
Les jeux de mufique &de poéfie n’avoient point
de lieux particuliers pour leurs représentations.
Dans touscesy^w* il y avoit des juges pour décider
de la victoire j mais avec cette différence
que dans les combats tranquilles , où il ne s’agif-
foit que des ouvrages d’efprit, du chant de la
mufique , les juges étoient afiis lorfqu’ils diftri-
buoient les prix ; & dans les combats violens 3c
dangereux , les juges prononçoiem debout : nous
ignorons la raifon de cette différence. Pour ce qui
regarde Tordre, les loix, lesftatutsde ces derniers
combats , on en trouvera le détail au mot Gymniques;
Toutes ces chofes fnppofées connues, nous
nous contenterons de remarquer , que parmi tant
de jeux y les olympiques, lespythiens, les néméens
& les ifthmiens ne fortiront jamais de la mémoire
des hommes, tant que les écrits de l'antiquité fub-
fiffejont.
Dans les quatre jeux folemneîs qu’on vient de
nommer; dans ces jeux qu’ on failoit avec tant
d'éclat, & qui attiroient de tous les endroits de
la terre une fi prodigieufe multitude de fpeÊtateurs
& de combactans5 dans ces jeux, dis-je, à qui
feuls nous devons les odes immortelles de Pindare,
on ne donnoit pour toute récompenfe qu'une fim-
ple couronne d’herbe : elle étoit d’olivier fauvage
aux jeux olympiques ; de laurier aux jeux py thi-
ques , d’ache verd au x jeux néméens, 3c d’ache
fec auxyfHxifthmiques. La Grèce voulut apprendre
à fes enfans que l’honneur devoit être l’unique
but de leurs actions.
Aufiî lifons-nous dans Hérodote > que durant
la guerre de Perfe, Tigrane entendant parler de
ce qui conftituoit le prix des jeux fi fameux de la
Grèce, il fe tourna vers Mardonius, & s'écria,
frappé d’ étonnement : « ciel avec quels hommes
nous avez-vous mis aux mains ! infenfibles à l’ intérêt
, ils ne combattent que pour la gloire ».
Voyei donc Jeux olympiques, pythiens',
NÉMÉENS, ISTHMIENS.
Il y avoit quantité d’autres/««: paffagers, qu’on
célébroit dans la Grèce 5 tels font dans Homère
ceux qui furent faits aux funérailles de Patrocle 5
& dans Virgile, ceux quÉnée fit donner pour le
jour de l’anniverfaire de fon père Anchife. Mais
ce n’étoient-là que des jeux privés 5 des jeux où
Ton prodiguoit pour prix des cuiraffes, des boucliers
, des cafques , des épées > des vafes, des.
coupes d’o r , des efclaves, On n’y diftribuoit point
de couronnes d’ache» d’olivier, de laurier 5 elles
étoient réfervées pour de plus grands triomphes.
Les jeux romains ne font pas moins fameux que
ceuxdes grecs, & ils furent portés à un point
incroyable de grandeur & de magnificence. On les
diftingua par le lieu où ils étoient célébrés, ou
|>ar U qualité du dieu à qui qo les avoit dédiés*
Les premiers étoient compris fous le nom de jeux
circenfes 3c de jeux feéniques , parce que- les uns
étoient célébrés dans le cirque, & les autres fur
la fcène. A l’égard des jeux confacrés aux dieux,
on les divifoit en jeux facrés , en jeux votifs ,
parce qu’ils fe faiioient pour demander quelque
grâce aux dieux ; en jeux funèbres 3c en jeux diver-
tijfans, comme étoient, par exemple , les jeux
compitaux. V^oye% ÇJlRCENSES , FÙNÉBRBS, SACRÉS,
V ot if s .
Les rois réglèrent les jeux romains pendant le
temps de la royauté} mais après qu’ils eurent été
chaffés de Rome , dès que la république eut pris
une forme régulière, les confuis & les prêteurs
préfidèrent aux jeux circenfes , apollinaires , 3c fê-
culaires. Les édiles plébéiens eurent la dire&ion
des jeux plébéiens ,• le préteur, ou les ediles curu-
les , celle 'des jeux dédiés à Cérès, à Apollon, a
Jupiter, à Cybèle , & aux autres grands dieux ,
fous le titre de jeux mégaléfiens. Voye[ Apolli*-
n a ires, Jeux céréaux, capitolins, mé-
GALÊSIENS.
