
q u i, en langue phénicienne , lignifie unique. Dans
une guerre très - dângeçeufe que ce prince fu t .
obligé de foutenir, ayant couvert fon fils Jékud-
des ornemens royaux, il l'immola fur un autel .
qu’il avoit élevé exprès..( Eufeb. Pr&p. Ev. L I .j
JENTACULUM3 déjeuner des remains , repas
léger qu'ils faifoient entre le lever du fojeil &
midi, avec du pain , des dattes , des raifins fecs ,
du mel ou des fruits confits au miel. Vopifqùe j
remarque de l'empereur Tacite ( cap. II. ) , qu'il
ne déjeunoit qu'avec du pain fec, panent nifificcum.
Martial dit ( 8. 67. ) d’un homme qui venoit déjeuner
à la cinquième heure'du jou r, vers nos dix
heures & demie, qu'il venoit trop tôt pour dîner,
& trop tard pour déjeuner. Pour le déjeuner des
grecs , voye% A c rAt ism e .
JÉSUS-CHRIST ( années de ). V. A n n é e s ;
de J. C .
JETS d’eau. Voyez J a i l l i s s a n t e s .
J E T T O N , f- m. litt, anc. & moi. J'appelle de :
ce nom tout ce qui fervoit chez les anciens à faire j
des calculs Uns écikure , comme petites pierres, ;
noyaux, coquillages , & autres chofes de ce genre, j
• L ’on .a donné dans le recueil de l'acad. des bel- .
les-lt ttres, l'exrra;t d'un mémoire inftruétif dont
je vais profiter, fur 1’origine te l’ufage des jettons.
Ils font peut être aufii anciens que l'arithmétique
même, p ,urvu qu'on ne les prenne pas pour, ce s 1
pièces de*métal fabriquées en guife de monndie,
qüi font aujourd'hui fi communes.' De , petites
pierres , dés coquillages , des noyaux, fuffifoient.
au calcul journalier de gens qui méprifoiem, ou
qui ne ccnno.ffoie-nt pas l'or & l’argent. C'eft ainfi
qu'en ufent encore aujourd’hui Ta plupart des
nations fauvages ; & la manière de fe ferv.r de
ces coquillages ou de ces petites pierres, eft au
fond trop fimple & trop naturelle*pour n'être pas
de la première antiquité.
Les égyptiens, ces grands maîtres des arts &
des fciences, employaient cette .forte de calcul
pour foulager leur mémoire. Hérodote nous d it,
qu’outre la manière de compter avec des caractères
, il-s fe fervoient'auffi de petites- pierres d'üne .
même couleur , comme faifoient les gre.cS ; avec
cette différence que ceux- ci pi aç oient & leurs jet-
tons & leurs chiffres, de la gauche à la droite , &
ceux-là de la droite à la gauche. Chez les grecs,
ces petites pierres qui étoieik plates, polies & arrondies,
s'appelaient 4 ^ ûh & l'art de s'en fer-
vir d'ans les calculs, ^<pocpôo\a. Ils avoient encore
l’ufagede 1 en latin abatus. Voyez Ab aque.
Ces petites pierres que je dis avoir été nommées
4 5 (foi par les giecs , furent appèllées calculi par les
romains. C e qui porte à croire que-; ceuxxi s'en
fervirent long temps, c ’eft que le mot lapiléus eft
quelquefois fynoni.v.e à celui de calculus.' Vcye^
C a l c u l i .
Lorfque le luxe s’ introduifit à Rome, on commença
à emploj er desjettons d'ivoire ; c'eft pourquoi
Juvenal dit {fat. X I . v. 131. ) :
. . . . . . . . . . . . . . . . . Adeb nul la uncia nobis
Efi eboris necTefUt^ nec calcul us ixhâc
Materiâ.. . . . ................
Cent expreffiorts qui tenoient lieu de proverbes,
prouvent que chez lès romains la manière
de compter avec des jettons et oit très - ordinaire :
de là ces mots ponere calcules , pour défigner une
fuite de raifons ; hic calculas accedat, pour lignifier
une nouvelle preuve ajoutée à p uficuis autres;
calculant deirahere , lorfqu'il s'agi (fort de la fup-
preflîon de quelques articles ; •voluptatumcalculos
fabducere, calculer, eonfidérer par déduêîion la
valeur des voluptés ; & m ile autres qui faifoient
allufîon à l'addition ou à la fôuftra&ion des jutons
dans les comptes.
