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X. N E F F I N I U S jj
P O, T I T I», L.
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L A R D A R I V s
'S I B I E T ...........
Elle appartient à uft marchand de lard.
LARÈN TALE Sy c’eft le nom que Félins donne>
à une fête des romains..Ovide & Plutarque 1 appellent
laurentales , & Macrobe, larentalia , lau-
rtntalïa , laurentis feris , OU laurentinalia y car ,
félon Topinion de Paul Manuce, de Goltzius ,
de Rofinus , & de là plupart des littérateurs , tous
ces divers noms dêfignent la même chofe.
Les larentales étoient une fête .à l’honneur de
Jupiter j elle tomboit au io d e s calendes de janvier
, qui eft le 15 de décembre. Cette fête avoit
pris fon nom ÜAcca larentia, nourrice de Rémus
& de Romulus j ou» félon d’autres ( les avis fe
trouvant ici fort partagés ) d’Açca Larçntia , célèbre
ccurt'fane 4 e Rome, qui avoir, inftitué le
peuple romain ion héritier -3 fous le -règne d An eus
Martius. Quoi qu’il en foit de l’origine de cette,
fête, on la célébroithors de Rome, fur les bords
du Tibre , & le prêtre qüi y préfîdôit, s'appelloit
larentialisjlamen , le flamine larentiale. ( D. J .) , ^
LAREN TIA. • K. A c c a .
LARES > c’étoient chez les romains les dieux
domeftiques , les dieux du foyer, les génies pro-..
ae&aurs de chaque,maifon , & les gardiens de ;
chaque famille. On apptlloit indifféremment ces
dieux tutélaires, les'dieux Lares, ou Pénates y
car pour leur deftination ces deux noms fontfy--
»onymes. Varron & Macrobe difent que les lares ,
étoient enfans de Mania ; Ovide , dans Tes faites,
k s Fait naître de Mercure & .de Lara3 que Ladance ,
& Aufone appellent Larunda. j
L ’ idée de leur exiftence & de leur culte pa- :
roît devoir fa première origine à l’ancienne coutume
des égyptiens, d’enterrer dans leurs mai-
fons les morts qui leur étoient chers. Cette coutume
fubJîita chez eux fort long-temps , par la facilité
qu’ils avoierit de les embaumer & de les
confervei-. Cependant l’incommodité qui en ré- ;
fultoit à h longue, ayant obligé ces peuples &
ceux qui les imitèrent, de tranfporter ailleurs les
cadavres, le fouvenir de leurs ancêtres & des
bienfaits qu’ils en avoient reçus , fe perpétua chez
leurs defeendans ; ils sJadrefsèrent à eux comme à
des dieux propices, toujours prêts à exaucer leurs
prières.
• Ils Apposèrent que ces dieux-donaeftjques dai-
«noient rentrer dans leurs maifons, pour procurer
i la famille tous les biens qu’ils pouvaient, & dé-
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toürner les maux dont e^le étoit menacée ; fem-
blables, dit Plutarque , à des athlètes , qui ayant
obtenu la permifiion de fe retirer à caufe de leur
grand âge , fe plaifoient à voir leurs élèves s’exercer
dans la même carrière, & à les foutenir par
leurs confeils.
C ’eft de cette efpèce qu’eft le dieu Lare , à qui
Plaure fait faire le prologue d’une de fes comédies,
de l ’Aulularia y il y témoigne l’affeétion qu’il a
pour la fille de la maifon , a durant qu’en confidé-
ration de fa piété , il fonge à lui procurer un mariage
avantageux, par la découverte d’un tréfor
confié à fes foins, dont il n’a. jamais voulu donner
connoi(lance ni au père de la fille, ni a fon
aïeul, parce qu'ils en avoient mal ufé à fon égard.
