
y i6 L E T
affe&ées au ftylc é-piÉolabe, & particuliérement
à la décoration du frontifpice de chaque
lettre.
Ces Textes de formules ne fignifioient pas plus
en elles - mêmes que âïg-nifient celles de nos
lettres modernes ; c’étoit de» vains çompUmens
d’étiquette. Lorfqu’on écrivoit à quelqu’un, on
lui fouhaitoit , au moins en apparence la fonte ,
par vyicumv a la profpérité par , la joie
& la fatisfaélion ,par
Comme on mettok à la tête des lettres ,
p'âifîty , euirpectjeir 3 vyictlnn , on mettoit à :la fin j
trfatro 3 tort/% s j & quand on a dre ffoit fa lettre à
pïufieurs j epj>ct!h, iaro^trs , portez-vous bien y foyez
heureux, ce qui équivaloir ( mais plusfenfément ) à
-notre formule , votre très-humble ferviteur.
S’il s’agiffoit de donner des exemples de leurs
lettres , je vous citerois d’abord celle de Philippe
à Ariftoçe, au fujet de la nailfance d’Alexandre.
» Vous favez que j’ai un -fils > je rends grâces
aux dieux, non pas tant de me f avoir donné,
eue de me l’avoir donné du vivant d’Arillote.
J ’ai lieu de me promettre que vous me formerez
en lui un fuecefîeur digne de vous, & un roi
digne de la Macédoine. ArHloté ne remplit pas
mal les efpérances de Philippe. Voici la lettre
que fon éleve devenu maître du monde lui
écrivit fur les débris du trône de Cytus.
« J’apprends que tu publies tes écrits acro-
matiques. Quelles fupériorité me refie-t-il maintenant
fur les autres hcmines?-Les hautes fçiences
que tu m’a enféignees, vont devenir communes,
& tu n’ignores pas cependant que j’aime, encore
mieux furpafîer les hommes par la fcience des
chofes fublimes que par la puifl'ance. Adieu ».
Les romains ne firent qu’ imiter les formules
des grecs dans leurs lettres. Elles finiffoient de
même par le mot vale , portez- vous bien, elles
commençoient femblahlement par le nom de
çelui qui les écrivoit, & par celui de la per-
ÇoQne à qui elles étoient adrefîees. On obfervoit
feulement lorfqu’on écrivoit à une perfonne d’ un
rang fupçrieur, comme à un confiai ou à un
empereur, de mettre d’abord le nom du conful
qu de l’empereur.
Quand un conful on un empereur écrivoit,
il mettoit toujours fon nom avant celui de la
perfonne à qui il écrivoit. Les lettres cfes empereurs,
pour les affaires d’importance, étoient
éaehetées don double cachet.
Les fucceffeurs d’Augufte ne fe contentèrent
pas de fouffrir qu’on leur donnât le titre de
fergneurs, dans les lettres qu’on leur adreffoit,
mais ris foufbrkent qu’on joignît à leur nom les
épithètes magnifiques de très - grand , très au-
gufle , très - débonnaire, invincible & facré.
L E T
Dans le corps de la lettre , on cmployoit lej
termes de votre -démence , votre prêté , &
autres fembhbles. Par cette introduéboti de formules
inouïes jufqu’alors, il arriva que le ton
noble épift'olatre des Romains, fous la république,
ne reconnut plus fous les empereurs d’autre ftyle,
que celui de la balîefTe , & de la flatterie.
L ettre s numérales. G ’ eft ainfi qu’on ap-
pelloit les lettres dont les Romains fe fervoient
pour leurs chiffres, tk que nous avons prifts
u’ eux. Ces lettres numérales font, C. D. I. L.
M. V. X. Toutes ces lettres numérales des
romains fe trouvent formées fi vous faites un
cercle & le divifez par deux lignes, une traver-
fale, & l’a titre perpendiculaire, qui viennent à
fe croifer eu droiture par le centre.
Obfervez pour entendre cet article que l’M
dont il s agit i c i , étoit- une M onciale formée
ainfi C i o } mais donc les parties courbes tou«
choient immédiatement la partie droite. Si donc
à cette M onciale vous ajoutez une ligne
horizontale, paffantparle çentre, vous trouverez
par fa décompofition toutes les lettres numérales
ci-deffus marquées. Le C . le D . ou 1 3 , Je I,
1C I3 ou M ne fouffrent aucune difficulté.
