8a G R O
de Commode, 8c fur un bas-relief du capitole,
où ce char fymbolique eft accompagné de ceux
de Bacchus, de Mercure & de. Diane. -
Griffon, fur les médailles d’Abdère, d’Afîus,
de Caene, de Panticapæum, de Phocée en Ionie,
de Smyrne, de T e o s , de Cherfonèfe dans la
Taurique.
On voit fur une médaille d’Alexandrie en
Troade, Apollon tenant fa ly re, & porté dans
les airs fur un g r if fo n animal qui lui étoit con-
facré. Peut-être le griffon étoir-il auffi confacré.à
Pan ; car on Ta joint à fa figure fur une médaille
d u r de Panticapæum.
GRILLES. Voyez Canceili.
G R I V E S . Les anciens faifoient fi grand cas
des grives, à caufe de la délicateffe de leur chair,
qu'ils entretenoient des lieux propres à les en-
graiffer, ainfi qu'on le pratique encore pour les
ortolans 8c pour les cailles. Pourquoi Xts grives 3
fi eftimées des romains, font-elles fi négligées
maintenant? Nonnius, qui fe fait cette quef-
tîson ( de re cibaria , l. II. c. 29. ) , répond que
les grives étoient excellentes à Rome, à caufe
de l'art qu'on avoit inventé de les engra’ffer, &
d'en rendre la chair plus délicate, On les nour--
riffoit, dans des volières , de figues pilées &
mêlées avec de la farine de froment ; on faifoit
du tout de petites boules qu'on-Ieur jettoit. On
leur donnoît auffi quelquefois du millet , & i l y
avoit au milieu de la volière une rigole, où
couloit toujours l'eau la plus pure 8c la plus
claire* •
Varron ( de re ruftic. III. y. ) , après avoir décrit
la manière d'engraifler les grives, ajoute
qu'ainfi engrailfées, elles étoient vendues jufqu'à
trois deniers ( environ 54 fols ) pièce, lorfqu'il
y avoit à Rome un triomphe ou quelque repas public.
Nous voyons dans Martial ( III. y i & III.
47. 10. )> que les romains envoyoient en préfent
à leurs amis des grives liées en forme de couronne
:
Texta roffs fortaffe tibi , vet divite nardo ,
At miki de- turdis plexà corona placet.
-G R OM A . ■ )
G ROM A T IQÜ E S . >F*.Mefures gromatiques.
GRÜMA. y
Le gr0ma, ou grtma , ' étoit une efpèce de
perche ou pièce de bois d'environ vingt pieds,
-foutenue en équilibre par, le milieu comme un
fléau de balance , qui fervoifc chez les romains
à mefurer l'étendue d'un camp pour Ja diftribution
des tentes. Aux deux extrémités de cette machine
j qu'on plantoit près de îa tente du général,
g r o
pendoient deux cordeaux, au boutdefquels étoient
attachés des poids de plomb, qui fervoient à niveler
les logemens militaires} de-là vient qu'on
appella cette efpèce de .fcience l'art gromatique,
terme qui s'eft étendu depuis à toutes fortes
à.' arpentages.
G RONDILE S. Voyez Lares.
GROTESQUES. Voye1 Arabesques & C a ricature.
Nous ajouterons ici quelques réflexions qui ont
été_omifcs à l'article des Arabefquei.
