
l 'utilité qu*on en retiroit, qu'il y avoit une infinité
de gens qui paffpient une partie de leur vie dans
les lieux d'exercices qu'on appelloit gymnafes ; il
eft vrai néanmoins que ces lieux étoient autant
deftines à la gymnaflique athlétique qu'à la gymnaf-
tique médecinale. Koye[ GYMNASE.
Les exercices qu'on y faifoit, confiftoient à fe
promener dans des allées couvertes & découvertes,
a jouer au palet, à la paume, au ballon, à lancer le
javelot, à tirer de l'arc, à lutter, à fauter, à
danfer, à courir, à monter à cheval, &c.
Une partie de ces exercices étoit pratiquée par
toutes fortes de perfonnes pour la fanté ; mais les
appartenions affeités à ce dernier ufage, étoient le
lieu des bains, celui où l'on fe déshabilloitoù l'on
fe faifoit décralfer, frotter avec des inilrumens
faits exprès, & oindre avec certaines drogues, &c.
Chacun ufo:t de ces exercices comme il lui plaifoit;
les uns ne prenoient part qu'à un L u i, pendant
que d'autres s'occupoient fucceffivement de plu-
fieurs. Lès gens de lettres commençoient, par ouïr
les philofophes & les favans quis 'y rendoient, ils
jouoient enfuite à la paume,ou bien ils s'exerçoient
de quelqu'autre manière, & enfin ils entroient
dans le bain. Il n'y a rien de plus naturel que cette
efpèce de médecine gymnaflique / tout homme judicieux
la doit préférer à celle.qui confifte dans
l'ufage des médicamens, parce que cette dernière
eft prefque toujours palliative , défagréable &
fouvent aangereufe.
Les romains ne commencèrent à bâtir des lieux
d’exercices., que long-tems après les grecs , mais
ils les furpaffèrent de beaucoup, foit par le nombre,
foit par la magnificence des bâtimens, comme
on en peut juger par les infcriptions des auteurs,
& par les ruines qui fubfiftent encore : on en étoit
fi fort épris à Rome, que félon la remarque de
Varron, quoique chacun eût le lien, à peine étoit-
on content.
La gymnaflique médecinale s au tems de Varron,
étoit déjà tombée dans des minuties auffi nom-
breufes que frivoles ; témoins les confeils' des
trois livres intitulés du régime , attribués fauffe-
ment à Hippocrate : ils ne roulent que fur les
différens tems propres à s'exercer; ils indiquent fi
ce doit êtrè à jeun ,s ou après avoir pris de la
nourriture, le matin où le foit, à l’air, au foleil,
ou à l'ombre5 s'il faut être nud, ou s’il faut
être habillé; quand il convient d'aller lentement,
& quand il eft néceflaire d’aller vite ou de courir.
C e même ouvrage traite de plufieurs autres minuties
, comme d’un jeu de main & de doigts,
prétendu très-utile pour la fanté, & qui s'appellent
chironomie : il elt auffi parlé d'une efpèce de
ballon fufpendu qu'on nommoit corycus , & qu'on
pouftoit de toute fa force ayee fes bras.
Mais cotfimè les bains compofoiertt principale^
ment la gymnaflique médecinale 3 auffi bien que la
coûturne de Te faire-frotter& de fe faire, oindre, il
arriva que l’application des huiles, des onguens &
des parfums liquides dont on fe fervoit, foit avant
foit après le bain, foit dans d’autres conjonctures,
occupa chez les romains, dans le tems de leur
décadence, autant de perfonnes que les bains
mêmes.
Ceux qui faifoient profeffion d’ordonner ces
onguens ou ces huilés aux malades & aux gens
fains, s'appelloientytfmz/ipGt, c'eft-à-dire, médecins.
des onguens y ils avôient fous leurs ordres des
gens qu'on nommoit unftores 3 qui ne fervoient
qu'à oindre, & qu'il faut diftinguer non-feulement
des unguentarii3 ou vendeurs d'huile & d onguens ,
mais encore des olearii, lefquels étoient des efcla-
ves qui portoient le pot.à elfence pour leurs maîtres,
lorfqu’ils alloient au b§in. v
Après avoir oint, & avant qu'on oignît, on
feottoit & on racloic la peau, ce qui étoit l'office
des frotteurs 3fricatores. Ils fe fervoient pour cela
d'un inftrument appellé ftngU3 fait exprès pour
décralfer la peau, pour ôter les relies de l’huile,
& même de la pouffière dont on fe couvroit lorsqu’on
vouloit lutter ou prendre quelqu'autre exercice.
