
I 10 fi A R
pocra te iyie- autre interprétation ; H$ la prirent
pour le commandement du fïlence, & ils en
formèrent leur Sigalion , ou le dieu du lilence.
Le féjour que fait dans le tropique du capricorne
lefoleil renouvellé, la lenteur de fa marche
dans rallongement des jours , le firent repréfentèr
boiteux , c ’eft à-dire avec les deux pieds joints
enfemble, & paroiftant ne former qu'une feule
jambe,
Aureffe*®cette do&rine des égyptiens fur le
foie il d’hiver fe retrouvoit chez tous les anciens
peuples, où le foleil étoit fous différens noms ,
fous- divers emblèmes , l'objet de tous les cultes.
Les phrygiens ( Plutarck. de If. & Ojîr. ) croyoient
que cet aftre lumineux dormoit pendant l'hiver,
veilloit pendant l'eté , & ils célébroient ces deux
états du foleil par des bacchanales. Les paphla-
goniens ( ibid. ) difoient que le foleil étoit
retenu dans des liens pendant l'hiver, qu’il fe
délioit- & marchoit au printemps.
Venons actuellement aux traditions & aux re-
préfentations d'Harpocrate grecques & romaines.
On voyoit des ftatues de ce dieu dans plufieùrs
temples & places publiques ; il' nous en refte encore
des empreintes par des gravures & des mé-x
«.failles fur lesquelles il eft repréfenté diverfement,
félon les divers attributs que les peuples lui don-
noieitt.
. On offroit à cette divinité les lentilles & les
prémices des égumes i mais le lotus & le perfea
lui étoient principalement confacrés.
Sa ftatue fe trouvoit à l'entrée de la plupart des
temples ; ce qui vouloit dire , au fentiment de
Plutarque, qu'il falloit honorer les dieux par le
filence ; ou , ce qui revient au même, que les
hommes n’ayant des dieux qu'une connoifiance
imparfaite , ils n'en dévoient parler qu'avec
reipeCt.
On repréfentoit le plus ordinairement Harpo-^'
çrate fous ia figure d’un jeune homme nud , couronné
d’une mitre à l’égyptienne, tenant d'une
main une corne d’abondance, de l'autre une fleur
de lotus, & portant quelquefois la troufife ou
le,carquois. . . . . ;..
Comme on le prenoit pour le foleil , cette
corne d’abondance marquoit que c’eft le foleil
qui produit tous les fruits de la terre, • & qui
vivifie toute la nature i le carquois dénotoit fes
iayons, qui font comme des flèches qu’il décoche
de toutes parts. La fleur de lotus elt dédiée
à. cet aftre lumineux, parce qu'elle paflfoit pour
s’ouvrir à fon lever, & fe fermer à fon coucher :
1$ pavot l'accompagne quelquefois, comme un
fymbole de la fécondité. Mais que lignifie la
chouette qu’on voit tantôt au pied d*Harpocrate ,
& tantôt placée derrière le dieu ? C et oifeau étant
h a r
le type de la nuit, c 'e ft, dit Cuper » Je foleil qui
tourne le dos à la nuit.
Quelques ftatues repréfentent Harpocrate vêtu
d'une longue robe tombant julque fur les talons ,
ayant fur fa tête rayonnante une branche de
perfea garnie de feuilles & de. fraies. Comme les
feuilles de cet arbriffeau ont la forme d'une
langue, Ôe fon fruit celle û' üii coeur , les »égypt
ien s , dit Plutarque, ont voulu lignifier par cet
emblème le parfait accord qui doit être encre la
langue & le coeur.
Les gravures & lès médailles d‘Harpocrate le
repréfentent ordinairement avec les mêmes attributs
qu’on lui voit dans les ftatues antiques,
le doigt fur la bouche, la corne d'abdndance,
le lotus, 1 & perfea, le pannier fur la tête. Quelques
unes de ces médailles portent fur le revers
l'empreinte du foleil, ou de la lune; & d'autres
ont pluiïeurs**cara<ftères fantaftiques des bafili-
l diens , qui, mêlant les myftères de la religion
! chrétienne avec les fuperftitions cfu paganifme ,
j regardoient ces fortes de médailles comme des
| efpèces de talifmans.
\ Mais on fit, fur-tout chez les anciens, quantité
i de gravures d'Harpocrate , pour des bagues & des
I cachets. Nos romains, dit Pline, commencent
à porter dans leurs bagues Harpocrate , & d’autres
dieux égyptiens. Leurs cachets avoient l'empreinte
d'un Harpocrate, avec le doigt fur la bouche ,
pour apprendre qu'il faut garder fidèlement le
lecret des lettres ; & l'on ne pouvoit, trouver
d’emblème plus convenable de ce devoir effentiel
de la fociété.
