aux comètes > 8c même aux étoiles. Voilà déjà les
noms allégoriques de quelques-uns des argonautes
».
« Toute la jeuneffe des princes grecs s’empreffa
pour entrer dans cette expédition} & parmi ces
princes il y en a plufieurs que nous avons déjà vu
être confteiiations. Cafior & Poilu*:} qui font évidemment
les deux gémeaux ; Efculape 3 qui écoit le
ferpentaire ( Bayeri Uranom. C&fii coel. âftr. 'poèt. )
Amphiaraüs 3 que nous avons vu être le cocher}
Jolas, autre Cocher qui avoit aflifté à la chaile
•deCalydon 3 qui étoit le cocher 8c le compagnon
d ’Hercule} dans des jeux célébrés par les argonautes
3 il remporta le prix à la courfe du char.
Parmi ces guerriers étoit Encore Télamon , qui. eft
le même qu'Atlas ou le bouvier. (Bayer Uranom.);
Périclyméne, prince tué depuis par Hercule , lorf-
que pour échapper au héros, il fe -transforma en
aigle 3 8c s'envola dans-le ciel : rufe inutile ! Il ne
put éviter fes traits vainqueurs 5 8c 1’ on voit encore
parmi les aftres 3 cet aigle infortuné avec la flèche
qui le perce > c’eft le dédommagement que lui ont
donné les dieux touchés de fon infortune ».
« Là étoit encore Théfée , dont tous les travaux
pareils à ceux d’Hercule 3 annoncent qu’il
étoit l ’Hercule des athéniens ( Vide Bayeri Uranom.
) & Phirithoiis fon compagnon & fon ami.
Pkiloàete, compagnon d’Hercule3 étoit un des
plus braves des argonautes. Célèbre par fon arc
-& fes .flèches , perforine n’ ignore fes malheurs,
,& comment une flèche lui écant tombée fur le
pied il fut mis hors de fervice. Si l’on veut bien
fe rappeler ce que j’^ai dit, en racontant la chaffe
du .fanglicr, du fagittaire3 fur le pied duquel tomba
la* flèche qui le blefl'a, on verra que Philoélète eft
le fagittaire lui-même. En effet-, on ne peut rien
faire:dans le ciel fans fon arc redoutable} 8c dans
le fiège iftronotnique de Troye on eut encore
feefoin de lui »,
» Hylas ou le Verfeau, petît-fils d’Orion, &
fonvoifin dans le firmament, fut encore un des
guerriers qui s’embarquèrent. On ne fait que trop
comment ce malheureux argonaute, jeune & d’une
figure charmante , chargé de fournir de l'eau à fes
compagnons 3 fut en puifer avec h cruche qu’il
tient encore. Il tomba_ dans les ondes, foit que fa
cruche l’entraînât, foit que les nymphes, éprifes
de fa beauté j le. tiraflent à elles. Hercule, qui l ’ai-
moit 3 quitta fes compagnons pour chercher Hylas,
gc les argonautes ne les virent plus ni l’un ni l’autre.
Mais fi vous regardez le planifphère, vous
verrez qu’à peine le-navire Argo eft-il monté de
quelques degrés dans le ciel, que le Verfeau dif-
paroît j 8c après lui Hercule ; ils n’afliftèrent donc
pas à la conquête de la toifon 5 ils étoient fortis
du vaiffeau».
» Je n’entre point dans le détail des autres argonautes
; ce détail me mèneroit trop loin. D'aS*
leurs, il y en a plufieurs dont nous n’avons que
les noms} les poètes ou les hiftoriens n’en parlent
qu’une fois , 8c il eft impoffible d’établir, à leur
fifjet, des conjectures folides. Mais au milieu de
ces êtres allégoriques, que fe ro ien tje vous prie ,
des. êtres réels ? ( Parmi les. argonautes étoient les
pères de plufieurs des prince= qui ont afliégéTroye:
Admète , .Pelée, Laërte , Ancée,Méléagre, &c.
chacun d’eux demanderoit une longue fuite d’explications;
Mais dans une expédition célefte, il ne
peut y avoir des perfonnages hiftoriqucs. ) À-tant
de héros il falloit un chef : il y avoit une toifon à ramener
de l’Orient }.cette toifon, c’ eft celle du bélier
porteur de Phryxus ; le héros qui la pourfuit doit
être aftronomique auflî, 8c nous devons le trouver
dans le planifphère. Pour que l’explication que je
donne foit exacte , on doit exiger que le héros
vainqueur du bélier foit une des confteiiations qui
fe lèvent quand le bélier fe couche ; car on a vu
que , dans le ftyie allégorique , la conftellation qui
naît eft le meurtrier ou le vainqueur de celle, qui
difparoît de déifias l’horizon ».
