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monde. Au refte , il a eu avec de jeunes garçons
, des liaifons qui n’ont pas été â l'abri de
toute critique. Laétance fait aux payens un jufte
reproche d'avoir mis au nombre de leurs Dieux >
un homme quiavoit laiffé des marqués de fa débauche
par toute la terre. Hercu/es. . . •. nonne
orbem terra. 3 quem pcragraffe ac purgaffenarra-
iur 3 ftupHs i libidinibus adulteriis inquinavit ? Nec
mirum , cum effet adulterio genitus Alcmena.. Qui'd-
■ tandem potùit ineo effe divini qui , fuis ipfe vitüs
mancipatus 3 & mares bfoeminas, contra omnes loges 3
infamiâ 3 de décoré 3 jlagitiis affecit. ( haSiant. Lib.
I. cap ut l . )
Le nombre de fes enfans a dû être infini. Combien
d’ailleurs lui en fuppofa-t-on , & combien fe
firent honneur, dans la fuite., de defcendre de
ce he'ros ? Ifc e u t, de Mégate, plufîeurs enfans ,
qu'il tua lui-meme , avec leur mère , dans un de
ces accès de fureur auxquels il étoit quelquefois
fujet. Junon , toujours ennemie. déclarée
A?Hercàle3 dit Euripide , n’ayant pu venir à bout
de le perdre par tous les travaux quelle avoit
infpiré à Euryfthée d’exiger, de lui, ordonna à
une des Euménides de troubler le fens de ce héros
jufqu'à la fureur; Un jour qu'il offroit unfacrifice
à Jupiter - libérateur, au retour des enfers , il
s'arrête tout-à-coup', fes.yeux roulent d'une manière
affreufe & fe remplirent de fang : l'écume
coule fur fa barbe 3 & avec un fquris convul-
iif & forcé , il demande fes armes. En fe retirant
de l'autel il s'imagine monter fur fon char } il
paffe dans un autre appartement de fon palais j
il-croit être c hez les Mégariens ; un moment après
à Coinnthe, puis à Mycènes. Il fe dépouille j il
fe bat en l'air 5 il fe peifuade avoir remporté-dè
grandes vidoires. Son père fe préfente pour le
rappeller à fon bon fens} mais Hercule le prend
pour Euryfthée, & fes propres enfans pour
ceux de fon ennemi : armé ae.fon arc il lespour-
fuiti tout le monde fuit : on l'enferme dans un
appartement ; il fe croit aux portes de Mycènes}
il brife tout, fe fait un .paffage, & du même
coup il. tue fa femme & fes enfans : il court fur
fon père ; mais Pallas l'arrête & le renverfe : il
eft enfin plongé dans un profond fommeil ; &
pendant ce temps on le lie à un débris de colonne.
A fon reveil il revient à lui ; & voyant autour
de foi tous ces cadavres, il elV foudroyé par cette
vue , & plus encore en apprenant qu'il eftj'ûnrque
auteur de ce carnage. Trop inilruit de fon malheur
, il veut fe donner la, mort ; il fe livre à
un repentir affreux ; il ne penfe qu'au moyen
de fe délivrer de la vie. Cependant Théfée lui
perfuade à la fin, que ce, feroit donner un foupçon
de lâcheté, que, de quitter la vie dans un accès
de chagrin j il accepte l'afyle que lui offre cet
ami, & fe retire à Athènes. Tel eft le fujet d'une
tragédie grecque d'Euripide, & d'une autre latin
« de Sénèque ; toutes les deux ont pour titre
Hercule furieux. Çes accès de fureur étoient peut-
être une fuite du mal caduc, auquel, quelques
auteurs nous difent qu'il étoit fujet : on le faifoit
revenir en lui faifant fentir une caille , dont l'odeur
, au rapport de Galien", eft un remède utile
à et mal ; ce qui a donné lieu à une fable,
q\ftHercule ayant été tué par Typhon, Iolas ,
fon ami , lui rendit la vie avec une caille- C'eft
pourquoi les Phéniciens , au rapport d’Athénée,
offroient à Hercule des cailles en facrifices.
La mort d'Hercule fut un effet de la vengeance
de Neffus & de la jaloufie de Déjanire. Cette
princeffe inftruite des nouvelles amours de fon
mari, lui envoya une tunique teinte du fang du
Centaure, croyant ce préfent propre à l'empêcher
d’aimer d'autres femmes } mais à peine fe
fut-il revêtu de cette fatale robe, que le venin
dont elle étoit infeétée, fit fentir fon funefte
effet} & fe gliflant dans les veines, pénétra,en
un moment jufqu'à la moelle des os. Il tâcha en
vain d'arracher de deffus fon dos la fatale tunique :
mais elle s'étoit collée fur fa peau, & comme
incorporée à fes membres } à mefure qu’il la dé-
chiroit, il fe déchiroît aufli la peau & la chair.