Dans ce nombre de fpeétacles publics, il y en
avoit que l’on appelloit fpécialementyVü# romains,
& que Ton divifoit en grands, magni, 3c très-
grands , maximi.
Le fénat & le peuple ayant été réunis l’an 387,
par l’adreflè 3c l'habileté de Camille » la joie fut
ii vive dans tous les ordres, que pour marquer
aux dieux leur reconnoiflance , de la tranquillité
dont ils efpéroienr jouir, le fénat ordonna que
Ton fît de grands jeux à l’honneur des dieux , 3c
qu’on les folemnisât pendant quatre jours, au lieu
qu’auparavant les jeux publics n’avoient eu lieu
que pendant trois jours, & ce fut par ce changement
qu’on appella. ludi maximi les jeux qu on
nommoit auparavant ludi magni.
On célébroit chez les romains des jeux , non-
feulement à l’honneur des divinités qui habitaient
le c ie l, mais même à l’honneur de celles^ qui
régnoient dans les enfers ; 3c les jeux infatués
pour honorer les dieux infernaux , étoient de trois
fortes connus fous le nom de Taurilia , Compi-
talia , 3c Terentini ludi. VoyeT^ TAURlLIENS ,
jeux ,Co/MPITALES & TÉRENTINS.
Les jeux feéniques comprenoient toutes les re-
préfentations qui fe faifoient fur la fcène. Elles
confiftoient en tragédies, comédies , fatyres qu’on
repréfentoit fur le théâtre en l’honneur de Bac-
chus, de Vénus & d’Apollon. Pour rendre ces
divertiffemens plus agréables, on les préludoit
par des danfeurs de corde, des voltigeurs , & autres
fpe&acles pareils; enfuite on intioduifit fur
la fcène les mimes 3c les pantomimes, dont les
romains s’enchantèrent dans les temps où ia cotr
ruptiwi cbaffa tes verni, Voyei p i .
1
N I Q U E S , S C H É N O B A T E , M lM E & P A N T O M
IM E .
Les jeux feéniques n’avoient point de temps mar-
oués, non plus que ceux que les confuis & les
empereurs donnoieric au peuple pour gagner fa
bienveillance, & qu'on célébroit dans un amphithéâtre
environné de loges &de balcons ; us don-
noiencaulfi des combats d’hommes ou d animaux.
Ces 7eux étoient appelles agenales , & quand on
courait dans le cirque, équefires. ou cwrules, es
premiers étoient confacrés a Mars & a Diane, les
autres à Neptune & au Soleil. Voyti Agonales ,
Équestres , Cirque, &c.
Les jeux féculaires- en particulier ne fe çélé-
On peut ajouter ici les jeu x Actiaques, Auguftaux
& Palatins , qu'on célébroit. à l’hoUneur d Au-
gulle; les Néronieris à l’honneur de Néron , ainn
que les jeux à l ’honneur de Commode, d Hadrien
d'Antinous , & tant d’autres imagines fur
les mêmes modèles, Voyeq_Jeux Actiaques, A u-
gustAu x , N eroniens, Palatins.
Enfin, lorfque les romains devinrent maures
du monde, ils accordèrent des jeux à la plupart
des villes qui en demandèrent; on en trouve les
noms dans les marbrés d’Arondel , & dans une
infeription ancienne érigée n Megäre , dont parle
Spon dans/on voyage de Grèce.
