
lxxiv C H R O N
Paleftine *, cependant il en compte 319 » & le
rems de Jofué 6c de la génération fui van te eft
omis. Le rédaéleur des rois réfumant les années
depuis lafortied’Egypte jufqu à la fondation du
temple, en compte 480*, cependant il faut ajouter
le* 40 du défert, le tems de Jolué 6c de \a. génération
quifuivit, 6c la durée de Samuel & de Saiil.
Bien p lu s , la fucceflion des juges a fouffert
des interruptions, §c ily>a nombre d interrègnes
omis. Comment réfoudre tant de difficultés?
Pou r peu qu’on difcuteces calculs, on s apper-
cevra que la confufion vient de furabondance ,
6c cette furabondance a deux caufes*, 1®. les
années de fix mois, qu’on y employé certainement
dans une allez longue période pour des
années de douze, 6c qui n’cn étant que la 'moitié,
■ font un double emploij i° . ùne autre répétition
de mêmes tems , 6c les Hébreux ne dévoient
pas éviter un écueil commun à toute 1 antiquité
j nous en trouvons trois exemples ma-
nifeftes*, i° . dans les 20-ans de Jabin , il eu
confiant qu’ils furent compris dansdes 80 qui
fuivirent la délivrance d'Aod. La narration, du
quatrième chapitre l’ indique clairement j car il
eft dit qu après la mort üAod le peuple retomba
en fervitude -, or Aod n’a pu vivre 80 ans, 6c
cette lervitude n’eft que celle de Jabin.
10. Dans les vingt ans de Sarnf ongüi f i rent
également pris fur les quarante des Philif-
t in s , puifqu’il eft d it , c. 14. v . 4 - > * J°g , temps les Fhiliftins dominaient : o r , il ne ht
point ceffer leur tyrannie.
3». Dans les quarante ans d 'Hé li, qui font
encore une répétition du temps des Philiftins,.
puifque leur domination ne cefla qu à la mort
d ’Héli ; ainfi ces trois articles forment une
fomme de 80 ans, qu’il faut fupprimer. Si on
les retranche fur les 480 de 1 auteur des R o is ,
il reliera quatre fiècles pour l’intervalle de la
{ortie d’Egypte à la fondation du Temple 3 &
différentes râi.fons me portent à,croire que cette
évaluation approche infiniment de la réalité. •
Jofephe ( 1 ) nous apprend que le roi d’Egypte
, fous lequel s’enfuit M o y fe , fut 1 eth-
mofis ; que de ce prince à Sérhos & Armais ,
il s’écoula 3,3 ans : o r , Sérhos eft Séfoftris qui
régna peu de temps après la fondation du T em ple.
O n voit que ceci fe rapproche beaucoup,
Ô I. O G I E
& il eft remarquable que Jofephe n’a pu faire
ce calcul que fur des chroniques égyptiennes;
car fes calculs, félon les Hébreux, n’ôntrien
d ’approcbanr.
Eufebe ( 1 ) rapporte, d'après T a tien , que
Ptolomée, ancien prêtre égyptien , fort verfé
dans la chronologie , alfuroit que Moyfe for-
tit d'Egypte fous Amofis; que cet Amofis ré-
..pondoitau temps de l’Inacbus des Grecs (3) :
or , depuis Inachus jufqu’à la guerre de T ro y e ,
- l’on compte vingt générations qui 'font 500
ans : & la gueire de T t o y e , dans nos calculs,
fe trouve précifément à cette époque.
Conformément à cette évaluation, on peut
réduire la période des juge s, &c 1 amener a un
4egré de concordance .vraifemblable.
Nous avons d'abord de temps connus,- 20
ans de S aül, 21 de Samuel, & 40 des Philil-
tins q u i, avec les 40 de David & les trois -de
Salomon ». .nous. donnent 124 années de x 2
mois avant la fondation duTemple. Pour corn-
pletter les 400 an s , il nous en faut encore
276(4). Mais ce qui nous relie excède de beaucoup
; car nous avons dabord 370 ans , y
! compris les 40 du défert : puis il faut ajouter le
temps Je Jofué, qui, n’ayant pu être âgé de
moins de 50 ans de fix mois en entrant dans le
- défert ( j ) y & y en ayant vécu 40,' n’a pu en-
fuite gouverner plus ae 20 toujours de 6 mois ,
c’eft à-dire (6), dix des nôtres tion : plus la généra- des vieillards, qu’on ne peut guères porter
à plus de quinze de nos années. Il en réfulte
ce tableau.
Moyf e . . . . . . . . . 40 années avant le T . dont
Jofué.’ . . . . . . . i . 2 0 une partie fut de 6 mois.
V i e i l l a r d s . . 30 v
Ç.) Praep. évang. p. 4 9 3 -
(2) Appion, fils de Poffidonius, difoit la même
choie ; Praep. Evang- P- 4 S? >■ & certainement., c'etbit
aufli l’opinion d’Hérodote ; quiconque pelera bien
le début de fon hiftoire, en confidererà 1 enlemble
général, ïentira que par le s ’P h é n i c i e n s v e n u s d e l a
M e r - R o u g e , il n’a pu dèligner que les Hébreux J c eft
à cette même époque qu’il place Inachus. ‘ '
- (4) Nous fupprimons J a b in .
