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éloignés , dont Phiftoire primitivé etôît aufli
obfcure que la leur 3 beaucoup plus ancienne,
& leur étoic parfaitement inconnue. Cependant
cette obfcuricé ne les embarfaffa pasj ils imaginèrent
des héros pour l’Afie & PAfrique , comme
ils en avoient créé pour leur propre pays , & ils
fuivirent la méthodefacile qu’ils avoient adoptée.
On comptoit trois grandes nations en Scythie ,
les fcythes 3 les a g athymies & les gelons : on dit
qu’ils defcendoient de trois frères , fils d’Hercule
& d’une femme - ferpent. Ces trois frères fe nom-
rnoient , comme on comprend bien 3 Scyta, Aga-
' tkyrfus 8c Gêlon. L ’Égypte devoit fon nom à
JEgyptus 3 l’Italie à Italus 3 l’QEnotrie à (Enotrus3
l ’Aufonie à Aufon 3 la Sardaigne à Sardus, la
ÎMédie à Médus 3 la Perfe à Perses 3 la Colchide
à Colchus , 1a Phrygie à Phryx, la Troade à Tros}
la Dardanie à Datdanus, Ilion à Ilus , la Cilicie à
Cilix la Phénicie à Phénix, la Myfie à Myfus3
la Lydie à Lydus , la Doride à Dorus , la Carie
a Car, & c ., 8cc. En un mot, voyageons fur les
cartes anciennes, perfonnifions les villes , les
fleuves, les montagnes & les pays, & nous ferons
sûrs de donner des annales anciennes , même fans
avoir pris la peine de les lire. Telle eft la manière
dont furent écrites autrefois nos propres annales,
• quand on difoit que la France devoit fon nom à
Francus, fils d’Antenor, que les gaulois defcendoient
de Galates, fils d’Hercule j Que Tolôfa
avoit été fondée par Tolus 3 Nimes par Némaûfus3
Arles par Arelus | & qu Hercule s’étoit battu au
pied des Alpes avec le géant Albion.^
Enfin, il n’ y eut pas jüfqu’aux trois parties du ;
monde auxquelles on meut forgé des étymologies :
pareilles. L’Europe devoit fon nom à la belle Europe,
qui , portée fur un taureau, avoit traverfé :
le Bofphore , ou le paffage des taureaux, d’une i
rive à l’autre. ( Bofphore eft le nom phyfique d’un
détroit 5 il "lignifie partage ou paffage du boeuf. )
L ’Afie avoit été découverte par la nymphe Afia,
tille de l’Occéan & de Tétnys. L ’Afrique avoit
pris fon nom du héros A fe r , fils d’Hercule j 8c
les arabes, qui ont confervé des traditions primitives,
attribuent le nom de l ’Afrique à un de
leurs rois , nommé Afrikis. Pour l’hiftorien Josè-
phe, il la donne à Opkres , petit-fils d’Abraham :
enfin, comme l ’Afrique croit appel!ée fouvent
"Libye, du libs , vent qui fouffloit de cette plage ;
on dit que ce nom lui avoit été donné de la
princeffe Libya, fiile d’Epaphus & de Cafliopée».
G É OM A N C IÉ , efpèce de di vination, qui fe |
pratiquoit tantôt en traçant par terre des lignes
ou cercles, fur lefquels on croyoit pouvoir deviner
ce qu’on avoit envie d’apprendre ; tantôt erî
faifant au hafard, par terre ©u fur le papier,
plufieurs points, fans garder aucun ordre 3 les
iigures que le hafard fermoit alors, fondoient des
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Jiigemens fur l’avenir j tantôt en obfervant les
fentes & les crevaflfes qui fe font naturellement à
la furface de la terre, d’où fortoient, difôit-on,
des exhalaifons prophétiques , comme de l’antre
de Delphes. C e mot eft formé rü, terre, & de
MetvTt'ta, divination.
G ERÆ ST IO N , mois des Iacédémoniens, qui
répond à janvier.
G É R AH , agorah, pbole , inonnoie ancienne
de l’Égypte & de l'Afie.