D a n s â t état il pouffe des cris effroyables, &
fait les plus terribles imprécations contré fa perfide
époufe. Voyant tous fes membres deffechés &
fa fin approcher, il éleve un bûcher fur ie mont
O ëta, y étend fa peau de lion , fe couche deffus,
met fa maflue fous fa tête , & ordonne enfuite à
Philpélète d'y mettre le feu , & de prendre foin
de fes cendres. V. D é ja n ir e , L y c a s , N èssus,
Philoctète. La mort d’Hercule a donné lieu à
une belle tragédie grecque, intitulée , les Tra-
ckiniennes , & à une autre de Sénèque , qui a pour
titre , Hercule fur le mont Oëta.
Dés que le bûcher fut allume , la foudre, dît-
on, tomba & réduifit le tout en cendres en un
inftant, pour purifier ce qu’il y avoit-de mortel
dans Hercule. Jupiter l'enleva alors dans le ciel ,
& voulut l’aggréger aux collège des grands Dieux :
mais il refufa cet honneur félon Diodore, difant
que , comme il n'y avoit point de place vacante
dans le collège , il ne devoit point y entrer, &
qu'il feroitdéraifonnable de dégrader quelqu'au-
tre divinité, afin qu'il y fût introduit. Il fe contenta
donc du rang de demi-Dieu : cependant Atlas fe
reffentit bientôt, dit Lucien, du poids de cetté
nouvelle divinité. Philoârète ayant élevé un tombeau
furies cendres de fon ami, y vit bientôt
offrir des facrifices au nouveau Dieu : les Thé-
bains & les autres peuples de la Grèce, témoins
de, fes belles aétions , lui élevèrent des autels &
des temples comme à un demi-Dieu. Son culte
fut porté à Rome, dans les Gaules, en, Efpagne :
il s'étendit jufques dans la Taprobane, dit Pline.
Il .y avoit à T y r un fort beau temple d’Hercule,
où l'on voyoit un pilier fait d'une feule éméraude,
HERCULE-Egyptien. Hoye^ C h ON & 1 aline*
fuivant:
un liège pour te Dieu , fabriqué d'une feule
pierre précieufe appelle eufebés. Hercule eut plu-
fieurs temples à Rome, e n t r a n t s « .ut qui
étoit fitué auprès du cirque; & celui qui eco t au
marché aux boeufs : c'eft dans ce der.uer qu il -
n'entroit jamaisI ni chien , ni, mouches, dit I une,
& la ration qu'en donne fort férieufement boiin ,
c'eft qu Hercule en avoit fait anciennement la
prière au Dieu Myaerus, ou chaife mouches, hi.hii,
on vantoit un fameux, temple d Hercule a C .d.s,
dans lequel, ditStrabon , on voyoit l s rameutes
colonnes d'Hercule. La divinité n'y etott reprefen-
tée par aucune image , ni par aucune figure. 11
n'était permis ni aux femmes , m aux cochons
d'y entrer. Celui qui facrifi >it devoir erre pur ,
chatte j avo’r ia tête ratée, les pieds nuds & des
habits traînans.
Hercule eft ordinairement repréfenté fous la ji
gure d’un ho nme fort & robufte, avec une nviffue
à la main, & couvert de la peau du lion de Né-
jnée } peau .invulnérable , qui lui fervoit-de bouclier.
Il a aulfi quelquefois 1 arc & le carquois ;
mais rarement le trouve t on avec cette arme :
il y a des monumens où il paroît avec h corne
d'abondance fous le bras} .& Cc.|a > Pa^ce qu il
avoit coupé une corne à Achéloiis , qui } pour
la ravoir lui fit préfent de la corne d'Amalthée.
On le trouve affez fouvent couronne d^ feuilles
de peuplier blanc } parce qu'ayant fait la découverte
de cet arbre en Thcfprotie, dans le royaume
d’ Aidonnée, où il voyagea , il en apporta
des plants dans la Grèce, & affe&a , depuis ce
temps-là , dit Paufamas', d'en porrer des couronnes
} c'eft pour cela que le peupl er blanc lui
Voici Vexplication que donne de cette divinte
M . Dupuis de Lisieux 3 d‘apres fon fyftême Mytho-
Afironomique.
