lvj C H R O N
eft U roi Ajfyrien, contre qui C y ril s fit fa pre-
micrë campagne à l ’âge de vingt cinq ans révolu
s, c’eft-a-dire, en 335. Nériglijfor fut tué
dans une bataille l ’année lui vante. Dans tous
ces détails ,• Xénophon s’accorde parfaitement
avec H érodote & lié rôle, & fou récit jette beaucoup
de jour fur le leur, mais il s’oublie quand
il attribue àNériglijfor la conquête des Syriens,
des A rab es .( i), & l ’ambition de iubjuguer les
Hyrcaniens ec les Baélriens. Comment eut-il
pu former des prêter tions fur ces derniers fitués
denièie les Perles & les Mèdes 2 Comment
eut-il pu conquérir les premiers, s’ils l’étoient
dès long-temps avant Ion règne ? Mais la ref-
femblance des noms de tous les rois de Baby-
lone l’a trompé ; & il a appliqué à celui-ci ce
qui ne convenoit qu’à fes prédécelTeurs.
Laoo-rofo A ch od , fils de Né tigllffor, régna
après lui-, il fut affafinié au bout de neuf mois,
à caujl de fa cruauté, dit Bérofe (2). Aulli eft-
ce lui dont Xénophon rapporte qu’il tua dans
une partie de chafl'e le fils de Gobrÿas par ja-
loulie d ’adreffe , &; qu’il fit eunuque un autre
jeune feigreur par jalouhe de beauté.
Nabonide, l’un des conjurés, & de la famille
de Nabukodonofor, régna enfuire. C ’eft
le dernier roi afiyrien de Xénophon : c’eft fans
doute a lui, fous le nom de Labynet, que Cræ-
fus dépêcha après la bataille de J ymbrée, pour
le prefïer de venir à fon fecours ( 3 ). Hérodote
& Bérofe s’accordent à placer fous fon règne
phrfieurs ouvrages de fortification ajoutés à la
ville. NitocrJs, femme de Nabu k od ono fo r, &
mère de Labynet, ajoutent-ils, redoutant lapuifi
fancedes Mèdes, qui, depuis la prife de Ninive,
( par Kyaxares ) prenpit de jour en jour des ac-
croijfemen? rapides. fit creufer à l'Euphrate un
Ut tortueux, afin de rendre pim long & plus difficile
Vaccès de Babylone. C ’eft cet accroifTement
de puiffance qui faifoit dire à Jérémie l’an 3?? :
Le Seigneur a fufeité l efprit dès Bois Mèdes ;
Babylone deviendra la proie des peuples de l A~
quilon (4].
L e Syncelle, dans fa Chronographie, a con-
(1) Il paroît que Xénophon indique fous ce nom les
Hébreux.
(») Ap. Jofeph. contra App.Lib. I.
(3) V. Hérod. lib.I. p, 38. — Et p. 86 — 88.
(4} C, 50 & si.
O L O G I E
fervédeux liftes anciennes auxquelles on n’a rien
(entendu, 3c qui trouvent ici leur place.
P. xlix. . . .R o is Kaldéens qui régnèrent après ït
déluge dans Babylone.
Evechous. . . . .cru Nemrod 6 ans.
Chofmas-bolus. . . ............ .7 £ mois.
Porus.. . . . . .............. .. 3 5
Nechubes....................... 43
A biu s.... .................................... 48
Oni-ballus.. . . . . ............. 4°
Zinzirus .....................................45
.214 6 tnpis.
A ces princes, à cet empire fuccédèrent des
princes & un empire arabes, comme i l fuit»
Mardok-entes........................ .4 5 ans.
N * * * - . . . . . . . . . . . . . . . . 4 0 .
Sifi - M o rd a k . . . . ............. 2$
Nabius.. . . . . . . . . . . , . . / . 37 •
P a f a n n u s ^ ^ 40
Nabon nabus............ . . , 1 5
A ces princes,- à cet empire, fuccédèrent Us
princes & l'empire des AJJyriens ( d e N in iv e ) ;
Ninus, S émir amis, Ninyas, &c.