Elle valoir 2 fols 1 denier monnoie de France
aétuelle,. félon M. Pau&on.
Elle valoit en monnoie ancienne des mêmes
pays.
1.7 Mehah,
ou , 2 f pondion,
ou , 4 7 phollis,
ou, 19 7 kodrantès,
ou, 3S | parùtah.
Voye^ Monnoie s pour l ’évaluation de M. de
Romé de. Lifte.-
G ÉRANÉ. Voyei Pygmé"e 8c Géranie.
G E R A N IE , ville de Thrace, près du mont
. Hémus, dont les habitons , difent les poètes,
n’a voient qu’ une coudée de haut y & d’ou ils
furent chafles par les grues. Le nom de Gérania
a donné lieu à cette fable : repaya* veut dire des
: grues. Saumaife dit que Gêranie etoit le lieu d’ou
les grues partoient pour faire la guerre aux pygr
mées. Voye% Pygmées.
G É R A SA , dans la Décapole de Syrie- te-
eacün. .
Cette ville a fait frapper des médailles grecques
en l’honneur d’Hadrien y de Crifpine, de
Vérus.
GÉRERES ; on appelloit aînfi les femmes qui
afliftoient, à Athènes , la reine des facrificès dans
fes fondions facrées : il y avoit quatorze Géreres.
Voye[ Épimelettes.
GERESTIES , fêtes qui fe célébroient au promontoire
de Gérefie, dans l’ifle d’Eubée, eri
l’houneur de Neptune, qiiî y avoit un fameux
temple. ( Scholiaft. in Pindari Olymp. XIII. )
GERGÎTUS, chien à deux têtes, gardien des
troupeaux de Géryon , tué par Hercule ( Pollux.
lib. F . fegm. X L V I .) Le même qu’Orthus. V.
O r t S üs',
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G E RM A IN S , anciens peuples d'Allemagne.
C é fa r , dans fes commentaires , dit que les Ger-
màins ne reconnoiffent d’autres dieux que ceux
qu’ils voient, & dont ils reçoivent quelques bienfaits,
le Soleil, Vulcain,* la Lune. Par Vuleain
Céfar entend le feu. Tacite, mieux inftruit apparemment
que Céfar de la religion des Germains,
nomme plufieurs autres de leurs dieux. Mars ôc
Mercure, dit i l , pafloient pour leurs dieux principaux',
auxquels ils immoloient des vidimes humaines
: ils avoient aufli leur Hercule , dont ils
chantoient les louanges en allant au combat. Les
autres divinités étoient Alcis, Bufierichus, Chrodo,
Flins 3 Pria , Herta ou Hertus , Latobius , Manus3
fils de Thaifton ; Pore, Vitk , Prono , Radegarty
Siwa y Suanlovith , Thuifion, & Trigta. Voye%
c.es mots.
3? Les Germains, pénétrés de la grandeur des
» chofes célefles, dit le même T a c ite , croient
» qu’il ne faut point renfermer les dieux entre
m les murailles, ni leur donner une figure hu-
maine. Ils confacrent des bois & des forêts, '
w 8c ils donnent les noms de dieux à ces lieux
m fecrets & reculés, qu’i|s n’ofent regarder à
». caufe de la vénération qu’ ils leur portent. Ils
*> obfervent, plus que toute autre nation, le vol
» des oifeaux j ils fe fervent des forts auxquels
» ils ont beaucoup de foi.........Ils tirent aufli.
» des préfages des chevaux qu’ils nourriffent à
' » frais communs dans ces bois facrés, 8c il n’ eft
'»• point dé prqfage auquel la nation ajoute plus
» de foi ce. Tout ce qu’ils enfeignoient de leurs,
dieux, fe débitoit en anciens vers , n’ayant
point d’ autre manière d’annales & d’hiftoiresen
ces temps-là ; & ces vers é’apprennozent par
coeur, 8c ne s’içrivoient jamais.