Comme les édiles au fortir de charge donnoient
toujours des jeux publics an peuple romain , ce
fut entre LueuMus , Scaurus, Lentulus, Horten-
fxus C . Antonius & Muroena , à qui porterait
lé plus loin la magnificence; l’un avoit fait couvrir
le ciel des théâtres de voiles azurés ; 1 autre avoit
couvert l’amphithéâtre de tuiles de „cuivre furdo-
rées , &c. Mais Céfar les furpaffa tous .dans les
jeux funèbres qu’il fit célébrer à la memoire de fon
père ; non content de donner les vafes, & toute
la fourniture de théâtre en argent, il fit paver
l ’arène entière de lames d argent; ae forte ,.dlt
Pline, «qu’on vit pour la première fois les betes
marcher & combattre fut ce métal ». ^Cet excès
de déper.fe deCéfarétoit proportionné a fon excès
d'ambition; les édiles,'qui l’avoient précédé,
n’afpiroient qu’ au confulat, & Céfar afpiroit à
l ’empire.
C ’en eft affez fur les jeux de la Grèce & de
Rome, confidérés d’une vue generale ; mais comme
ils font une branche très-étendue de la littérature
, le leéleuc trouvera dans cet ouvrage les
détails qui concernent chacun de ces jeux, fous
leurs noms refpeéb.fs : voici la hild des principaux,
dont il importe de confulter les articles.
Actiaques, Apollinaires, Augustaux,
Ç apitoun s, C é r é a u x , Çjrcenses, Jeux
de Castor et de Pollux , C ompitales ,
C onsuales , Floraux , Funèbres, Gymniques
, IsÉLASTIQUES , ISTHMIENS , JEUX DE
LA LIBERTÉ, LUCULLIENS , MARTIAUX ,MÉ-
galésiens , N éméens , N eroniens , Olympiques
, Palatins , Panhelléniens, Panathénées
, Plébéiens , Pyrrhiques , P y thiens
, Roma ins, Sacrés, Scéniques,
Séculaires , T auriliens , T érentins ,
T royens, Votifs, 8c quelques autres , dont
les noms échappent à ma mémoire. ( D. J. )
Voici quelques jeux oubliés à leurs articles ref-
pe&ifs.— Les jeux appollinaires ( Macrob. fat. I ,
17 ) furent établis à Rome & célébrés la première
fois par les décemvirs, Tan de Rome 542«.. On les
ouvroit en facrifiant à Appollon un boeu f, deux
chèvres blanches 3c à Latone une vache qui avoient
tous les cornes dorés. Les jeux etoient annuels,
& fe célébr oient le troifième jour avant les ri on es
de juillet dans le cirque 5 les quindécemvirs en
avoient le foin.
Les jeux appelés Afiyci, ont été mal lus ; leur
véritable nom étoit félon Graevius ( in Sueton. ) ,
ifelafiici. V . ISELASTIQUES.
Les jeux de Caftor & de Pollux. Voici l’origine
de ces jeux que l’on célébroit à Rome tous les
ans. A . Pofthumius, dictateur, voyant les affaires
des romains dans un état déplorable, s’engagea
par un voeu folemnel, au cas que la viâoire les
rétablît, à faire repréfenter^ des jeux magnifiques
en l’honneur de Caftor & de Pollux. Le fucces de
cette guerre ayant été favorable, le fenat, pour
remplir le voeu de Pofthumius ordonna qu’on
célébreroit chaque année, pendant huit jours, les
jeux que le dictateur avoit voués. Ces jeux étoient
précédés du fpe&acle des gladiateurs. Les magif-
trats accompagnés de ceux de leurs enfans qui
approchoient de l’âge de puberté, 3c fuivis d’une
nombreufe cavalcade, portoient les ftatues ou les
images des dieux en proceffion depuis le capitole
jufques dans la place du grand cirque.
Les jeux appelés caftrenfes étoient célébrés dans
les camps pâr les foldats, pour entrenir leur vigueur
3c leur courage.
Le jeux appelés inftaurativi, jeux interrompus 3c
rétablis;
Les jeux appelés luftrales étoient célébrés le VII
■ des kakndes d’avril, en l’honneur de Mars5 ils
portoient encore' le nom de Rubigalia. On y fai-
i foit le luftre, ou la purification,& la consécration
des trompettes, des armes & des enfeignes militaires.
Les jeux appelles mifeelli par Suétone ( in Ca-
ligul. ) étoient mêlés de toute efpèce de fpeétacles,
combats d’athlètes, de gladiateurs, de jnuüciens,
pièces de théâtre, &c.