’ Varron parle fuccîntement d3Harpocrate, de
, crainte, ajoute-t-il, de violer le filence qu’il recommande
: mais Cuper n’a pas cru qu'il dut
avoir les mêmes fcrupules que le plus doéfe des
romains ; il a au contraire publié le fruit de fes
1 recherches fur cette divinité payenne, & n'a rien
biffé à glaner après lui, en mettant au jour fon
ouvrage , intitulé Harpocrates. Nous y renvoyons
les curieux, qui y trouveront une favante mythologie
de cette;, divinité d'Egypte. La première
édition eft d’Amfterdam, en 1676, //z-8°. ; & la
fécondé, augmentée^ de nouvelles découvertes ,
parut à Utreçht, en 1687, i«-8°.
Le favant comte de Caylus a fait les réflexions
fui vantes , (Reçk. d‘Antiq. I. 29.) fur deux figures.
d‘Harpocrate.»L’une & l’autre avoient au-deffus
de l’oreille droite un ornement recourbé , def-
cendant jufque fur J’épaule , ayant la forme d'une
anfe, femblable à celui qü’on voit ordinairement
fur ces fortes de figures ; mais il n'en paroît plus
que la racine fur la première, & il eft à demi-
rompu fur la fécondé. Les antiquaires ne fe font
guères expliqués fur ce fymbole, & Cuper même
n'en a rien dit dans un ouvrage où il a rapporté
H À R J 1 ï
tout ce que les anciens nous aprennent fur Har-
pocate { GisbertF.Cu.per. Harpocrat, TrajèÏÏl ad
khenum i 1 £87. ) C e filence m'a engagé à faire
quelques recherches fur ce fujet , & je vais les
expofer en peu de mots.»
*> Il faut obfervef , 1®. que cet, ornement fe voit
également1 fur toutes les têtes d‘Harpocrate : ce
qui prouve qu'il eft indépendant dé 1 efpece d©
la coëffure. On doit remarquer en fecofid lieu,
qu'il ne fe trouve que< fui> les figures d’Harpocrate
& d'Horus, qui n’ étoient qu'une feule &
même divinité» d’où il fuit qu'on peut le regarder
comme un attribut qui leur étoit .propre.
J'avois d’abord penfé que cet attribut n’étoit autre
chofe qu'un ferpent mal formé & rfial exécu
té , attaché à l'oreille d’Horus, comme pour
lui infpirer la prudence , dont cet animal eft le
fymbole. Je. m'étois fondé fur un monument rapporté
dans le cabinet de Paul Petau (E i . 22.-)
représentant une Ifis , avec un ferpent1 qui s'approche
de l’oreiile droite du petit Hprus 5 couché
fur lès genoux de cette Déeffe ; mais je me fuis
bientôt apperçu que celui qui a delfiné & gravé
çette figure , avoit, été trompé ,par une relfem-
blance qu'il a cru voir entre cet animal & l'or-,
nement que j’ examine, & qui fe trouveconf-
tamment le même , comme je l'a i déjà d it, dans
toutes les figures d*Harpocrate & d’Horus qui fe
rencontrent dans les cabinets. Il s'en.préfente de
mieux travaillées les unes que les autres^ & dans
celles qui ont été faites par de plus habiles artiftes»
l'ornement en queftion n,'a jamais fait naître ridée,
d'un ferpent. Accuferciton les artiftes Egyptiens
de n’avoir, pas fû defliner ce reptile ; eux qui
étoient dans l’habitude de le traiter , & qui l’ont
répété rçille fois dans l’écriture hiéroglyphique?
& ne vaut * il pas mieux douter de la fidélité du
deflînateur qu'a employé Petau ? Les planches de
fon livre nous montrent que c’étoit vin artifte dont
les taleiis étoient fort- médiocres. Pour moi je
prétends que cette forte d’ornement eft un flocon
de cheveux , qu'on laiffoit pendre ail côté
droit de la tête & au-deflus de l'oreille d’Horus
& à?Harpocrate. Je fonde ma première preuve
fur ce que l'ornement que j’explique eft fouvent
formé comme une treffe de cheveux liés & entrelacés.