C'étoit la première arithmétique qu’on appre-
noit aux enfans , de que"que condition qu'ils fuf-
fent. Capitolin parlant de la jeunefie dePqrtinax ,
dit , plier calculo imbutus. Te mil lien appelle ceux
qui apprenoient cet art aux enfans, prinii numéro-
rum arenarii; les juufconfuit.es les nommoient cal-
culones, lorfqu'ils-étoient eu efclaves, ou nouvellé-
rrent affranchis 5 &: lorfqu'il s étoienî d'une condition
p'us relevée, on leur donnoit le nom de
j càlculatores ou numeràrii, Ordinairement il y avoit
un de ess maîtres pour chaque mai fon confidérable,
&c le titre de fa charge étoit a calculis , a ratio•
nibus. ‘
On fe fervoit de ces fortes de jettons faits avec
de. petites pierres blanches ou noires, foit pour
les ïcrutins , foit pour fpéafier les jours heureux
ou malheureux. De là viennent ces phrafesfignare,
no tare- aliquid albo nigrove lapillo , feu calculo ,
calculant album adjicere errori alterius , approuver
l’erreur d'une per fon ne.
Mais les jettons , outré la couleur , avoient d’autres
marques-de valeur, comme des caractères ou
des chiffres peints, imprimes, gravés ; tels étoient
ceux dont la pratique avoit été établie par les
loix pour la liberté des fi ffrages , dans les affero-
blées du peuple & du fénat. Ces memes jetions
fervoïent auffi dans les calculs , puisque î'expref-
fion omnium calculis , pour défigner l'unanimité
des fufrages , dit tirée du premier emploi de ces
fortes de jettons, dont la mat'ère étoit de bois
mince, p o li, & frotté de cijé de la même couleur
, comme Cicéron nous l’apprend.
On en voit la forme dans quelques médailles de
la famille Caffia; & la manière dont on lesjétroit
dans
élans les urnes pour le ferutîn, eff e^prïme'e dans
celles de la famille Licinia. Les lettres gravées fur
Cesjettons, étoient V. R. uti rogas , & A . antiquo.
Les premières marquoient l’approbation de la lo i,
3c la dernière fignifioit qu'on la rejettoit. Enfin,
les- juges qui dévoient opiner dans les caufes
capitales , en avoient de marqués à la lettre A
pour l*abfolution, abfolvo ; à la lettre C pour la
condamnation, condemno; & à celles-ci M L.
non"liquet, pour un plus amplement informé.
Il y avoit encore une autre efpècè de bulletins,
qu'on peut ranger au nombre dits jettons. C'étoit
ceux dont on fe fervoit dans les jeux publics, &
par lefquels on décidoit du rang auquel je s athlètes
dévoient combattre. Si par exemp’e ils étoient
vingt, on jettoit dans une urne d’argent vingt de
ces pièces, dont chaque,, tra în e étoit marquée
de numéros depuis 1 jufqu'à 10 ; chacun de ceux
quitiroient, étoit obligé de combattre contre celui
qui avoit le même numéro. Ces derniers jettons
étoient nommés calculi athlttici.
Si nous paffons maintenant aux véritablesy^fro/w,
ainfi nommés proprement dans notre langue ,
lefquels font d’o r , d’argent, ou de quelque autre
métal, c'ell: je crois en France que nous en trouverons
l'origine, encore n’y remonte t-elle pas
au-delà du X IV e fiècle. On n'oferoit en fixer l'é poque
au règne de Charles V I I , quoique ce foit
le nom de ce prince , avec les armes de France ,
qui fe voit fur le plus ancien jetton d'argent du
cabinet du roi.
Les noms qu*on leur donna d’abord , 6c qu'ils
portent fur une de leurs faces, font ceux deget-
toirs , jettours , getteurs , giets S~gets , &r gietons3 ■
& depuis plus d'un-fiècle & demi, celui de jettons.
