
729 de fa fondation, ce qui revient à l’année
2 c avant J. C . L’effet de ces fortes d’étuy^s ,dit
Collumele, eft de reveiller la foif, & de defîéc h elle
corps. On bâti (Toit les laconiques avec des pierres
brûlées ou defféchées par le feu. ( D. J ’ )
L A CO N IE . « Lycurgue, ditM- Paudôn dans
fa Métrologie , jugeant abfolument nécefta're ,.
pour rétablir dans la république deSparte, la paix
& le bon ordre, de partager les terres entre les
citoyens & les hubitans de la campagne , ofa pro-
pofcr , & fut allez habile pour exécuter ce hardi
projet. La plupart des habitans du pays étoient fi
pauvres, qu’ils n'avoient pas un léul pouce de
teire , & tout le bien fe trouvoit entre les mains
d’un petit nombre de particuliers. Pour bannir donc
l’infolence, l’envie , la fraude, le luxe, & deux
autres maladies du gouvernement encore plus anciennes
& plus grandes que celles-là, je veux .dire,
l ’indigence & lesexceftives richeffes , il perfuada
à tous les citoyens de remettre leurs terres en
commun , & d’en faire un nouveau partage, pour
vivre enfemble dans une parfaite égalité, ne donnant
les prééminences & les honneurs qu’ à la vertu
au mérite».
« -Cela fut aufïi tôt exécuté. Il partagea les
terres de la Laconie en trente mille parts, qu’il
diftribua à ceux de la'campagne, & il fit neuf
mille parts du territoire de Sparte, qu il diftribua
à autant de croyen-. La totalité des te>rcs de la
république fut ainfi divifée en trente-neuf mille
parts égaies, fi pourtant celles de la campagne
étoient égales a celles ci s la ville , ce qui eft au
moins probable. O r , la Laconie, mefurée fur la
Grèce antique de d’Anville, pouvoit contenir huit
cents mille arpens, en renfermant dedans les montagnes
de Taygète & de Z ’.rexj par conféquent
la part de chaque pète de familie lacédémon.enne
étoit d’environ vingt arpens. Cette petite pofk
kffion étoit aflurément fuffifanre pour fournir à
Li fubfiftance de dix perfonnes au moins. Car je
crois que deux arpens peuvent procurer tous Es
befoins à une perfonne ; ce qui fe rapporte d’ail-
!cu:s aux obfêrvarions faites en Allemagne. On y
prétend qu’un mille quarré peut fournir aux besoins
de fix mille perfonnes; c’eft 179 c’eft-à-
dire , moins de deux arpens par perfonne. Trois
perfonnes au plus dévoient fufflre pour faire valoir
ces vingt arpens, ce qui fuit des mêmes obfer-
Vations d’après lefquelles on compte que le travail
de vingt-cinq perfonnes adultes fiiffit pour procurer
à cent autres, aufiî adultes, toutes les chofes
néceflaires à la v ie , fuivant notre confommaiion
actuelle en Europe ».
Mais quel réglement fit le légiflateur de Lace’-
démonç , pour rendre permanente & inaltérable
«eue première diftribution des ter.es ? Un violent
tç «rush Auffi-tot qu’un enfant étoit n é , les ancicns
de chaque tribu le vifitoient j 8c s’ils le trou-
voient bien formé , fort & vigoureux, ils ordon-
noient qu'il fût nourri, & lui afflgnoient une des
neuf mille portions pour fon héritage : fi au contraire
ils le trouv.oient mal fait, délicat & foi-
b!e, & s’ils jugeoiert qu’il n’auroit ni force, ni
ianté, ils le condamnoient à périr, & lefaifoient
expofer. Voilà donc apparemment le moyen par
lequel les lacédémoniens régloient l’étendue de la
population fur celle des hérédités. Il eft certain
que la population pouvant naturellement devenir
plus ou moins grande, il auroit fallu faire de
temps en temps, de nouveaux partages pour con7
ferver l’égalité , comme cela fe pratiquoit tous les
huit ans chez les dalmates, fuivant le témoignage
de Strabon. C e moyen doit être fort embarraffant,
& peut contribuer à étejudre l’émulation dans les
cultivateurs, prévenus par cette loi que l’amélioration
qu’ils feront à leurs terres ne fera ni pour
eux, ni pour leur poftérîté. Mais les inconvéniens
que l’on rencontre dans cette légiflation, fe retrouveront
toujours fous une autre forme, de quelque
manière qu’ on s’y prenne, parce qu’il ne dépend
pas de nous de fixer les bornes de la population ».
