
cet admirable effet, & elle devint mère de Mars•
J.unon lit élever le jeune Mars par Priape, de
qui il apprit la danfe & les autres exercices^du
corps, comme les préludes de la guerre. C ’eft
pour ce la , dit Lucien, qu’tn Bythinie, on of-
froit à P ri apc la dîme des dépouilles qui étoient
confacrécs au dieu Mars.
Les principales aventures de Mars font le jugement
qu’il fub:t dans le confeil des douze dieux
pour la mort d’Allyrcthius ; la mort dé fon fils
Afcalaphus, qu’ il voulut venger contre l’ordre
de Jupiter, la bleffure qu’ il reçut de Diomède;
4hn combat contre Minerve, & fon adultère avec
Vérus. .
Mars ayant appris qu’ Allyrathîus, fils de Neptune,,
av oit fait vfofince à Alcippe , vengea fa
.fille, en tuant la ite ur du crime." Neptune, dé-
fofpéré de la mort de fini fils, fit appeller Mars
en jugement devant les douze grands dieux du
c ie l, qui l'obligèrent de défendre fa caufe. Mars
fe défendit fi bien, qu’il fut abfous.
Afcalaphus , fils de Mars, qui comraandoit les
béotiens au fiège de T ro y e , ayant été tué, le
4L u en fut fi pénétré de douleur , que , fans
craindre le rtflentiment de Jupiter,-qui avoit défendu
aux dieux .de prendre parti pour ou contre
les troyéns, « il ordonne à ia Fureur & à la
s« Fuite, dit Hoir ère , d'atteler Ion char, &
» prend fes atmes éclatantes. Il alioit, dans ce
» moment, allumer dans l'efprit de Jupiter une
Si colère bien plus furieufe, fi ia déelfe Minerve
» n'eû-t couru fur-ie-champ après -lui. Elle lui
« arracha fon cafque, fon bouclier, fa pique,
*> & d’un ton pkifi d'aigreur, elle lui d t : Fu-
» freux & in'enfé que vous ête s , ne confervez-
» vous donc plus aucun refpiét pour le maître
» des deux , & avez-von s oublié fa défenfe ?
x> Retenez le reffent-iment qu>e vous in (pire la
» mort de votre fils : de plus braves que lui
» ont déjà mordu la poùfiière, ou la mordront
» bientôt. Eli-il poflible , dans les fanglans com-
y> bats, de fauver de la mort tous les fils des
» mortels? TEn finiffant ces mots , elle ramena
* Mars, & le fit affsoir, malgré fa fureur ».
Mars ayant pris parti pour les troyen-s, contre
la parole qu’il avoir donnée à Minerve ; cette
déelfe excite Diomède à aller combattre contre
le dieu même des combats- Ne craignez , lui
dit-elle, ni le dieu Mars, ni aucu» des immortels,
pouffez vos chevaux droit à lui, & frap-
ehe fait une cruelle bleffure au dieu, & déchire
fon beau corps- Mars, en la retirant,, jette un
cri épouvantable, & tel que celui d’une armée
qui marche pour charger lVnnnni. 11 s’élève
auffi-tôt vers l'Olympe, au milieu d'un tourbillon
de pouffière ; & le coeur ferré de douleur & de
triflelfe , il montre à Jupiter le fang immortel qui
coule de fa bleffure, lui porte Es plaintes, contre
Diomède & contre Minerve, qui l’a enhardi à
ce combat « Jupiter le regardant avec des veux
» de colère: Inconftant, perfide', lui dit-il; de
» tous les dieux de l’Olympe, tu m’es le plus
» odieux: tu ne prends jamais plaifir qu a la dif-
» corde, à 12 guerre fie aux combats.. . . Ce-
» pendant, parce que Mars eil fon fils, il or-
» donne au médecin des dieux de le guérir. Péon
» met fur fa b’effute un baume exquis,, qui le
» guérit fans peine; car, dans un dieu , il n’y
» a rien qui foie mortel ».
Homère ( au 8 e. livre ■ de f Odyfte ^ fait chanter,
devant Ulyff-, par un chantre divin, les amouvs
de Mars & de Vénus. Le dieu av«,ic eu une
première fois les faveurs de la déeffe ", dans le
palais même de Vulcain. Le loleil, qui le vit,
eq alla d’abord avertir le mari qui, outre de
l’offenfe & avide de vengeance, fe mit à forger
des liens indffolub’es pour arrêter les coupables.