Or il paroît que tous ces noms, ou pour parler
plus j.ufte, ce nom, varié feultment par les chan-
gemens arrivés dans la langue & dans l'ortographe,
devoit fon étymologie à l’aétion de compter, ou
de jetter, a jaftus comme le penfc Ménage.
Les jettons les plus anciens de cette dernière ef-
pèce, que Saumaife a latinifé en les nommant jaftiy
ou jallones, n'offroient dans leurs inferiptions que
le fujet pour lequel ils avoient été faits, lavoir
pour les comptes , pour les finances. On lit fur
quelques-uns de ceux qui ont été frappés fous
le règne.de Charles V III, etttender bien b loydûmentaux
comptes ; fous Anne de Bretagne, gardez
vous de mes-compter ; fous Louis XII , calculi
ad numerandum reg.jujfu , Lud. X I I ; & fous quelques
rois fuivans 3 qui bien jettera , fon compte
trouvera. .
L ’ufage des jettons pour calculer, e'toîtfi fort
établi, que nos rois en faifoient fabriquer des
bourles pour être diftribuées aux ofEpejs de leur
Antiquités , Tome I I I .
maîfon qui étoient chargés des états des comptes,
aux perfonnes qui avoient le maniement des deniets
publics..
La nature de ces comptes s’exprimoit ainfi dans
les légendes , pour Vècurie de la royne, fous Anne
de Bretagne ; pour l'extraordinaire de la guerre , fous
François I \pro pluteo domini Delpkini, fous François
II. Quelquefois ces légendes portoient le nom
des cours à l’ufage defquelles ces jettons étoient
dertinés : pour les gens des comptes de Bretagne ,
gettoirs aux gens de finances; pro caméra computo-
’ rum Brefi a. Quelquefois enfin , on y lit le nom
des officiers même à qui on les dellinoit. Ainfi
nous en avons fur lefquels fe trouvent ceux de Raoul
dé Refuge, maître des comptes de Charles VII ;
de Jean de Saint - Amadomr, maître - d’hôtel de
Louis X I I ; de Thomas Boyer, général des finan-1
ces fous Charles V I I I 5 de JeanTefiu, confeiller
& argentier de François l ; & d’Antoine de Cor*
bie, contrôleur fous Henri II.
JEU. Les anciens connoiffoient différens jeux;
entre autres les dés inventés par les lydiens, félon
Hérodote , pour fe défennuyer pendant une
affreufe famine, qui ne leur permettoit de prendre
de la nourriture qu une fois en deux jours. Philof-
trate dit que Palamèdes inventa une forte de jeu
de dames, les échecs & les dés. On appelloit
talus ou talî^ le jeu des offelets ; il y en avoit
de bronze ( Ifior. univerf. de Monfignor Bianchini ,
fol. ). Dans le temple des grâces, en Elide,
'une d'elle portoit un offelet ; chaque face de
l'offelet exprimoit un nombre; celui qui revenoit
en haut le plus difficilement, s'appeloit Vénus,
& avoit le plus de valeur. Le Trochus ( Horati»
Ode 24, lib. j ) ; jeu grec, qui enfuite paffa à
Rome , étoit un cerc'e de bronze > d’environ
quatre pieds de diamètre qu’on faifoit rouler avec
une baguette. ( Monum. antiq. ined. t. I I , fo l 157.
Horat. Ode 18 , lib. 3 ). C e cercle étoit quelquefois
garni de petits anneaux qui faifoient du
bruit dans la courie. On trouve le trochus fur plu-
fieurs monamens, entr’autres fur un bas-relief de
Villa Albani. {Monum. amiq. ined. t. J , fig. 194).
] Les lacédémoniens furent les feuls qui bannirent
entièrement le jeu de leur république. On raconte
■ que Chi!on, un de leurs citoyens, ayant été envoyé
pour conclure un traite d’alliance avec les
corinthiens , il fut tellement indigné de trouver
les magiftrats, les femmes, les vieux & les jeunes
capitaines tous occupés au jeu 3 qu’il s'en retourna
promptement, en difant que. ce feroit ternir la
gloire de Lacédémone, qui venoit de fonder Br-*
fance que de s'allier à un peuple de joueurs.
Il ne faut pas s'étonner de voir les corinthiens
paffionnés d’un plaifir qui communément règne i les états, à proportioo de i'oifiveté, du luo^
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