Voye^ SXRIGIL.
C e n’ eft pas tout, les jatraliptes àvoient encore
fous eux les gens qui fe mêlbient de manier doucement
les jointures &• les autres parties du corps
pour les rendre plus Toupies > on nommoit ceux-
ci traftatores. G'éft de ces gens-là que parle Sénèque,
lorfqu'il dit, indigné des abus qui fé com-
mettoient à cet égard : « Faut— îlf que je donne
p mes jointures à amollir à ces efféminés ? ou faut-
» il que je fouffre que quelque femmelette | ou
» quelque homme changé en femme, m'étende
« mes doigts délicats? Pourquoin'eftimerai-je pas
» plus heureux un Mucius Scævola , qui manioit
m - auffi aifément le feu avec fa main , que s'il l'eût
p tendue à un de ceux qui profeffent l ’art de manier
» les jointures » ? Ce. qui mettoit Sénèque.,de
mauvaife humeur contre cette efpèce de remède ,
& contre ceux qui le pratiquoient, c'eft qu'ils le
faifoient la plupart par mignardife & par déli-
cateffe.
Pour dire ici quelque chofe de plus honteux ,
les hommes employoient à cet;ufage dès femmes
choifies que l’on appeiloient trattatrices ; je ne
veux pour preuve de cette dépravation que l’é-
pigrâmme de Martial contre un riche voluptueux
de fon temps.
Percurrit agile corptis. artetraëtatr.ix.
Manumque dottam fpargit omnibus membrisi
( Lib, III. epigr..8 * .).
1 Enfin dans ce genre de luxe, comme les huiles,
les onguensles parfums liq u id e s n e pouvoient
pas être commodément adminiltres fans qu on
n ôtât le poil ; on dépiloit induftrieufemént avec >
des pincettes, des pierres ponces, 6c toutes fortes
de dépilatoires compofés avec art : les hommes 3
qui fervoient à cet office , étoient appelles dro-
p a c ifu & alipilarii, & les femmes picatnces 8c
paratiltriæ. Ainfi là médecine gymnaflique 3 fimple
dans fon origine , devint minutieufe dans ta pratique
, & finit par dégénérer en rafinement de
luxe, de molleffe & de volupté. ( Article du
chevalier dx J aucoubt. ).
. ‘Gymnastique militaire , fcience des divers
exercices du corps, relativement à l'art militaire.
Les principaux de ces exercices étoient le faut,
le difque, la lutte, le javelot, le pugilat, la courfe
à pied & en chariot ; tous ces exercices furent
extrêmement cultivés, parce que donnant au corps
de la fdree & de l'agilité , ils tendoient à rendre
les hommes plus propres aux fonéiions de la
guerre ; c'eft pourquoi Sallufte loue Pompée de
ce qu'il couroit, fautoit & portoit un fardeau
auffi bien qu'homme de fon temps ; en effet,, de
l'exercice vient l'aifance à tour faire & a tout
fouffrir ; c'eft l’école de la foupleffe & de. la vigueur.
La foupleffè rend l'homme expéditif dans
Enfin, qùand les grecs n'eurent plus dé vertus ,
les inftitutions gymnafiiques détruîfirent 1 art rtn-
litaîre même ; on ne defeendit plus fur 1 arene
pour fé former à la guerre, mais pour fe corrompre
l'a&ion ; la force éleve le courage au-deffus des !
douleurs, & met la patience à l’épreuve des
befoins.