Mais les particuliers qui ne crurent pas^ trouver
.dans leurs ancêtres des âmes , des génies afifez
puiflans pour les favorifer & les défendre , fe
choifirent chacun , fuivant leur go û t, des patrons
& des ptoteèleüis parmi les grandes et les. petites
divinités , auxquelles ils s’àdrefsèrent dans leurs
befoins.: ainfi s’étendit le nombre des dieux lares
domeftiques.1
; D ’abord, Rome effrayée de. cette, multiplicité
d’adoratioos particulières , défendit d’honorer
chez foi des dieux dont la religion dominante n’ad-
mettoit pas le culte. Dans la fuite, fa politique
plus éclairée fouffrit non-feulement dans fon fein
l’introduction des dieux partieuhers , mais elle
crut devoir l’autorifer. exprefîement.
Utfe- loi des douze tables enjoignit à tous" les
habitans de célébrer les fa orifices de leurs dieux
pénates, & de les cdnfêrver farts ^interruption dans
chaque famille, fuivant que les^hefs de ces mêmes
familles l’avoient preferit.
On fait que lprfque , par adoption, quelqu’un
paffoit d’une famille dans une autre, le magiftraj:
avoit foin de pourvoir au culte des dieux qu’aban-
donnoit la perfonne adoptée. Ainfi Rome devint
l’afyle de tous les dieux de l’ univers , chaque particulier
étant maître d’en prendre pour fes pénates
tout autant qu’il lui plaifoit, quumfinguliV dit
Pline , ex femetipfis , totidemdeos faciant Junones ,
geniofque.
Non-feulement les particuliers & les familles,
mais les peuples ,»le-s provinces & les villes , eurent
chacune leurs dteux lares ou pénates. G’eft
pour cette raifon que les romains, avant que d’af-
fiéger une ville , en évoquoient les dieux tutélaires
, et les prioient de paffer de leur côté , en
leur promettant des temples & des facnfices, afin
qu'ils? ne s’oppofaffent pas à leurs entreprifes ;
c’étoit là ce qü’on nommoit évocation. Voye^ ce
mot.
Af rès 'cés remarques , on ne fera pas furpris
de trouver dans les auteurs & dans les monuméns.
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©utre les lares publics & particuliers, les lares
qu’on invoquoit contre les ennemis, lares hofiilii y
les lares des villes, lares urbani y les lares de la ,
campagne, lares rurales y les lares des chemins ,
lares viales y les lares des carrefours, lares com- ;
pitales , &c. En un mot, on trouve dans les inf- :
criptions de Gruter, & autres livres d’antiquités,!
des exemples de toutes fortes de lares y il feroit :
trop long de les rapporter ici. j
C ’eft affez de dire que le temple des lares de ;
Rome en particulier étoit fitué dans la huitième '
région de cette ville. Ce fut Titus Tatius, roi
des fabins, qui le premier leur bâtit ce temple:
leur fête , nommée lararies, arrivoit le onze avant
les calendes de janvier. Macrobe l'appelle affez
plaifamment la folemnité des petites ftatues, cele-
britas figillariorum y cependant Afeonius Pédianus
prétend que ces petites ftatues étoient celles des
douze grands dieux ; mais la plaifanterie de
Macrobe n’en eft pas mo:ns jutte.
Les lares domeftiques étoient à plus forte raifon
repréfentés fous la figure de.petits marmou-
fets d’argent, d’ivoire, de bois , de cire, & autres
matièresj car chacun en agifloit envers eux fuivant
Tes facultés. Dans les/maifons bourgeoifes , on
mettoit ces petits marmoufets derrière la po/te,
ou au coin du foyer, qui eft encore, appelle la lar
dans quelques endroits du Languedoc. Les ger.s
qui vivoient plus à leur aife , les plaçoient dans
leurs veftibuks ; les grands feigneurs les tenoient
dans une chapelle nommée lara'ire, & avoient un
domeftique chargé du fervice de ces dieux ; o'étoit
chez les ^empereurs l’emploi d’un affranchi.