(<) C’eft-à-dire, 15 des nôtres; on ne peut g;uère
donner moins à un homme qui commanda 1 armee dès
le fécond équinoxe.
~(£) Eupolème eftime le tems de Jofué 30 ans, c’eft-
à-dire, une g é n é r a t i o n , parce qu’il englobe la g é n è i
(’5) Contr. app. lib. r a t io n des vieillards» ï t pl 4 *0 «
D E S D O U Z E S I E C L E S , Ixxv
Anarchie jufqu aux
Philiftins... . . 330
T o ta l...........420
Nous avons Jonc 410 ans lorfqu’il ne nous
én faut que 276. C et excès nous vient des années
de fix mois, comptées pour être de douze,
ce qui fait un doublement de temps. En ramenant
à cette dernière valeur tout,ce qui excède
notre compte, nous rétablirons la concordance. <
Nous trouvons donc que dans ces 4 10 , il faut
en réduire 288 en années dé douze m o is , ce
qui en donne 14 4 , qui, avec 132 qui relient,
font nos 276. O r , ces 132 devant fe prendre
en remontant depuis les Philiftins , elles nous
eondiiifent à la fixième année de Gédéon. C e
feroit donc environ ce temps qu’on auroit fait
la réforme de; années de fix mois j 6c une pareille
réforme doit tenir à quelque révolution
dans les idées. Au demeurant, cette chronique
n’ayant point donné une férié exaéle de tems,
on ne peut ftatuer que fur des à peu-près.
L a duréeque j’établis pour cette périodes’au-
torife encore d’un fait allez fingulier.
Depuis que je me fuis apperçu que l’aftro
nomie entroic pour beaucoup dans toutes les
inftitutions de la haute antiquité, j’avois toujours
foupçonné un motifaftronomique à cette
ordonnance de M o y fe , qui fixe les deux fctes
principales, l ’une ( la Pâque) au 15 du premier
mois (m a r s ) , & fautre (le s Tabernacles)
au 15 du leptième (feptembre) précifément
à fix mois de diftancei un rapprochement
heureux eft enfin venu changer mes doutes en
certitude.
(1) Les Grecs nous apprennent que dans le
quatorzième fiècle avant J. C ., le phénomène
de la préceffton avoit déjà reculé les équinoxes
aux quinzièmes degrés du Bélier 6c de la Ba-,
lance. O r , dans nos calculs, M o y le fe trouve
(ï) V. Aftr. anc. de Bailly.
placé dans ce quatorzième fiècle (2) , c ’eft-à-
a ir e , qu’il fortit d’Egypte l ’an 13 77 avant-
J. C . Sur ce rapport, je conjeélure que Moyfe
-a placé les deux fêtes, de manière à les faire
coïncider précifément avec le jour de l’équinoxe
: & cette idée eft tout- à-fait dans le genre
de celles qui régnoient alors •, car Maimonides
nous apprend que les deux fêtes les plus folem-
nelles des anciens Sabépis fe célébroient aux
jours où le foleil entroit dans les fignes du B é lier
6c de la Balance 13 ). D e ce déplacement des
équinoxes, réfulte d ’ailleurs la notion de ce
fmaiint é, s \auue pUrse mobieferr vdaetgiorén s deq ulie uUrss faigvnoeiesn tr edfépteecr-
thiafsu,t yr emceo.nflt enàt -ddoiur^ee fiècles, ou 1082 ans plus Chriftï , 2459 ans avant Jefus- Cette époque auroit - elle des rapports
avec la période des obfervations k a l-
aéennes, qui, félon Callifthènes, remontoient
1,903 au-deffiisd’A lexandre, c’eft-à-dire, 1,234
. ans avant J. C . ? C ’eft ce que j ignore ; mais il
eft confiant qu’à cette date reculée, les con n o if
fances aftronomiques étoient avancées à ce
point. O r , je demande quelle étendue cecifup-
pofe aux tems nécelfaires à les avoir acquifes.
! Si d’ailleurs on fe rappelle ce que nous avons
dit des Olympiade^, on concevra que ce furent
là les fiècles de cette aftronomie antique
dont un écrivain récent a raffemblé les magnifiques
débris (4 ) : en les méditant, l’efprit ap-
! perçoit une carrière immenfe à l’hiftoire des
peuples au-delà des bornes connues : c’eft à des
recherches ultérieures à pénétrer dans ce monde
^ obfcur 6c nouveau*, j’aurai rempli mon objet
; aétuel, f i, parles réfultats de ce mémoire, je
fuis parvenu à en écarter les obftacles, & à en
applanir l’entrée. 2 3 4
(2) Du Temple à J. C. 977. De Moyfe au Temple 400.
Total 1377- La fphére d’Eudoxe plaçoit l’équinoxe au
iç d. du bélier, 1355 ans avant J. C.
(3) , Maimonides apud hyde. p. 123.
(4) Allronomie ancienne de M.Bailly. Tom. I.
F I N.