Lès Suèves, peuple de Germanie, adoroient
IfiS fous la forme d'un vaiffeau. C Tacit. )
Cofiume des Germains. Nous trouvons dans
Tacite que les Germains avoient pour tout habillement
le fagum, attaché avec une agraffe,
ou même avec une épine ; le refte du corps
étoit nud- Céfar parle de même dans fes commentaires
( de bello Gallico , lib. 6. ) Il dit aufli
des Suèves, qu’ils s’habilloient peu, {idem3 lib. 4 )
II.eft étonnant que les habitans d’un pays fi froid
ne fe foient pas mieux couverts. Au refte ce
paflage de Tacite ne comprend pas tous les peuples
de la Germanie y puifque le même auteur nous
dit que les plus riches portoient des habits, non
pas larges 8c amples, à la façon des Parthes ou
des Sarmates , mais ■ ferrés , 8c qui confer-
voient la forme des membres. Ils-s’habilloient
de peaux d’animaux, qu’ ils eouvroient de mouchetures
d’une autre couleur. Il eft étonnant
qu’aucun monument ne montre une feule figure
vêtue de cette manière j cependant quelques médailles
, la eolonne trajanne , celle d’Antonin,
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& plufieurs autres monumens font allufion aux
guerres des Romains contre les Germains. Cette
attention fcrupuleufe (qu’ on remarque par-tout )
à indiquer & à exprimer jufqu’aux différences
les plus minutieufes dans les armes ou les habille—
mens des peuples que les Romains avoient combattus,
fait penfer que Tacite n'a parlé que des
hordes les moins policées de la Germanie j ou
bien il a voulu dire Amplement, que les habits
8c les caleçons des Germains étoient moins larges
que ceux des autres nations barbares. Il fe peut
même que l’hiftorien latin ait borné fa defcrip-
tion aux ufages de ces peuples pendant la p a ix ,
ce qui fauveroit la contradiction avec les monumens
qui repréfentent les Germains en appareil
de guerre, & à raifon de cette circonftance ,
beaucoup plus couverts qu’ils ne le font dans
Tacite.
Les femmes, dit encore Tacite ^étoient vêtues
comme les hommes , excepté que l’ étoffe étoic de
lin, variée «ou rehaùffée avec de la pourpre- Il eft
encorè difficile de faire accorder ce dernier paffage
de Tacite avec les.monumens ; à moins que cette
reffemblance dans l’habillement des hommes &
des femmes germaines rt'aitconfifté dans la tunique
longue que l'on voit à des germains fur la colonne
trajane i encore ne paroît-il pas probable que les
germains aient porté tous cette efpèce d'habillement.
Celui des femmes reffembloit peut-être à
celui des hommes, en ce qu’elles portoient le
fagum, comme fur une médaille d’Hadrien ? ( Thefm
Brand. tom. II. fo l. 6 J4. ) Mais comme cette
figure eft armée- d'une pique & d’un bouclier ,
elle doit vraifemblablement être prife pour défi-
gner l'humeur belliqueufe de ces peuples., d’autant
que d’autres femmes ^ fur les colonnes trajane &
antonine, ont la tunique fupérieure fans manches
, avec une partie de la gorge découverte ,
comme les peint Tacite. Cet habillement ( Col.
ant. fol. 1 7 , 49 , 4 1 , , 75 ) ne diffère en
rien de celui des femmes grecques.
*
On trouve fur la colonne antonine des figures
qui n’ ont d’autre habillement que des caleçons.
Bellori les croit {fo l. y 0. ïgermains. D ’autres figures
de ce monument, on t, avec les caleçons, la
tunique & le fagum. Quelquefois même au-deffus
d'une tunique à manches courtes , comme à un
germain captif ( Colon. Ant. fol. 52.), paroît un
yûg-z/Trc compofé de deux pièces, que Bellori nomme
chlamys quarrée, quoique le pan de devant foie
de forme circulaire à fon bord inférieur : au
refte , le petit nombre de figures qui nous relient
couvertes do^ce manteau , ne permettent pas de
fuppofer qu’ il ait été l'habillement général des
peuples de la Germanie, ou même l'habillement
particulier d’aucun peuple. La colonne tra jp e
(/o/. 81. ) offre des foldats barbares auxiliaires
des romains, germains3 panonniens, illyrièns,