Les dévots aux dieux lares leur offroîent fou-
vent du v in , de la farine & de la defferte de
leurs tables 5 ils les couronnoient dans des jours
heureux , ou dans de certains jours de fêtes,
d’herbes & de fleurs, fur-tout de violettes, de
thym & de romarin } ils leur btûloient de l’encens
& des parfums} enfin, ils mettoient devant leurs
flatues des lampes allumées. Je tire la preuve de
ce dernier fait , peu connu, d’une lampe de J
cuivre , à deux branches, qu’on trouva fous terre
à Lyon, en ly o r . Les mains de cette lampe en-
touroient un petit piédeftal de marbre , fur lequel
étoit cette inscription : La^ibus facrum, P. F-, Rom. 1
qui veut dire , publics, felicitati Romanorum. Il eut
été agréable de trouver aufli le dieu lare y mais
apparemment que les ouvriers le mirent en pièces,
en fouillant.
Quand les jeunes enfans de qualité étoient
parvenus à l’âgé de quitter leurs bulles, petites
pièces d’or en forme de globe applati, qu’ils por-
toient fur la poitrine, ils venoient les pendre au
cou des dieux lares & leur en faire hommage.
* Trois de ces enfans, revêtus de robes blanches,
1 dit Pétrone, entrèrent alors dans la chambre :
» deux d’entr’eux.posèrent fur la table les lares
» ornes, de bulles ; le troîfième tournant tout
s», autour avec une coupe pleine de vin , s'écnoit :
» Que ces dieux nous foi en t favorables ! »
Les bonnes gens leur attribuoient tous les biens
& les maux qui. arrivoient dans les familles , &
leur faifoient dés facnfices pour les remercier ou
pour les adoucir } mais d’autres, d’un cara&ère
difficile à contenter , fe pLignoient toujours,
comme la Philis d’Horace, de l’injuftice de leurs
dieux domeftiqi es. •
. ................ .E t penates
M&ret iriiquos Od. IV. 1. 2.
Caligula.j que je dois au moins regarder comme
un brutal, fit jetter lès liens par la fenêtre , parce
qu’il étoit, difoit-il, très-mécontent de leur fer-
vice.
Les voyageurs religieux portoient toujours avec
eux, dans leurs hardes, quelque petite ftatue des
dieux lares y mais Cicéron craignant de fatiguer
fa Minerve dans le voyage qu’il fit avant que de
fe rendre en exil, la dépofa par refpeèt au capitole.
La vi&ime ordinaire qu’on leur facrifioit en
public-, étoit un porc. Plaute appelle ces animaux,
en badinant, porcs facrés. Ménechme, atl. IL
fc. 1. demande combien on les vend, parce qu’il
en veut acheter un , afin que Cylindrus l’offre
aux dieux lares pour être délivré de fa démence.
La flatterie des romains mit Augufte au rang
des dieux lares, voulant déclarer, par cette adulation
, que chacun devoit le reconrioîtré. pour
le défendeur & le confervateur de fa famille.
Mais cette déification parut dans un temps peu
favorable} perfonne ne croyoit plus aux dieux
lares'3 & l’on n’ étoit pas plus croyant aux vertus
d’Augufte : on ne le regardo’.t que comme un
heureux ufurpateur de là tyrannie.
J’ai oublié d’obferver que les lares s’appelloient
aufli pr&fiites , comme qui diroit gardiens des
portes , quod pr&Jlant oculis omnia tuta fuis, dit
Ovide dans fes Fartes. J’ajoute que les auteurs
latins ont quelquefois employé le mot lare pour
exprimer une famille entière, l ’état & la fortune
d’une perfonne}parvofub lare, paterni laris inopst
dit Horace.
Les lares, dit Plaute, avoient pour fymbole
un chien , & ils étoient quelquefois revêtu de la
peau d’un chien ’, fans doute parce que les chiens
font la même fon&ion que les lares, qui eft de
garder la maifon, & on étoit perfuadé que ces
dieux en éloignoient tout ce qui auroit pu nuire.
On les honbroit encore fous le nom de grondiles y
c’eft-à-dire grognant comme font les porcs : c’eft
Romulus qui leur donna ce nom , en mémoire
de la truie qui avoit mis bas trente p a ts cochons
en une feule fois.