chant. Les uns difent qu’il y fut cueillir des
pommes d’or , & d’ autres difent qu’il enleva
des brebis à toifon d’or ; & cette différence
vient de l’équivoque du mot G re c , pfaoi , qui
lignifie brebis & pomme. Quoiqu’ il en foir, elles
écoiènt gardées par un dragon , & ce dragon eft
celui qui eft au pôle , & qui porte encore le nom
de Cujîos hcfperidum.
Le voyage A'Hercule en Hefpérie s’explique
Amplement par l’arrivée de la tête d‘Hercule à
Ihorifon occidental ou au couchant, & par le
coucher fuccefïif des étoiles de la partie fupé-
rieure d’Hercule, qui fe fait pendant que le fo-
leil parcourt le Cancer, ou durant le douzième
mois.
Pline convient que le nom de jardin des Hef-
pérides vient, non pas des filles d’Hefperus,
mais du couchant 5 de là le nom d’Hefpérie ,
donné à l’Efpagne.
Nous fommes alfoz de l’avis de Paîéphate,
qui croit que^A« figniSe des brebis à toifon d’or,
& non des pomme- ; parce que fi nous, confinerons
l’afpeéfc du foir à l ’entrée du foleil dans ce
ligne , nous verrous que comme l’arrivée <\*Hercule
en Hefpérie, ou au couchant, fixoit le
matin cette époque 5 le lever les étoiles de Cé-
phée la determinoit également le foir. Dans les
anciennes fphères on peignoit à la place de Cé-
phe'e , un berger avec un troupeau de b rébis. ïbi~3
difoit Cæfius (page 1 1 4 ) , & Hydesa fragmenta
A^ophi oflendunt paftorem curti ovibus & cane. Cette
conftellation eft exactement placée fur le dragon,
Cufios hcfperidum , qu'on difoit avoic été le gardien
des brebis dorées.
Nous avons démontré ailleurs, en expliquant
le cycle des douze animaux , fi fameux dans tout
l’orient, que la brebis répondait au cancer , &
nous l’aVons expliqué comme i c i , par les bre-
J)Ts de Céphée. I! fe lève acronîquement pendant
tout ce mois, jufqu’à ce que le foleil arrivé
au dernier degré du figne du cancer, termine fa
ccurfe au lever du verfeau.ou de fon urne, en
grec Calpe ; nom que porte encore cette conf-
tdiation , & que les anciens donnoient au terme
de la côurfe du génie fol aire Hercule.
Apoiiodore dit auffi qu'Hercule arrivoît aux extrémités
de l’univers dans la coupé du foleil. Au
refie, cette coupé peut être aufli-bien la coupe
célefte, que l’ urne ou le vafe du verfeau ; elles ont
toutes deux le même nom , & toutes deux ont pu
également bien dérerminer cette apparence agronomique
, & le terme delà courfe du génie folaire.
En effet, lorfque le foleil parçouroit le cancer,
& arrivoit au lion , cette conftellation difpardifibit
au.couchant, le foir, en afpe& avec celle du verfeau
qui fe trouvoit à l’orient. On a donc pu également
faire allufion à cette coupe r Calpç, ; elle a
cot avantage même fur celle du verfeau, quelle
s’appelle encore coupe d'Hercule ( Cs.fius, pag. 274,
& Macrobe ),-Cette même conftellation fe couche
au folftice d’é té , avec les premières étoiles
du centaure célefte, au lever du fleuve du verfeau.
Or , la fable dit qu’Hercule, après avoir
achevé fes travaux, paffe le fleuve Irène, & meurt
revêtu de la robe du Centaure qu’il a tué, & dé*
Yoré de feux ; allufion aux chaleurs foftitiales.
Travail d'Hercule enfant•
Je terminerai cette explication par celle d’un
des travaux d’Hercule encore enfant, que l’on ne
compte pas dans le nombre des douze travaux du
héros, mais qui n’en eft que plus propre à prouver
l ’origine aftronomique des travaux d'Hercule*
Théocrite , dans fon idylle fur Hercule enfant,
nous dit qu’à l’âge de dix mois, il triompha de
deux ferpens, l’ un mâle l’autre femelle , à
l ’heure de minuit, lorfque l’ourfe avoit paffé le
méridien , qu’Oriorr venoic de fe lever tout
entier} une femme au lever du foleil, eu jetta
les cendres dans un fleuve en détournant la tête.