( Métrologie de M. Paucîon.)
L acon ie ( marbre de ). Lacônicum marmor.
Les anciens donnoient ce nom à un marbre verd
d’une grande beauté , mais dont la couleur n’étoit
point uniforme ; il étoit rempli de taches & de
veines d’un verd ou plus clair , eu p’us 1 bfc.ur que
le fond de la couleur. La reftemblance avec la
peau de certains ferpens l’a fait appeller ophites
par quelques auteurs : il ne faut point confondre
ce marbre avec le ferpentin , que l’on a suffi appelle
ophites.
Le nom de ce marbre fembleroit devoir faire
conjecturer qu’on en droit de la partie de la
Grèce , qui eft aux environs de Lacédémone ;
cependant on dit que les romains le faifoient venir
d’Egypte. Aujourd’ hui on en tiouve en Europe,
près de Vérone en Italie, en Suède, & en Angleterre
près de Br ftol. Il paroît que ce marbré
eft le meme que celui que les marbiiers nomment
verd d'Egypte , ou verd antique.
LA C R IM A TO IR E , vafe où petite bouteille
de verre , ou de terre , à long col , que l'on
trouve dans les tombeaux des anciens. Schoèfflin
& Paciaudi (Schoëfflin , Mémoire fur la huitième
légion , Académie des Infcriptions, tom. X. page
162. Paciaudi Monumenta Peloponefia, troifième
partie , page 180. ) , membres de l’Académie des
Belles-Lettres de Paris, ont donné la connoif-
fan ce du véritable ufagede ces vafes. Ces deux
académiciens n’ont fait qu’indiquer cet ufage,
fans donner aucun. detail s: le fécond,. fur tout,
n’a employé que le rid;cule pour combattre l’opinion
des Chifflet * des Kirchman, des Sméthius,
&rc. On doit cependant à la célébrité de ces
érudits un corps de preuves qui puiffe balancer
leur autorité.
Les favans qui penfoient que ces vafes avoient
fervi à recueillir les larmes des parens ou des
pleureufes gagées, s’appuyoient en général fur h
forme'ronde 8c évafée des goulots, commode
pour embraffer le globe de l’oeil ; fur la petite fie
des vafes proportionnée à la rareté des larmes ;
furies expreffiohs la c r ymaspof u i t & cum la c r y m is
p o n e re ; enfin fur la tranfparence du verre favorable
à la. vanité des affligés 8c à leur douleur af-
fedftée. Ceite dernière preuve fur tout leur a
paru fi concluante, qu’ ils l’ont tous étendue avec
une complaifance incroyable. Du Molinet, un de
mes favans prédécefleurs, eh .ajoute une fi extraordinaire,
qu’ elle doit être rapportée dans fes propres
termes ( le cabinet de fainte Geneviève-, p.
16. ). Les larmes s’étant condenfées dans les
» phioles par fucceffiôn de temps , y ont., fait un
» vernis de couleurs changeantes , qui elVle plus
» beau du _ monde......... .. & plus bas . . . . . . . On
» trouve aufli fouvent dar.s les tombeaux dessan-
» eiens, & même dans ces phioles dont ;e viens
» de parler , des cuillères qui fervbient à recuillir
» les larmes qui découloient des yeux de ces
» pleureufes, & à les mettre dans ces la c r y m a -
toiles ||ï '
Il eft aifé de voir que ces c o u le u r s c h a rg e a n te s ,
ces iris des la c r y m a t o ir e s , n’ont pas une origine
différente de celles qui naiffent fur tous les verres .
placés dans des endroits habités. On les apperçoit
fur les bouteilles qui o ;t féjourné long-temps dans ;
les caves , fur-' les vitres expolees aux vapeurs des
matières annales, des latrines y par-tout, en un
mot, où l’on peut foupçonner l’exiftence de va- :
peurs putrides & la préfence de l’alkali volatil
fourni fi abondamment par la décompofition des
fubfiances animales. Lé fentiment de du Molinet
n’engage .donc .pas à admettre dans ces vafes
d’uiTe maifère que des baumes liqi.iks propres
a -arroiër ie bûcher, ou les cendres des mores.