On en verra un exemple fénfible dans
une ifigure d’Harpocrate 3 rapportée par Cuper
(Harpocr. p. 26.) Sc dans quelques autres gravées
dans l'ouvrage de Montfaucori. ( Antiq.
exp. tom. II. pî. 1x3. ) Enfin ma dernière preuve,
& la plus convaincante , c'eft qu'il eft démontré
par une foule de témoignages, qu'Harpocrate }
Hortis & le foleil n’étoient qu'une même chofe
dans le fyftême religieux des Egyptiens ; en effet,
Macrobe dit: Lorsqu'ils veulent confacrer une
>> ftame avi foleil, ils la repréfentent la tête rafee,
» à l'exception du. côté droit dont on laifife pa-
M roître les cheyeux. Cette petite partie montre
H A R
s» que le foleil ne fe découvre jamais au même
» moment à l'univers entier ; les cheveux cou-,
» p é s , & dont il ne refte plus que la racine,
» prouvent que cet aftre, apres avoir difparu, a le
» pouvoir,de renaître. (Saturn. lib. I. c. XXI.) »
» Marobe ajoute une autre interprétation à cel-;
» le-ci : Je ne garantis la ju.ftefle ni de l'une ni d e ,
l’autre 5 il me fuffit qu’il ait attefté .l’ ufage des ;
Egyptiens, pour en conclure que cette efpèce de
parure, dont la tête à*Harpocrate eft fi fouvent
ornée , n'eft qu’une treffe de cheveux. »
On voit fur une agathe-onyxdeh.coltèélion de
Stofch , un bufte d’Harpocrate.s pofté de face,
; enmaillotté dans un filet, ayant le prétendu per-.
fea fur la tête & fur la poitrine, un,globe,
d ’où fortent deux ferpents. La tête eft rafée a
l'exception d’une petite touffe de cheyeux au-deffus
de l ’oreille droite, Sc d'une treffe qui tombe
; fur l’épaule. Cette pierre eft remarquable par cette
Angularité ,<ear ce dieu fèvoit par-cout ailleurs avec1
des cheveux. On fait que lès prêtres ( Rigaït. Not.
àd\ Oneirodr. Aràcfïirâà¥i)p. ; i ï $.) Egyptiens- avôie'nç [
la tête & les autres parties1 du’ corps rafées î '
mais perfonne ne 'parle d’un pareil Harpocrate0
(Macrob. Saturtii libc, I c. X X I . p. Z48. ) Macrobe
nous apprend que les Egyptiens repréfentoieRt.
le foleil avec la tête rafée, excepté au côté
droit, où ils laiftbîènt .dés cheveux, & c’eft juf-;
tement de ce côté où cettÇtête porte une fcrejfe.;
Une figure {Recueil ;dl Antiq. tome II. pl. IV 7. n. 1.)
d’Harpocrate , publiée, par moufle ur le comte de
Çaylus, a la même particularité , & c’eft ce qub
pqurroit appuyer le-fentiment de Cuper us qui pré-t
tend oLu Harpocrate repréfentoit le foleil , il n au-
roit donc pas autant de tort que le croÿoit- ( Hifi,
du Ciel. tom. 1 , p. 95 .) Plucke. Dans le cabinet
d’un amateur à Rome, il y a un beau bufte dç
marbre d’un enfant de grandeur naturelle , qui
n’a pas la tête entièrement rafée, mais qui a des
boucles de cheveux feulement au côté droit; on
Dourroit préfumer que c’étoit un enfant dévoilé
a Harpocrate, ou au foleil. Cela eft conforme à
la mode des bas tems de porter les cheveux longs*
(Buonarr. Ojferv. fopra i vetri antickitp. 170.) d’un
côté , & de les couper courts de l’autre ; ce que
faifoient auflî les Egyptiens. {Hérodote , /. 1. p. 73.
I. 13. édit, Stepk, &. Ammiart Marcellin 3 l. 22.
c' X I ) Il y a.auflr pîufteurs Harpocrates qui portent
yne ( Cuperi Harpocr. p. 3 2. 36. Pococks Defer. o f
iheRart. tome I . Tab. LXV^.) bulle au cou,, en
forme d?amulette , mais ici. c’ eft un globe avec
deux ferpents y hiéroglyphe que l’on rencontre
fur quelques {Begeri.Brand. Thef tomeIII.p. 23»
Haym. M u f Bret.p. 180.) médailles; celui-ci e f t ’
un {Plut, de I f & Ofîr.pag. 67z. édit. Heno Steph.')
Phylaft'érion d’Ifls.,' autrement appelle, voix de la.
vérité. Le filet, dansîeqilel tiotre Harpocrate eft en-
> rhaiîlotté, u’eft pas moins remarquable, il deligne