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l ’ enfant; car il n’a point le flocon de cheveux
placé du côté droit, qui diftingue ordinairement
Harpocrate.
Les rapports nombreux qui fe trouvent entre
Horus & Harpocrate, en ont fait le type des jumeaux
céleftes Gaftor & Pollux.
H O S ID IA , famille romaine dont on a des médailles,
RRR. en argent.
O. en bronze.
O . en or.
Lefurnom de cette famille eft Ge t a .
• HOSIES de Delphes, c’ étoit des mîniftres
d’Apollon, au nombre de cinq , dont l’office étoit
d’ affiiier les devins , la pithye, & de Sacrifier
avec eux. Cet office étoit à vie; on en faifoit remonter
l’origine à Deucaüon. La v!élimé qir’on im-
naoloit à leur initiation s’appelloit Hofïoter. Leur
nom onoi lignifie faints,
H O S P IT A L IS , furnomde Jupiter, parce qu’ il
étoit regardé comme le dieu proteéleur de l’hof-
pitalité, & le vengeur des injures que l’on fa/foit
aux hôtes. Les Athéniens honoroient particulièrement
Jupicer fous ce titre , parce qu’ ils avoient
beaucoup de confidération pour les étrangers, &
qu’ ils obfervoienr avec beaucoup de foin les droits
de l’hofpitalité^Bolfuet remarque que les Samaritains
avoient confacré leur temple de Garizim à
Jupiter Ho/l italis. Pendant la folemnité des Leélif-
ternes à Rome, onexerçoit l’hofpitalité envers toutes
fortes de gens, connus ou inconnus, étrangers
pu amis; les maifons des particuliers étoient ouvertes
à tout le monde , & chacun avoicla liberté
de fe fervir de tout ce qui étoit dedans, mais non
pas de remporter.
H OSPITALITE- L ’kojpitalité eft la vertu
d’une grande ame, qui tient atout l’univers parles
liens de l’humanité. Les Stoïciens la regardoient
comme un devoir infpiré par dieu même. Il faut,
difoient ils, faire du bien aux perfonnes qui viennent
dans nos pays, moins par rapport à elles
que pour notre propre intérêt, pour celui de
la vertu , & pour petGétionner dans notre ame
Jes fentimens humains, qui ne doivent point fe
borner aux liaifons du fan g. & de l’amitié, mais
s’étendre à tous les mortels.
Je définis cette vertu, une libéralité exercée
envers les étrangers, fur-tout fi on les reçoit
dans fa maifon1 ; la jufle mefure de cet efpèee
de bénéfice dépend de ce qui contribue le plus à
la grande fin que les hommes doivent avoir pour
b u t , favoir aux fe cours réciproques, à la fidéh
o s
lité, au commerce dans les divers états, à la
concorde & aux devoirs des membres d’une même
fociété civile.
De tout temps les hommes ont eu deffein de
voyager, déformer des établiftemens , de con-
noïtre les pays & les moeurs des autres peuples;
mais comme les premiers voyageurs ne trouvoient
point de lieu de retraite dans les endroits où ils
arrivoient , ils étoient obligés de prier les h'abi-
l tans de les recevoir, & il s’en, trouvoit d’aflez
charitables pour leur donner un domicile,Tes
foulager dans leurs fatigues, & leur fournir les
diverfes chofes dont ils avoient befoin.
Les Egyptiens convaincus que les dieux mêmes
prenoient fouvent la forme de voyageurs, pour
corriger l’injuftice des hommes, réprimer leurs
violences & leurs rapines , regardèrent les devoirs
de X hofpitalitê comme étant les plus, facrés
& les plus inviolables : les voyages fréquens des
fages de la Grèce en Egypte , l’accueil favorable
qu’fis firent à Ménélas & à Hélène , du tems
de la guerre de T ro ie , montrent affez combien
ils s’occupoient de la pratique de cette vertu.