La • plupart de ces cir confiances femblent n’être
qu’une broderie poétique, dont on ne croiroit
pas pouvoir rendre compte dans l’analyfe d’une
fable allégorique; cependant Hercule célefte , ou
l’Ingeniculatus , qui porte encore le nom d’Hercule s
fur nos fphères, remplit toures les conditions de
la fable de Théocrite. La nalliance ou le lever
héliaque de la confteilation d'Hercule | commence
lorfqueJe foleil eft parvenu environ au vingt-cinquième
degré du feorpion. Alors on voit dansl’hé-
mifphère fupérieur*, l’hydre de Lerne déployée
toute entière ,, & une grande partie du ferpent
Ophiucus, qui eft près d’Hercule ; l’une eft
le ferpent femelle., l’autre le ferpent mâle qui
affiègentfon berceau. Ces deux conftelîations font
fi étendues, & tellement difpofées fur la fphère,
qu'il n’y a qu’une feule ^pofition où elles paillent
être toutes deux dans l’hémifphère inférieur ou
fous rhoriforrç c’eft ce qui arrive lorfque le foleil
eft parvenu à 2 y degrés environ du figne de
la vierge, dix mois précifément après le lever
& Hercule 5 à l’heure de minuit, la petite ourfe've-
vant de piffer le méridien , & Orion venant de fe
lever , Hercule eft alors prefqu’entier fur l ’ho ri fon,
fa tête touche l’horifon occidental j mais les deux
ferpens font deffous, la queue de l’un touche l ’horifon
occidental, la tête de l’autre le bord oriental,
où il va paroître. Quelques minutes, plutôt
ou plus tard, il y a toujours un de ces deux fet-
pens fur l’horifon, & le plus petit mouvement
du globe à droite ou à gauche, fuffit pour les y
ramener. C ’eft donc à l’heure indiquée par Théocrite
qu ‘Hercule triomphe de toits deux. La femme
qui jette au lever de l’ aurore'lès cendres de ce monf-
tr e , dans un fleuve auquel elle tourne la tête >
c’eft la vierge dont la tête fe lève alors héliaque-
ment au coucher des premières étoiles delçridan,
auquel elle tourne le dos dans nos fpheres. Il
feroit impoffible que les circanftances les plus
minutieufes. de cetce fable , fe rencontraffent dans
le triomphe de l‘Hercule célèfte , fur les deux fer-
pens-conftellations , fi le récit de Théocrite n etoit
pas une ancienne fable aftronomique.
Ain fi il n’eft pas un feul travail qui réfifte à
l'explication aftronomique; non-feulement chaque
explication jfolée prouve la vérité du principe: que
nous avons établi ; mais la fucceffion meme donne
prefqüe la force de la démonftration a chaque
folution particulière. L’application que nous lai-
fons de l’aftronomie à l’explication des douze
travaux d'Hercule , & le rapport que nous fup-
pofons qu’ils ont avec les douze lignes» n'eft point
une idée nouvelle: mais n’ayant jamais ete démontrée
, on l’avoit mife au nombre des autres
conjectures des anciens , fut la fable ou l'hiftoire
allégorique de ce héros.
Le fchoLafte d’Héfiode Tavoit dit en parlant
du mariage d'Hercule avec Hébé ou la jeuneffe;
benè prorfits & fapienter de Hercule pe’ hibetur quod
He 'bcn in uxorem duxerit ,*.......... ubi eiiimfol totum
Zodiacum unius anni fpatlo permeando emetitus ejl3
jam titm veluti ad juventutis principium de noyo rever
fus in yer.e nobis appqret. Ma;s l’équinoxe de
printemps étoit alors au taureau célefte , figne dans
lequel on plaça Europe. Voilà pourquoi dans le
beau marbre de Gori, on voit Hercule avec Hébé
& Europe. Les autres perfonnages font des fa-
tyres & des faunes, divinités à pieds de bouc,
qui empruntèrent leurs attributs de Pan ou delà
chèvre célefte, qui fixoit alors par fon,coucher
& fon lever, l’équinoxe de printemps.