Il tendit ces liens autour du lit, & les difpofa
de manière que, par un fecrit merveilleux, ils
dévoient envelopper les deux amans, des qui.s
feraient couchés. Ifs teffemb oient à des toiles
d’araignée ; mais ils étoient d’une fi grande fi-
neffe,~ qu’ ils ne pouvoient être apperçus d’aucun
homme, non pas'même d’un dieu. Quand le piege
fut tendu, Vulcain fie femblant. d’aller à Loti*-
nos : les amans en furent informés, & ne tardèrent
j>ez-le de près, fajxs refpedter ce furieux, cette
épelle publique qui fait tant de maux à tous les
mortel s. -Mars n’eust pas plutôt apperçu Diomèd
e , qu’il marcha contre lui , & lui allongea un
gr. nd coup dé piqué, que la déelfe eut foin de '
détourner. Diomède, à fon tour, lui porte un
grand coup : Minerve conduit la pique, & 1
U. fait entrer bien ayant au-dt flous des côtes > I
pas à fe voir. Le fblei!, qui fa fi it fen-
tinelle pour le mari, l’avenit du fuccès de les
pièges. Vulcain, à cette vue* eft faifi de fureur,
& fe met à crier avec tant de force , qu’il affein-
ble tous les dieux de i’Olympe. La plupart rient
de l’aventure, & les moins fëvères témoignent
qu’ils ne feroi'ent pas lâchés d’être découverts à
ce prix. Neptune ell le feul qui ne rit point?
mais cependant il prie infomment Vulcain de délier
Mars*' en lui promettant de fa part une entière
fatisfiâiion : Vulcain, à la prière de Neptune,
& fous fa caution, défait ces merveilleux
; liens. Les captifs, mis en liberté, s’envolent auf-
fi-tôt ; l’ un dans la Thrace ; l’autre à Paphos.
Mars} comme dieu de la guerre , étoit toujours
accompagné de la vidl >ire & de la terreur*
Il n’ étoïc cependant pas toujours invincible. Vty'
A lo ïdes.
Les poètes racontent que Vénus rendit Man
père de la Terreur & de la Crainte,^«»«? & At/pfj
deux fils, félon le genre grec, & de l’Harmonie
( Théogon. 734. 957.) appellée auflî HeEn>î®IlC,
oui époufa Cadmus. Mars eut encore de Rhea ,
Romulus & Rémus , Evad -.e de Thebe , fille
d’Afopus, & il fut auffi pèpe de Cycnus tue par
Hercule. Bellone étoit (a foeur. Les anciens ha-
bitans de l’Italie donnoient à Mars pour époufe
Mëréine. ( Plaut. Trucul. aH. x.fc. 6. Aul. Gell.
Les anciens romains, dit Varron ,, adoroient
Mars fous la figure d’une pique , avant qu’ils
èuffent appris à donner une forme humahre a
leurs dieux. Chez les fcythés,,c’étoit une épée qui
figuroit Mars.
Il ne paraît pas que le culte de Mars ait été
fort répandu dans la Giece ; car Pau&nias, qui
fart mention de tous les temp’es des dieux & de
toutes les ftataes qu’ ils avoient dans la Grèce , ne
parle d’aucun temple de Mars , ^m iis feulement
de deux ou trois de fis llatues. C eft chez les romains
p.rinc-palement qu’il faut chercher le culte
de ce dieu , parce qu’ il n*y à point de lieu où il
ait été tant honoré qu’à Rome» Les romains regardaient
ce dieu comme le père de Romulus &
le protecteur de leur empire. \?armi les tempjes
qu'il eut à Rome , celui qu’Auguite lui bâtit
après la bataille de Phtlippes, fous le nom de
Mars le Vengtur, étoit des plus célèbres. Vitruve
«ht qu’ordmaircment les temples de Mars étoient
hors des murs , afin qu'il n’y ait point de diffen-
tion entré le peuple , & qu'il foit l i comme un
rempart p ur délivrer les murs des périls de ia
guerre. Mais Ce t ufage n’étoit pas firivi par-tout -,
puifeti’ i Halvcarnaffe , félon le imême Vkruve ,
le temple de- Mars , dont la ftatue étoit coloffale ,
étoit jücué a» rmhtu delà fortt-reffe. Les falser.s ,
prêtres de Mars, formoient à Rome un collège
facerJotal très-co.:fidérable» Voye% Sal iens .