11 n'y en a d’ apparente que pour l’L , l’ V &
l’X : mais elle s’évanouit, fi l’on confédéré
.que l’L , l’V , font formées, par un quart de
l’interfedion des lignes perpendiculaires & horizontales
, plus pu moins ouvertes î & l’X par
l’inierfeétion entière des deux lignes , ou pat
la re'union des pointes de deux V . Voyez pout
rendre cet article complet chaque L e t t r e en par*
ticulier, mais fur-tout le D & /’E.
L e t tr e s dominicales. Voyez ^Calendrier
luna i r e , & c o n c u r r e n s .
Lettres de Bellérophon. Voyez Belléro-
phon,.
L ettres Ephefiennes , & lettres de
M ilet, étoient des mots barbares, ou bizar*
rement affemblés auxquels les grecs du temps
d’Apulée, attribuoient des vertus magiques«
L ettres dans le champ des Médailles. Voy*
L poques & Ere.
LE V A IN . Voy. Pa in des anciens, &
Mil l e t .
LE V A N A. La déefTe Lévane préfidoit a
l’a$:ion de celui qui levoit hq enfant de terre J
car quand un enfant étoit n é , la fage femme
le mettoit à terre, & il falloit que le père,
du - quelqu’un de fa part, le levât de terre, &
le prît dans fon feîn, fans quoi il paffoit pow
L. E, U
illégitime. S. Augullin. C L.. IV . de la; cite de
pieu,) dit que Lévane n'était point une déefTe
particulière} qu-’au.fentimenr des payens * c1 étoit
Jupiter à oui l’on donnoit divers noms félon les
offices différons qu’il avoit ; qu’il ouvre la bouche
aux petits en fan s. & qu’on le nomme le Dieu
Vatican 3 qu’il, les lève de terre ,, & qtul ett la
déefTe Lévane. Vo/fius. (. de. Idol. . L, //, c. z 6.
à la fin ) prétend que Lévane efï la même que
JJithie, ou Lucine-}. qpi eft la, même que; la
Lune} & que le nom LévanmVient de l'hébreu,
Leiana, qui fignifie la Lune.
L E X J C A CH A T E f f . hifi. nat. Les. anciens
donnaient ce nom, à une efpèce. d’agate, qui
fuivant cette dénomination, devoir être blanche-,
ou du moins dans, laquelle, on remarquoic, des
taches ou des: veines blanches*
LEUCADE. Le lieu. d’Acarnanie le. plus célèbre,
par le culte d’Apollon e fll’ifie de Leuçade.
Quelques * uns font venir fon. nom de Leucas.
[Zacynthien , l’un des compagnons df,Ul’yffe ,
& ils prétendent que ce fut lui qui bâtit le
temple d’Apollon.^-Leucadien (Servius in,Æn. III.)
D'autres ont avancé que le mont Leucate devoit
[fon nom â l'aventure d’ un jeune enfant nommé
\Leucatée qui s’étoit élancé du haut de. cette
Imontagne dans la mer pour fe dérober aux
[pourfuites d’Apollon. Le promontoire'de cette
llflè étoit terminé par une pointe qui, s’avançoit,
lau - defTus de la mer, & qui fe perdoit dans
[les nues. Elle étoit fi haute qu’ elle étoit toujours
environnée de brouillards dans les jours
[mêmes les plus fereins. C ’étoit précifément fur
[cette hauteur qu’éteit bâti le temple d’Apol-
llon. ( Strab. lib. x. .p. . ) Et comme on
ll’appercevoit de loin , ceux qui naviguoient
[dans la mer ionienne ne manquoient jamais de
Ile reconnoître pour s’affurer de leur route :
l( Æneid. III. V. 274. )
I Mox LeucatA nimbofa cacumina monris
I Lt formidatus nantis aperitur Apollo.