Il falloir être des Eusèbe & des Syncelle pour
méconnoître ces liftes 3c leur aifigner un pareil
rang.,
Ées rois arabes font manifeftement les Babyloniens,
Mardok-entes eft Merodak-Batadan : les
vin^t-huit années de Sifi-Mordak touchent les
29 de Nabopolajfar, 3c fa place eft la meme.
Le nom Mordak ou Merodak, que nous avons
dit être générique à ces ro is , fe trouve joint
à S if i, que Jérémie donne à la ville de B ab y lone
t 5) . Nabius eft N abu-kaden-atfar I I . Nabon-
nabus eft ie Nabonide de Bérofe.
Ces princes ont été appelles Arabes, parce
que jadis ce nom s’étendit au loin dans la M e -
fopotamie, 3c au-delà même du T ig re
C ’eft en ce fens qu’H érodote appelle Senna-
(s) Jérémie, c. \ 1 . v. 41. Babylone, ville de S c h î f c h iK
(6) Specimen hiftor. Arab. de Pokoçke.
• eheri»
cVserib toi des Arabes ( i) . O n doit en conclure
qiié ces liftes font réellement anciennes ; mais
les copiftes ont trop mutilé les nombres pour
qu'on puifle s’en fervir. ■
L a lifte qui précède, fi elle eft réellement de
Rois Kaldéens de Babylone, ne peut être qu’une
répétition dans un autre dialecte. Les nombres
4 , & 3 5 , par leur reflemblance avec ceux de
Chynil-adan & de Nabukodonatzar II ,'fem-
blènt défigner les mêmes princes. L ’Oni-ballus
paroît le même que Parannus, Se tous deux
repréfentent Né rigliftor, dont les quatre ans
ont été décuplés par la négligence des tranferip-
teurs (X)r L ’application qu’on a faite d Evechous
à Nemrod, eft fans conféquence comme fans
autorité.
Je terminerai cet article par quelques obfer
varions fur les noms variés qu’il nous a offerts.
Leur explicat’on jeueroit làns doute^ beaucoup
de jour dans l’hiftoire des princes même : mais
la plupart des langues dont fis font tirés ont
péri : ce n’eft pas que leurs débris ne puilfent
encore fubfifter dans les pays où on les parla :
les m o u ont une généalogie comme les familles
; mais 'es idiomes modernes de 1 Armeme,
de l’Ibérie, & des montagnes de la Per!e orienta
le , font prefque au fli inconnus .que les an-
(,) Hérod.lib. II. p.m.
(» 1 On trouve la même faute dans Jofeptie. Ant. Jud.
lib.X. c.
cîens. Nous fommes réduits à comparer feule-
ment l’anaiogie des noms*, & les étranges mutilations
qu’ils ont fu b i, rendent ce travail encore
allez difficile.
L e nom de Bal ou B e l , Dieu de B ab y lon e,
fe retrouve dans celui de la plupart des rois de
cette ville. B a la -Am , Bele-S y s j Oni- bal-lus.
Chofmas-éo/-us; N a b o -p o f ( pour b o l) atfar.
jBe/-ochus, & c . Nabon, nom d’une autre divinité
qu’on croit la lune , comme Bal eft le / è -
le il, a été défiguré en Labou ( Laby ) ; avec la
nunnation arabe on en fit'Laboun & Labountt
(L ab yn e t). On le trouve dans Labo-rofo-
Achod. CAy-naladan paroît compofé du K y
perfan qu’on retrouve dans Kyaxares, & qui
lignifie roi. L ’Ofor, ou plutôt 1 Atfar deNabu-
kaden-atfar, eft remarquable ; il paroît chez les
Babyloniens avoir répondu à KAfar des Nini-
vites ; & au Sar d’un ancien peuple de Géorg
ie , où il étoit le titre du defpote ( } ) : il exif-
toit chez les Sakes ou Skithes; le nom de Zarintt
que Ctéfias donneà une de leurs reine s^ !, n’é-
toit point un nom propre, mais le titre de fa
dignité. Enfin, le Tchar (C zar ) des Rudes n a
pas une autre origine; & ces rapports entre des
pays & de: temps aulli éloignés, méritent d’être
obfervés.
1(3)■ V . D’Herbelot, Bibl. orient, mot S ar»
(4) Ctefias.Ap. Diod. lib. II.
Antiquités, Chronologie. Tome I lM h