' » Deux confteiiations fe lèvent lors du coucher
du bélier ; c’ tft Hercule agenouillé & le Serpentaire :
un des deux eft phyfiquement le conquérant de la
to;fon. Quelques anciens ont dit, en effet, qu’Her-
cule avoit été le chef des argonautes} mais le plus
grand nombre s’accorde à dire que cette brave
jeunefle ayant prié Hercule de conduire l’expédia
ro n , ce héros le refufa, &r qu’ il nomma lui-même
Jafon comme celui qui avoir été indiqué par l’oracle.
Il faut donc absolument, que le Serpentaire fe
mette à la pourfuite du bélier jufqu’ea Colchide ,
& qu’il ne difparoiffe pas de deflus l’horizon, que
le bélier n’ y foit remonté ; c’eft la tâche qu’ il doit
remplir. Il faut enfuite que le Serpentaire foit Jafon
lui-même ».
» D ’abord on donne ce nom au ferpentaire, an
rapport de Céfius ( Coel. Afir. poèt. X I I I , pag.
146. ) 5 8c dans le grand nombre de noms que porte
cette conftellation, ainfi que toutes les autres,
elle eft appelfée aufti Jafon. Comme elle à fourni
à beaucoup d’autres fables, qu’il n’eft pas à pré-
fent de mon fujet de rapporter, il y en a qui font
relatives à la médecine, parce que cette conflélla-
tion, avec fon ferpent ou fes ferpens , portoit le
nom d‘Efculape, ainfi que je l’ai déjà obfervé. Le
nornde Jafon fignifie précifémenr. le médecin. En fia
on ajoute qu’ il avoit appris la médecine, du centaure
Chiron ( icttrù, Icôàfcat, fignifie je guéris,).
Chironzvoit aufti enfeigné la médecine à Efculape.
Nonnus , parlant du combat des confteiiations contre
le volcan Typhée, dit : « Le brillant Ophiucus
» Jance fon dard de fes mains qui chaffent les maux ;
» il fecoue le dos de fes ferpens nourris de feu
» ( Dionyf. L. I. J ». On voit ici que le d pub le
ferpent d’Ophiucus a donné lieu de dire quel*-
quefois qu’il y en avoit deux. Efculape eut quatre
enfans ,. Jafo , Hygjée , Églé, 8c Panacée ( tous
ces noms font relatifs à la médecine ) ».
*>' Le ferpent d’Ophiiicus avoit donné Heu aufti
à des fables allronomiques ; à celle de Cadmus,
qui cherche par-tout fi foeur Europe, 8c qui ne la
trouve que aans la région du Boeuf, en Béotîe ,
lorfque, félon l’oracle, ftÿoit un boeuf agenouillé,
comme eft en effet celui du planifphère, Cadmus
e u t, comme Jafon, un ferpent à combattre*} comme
lu i, il en fut vainqueur, & il en fema les
dents, dont il fortit des hommes armés. Mais le
ferpentaire eft aufti nommé Cadmus ( C&Jius.
ièid. J » <
» C ’eft en effet uns terrible combat que celui
du ferpent & de l’homme qui le tient. Il y a une
hiftoire où le ferpent eft le vainqueur, (Jeft celle
de Laocoon, autre nom du ferpentaire (ibid.) : &
je ne puis m'empêcher de dire ici d’avance, que
comme les afîat ques 8c les grecs avoîent également
des fables allronomiques, le fujet de la guerre
de Troye n’eft que le combat des héros qu’hono-
ro’ent les grecs, con're ceux qu’honoroient les
habitans de l’Afie mineure. Les guerriers de la
Grèce & ceux de l’Afie font les uns & les autres
dans le planifphère ».'
. » L ’homme qui porte un ferpent étoit donc
Efculape} -l'homme qui combat un ferpent étoit
Jafon.- Àlais, outre ce ferpent, il y en avoit un
qui gardoit la toifon, & qu’il falloit abfolument
fubjnguer, c’eft-à-dire faire dormir, faire coucher
avant que d’arriver au but de la courfe ; c’ eft celui
eue combattit Hercule dans un de fes travaux,
celui qui accompagne le navire, en un mot, Y hydre -,
célefie. Les anciens difent que ce ferpent étoit.aufîi !