Les Ethiopiens n* étoient pas moins eftimables
à cet égard au rapport d’Héliodore : & c’efl fans
dôute ce qu’Homère a voulu peindre , quand il
nous dit que ce peuple recevoic les dieux , & les
régaïoit avec magnificence pendant plufieurs
jours*
Ce grand poète ayant une fois établi l’excellence
de Xhofpitalité fur l’opinion de ces prétendus
voyages des dieux ; & les autres poètes de
la Grèce ayant à leur tour publié que Jupiter étoit
venu fur la terre , pour punir Lycaon qui égor-
geoit fes hôtes , il n’eft pas étonnant que les grecs
. regardaient 1 ’hofpitalitê comme la vertu la plus
agréable aux dieux. Auffi cette vertu étoit elle
pouffée fi loin dans la Grèce , qu’on fonda dans
plufieurs endroits des édifices publics où tous
les étrangers étoient admis. C ’eft un beau trait
de la vie d’Alexandre, que l’édit par lequel il
déclara, que les gens de bien de tous les pays
étoient parens les- uns des autres, & qu’il n’y
avoir que les méchans qui fuifent exclus de cet
honneur.
Les rois de Perfe retirèrent de grands avantages
de la réception favorable qu’ils firent à
divers peuples , & fur-tout aux grecs , qui vinrent
chercher dans leur empire une retraite contre la
perfécution de leurs citoyens.
Malgré le earaélère fauvace .& la pauvreté des
anciens peup'es de l’ital e , X hofpitalitêy fut connu
e dès les premiers temps. L afyle-donné à Saturne
par Janus, & à Enée par Latinus, en font
des preuves fuffifantes. Elien même ‘rapporte qu’il
y avoit une loi en Lucanie qui condamnait à
i'amende ceux qui auraient refufe dé loger les
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étrangers qui arrivoient dans le pays après le fo-
leil couché. '
Mais les romains qui fuccédèrent furpaffèrent
toutes les autres nations daiïs la pratique de cette
vertu, ils établirent, à l’ imitation des grecs, des
lieux exprès pour loger les étrangers ; ils nommèrent
ce5 f eux hojpitalia ©u hofpicia , parce
qu’ils dbnnoient aux étrangers le nom de hojpites. .
Pendant la folemnité des Le<5bftem.es à Rome,
on étoit obligé d’exercer Xhofpitalité envers coûtes
fortes de gens: connus ou inconnus; les maifons
des particuliers étoient ouvertes atout le monde, ‘
ôc chac-d:n*avoit la liberté de fe fervir de tout ce
qu ’ il y trouvoit. L’ordonnance des. Achéeiis , par
laquelle ils défendoient de recevoir dans leurs
villes aucun Macédonien , eft appelle dansTite-
Live une exécrable violation des droits de lhumanité.
Les plus grandes maifons tiroient leur principale
gloire de ce que leurs palais étoient toujours
ouverts aux étrangers-; la famille des Mar- ■
ciens étoit unie par droit Xhofpitalité avec Per fée,
roi de Macédoine ; & Jules -C é fa r , fans parler
de tant d’autres romains , étoit attaché.par, les
mêmes noeuds à Nicomède , roi de Bithynie.
« Rien n’ eft plus beau , difoit Cicéron , que Te
voiries maifons des perfonnes illuftres ouvertes
à d’iiluftres hôtes , & la république eft intérefteé
à maintenir cette forte de libéralité; rien même ,
ajoute-t-il, n’eft plus utile, pour ceux qui veulent
acquérir , par des voies légitimes, un grand
crédit dans l’état , que d’en avoir beaucoup au
dehors ».
Il eft aifé de s’imaginer comment les habîtans
des autres villes & colonies romaines , prévenus
de ces fentimens, recevoientles étrangers à l’exemple
de la capitale. Ils leur tendoient la main pour
les conduire dans l’endroit qui leur étoit deftiné ;
ils leurs lavoient les pieds , ils les menoient aux
bains publics , aux jeux , aux fpeêlacles, aux fêtes.