» Indépendamment des caufes générales qui ont
arrêté les progrès des beaux arts chez tous les
peuples de l'Orient, il femble, 'dit Mrde Paw,
que la mythologie des égyptiens étQÎt fondée fur
des fpéculations qui n'offroient pas beaucoup de
r.fïburcë', ni aux peintres, ni aux ftatuaires,
lefquels durent toujours recourir à des fujets
énigmatiques, myftérieux, où peu de corps pou-
voient relier tels qu'ils ont été créés, & tels
que nous les voyons. Il fallut'mettre des têtes
humaines fur des troncs d’animaux, ou des têtes
d'animaux fur des corps humains , il fallut
décompofer les êtres, 8c multiplier les monftres,
ce qui fit qu’on ne confulta plus la nature pour
redrelfer les défauts du deflin, & pour en adoucir
la. rudefîe. On deffinoit Tans modèle des formes
fantaftiques, quiparoiffent appartenir à un univers
différent du nôtre. Voilà pourquoi Apulée &
.Ammien Marcellin, en parlant de certaines figures
fymboliques de l'ancienne Egypte , les ont nommées
des animaux d'un autre monde. Il eft clair que
cette manière de s'exprimer eft une métaphore}
cependant quelques commentateurs ont été alfez
dépourvus de fens commun, pour en conclure
que les égyptiens connoiffoient l’Amérique, qu’ils
croyoient fur - tout difhnguer dans les termes
qu'emploie Apulée pour décrire cette robe de
toile peinte qu'on lui donna, lors de fon initiation
aux myftères d'Ifîs , ( Quaqute tamen viferes, colore
vario circumnotatis infignibus animalibus ,* hinc
dracones indici, inde Gryphes. hypèrborei, quos
in fpeciem pinnata alitis générât mundus aliter.
Lib. X I . ) , & laquelle étoit toute couverte de
repréfentations emblématiques dont les égyptiens
ne pouvoient s'empêcher de faire un ufage continuel}
ils chargeoient même quelquefois tant de
fymbofes fur la tête des ftatues, Qu'elles en pa-
roiflent être auffi accablées que le font les Caryatides
par le fardeau quelles tâchent de ffou-
tenir. Les artiftes grecs, pour donnèr un air beaucoup
olus impofant, beaucoup plus majeftueux
aux divinités qui leur étoient venues originairement
de l'Egypte, en déchargeant d'abordla tête, n'y
biffèrent fubfiûer que le moins d’attributs qu’il
leur fut poffibîe, & n'employèrent jamais des
coeffures auffi défavorables que celles que Tes, ftag
r o
tuaires de Thèbes de Mempnis tailloient fouvent
fur des Ofir:s , des Ifis & d’ autres ftatues, telles
que le coloffe de Memnon. Cette coëflfure paroit
avoir été un bonnet tilfu de feuilles de deux
palmiers, différens de celui que les botaniftes nomment
communément Phoenix , & d un autre plus
rare, que la Thébaïde feule produit. (Paima
Thebaica , dichotoma., folio ffabelViformi. ) ».
Les grotefques peints fur les murs d’une villa
de PompeirTont l'ouvrage le plus parfait que j'aie
vu en ce genre, dit Winckelmann , non-feulement
des anciens , mais auffi des modernes, fans
excepter les plus beaux morceaux de la loge de •
Raphaël > tant pour l'invention 8c l'élégance du
deffin , que pour l'exécution. On peut dire que
ce foAt dé véritables miniatures ; les veines du
feuillage 8c des fêlions font indiquées de la manière
la plus délicate , & les couleurs en font
auffi fraîches & auffi brillantes que fi elles ne
venoient que d'être employées. On eri a choifi
quelques centaines de petits fragmens, qu’on
fixe à Portici, avec du ftuc fur de l’ardoife, &
qu’on eft actuellement occupé à aflortir le mieux
qu'on peut. Généralement parlant, on peut dire
que c’eft à Pompeii qu'on a trouvé les meilleures
peintures, qui ornent le cabinet de Portici ; telles
font, entr’autres, celles des danfeufes & des .
centaures, qui fc.it peints fur un fond noir.
«« Les romains , dit le comte de Caylus ( Rec.
i'antiq. II. pl. 90. ) , ont fouvent traité des fujets
grotefques. Raphaël & fes élèves nous ont tranf-
mis lés compofitions de Cette efpèce , qui or-
noient les thermes de Titus. On en trouve fur
différens monumens , mais toujours romains ;
car il eft à remarquer que les chimères ou gryllès
dés grecs font d'un genre plus grave, & n'ont
point par conféquent le même caraCtère. Je
rapporte fous ces numéros deux pierres romaines
très-mal travaillées , qu’on ne peut regarder que
comme des plaifanteries. L'une eft fur une amé-
thifte, & repréfente un lion dans un char, tiré
par deux cocqs. L’autre eft fur un jafpe rouge.