long qu’un vaiffeau à cinquante ramés} en effet 3 il j
eft de la même longueur que le navire Argo, fur j
lequel il -eft placé. Il gardoit la toifon ; mais dans 1
le§ figures faites d’après Aratus. 8c Germanicus
( édit. d’Alde Manuce. M. I D. ) , il eft dépeint
grimpant fur un arbre dont il garde les fruits; le
ferpent efV appellé arborem confcendens. Cet arbre
portoit des fruits d’or; ç’eft laque fetenoit le fameux
rameau d’or qu’ il falloit cueillir dans les initiations,
avant que d’entrer en enfer} car j’ai déjà obfervé
que le pôle auftrat défigne le tartare } 8c Virgile
met les centaures 8c l’hydre de Lerne à la porte
des enfers».
| » Les anciens qui avoient fait du planifphère
un théâtre fidèle de toutes les fcènes qu’exécutent
les confteiiations , avoient parfaitement déiigné
l’objet d& cette conrfe ; car au foinmet de l’arbçe,
i!s avoient dépeint la .toifon d'or que le navire
■ alloit chercher. Apollonius 8c Valerius Flaceus ,
quignons ont tranfmis ces poèmes, le difent pofh-
tivemenf. cç Jafon 8c Médée, dît Apollonius, for-
» tirent 'du vaiffeau } ils fe rendirent dans le bo-
» cage où étoit la couche du bélier} c’eft lè qu’il
*» fléchit les genoux, Iorfqu’il eut tranfporté- fur
»3 fon dos le fils d’Athamas......... î -ds s avance-
»3 rent par un fer.tier étroit, jufques vers la foiet
facrée, cherchant ce hêtre immenfe auquel eioit
fufpendue la toifon, femblable à upe nuee que
» le foleil levant empourpre de fe^ rayons ».
( Apollon, Argon. IV . v. 114 6* E. IL v- 174'-'
& 1170. & Valerius Plaçais. ) Sur le dos du ferpent
étoit la coupe médicinale , ou de Medee , d ou
devoit découler la liqueur deftinee à affoupir le
dragon } 8c cette coupe s’y voit encore 3».
33 Voilà donc quelques-unes des confteiiations
qui entrent dans l’hiftoire de Jafon , parfaitement
défignées } le bélier qu’il va chercher, la toifon
qu’il doit conquérir, le ferpentqu’il doit endormir
, 8c le fleuve même qu’il doit traverfer avant
fon départj, le fleuve' célefte qui fe couche un peu
après que le ferpentaire s’eft le vé, 8c dans lequel
ce héros n’a pas le temps de mettre les deux
pieds. ».
s» Voici maintenant Thiftoire célefte du ferpenr
taire. Quand le bélier s’eft plongé dans les ondes,
pour prendre la route de la Colchide , le ferpentaire
, chargé de le ramener , fe lève dans le firmament
: le fleuve célefte eft près de difparoître ,
le fèrpentaire le traverfe.aifément} il s’embarque
fur le navire, il furmonte les taureauxcéleftes 8c
les force de labourer} il s’avance enfuite vers l’arbre
facré ; aidé de la coupe'de Médé e} il endort
le dragon énorme, 8c enlève la toifon. A peine la
queue de l’hydre a-t-elle difparu, que le bélieç
réparoît à l’orient} il fort des, mers de la Colclu-
de , 8c l’aventure eft terminée ».
» J’ai donné une deferiptjon exaéte de la marche
de cette conftellation : on va voir que l’htftoire
de Jafon lui eft parfaitement conforme. Un oracle
avoit annoncé à Péliàs , qui avoit détrôné Efon
roi de Theffalie, qu'il le feroit lui-même par un
defeendant d’Eolus : il conjectura que cette prédiction
ne pouvoit regarder que les enfans d Ëfon
même ; en forte qu’Alcimède fa femme ayant accouché
, il fit enlever le petit Dolomède {Y habile
médecin , -celui qui guérit avec adreffe ) , nommé
depuis Jafon ; il le mit fur un mauvais vaijfeau ;
8c l’expofa à la mer : mais fes parens le fauvè-
rent ; ils le cachèrent dans l’antre de Chiron , aux
foins duquel l’éducation du jeune prince fut confiée.
Cette circonftance eft purement aftronomique,
car le Serpentaire 8c Chiron fout enfemble
dans la partie cachée du ciel. Ils font également
enfemble dans la partie lumineufe , & nous verrons
qufil fervit encore à Jafon pendant fon voyage»»
: «Cependant, le jeune prince devenu grand,
8c inftruic par Chiron dans l’ art de la médecine*
fut appelé Jafon, ou le médecin. Il fortit de l’antre,
8c fe trouvant fur les bords du fleuve Anaure , il
y laboura. Le fleuve Anaure eft le fleuve célefte ,
qui n’ eft pas encore couché quand le Serpentaire
fe lève. Il eft appelle Anaure, parce qu’il y avoil
T t i j