En un mot, on n’oublioit rien de ce qui pouvoit
plaire à l’hôte & adoucir fa laffitude.
Il n'étoit pas poffible après cela que les romains
n’admiffent les mêmes dieux que les grecs
pour protecteurs de Xhofpitalité. Ils ne manquèrent
pas d’adjuger , en cette qualité , un dès plus
hauts- rangs à Vénus , déefle de la tendreffe &
de l’amitié. Minerve-, Hercule, Caftor & Pollux
jouirent auffi du même honneur, &. l’on n’ eut
garde d’en priver les dieux voyageurs , dit viàles.
Jupiter eut avec raifon la première place ; dis le,
déclarèrent par excellence le dieu vengeur de
Xhofpitalité, & le furnommèrent Jupiter hofpita-
lier , Jupiter hofpitalis. Cicéron écrivant à fon
frère Quintius, appelle toujours Jupiter de ce
beau nom; mais il faut voir avec quel art Virgile
annablit cette épithète dans l’Enéide.
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Jupiter , hofphibus nam te dare jura loquuntur ,
Hune latum , Tiriifque dicm , Trojaque profeciis
EJfe velis, nojlrofque hujus meminijfe minores.
Notre poéfîe n’ a point de telles reffources ni de
fi belles images.
Les Germains, les Gaulois , les Celtibériens,
les peuples Atlantiques, & prefqpe toutes les
nations du monde, obfervèrent auffi régulièrement
les droits de Xhofpitalité. C ’étoit un facri-
lège chez les Germains , dit Tacite , de fermer
fa porte à quélqu’homme que ce fû t , connu
ou inconnu. Celui qui a exercé Xhufpitalité envers
un étranger, ajoute-t-il, va lui montrer une
autre maifon , où on l’exerce encore, & il y eft
reçu avec la même humanité. Les loix des Celtes
punifToient beaucoup plus rjgoureufement le meurtre
d’ un étranger que celui d'un citoyen.
Les Indiens, ce peuple compatiflant, qui traî-
toit les efclavés comme eux-mêmes ; pouvoient-
ilsne pas bien accueillir les voyageurs ? Ils allèrent
jufqu’ à établir, & des hofpices, & des magift.rats
particuliers pour leur fournir les chofes nécefîaires
à la vie , & prendre foin des funérailles de
ceux qui mouroient dans leurs pays.
Je viens de prouver fuffifamment, qu’ autrefoîs
Xhofpitalité étoit exercée par prefque tous, les
peuples du monde ; mais le leéteur fera bien
aife d’être inftruit de quelques pratiques les plus
univerfefles' de cette vertu , & de l’étendue de fes
droits : il faut tâcher de contenter fa curiofité.
Lorfqu’on étoit averti qu’un étranger arrivoit ,
celui qui devoir le recevoir ail oit au devant de
lu i, & après l’avoir falué , & lui avoir donné
le nom de p ère, de frè re , & d’ami, plutôt
félon fon â g e , que par rapport à fa qualité, il
lui tendoit la main , le menoit dans fa maifon ,
le faifoit affeoir , & lui préfentbit du pain,
du vin & du fel. Cette cérémonie étoit une ef-
pèce de facrifice que l’on offroit à J^piter-hof-
pitalier.
Les Orientaux avant le feftin, lavoient les
pieds à leurs hôtes. Les dames même de la première
1 diftinélion , parmi les anciens , prenoient ce fo:n
; à l’égard de leurs hôtes. Les filles de Cocalus ,
roi de Sicile, conduifirent Dédale dans le bain,
au rapport d'Athénée. Homère en fournit plufieurs
autres exemples, en parlant de Nauficaa,
de Polycafte, & d’Hélène. Le bain étoit fuivi de
fêtes , où l’on n’ épargnoit rien pour divertir les
hôtes : les Perfes , pour leur plaire encore davantage
, admettoient dans ces fêtes & leurs femmes
& leurs filles.
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