Ce qui eft encore prouvé par les cuillères de
bronze trouvées dans les la c r y m a t o ir e s -, & par
la petîtefîe des vafes. On faitrà quel prix fe vendaient
à Rome les parfums de l’Orient ; & Pline
parle dans le ch'ap. I. de fon 1 3e livre, d’une
compofition de parfum qui s’écoit vendue , fe'on
levaluation d’Hardouin , depuis dix jufqu'à cent
vingt de nos livres. Telle étoit la véritable caufe
de la pctirefTe des la c r y m a t o ir e s . La cherté
extraordinaire des parfums & des baumes n’a pas
empeche cependant le luxe d’ étendre fon pouvoir
jufque fur les triftes monumer.s qui les rer.fer-
moient 5 car ie cabinet des antiques de fainte-,Ge- j
nevieve ela pofsède plufieurs de fix & huit pouces j
de hauteur, & un, entr’autres, trouvé à Lyon,
qui a plus de feize pouces de hauteur. Demandons
aux antiquaires qui, pour rempb’r ces vafes avec
des larmes, fe font beaucoup étendus fur la facilité
avec laquelle les femmes pleurent ordinairement
, & fur un redoublement de larmes que les
pleureufes favoient fe procurer en raifon de leurs
honoraires 5 quel convoi, difons plus, quelle
ville en pleurs aura pu fournir h 111 pouces cubiques
de larmes? Quel dommage qu iis ai.-ne ignoré
le moyen employé par les chinois, pour s’exciter
à pleurer. Ils pafflnt,un fi) par un point lacrymal
dans leurs narines, & le remuent en tout fens
pour s'arracher des larmes. ( Haller, commentais
fur Bocrhaave. ) .
Ils ont d’ailleurs beaucoup in fifre fur la tranfparence
du verre, qui d'onnoit occafion aux héri-
t’ers de montrer par la hauteur du fluide combien
ctoi-nt grandes leur douleur & leur affliction. Mais
il eft conftant qu’on a trouvé p.’ufirurs lacrymatoires
de terre cuite, comme l’a affluré Le bnitz,
dont le témoignage cependant a été reje.té par
Baruffakli, dans fa diflertation de Préfets. Le cabinet
de fa nte Geneviève en renferme autant
d’aigi e que de verre, & l’on en admire un , en-
tr’autres, d'albâtre gypfeux , appelle Alabaflrite
par les anciens. La forme de fon goalot le rend
encore p’us recommandable que fa mat-ère ; à
pe-ne a t-il trois lignes d’ouverture. Eft ce la une
forme (o : mode pour recueillir des larmes ? L’c-
tonnement redouble à la vue d’un lacrymatorre
de verre, dont la bouche eft figurée comme un
coeur : forme çonfacrée à des vafes faits pour
verkr des liquides, &: jamais à ceux qui deroieot
L s recevoir. Elle eft parfaitement fer .blable à celle
de p’ufieurs vafrs t t ufques & de deux des Prefc-
ri.eulum du même cabine t. Gn peut le regarder
lui feul comme une démonftration complette.
Quel nouveau degré de force ne recevra t-el’e
pas, fi l’on jette les yeux fur un lacrymatoire
que pcfïédoit M. Picard, 8e qui eft aéluJ-ement
dans la coiL&ion précieufe de M . l ’abbé de Ter-
fan ! Ce vafe de verre eft à l’ ordinaire iurmonté
d'un petit goulot, & fon ventre eft percé d’un
trou auquel répond un autre goulot long & conique,
femblable à celui des théières.
Plufieurs de nos lacrymatoires de verre ont
fouffert d’un coup de feu affez fort pour les
avoir ramollis 8c aplatis. Prêtera t on cette chaleur
aux cendres renfermées dans l’urne avec ces
vafes ? Mais on fait que les anciens arrof fient de
vin, d’huile & de lait les rtftesdu bûcher, avant
que de les p’acer dans l'urne cinéraire. Cet ufage ,
qui avoit été défendu comme une. profufion par
la loi des X II tables, mais qui n’en émit pas
moins adopté par toutes les nirons fourni fes aux
romains , eft configné dans cette jolie épitaphe
que Gruter nous a confervée. Un efclave l'avoir