Plufîeurs anciens Auteurs ont fouvent confondu
Hercule avec le foleil , quoiqu'il y eut une grande
différence entre le foleil & le genie foi aire , (>u
l’aftre dans lequel l'ame du monde eft fuppofee
placer fon énergie, lorfqu’elle imprime fa force
motrice à la fphère du foleil ; enfin , » aftre qui
fixe Pépoque la- plus importante de fon mouvement
étoit confacré, & que Virgile appelle cet arbre
le peuolier d'Hercule- V'oye.i P euplier. La maf-
fue d'Hercule étoit de bois d'olivier : les Trézé-
niens , félon Paufanias , en rieontoient un grand 1
miracle , favoir : qu’apr.ès la mort d'Hercule, fa
maffue ayant été fichée en terre, avoit pris racine
, & étoit devenue un 'arbre.
On donne à ce héros différens noms, dont chacun
aura fon explication particul ère. Les voici :
Alcide, Amphitryoïdadés, Archégétes , Baraicus^
Bibace ou buveur ,Buphagas , Buraicus, Charops,
Cynofargés , Endoviceüus , Ervthréen , Fidms ,
Hippodéte , Lleus , Indicans , Magufanus , Man-
ticlus, Mélampygus, Melchratés , Mélius , Mu-
fagéte, Myagrus, Ogmios, Pampltagus , Poly-
phagus, Prodicius, Prornachus, Révélateur, Rhi-
nocoluftés, Sanélus, Sangus , vSomnialis , Thra-
fius , Tricoftis, Trivefperum, Tyrinthius , Vialis
ou Duétor & Defenfor, &c. Ses defeendans fe
nosnmoient Héraclides. Voye\ ce mot.
Hérodote place la naiffance d'Hercule cent ans
avant la prife de Troie par les Grecs} c'eft-à-dire
vers l'an 1381 avant l'ère chrétienne.
annuel. Cette vérité eft exprimée dans un
paffage très-formel d’Athénagoras, ( p* 100. ) ou
il eft clair que l'Hercule à qui on donne le titre
de ditu du temps, eft Y Hercules Ophiucus ’J.® nos
fphères.Tant qu'on n'établira point cette diftinc-
tion, jamais on n'expliquera les fables iolaires.
Il eft vrai qu’on fit honneur au génie folaire des
travaux du foleil dont il dirigeoit la marche } mais
on ne peut pas réciproquement expliquer par le
foie 1 tout ce qui ell mis fous le nom du génie
fopire. Les anciens eux-mêmes nous ont quelquefois
marqué cette diftinttion , & quelques-uns nous
difent, non pas qu Hercule eft le foL il, mais qu'il
eft l’ intelligence qui conduit le foleil, & femble
voyager avec lui dans le zodiaque. Les Eg\p-
tiens , nous dit Plutarque 3fabulantur Htrculem in
foie pofltum und cum illo circumferri ( de Ifid. ).
Il en dit autant du génie connu fous le nom
d’Apollon : Virtutem illam , qua. proeefl fo l i , dunt
circumfertur, Ægyptii Orum 3 Graci Apollincmvo-
cant. Apollon n'étoit donc pas le foleil, niais
le gérve folaire. Plutarque ( de Pythie, oracul.
p. 400. ) fait dire par un des interlocuteurs : Tu
Apolline m a foie alium cenfes ? Omnino , inquam 3
ficutluna a foie difert. Veriim luna , neque fape ,
I neque omnibus folertv occultât• Sol autepifcre apud.
I homines ' omnes, ut ignoretur Apollo ëjfecit 3 fenfu
inielligentiam avertens ab eô quod eft, ad id quoi
apparet. Cette idée rentre àbfolument dans la
nôtre } nous prétendons qu'on doit diftinguer
Apollon, ou l’alit e du génie, d'avec le fo’eil auquel
il eft uni, comme caufe motrice de la fphère folaire.
C'eft cette ame que Macrobe appelle Hercule
ou le foleil, qui in omnibus per omnia ; et
fpiritus qui aftra intus alit, ‘lucentemque globum
' luna,, &c. (V irgile, lib. VI. ). Macrobe( Somn.
feip. lib. z. c. 16. ) nous d it, f i vero ipftus mun-
dana, anima, motus requires, ca.leftem volubilitatem
& fph&rarum fubjacendum impetus intuere, ortum
occafumve foüs3 eurfus fyderum vel recurfus qua. omnia
anima movente provemunt. L ame du monde
étoit donc cenféê agir fur le cîeMes fixes, imprimer
le mouvement à toutes les fphères, &
voyager ou circuler dans le zodiaque avec les
planètes, & en particulier avec le foleil; voilà
pourquoi dans l'hymme d’Orphée on dit à Hercule
qu'il livre douze combats d’orient en occident,