabie.
Sur une pâte de verre, Jupiter à tête de bélier,
debout, tenant de la main droite la foudre , & de
la gauche fon fceptre. Diodore de Sicile ( Hift.
I. I . p . 77. ) & d'autres auteurs racontent que
les dieux pourfuivis par Typhon, s'éfoient cachés^
fous la figure de différons an;maux., & que Jupiter
avoit pris celle du bélier. A Thèbes , en Egypte,
on l'aaoroit avec la tête de béhér_
Sur une pâte antique, tête de Jupiter en forme
de mouche, dit A&ôjwios , ou Mufcar lus. Les deux
ailes de l'infede forment la barbe du dieu, le corps
en fait le vifage, & au-deffus du front eft la tête
de la mouche , avec fes deux yeux qui font aifés
à d’ftinguer. On fait qu'H.ercule ( Paufan. I. V.
p. 400. ) , étant fort incommodé des mouches
pendant un facrifice qu'il faifoit à Jupiter à Elis , il
le fupplia de vouloir les chaflerj d'où les éliens
retinrent la coutume de facrifier à Jupiter-Apo-
rnyos, c’eft-à-dire, qui chaffe les mouches.
J U R
Sur une pâte de verre, une figure ayant de la
barbe , vécue de la robe longue qu'on appelloic
Talans, avec le modius fur la tête,, une corne
d’abondance à la main gauche , & à la main droite
une patère, fur laquelle eft pofé un papillon. C'eft
Jupiter, & celui qu’on appelloit par excellence
Exfuperantijfimus, mot créé pour exprimer toute
la force du terme grée ( Gallim. hymn. in Jov. v,
91. ) ‘iïOtVUVtOTClTOS.
C ’eft le feul Jupiter que l'on voie tenir une corne
d’abondance. Quant au papillon , c'étoit le fym-
bole de lame.
Sur une calcédoine, Jupiter debout tenant une
tortue fur la main droite, & fon fceptre de la main
gauche , avec l’aigle à fes pieds. Vénus avoit une
tortue à fes pieds 5 & à Elis, cet animal étoit au (H
; un fymbole de Mercure ; mais perfonne n'en fait
mention au f 113et de Jupiter. Peut être que comme
la tortue fervoit encore de fymbole au Péloponèfe,
il y eut dans ce pays-là un Jupiter particulier à
qui on donnoit cet attribut.
Sur une cornaline, Jupiter debout, avecla foudre
& fon fceptre, pofant le pied droit fur la
proue d’un navire. Il eft dans un temple rend,
dont la tholus ou le dôme eft pofé fur deux colonnes
quarrées, & fur deux colonnes torfes. Au*
extrémités de l’entablement* il y a deux têtes de
bélier ; & la cime du dôme çft terminée par la
foudre, qui y eft pofée horizontalement : aux
côtés du temple on lit le nom M. val. aeqval.
Sur une pâte de verre , Jupiter - Epacrius , ou
Cacumenarius ( Conf. Spanheim. in Callim. Jov. v.
82. p. 35. ) , c'eft-à-dire , Jupiter fur le fom.mec
des montagnes, comme on le voit fur plufieurs
médailles. On voit aufli Jupiter, avec Neptune &
Pluton ( Bianchini Iftor. univérf. p ’ag. 1 13. ) } fuj-
un médaillon rare, avec l’infcription : ©e o i
AK P A I 01.
Jupiter affis tenant une viâoire&un fceptre ;
fur les médaillés eft un type ordinaire d’Antioche
de Syrie , de Tarfe..
— — Debout, les bras étendus, des Bruttii 3 de
Mefsène.
--------------- Dans un bige. Bruttii.
------Sa tête fur les médailles des Ptolémées.
J U R E M E N T , f. m., Mythoi., affirmation
qu on faitd une chofe en marquant cette affirmation
d'un fceau de-religion.
Les juremens ont pris chez tous les peuples autant
de formes différentes que la divinité 5 &
J U R J U R 3*9
comme le monda s’eft trouvé rempli de dieux, il
a ^té inondé de juremens au nom de cette multitude
de divinités.
Les grecs & les romains juroient tantôt par un
dieu , tantôt par deux, & quelquefois par tous^
enfemble. Ils ne réfervoient pas aux dieux feuls le
privilège d’être les témoins de la vérité > ils afïo-
cioient au même honneur les demi-dieux , & juroient
par Caftor, Poilux, Hercule , Sec. avec
cette différence chez les romains, que les hommes
feuls juroient par Hercule -, les hommes & les
femmes par Pollux, & les femmes feules par
Caftor : mais ces règles mêmes, qnoiqu'en d fe
Aulugelle, n’ étoientpas inv'olablement obfervées.