E L’origine du. culte d’Apollon en ce lieu étoit
[fondée,(Ptolem. Hephoejl. ibid.) fur l’opinion où
Bon étok- que ce Dieu avoit découvert dans la
[roche Levcadienne,i\ne propriété particulière pour
[guérirjes amans malheureux, & qu’il avoit indiqué
[lui-même le faut qu’il fallpit faire du haut de cette
[roche dans la mer, comme une recette infail-
|hb e contre d’amoup. • - ••
Il falloit fuivant une-ancienne1 coutume, que
tous les ans, au jour de la fête di^lQreu A,e .
ÏLeucade l’on précipitât du haut de cette mon- 1
[tagne quelque criminel condamné à m o r t - é to it
^ •facrifice -expiatoire,,j qu,e les, leucadiens of-
r01ent à Appollon pour, détourne« les fléaux
L E U yrp
. qui potivoient les menaeer. II ell vrai qu’en,
même temps on atcachoit au coupable des ailes-
d’oifeaux , & même, des oifeaux vivans, pour
le foutenir en l’air & rendre fa chute moins
rude. On rangeoir au bas du précipice, de petites
chaloupes pour tirer promptement le cri-
I minel hors-de- m mer. Si on pouvoit enfuite le
rappeller à b- we ? Pn le baniffoit à perpétuité,
j & on; le conduifoit hors- du pays. •
i Voilà ce qu’ en fai foie oar l’antorîté-publique.
I & pour le bien de la patrie :• mais il y eut des
particuliers^ qui de Ifeur propre mouvement, 8c
! dans l’efperanee.de guérir des fureurs de l’amour,
; fe précipitèrent eux-mêmes, du haut.de cette,
roche. Delà vient qpe,le.,promontoire fut appelle
j 1 e fa u t des amoureux. Wf fm rus. 3 fiiltus
j quo finir i amoreS. creditum eJL
j On. ne manque, pas. d’exemple d’amans mal-
i heureux.,, qui. dans le. défefpoir. d’aimer fans-
[être aimés., n’on-t envisagé que. la. mort pour
|fe délivrer de leurs peines, & ont pris les
chemins les1 plus' courts pour fe la procurer.
L’exécution de- fi noirs projets n’écoute ni ré-
'flexion ni raifonnement. Il n’en ell pas de même-
dii faut de Leucade, qui eonfîftoit- à fe précipiter
du haut de cette montagne, dans la-mer,
pour obtenir la gtiérifon des rourmens de
l’amour.
Ce faut étoit regardé comme un remède
fouverain, auquel' on recouroit fans renoncer
au plaifîr & T l’ efpéranoe de vivre. On fe reridoit
:de fang froid à. Leuoade , des pays les plu« éloignes;
on fedifpofoit par des facrifices 8c par dfes offran-
des ^ à cette épreuve j on s’y engageoit par un a&e
jde religion, & par une invocaron à Apollon, W
Iquii faifoit partie.' du voeu mênre; enfin , on
jétoit perfuadé: qu-’aveG Taffiftance du diem dont
iom imploroit la proteélion avant que d'entreprendre
ce redteuta'ble faut, & par l'atttn-
ition des perfannes placées au: bas du précipice,
[pour en recevoir tous les: fecoar-s poffibJ’e& r
î’inftant de la chute, utï recouvroit en cefîant
[d’aimep, la tranquillité - qu’on: avoir perdue.
; Q É £ étrange, recette fut accréditée par !a
conduite de Jupiter., qui it’avoit trouvé, difoit;
ion, d’autre remède dans fa paffion pour Junon-
que de- defeendre dû ciel,. 8t dë s’afTeoir fur
il a.roche Leucadienne.. Venus ellê-même.‘, ajou-
^toienc les: poètes-, éprouvant' après la mort de
fon. chéri Adonis, que les feux donc elle, brûloir,
jdevenoient. chaque jour encore plus- infüporra-
j b k s teconrut à la fcience d’Apollon ,, comme
jau.dièu..dé. Ih .médecine, pour obtenir du, fo u - -
llagement a ies maux; if fut touché de fon trifie
éta t, lui. promit, fa guérifon-,. & la mena>g:éné-
îreufement fur lé; promontoire de Leucade-3 d’bù
[il lui confeill’a. de fe jetter dans, la mer. Elle