Un dauphin tient affez comiquemenr fon fouet
pour conduire le char fur lequel il eft monté ,
& auquel deux chenilles font attellées. Tout me
paroîtconfirmer, dans ces compofitions bizarres, l'idée
d'un amufement, d'un caprice, d'une fantaîfîe
de, graveur. J'aime mieux expliquer ainfi ce fujet
que de recourir à des allégories, ou bien à des
ajlufions critiques fur les gouvernemens 5 celles-
; ci ne fatisferoient point les leCleurs en propor-
[ lion de la peine qu’ elles m'auroient coûtée pour
I les imaginer. D'ailleurS, dans des matières auffi
arbitraires , il eft permis à topt le monde de fe
[ livrer à fes idées parttculières. ».
,'H y a dans la colleélion de Stofch plus de
: cinquante pierres chargées de grotefques. Voyez
I GHi*igR.jçs?
G R O 8j
G RO TO GO N O S. Voyez Æ on;
G R O T TE . Voyez C averne.
Les fecours que toutes les fciences reçoivent
aujourd'hui de la Chymie & de^ l'étude de i'Hif-
toire Naturelle, nous mettent à même de parler
pertinemment des endroits appelles par les grecs
rrXxTavucct , & par les latins plutonium,
charonium, ou plus généralement ofiia ditis. Stra-
bon ( lib. X IV . pag. 6} 6. h b. XIII. pag. C 9;
lib. X IV . pag. 649., fait meneion de trois. Le
premier étoit auprès de Tymbria en Carie; le
fécond près d'Hierapolis, vis-à-vis de Laodicée ;
I & le troifième entre Tralle & Nyfa , dans le
bourg d'Acharaca, où étoit un bois & un temple
| confacré à Plut^n. Dans la Campanie, les environs
du lac Averne avoient auffi un plutonium
auprès duquel Ulyffe aborda & évoqua l'ombre
de Tirefias. Mais le plus célèbre é to it, fans
contredit, celui que décrit Elien ( Ælianus de
animal. lib. X V I , cap. 16. ) dans le partage fui-
vant. Nous le rapportons en entier, parce qu'il
; nous apprendra la caufe naturelle des fenfations
douloureufes qu’on éprouvoit dans ces antres.
ce On trouve chez les indiens d’Aria un antre
» qui eft très-profond, & partagé en plufieurs
» cavernes fpacieufes 8c inacçeffibles aux hu-
» mains. Les indiens ne favent pas expliquer com-
» ment il s’eft formé | 8c je ne m'amuferai pas
» (d it toujours Elien.) à chercher cette explica-
» tion. Ces peuples y amènent tous les ans plus de
» trente mille animaux, tels que brebis, chèvres,
»j boeufs & chevaux ; car fi l’un d'eux a été frappé
» en dormant d'une terreur panique, s’ il a apperçu
» un oifeau de mauvais augure , ou quekju'autre
» préfage funefte , ïl cherche , félon fes facultés ,
, » a détourner le malheur dont il eft menacé, en
m précipitant des animaux dans ce gouffre. Ceux-
» ci s'y biffent conduite fans être lié s , & fem-
» blent être entraînes pat un attrait invifible.
» Arrivés fur le bord de la caverne , ils s'y pré-
» cipitent fans aucune répugnance. On ne fauroit
» les appercevoir après ce faut} mais on entend
» des bêlemens, des cris de chèvres, & des
» hennifTemen«;. En quelque temps que l ’on ap-
» proche l’oreille de l ’intérieur de l'antre, lç
» bruit confus fe fait toujours entendre ; car l’on
» ne celle aucun jour d’y jetter des animaux. M ais
m je ne fais s'il eft produit par ceux qui y ont été
» récemment précipités , ou par d'autres », |
On recotmoît facilement dans re récit les exha-
laifons méphitiques qui fort oient des plutonium ,
comme elles fortent encore aujourd’hui de la
grotte-du-chien en Italie. Les indiens regardoient
la torpeur qu'elles produlf ’ient fur les animaux,
comme un attrait p<rticu!ier qui les entraînent
vers la caverne. Strabon dit ou'auprès d’Hiérapole
il y.avoit des eaux thermales, caractère qui ac