Enfin , Eufebe, dans fa Préparation évangélique,
< hv. 3 , chap. 1 1 ) , ' s’exprime ainfi : foleni
HeracUa, aut Herculem appellarunt , quem etiam
duodecinucertaminum labore defunttum ejfe fabulan-
tur 3 ex le f i s orbis in duodecim figna divifionem
fymbolo hoc declarare cupicntes. Toute la d fference
qu’il y a entre nous & ces auteurs , c’ eft i*. qu’ils
ont attribué au foleil ce que nous attribuons au
génie folaire ou à l’ intelligence , qui étoit cenfée
guider fa marche & faire avec lui. le tour du
monde; & 20. qu’ils ont confervé cette tradition
ancienne fans la développer , & peut-être ;
fans la bien comprendre ; au lieu que nous croyons
avoir bien réfolu îe problème.
11 eft encore plufieurs traditions qui confirment
le rapport d'Hercule aux douze lignes. On dit qu’il
éleva douze autels aux douze grands Dieux, allu-
fion au génie proteCleut des douze lignes & des
douze mois.
L’oracle deDelphe Iqi ordonne de fe rendre à
Tyrinthe, &: de fervir douze ans Eurifthée; ce
nombre eft allégorique ; Hercule accorde les honneurs
néméens a trois cents foixante jeunes gens
qui l’aidèrent dans fes travaux, & périrent pour
lui. Ce nombre eft celui de crois cents foixante
degrés du cercle & des jours de 1 annee fans
épagomènes.
Voilà donc ce héros dont la plupart des rois
de la GrèceTe difoient defeendus, comme les Péruviens
fe difent enfans du foleil ; un héros dont
on -à fait la généalogie, & qui a dans 1 hiftoire
une exiftence réelle , qui fe trouve n’etre qu une
conftellation , chantée -plus de deux mille ans ,
avant Hérodote, & plus de douze cents ans
avant l'âge où T on fait vivre le fils d Alcmene.
: On dira, fi l’ on v eu t, qu’il a exiilé un prince
\ grec qui a porté ce nom ; cela peut_ être, ilu -
fieurs perfonnes ont cru que je voulais attaquer
l’exiftence des héros qm ont porté fur Ja terre
le même nom que les génies étoiles ; ce n eft pas-
l.i mon deflein. Je dis qu’on a confondu I hiftoire
de l'homme avec celle de fon patron , celle du
ciel avec celle de la terre, & je cherche a denteler
ce cahos/; cependant quand on parle d Hercule +
c’ eft toujours de celui dont nous venons d expliquer
les travaux, & c’eft celui-là même qui fe
trouve nommé dans les généalogies des princes
grecs, & dont le fiècle eft une époque chrono*
logique. ( Fin de l'article de M . Dupuis ).
Hercule, ainfi que Mercure, préfidoit aux poids &
aux inefures. On lui avoit donné ce département, a
caufe de fon amour pour la juftice. Les etrufques
avoient précédé les romains dans cette attribution 5
car on trouve au cabinet de Florence des poids
antiques marqués d’une maflue & de lettres etrufques.
La colle&ion d’antiques de Ste. Geneviève, à
Paris , en renferme trois femblables, publies par
du Moiinet (.pag. 49. ).
Voici des inferiptions latines qui attellent ce
; département d’ Hercule ( Fabrettiinfcript. y 28. ) :
' H ï R C U L I , P O N D E R U M
'Q. Æ M I L I U S. V I B I A N JS S
B. T R 1 B. C O H. I I I.
& la fuivante : ■
S A C R Y M . H E R C V L I .
M A Gi V I C I. A N N I XI
A, A. M A R C I I. A T H I N O D O R
L I É . H I L À R V $• E ■ £. B E L LO.
N. L V C I Y S . H E R M E R O S
æ q v i t a s . M A G I S T E R
P O N D E R A . A Y R A R I A . ET?
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