La gymnaflique militaire-procuroit ces grands
avantages , & entretenoit les forces de toutes
les nations ; elle fut établie chez les grecs par ;
les lacédémoniens & les crétois ; ils ouvrirent à |
ce fujet ces académies, fi célèbres dans le monde, 1
& qui, dans le fiècle de Platon , fe rapportoient
toutes à l'art militaire. Du temps d’Epaminondas,
le feul exercice de'la lutte contribua principalement
à Taire gagner aux thébains la bataille^ de
Leudres. C ’étoit pour perfectionner ces exercices
militaires, & pour exciter chez ceux qui les cul-
tivoient une louable émulation , que dans les
fêtes & les autres cérémonies folemnelles on cé-
lébroit des jeux publics, connus Tous le nom de
combats gymniques 3 où les vainqueurs recevoient
tant à'horineurs & de récompenfes.
Mais comme les coutumes les plus utiles s’al-
. tèrent, il arriva que ce qui n’étoit qu’un aiguillon
pour réveiller la valeur martiale, & pour difpofer
les guerriers à fe procurer des avantages folides,
en gagnant des vtétoires plus importantes , devint
le pur objet des divertifîemens publics auxquels
les peuples accouroient en foule pour couronner
les athlètes, qui rapportoient uniquement à ces
jeux leurs talens , leur genre de vie > & leurs
occupations les plus férieufes.
: du temps de Plutarque, lés parcs- ou
l’on fe battoit à nud , & les combats de la lutte.,
rendoient les jeunes gens lâches , les portoient a
un amour infâme , 8c n’en faifoient que des
baladins. (D . J - ). *
G YM N IÇU S . Muratori (6%4. 4. Tkefl. ) rapport
e l’épitaphe d'un enfant mort dans les exei?-
cices du gymnafe , Gymnicus :
SARINO in FONTE GyMNICO DULCISSlMOjt
QUI. v . A. IIÏÎ M. III. 1>. III.
PARENTES.
GYMN IQUE S ( JEUX ou COMBATS ).
Les jèux ou combats gymniques étoient' des
exercices célèbres chez les grecs & les romains.
. Ils prirent leur nom de la nudité des athlètes »
: lefquels, pour être plus libres , s'exerçoient nuds
ou prefque nuds.
Hercule, en inftituant les j»ux olympiques,
impofa aux athlètes qui dévoient y combattre la
loi d'y patoître nuds ; la nature de la plupart des
exercices ufîtés dans ces jeux, jointe a la chaleur
du climat & de la faifon où l’on tenoit ces fortes
d'affemblées, exigeoient néceffairement cette
nudité. Elle n’étoit cependant pas entière.; on
avoit foin de cacher ce que la pudeur empeche
de découvrir, & Ion employoit pour cela une
efpèce de ceinture , de tablier , ou d'écharpe,
dont on attribue l'invention à Paleftre , fille de
Mercure. Nous voyons cet, ufage établi dès le
temps d’Homère, qui appelle cette forte
de ceinture , dans la defeription du pugilat d'Eu-
riale & d'Epaus.
Mais vers la quinzième olympiade , s'il en faut
croire Denis d'Halicarnaffe, les lacédémoniens
s'affranchirent de la feryitude de l'écharpe ; ce
fu t , au rapport d'Euftathe , l'aventure d’un certain
Orfippë qui en amena I'occafion. L'écharpe
de cet athlète s'étant déliée , lorfqu’il difputoit
le prix de la courfe , fes pieds s'y accrochèrent,
en forte qu'il fe laiffa tomber, & fe tua, ou du
moins fut vaincu par fon concurrent, ( car on
compte la chofe de deux façons. ) C e malheur
donna lieu à un réglement, qui ordonnoit qu'à
l’avenir les athlètes combattroient fans écharpe, &
facriifieroient la pudeur à leur commodité, en
retranchant mêmecerefte d'habillement. Acanthe
le fpartiate fuivit le premier l ’ordonnance, & dif-
puta tout nud le prix.de la couife aux jeux olympiques
: toutefois les autres peuples rejettèrent
cette coutume, & continuèrent à fe couvrir de
l’écharpe ;dans la lutte & dans le pugilat ; ce