I l eft mieux fondé quand il obferve que \e jurement
par Caftor & Pollux fut introduit dans l’initiation
aux myftères éleufyniens, & que c’eft de
là qu’il paffa dans l'ufage ordinaire.,
Lesfemmes juroient auffi généralement par leurs
Junons , & les hommes par leurs génies 5 mais il
y-avoit certaines divinités, au nom defquellés on
juroit plus Spécialement en certains lieux qu'en
d'autres. Ainff à Athènes on juroit le plus Souvent
par Minerve, qui étoit la déeffe tutélaire de cette
ville > à Lacédémone , par Caftor & Pollux 5 en
Sicile, par Proferpine , parce que ce fut en ce lieu
que Pluton l'enleva > 8e dans cette même ifle, le
long du fleuve Simettre, on juroit par les dieux
Palices. Voyè% P alice $.
qui leur étoient chères , Soit qu’elles fuffent mortes
ou vivantes : j'en jure par mon père 8e ma
mère, dit Properce.
OJfa tibi juro per ma tri s , & ojfa parentis.
Quintilien s'écrie au fujet de fa femme & d’un
fils qu’il avoit perdu fort jeune :.j’en jure;par leurs
mânes, les trilles divinités de ma douleur, per
illos mânes, numina doloris mei : j en attelle les
dieux , 8e vous ma foeur , dit tendrement Didon
dans l ’énéide, teftor , cara, deos & te , germana.
Quelquefois les anciens juroient par une des
•principales parties du corps , comme par la tête
ou par la main droite : j'en jure par ma tête, dit
le jeune Aicagne, par laquelle mon père avoit
coutume de jurer.
Per caput hoc juro , per quod pater antefolebat.
Dans la célèbre ambaffade que les troÿens envoient
au roi Latinus , Illionée qui porte la parole,
emploie ce noble & grand ferment : j'én jure par
les deftins d’Enée, & par fa droite auffi fidèle
dans les traités , que redoutable dans lès combats..
En Eta per Æne&juro , dèxtramque poteritem,
Siye ftde , feu quis bello eft expertus , & armis.
Ænéid. VII. v. 234.
Les particuliers avoiënt eux - mêmes certains
fermèns dont ils ufoient plus fouvent felon la différence
de leur état , de leurs engagenrens & de
leurs goûts. Les véftales juroient volontiers par la
déelfe Vefta , les femmes, mariées par Junon, les
laboureurs par Gérés, les vendangeurs par Bacchus,
les chaffeurs par Diane, &c.
demi-dieux , mais encore par tout ce qui reîevoii
de leur empire, par leurs temples, par les marques
de leur dignité $ par les firmes qui le ni
etoient particulières. Juvenal, qui comme Sénèque,
ne fait pas toujours s'arrêter où il le faut,,
nous préfente une longue lifte des armes des
dieux par lefquels les jureurs. de profeffion ,tâ
choient de donner du poids à leurs paroles. - Ur
homme de ce caractère, dit-il, brave dans fe;
. juremens les rayons du foleil , les foudres df
1 Upitf r>' ^>éP^e de Mars, les traits' d’Apollon,
les fléchés de Diane, le trident de Neptune, l’arc
riercule , la lance de Minerve, &fina'ement.
ajoute ce poete dans fon ftyle emphatique, toui
-ce qu il y a d armes dans les arfenaux du ciel.
Q u id q u id h a b e n t t e lo ru m a rm a m e n t a r ia coe li.
& !ss ormeurs imaginèrent de certifier
leuis affirmations, en jurant par les perfonne!
On ne doit pas être fnrpris que le$ amans pré-
féraffent à tour autre .ufage celui de' jurer par les
charmes , par les beaux yeux de leur maitreife ;
c’étoiénr là des fermens diétés naturellement par
l'amour , atteftor oculôs 3fydera noftra tuos : je me
fouviens , dit Ovide , que cette ingrate me juroit
fidélité par fes yeux , par les miens 5 8e les miens
eurent un preffentiment de la perfidie qu’elle me
préparoit.
Perque fuos nuper ' j'urajfe recordor ,
Perquemeos oculos , & do lucre md.
Amor lib. III. E!sg. 3.
Mais on eft indigné de voir les romains jurer
pat leur génie , par le fa lu t, par la fortune , par
la.majelié, par l’éternité de l ’empereur, par fon
génie.
Tibère ne voulut pas le fouffrir, dit Suétone ;
mais Caligula faifoit mourir ceux qui refufoient
de le faire j & il en vint jufqu’à cet excès de folie ,
que d'ordonner q\x on jurât parle falut & la fortune
de ce beau cheval qu'il vouloit faire fon collègue
pour le confulat.
L e jurement folemtfel des dieux étoit par fes eaux
du Styx. La fable dit que la Viétoire, fille du Styx*