On immoloit à Mars le taureau, le verrat &
le bélier : quelques-uns lui immolaient des chevaux.
Les lufî aniens lui offroiert en facrifi.ee des
boucs & des chevaux, & même leurs ennemis
captifs. Les carions lui facrifiaient des chiens , &
les feythes des ânes. Les Caracores dit Elien , lui
facrifioient les ânes les plus gras qu’ils p/»uvoient
trouver. Les lacédémoniens tenoient fa ilatue liée
& garotcée , afin que le dieu ne les abando-nnâc
pas dans les guerres qu’ ils auroient à foutenir.
Les jours célèbres à Rome pour Je culte de
Mars étoient le 4 des ides de mai, ou le 12 de
mai , & le i®r août. On célébroit’des jeux & des
combats en fon honneur. Les féconds jeux de
Mars furent établis en mémoire de la dédicace de
fon temple, qui fe fit ce jour-’à .’Ces jeux con-
fiftoient en courtes de chevaux & en combats
contre des bêtes. Dion rapporte (//£. LP7. ) que
dans une de ces fêtes Germanicus tua dans le
cirque deux cents lions.
Les pierres gravées & la belle ftatue de Mars
de la villa Ludovifi à Rome, où il paroît tel
que l’a décrit Lucien, nous repréfentent Mars
jeune, fans barbe & en repos. On connoit cependant
quelques pierres en petit nombre où
Mars paroît avec de la barbe , ainfi que fur une
médaille de Syracufe ( Beger. Thef. Brand. 1.
pag. 18 J. ).
Cafanpva a foutemi qu’on ne Voyoit jamais fur
les médailles Mars avec de la barbe. Les médailles
des. lucaniens, de Métapontse, de Petelinum,
des BruttieriiS , des familles romaines avec m a r s ,
v l t o r . & ad&eilttxR., prouvent le contraire.
Sur le bas-relief du palais Albani, publié par
Wmckeîmann ( n°. 2‘J de fes Monumenti inediti) ,
on voit Mars représenté jeime & fans barbe.
Mars porte le foudre dans Sophocle ( Oed.
Tyr. v. 477.) , dans Pline ( //£. X. c. 2 . ) , 8c
fur une pâte antique du cabinet de Stofch , où
il eft repréfenté foudroyant les titans. On la voit
au n°. 4 des Monumenti inediti.
Efchyle { Agam. v-, 6j j . ) donne à Mars un
fouet pour arme.
On le voit, furpris avec Vénus par Vulcain,
fur deux bas-reliefs publiés par Winckelmann,
fous les n^s. 27 & 28 de ies Monumenti inediti.
Les dames romaines facrifioient un coq à ce
dieu le premier jour du mois qui porte fon nom.
Mars porte plüfieùrs furnoms , qui font la phir-
part relatifs aux armes ; tels font : Armiger 3
OîtAo.<poços j O7rxo%eiçq$, tous trois fynonymes de
belliqueux ; A^Xo7rçwaXXos, ou inconftant, formé
d'«AA«?, autre , de ra-g« 3 pour, & de «AAoç , autre ,
qui va de l’un à l’ autre ; Bifultor, qui accorde
deux viétorres , furnom donné par Augufte lorfque
les Parthts lui rendirent ies aigles des légions de
Craffus ( Ovid. Faß. y. J95. ) ;
Rite deo tetnplumque datum , nomenque Bifultor.
Britovius ( Voyez ce mot. ) ; Commun , parce qu’il
fnvorife fouvent l'un & l’ autre parti ; Camulus
( Voyez ce mot. ) ,• Enyalius £ Voyez ce mot. ) ;
Gradivus (Voyez ce mot.) / Hefus , Hippius ,
Mamers ou Mamereus , Marfpiter, Olloudius,
Quirinus, Salifubfulus 3 Secutor, Silvanus (Voyez
ces mots* )
Mars fut ençote appelle Thracius , de la contrée
où fa divinité étoit en grande vénération.
Mars ultor. Voyez ce mot.
On trouve un furnom particulier de Mars dans
deux inferiptions découvertes près de Gubbio,
en 1781. Elles ont appartenu à nn petit temple
qui y avoit été élevé a Mars Cyprius. M. l’abbé
Raughiafci les a publiées & expliquées en 1784.
Voici « s inferiptions ;