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une boucle dont les anciens fe fervoient pour
Vinfibulation des jeunes hommes. Il l'avo.t eue,
difoit-i!, d'un favant antiquaire. C ’étoit fans doute
une fibule, ou agraffe ordinaire des vête me ns, à
laquelle on attnbuoit cet ufage fans aucun fondement.
On voit dans le cabinet de Kircher, au collège
romain à Rome, une figure de bronze-, laquelle
reflemble parfaitement au beau Prïape du cabinet
dePortici. Cette figure repréfente un chanteur,
qiii femble lui-même charmé des fons qu'il tire de
la lyre, & dont le prépuce eft infibulé avec un
anneau. Il y avoir anciennement, du jiloins du
temps des empereurs romains, des chanteurs caf-
trats j & l’on fait que Piautien fit opérer, en une
feule fo is , la caftrauon fur cent jeunes garçons &
fur un grand nombre de citoyens romains mariés,
pour fervir de chanteurs à Plautiile, fa fille,
femme deCaracalla. Mais en général cependant ,
on fe contentoit A'infibulèr les chanteurs, avec
lin anneau , de la manière qu'eft repréfehtée- la
figure en queftion, & cela pour le même objet que
celui pour lequel on fe fervoit de la caftratioh,
favoir de rendre la voix plus belle. ( Monum. ant.
de Winckelmann.)
, IN F Ü L A , infule. Feftus dit que les infules
étaient des filameps de laine, des franges de laine
dont on ornoit les prêtres & les victimes*, même
les temples.- Plufieurs confondent les infules avec
la mitre, la tiare, ou le bonnet que portoient les
prêtres.’ Il y avoir cependant beaucoup de différence.
L'infule étoit. proprement une b mdèiètte,
ou bande de laine blanche qui couvroîc la partie
de la tete ou il y a des cheveux jufqu'aux tempes,
& de laquelle tomboient de chaque côté deux
cordons, vitte 3 pour la lier ; ce qui fait que
I on confond fou vent le mot v itte 3 cordons ,
avec infule,. L 'infule étoit aux prêtres ce qu'étoit
le bandeau royal aux rois, la marque de leur dignité
& de leur autorité. La différence entre le
bandeau royal, ou le diadème' & l’infule, e fl-que' lé
diadème étoit plat & large, & Y infule étoit entortillée
& ronde. V oye% fur les infules Pafchal, de
coronis3 ch. dern. du IV e. liv. ; Bârthius fur Stace,
Theb . liv. II. pag. 319 & fuivantes; Saumaife fur
Solin, 370.
Dans les auteurs eccléfîaftiques on donne quelquefois
le nom A’infule à l'habit des prêtres, que
nous nommons chafuble. V»ye^ Ducange dans fbn
glolfaire” au mot infula.
L'infula, félon ( in verf 558. lib. X . Eneid.)
Servius, étoit une bande en man-ère-de diadème,
& de laquelle pendoient de chaque côté des rubans;
elle étoit le plus fouvent large, mêlée de
blanc & de pourpre , & tortillée. La tête d’Hié-
ron porte fur les médailles un diadème femblable.
I l faut croire, d'après un grand nombre de mo-
I N G
numeitt ) que la différence entre Vinfula & le diadème
confiftoit en ce que la première n'étoi»
point comme le diadème , d'une largeur égale dans,
toute fa longueur, L'infula étoit terminée & liée
derrière la tête par des tfpècès de rubans. Il eft
Cependant vraiqu'Alexandre Théopator ( Tkefaur.
Brand. pars I. fol. 108. ) eft repréfenté fur une
pierre antique , ayant un diadème lié par-derrière
avec des rubans moins Jatgçst Ççlfl revient à
définition de Juflin , qui nomme infula ( juj^irC
lib. II. cap. X. fol. 489. } le bandeau royal des
rois orientaux qui étoient venus à la rencontré
d'Alexandre en Syrie ; quoiqu’ailleurS ( lib.XLIII.
cap. III. fol. 479. ) il fe ferve du mot de diadème
en parlant des marques riç,h royauté. Selon Ber-
neccerus ( fur le premierpaffage), lefensde Juftin
eft , que Vinfula , quoique propre aux prêtres &
aux vi&imes, étoit cependant quelquefois attribuée
aux rois. Un anonyme ( explication de plufieurs
textes de l'Ecriture fainte , tom. I. fol. 8i.)
prend le diadème , Vinfula & les vitta ( qu'il appelle
toutes mitres ) pour des marques de fup-
plians«
A la vérité, il n'y avoit pas grandedifference
entre le diadème' & l’infula $ mais après le palTa-ge
de SerVius, ôn peut cbnjeduter que les rois
orientaux, dont parlé Juftin, avoienf pris Vinfula
, comme plus convenable que le diadème à leur
fituation vis-à-vis d'Alexandre. En effet, il étoit
facile de les Confondre j puifque le porte-torche*
I ou dadouque, office confidérable à Athènes,, qui
! portoit Vinfula ( Plut j tom. I I I . fol. 348. ) , avoit
été pris pour ufi roi par un barbare après la bataillé
de Ma rat bon *
IN FUN DIBULUM , vafe dont on fe fervoit
pour verfer l'huile dans'les lampes. Il étoit fait
en forme de nacelle , & s'appelloic infundibulum-i
Un pareil vafe, qui reffemble à celui d'Hercu-
lanum , fe trouve dans fe cabinet du collège romain
, & a été gravé dans la defeription qu'on
a donnée de ce cabinet- ( Bonan. M u f Kir ch.
claf. I. tab. 4. n°. loi.)
INGENIEUR. Mechanicusy eft pris fubftan-
tivement par Suétone dans ce fens.
IN G EN U ( ingenuus ). On fe fërt de ce mot en
parlant d'antiquités romaines -, pour défîgner ceux
qui étoient nés de parent libres , honnêtes, nobles
, ingénus. Rien n'empêchoit lés affranchis de
s’unir par le mariage avec les familles ingénues ;
mais il ne leur étoit pas permis de s'allier avec
celles des fénateurs. (-Montefq. ) Chez les romanis
les hommes étoient libres , ou efclaves. Les hem-*
mes libres étoient ingénus, ou affranchis. Les ingénus
-étoient ceux qui n'avoient jamais été dans une
jtifte & légitime fervitude. Les affranchis étoient
ceux qui avoient été tirés de cette fervitude par
leur maître.
I N I
Ingénu défignoit encore celui qui e'toit originaire
d'un pays, comme on p^ut le voir par 1 article
fuivanr.
Ce mot vient du latin ingenuus, du verbe ing gno.
On difoit autrefois geno pour g'gno. Ingenuus parmi
les latins étoit celui qui n'étoit point etranger, qui
étoit de condition'libre, qui étoit originaire du
pays- C 'e ll en ce fens que Lucrèce appelé fontes
ingenuos , des fourcés qui ne viennent point d'un
pays étranger. 1 fi dore die, que ceux là dicuntur
ingenui, qui habent llbertatem in gênere , non in
faéio. Il appelle ingénus ceux qui nailfent^ libres ,
& qui pont que faire d'acquérir la liberté.
INGENUUS , tyran fous Gallien.
D. Lælius iNGEtrirt/s P lu s Feux Augustus.
Les médailles' A'Ingenuus font citées par Golt-
zius & patJ d'autres antiquarts ; mais on ne les
conrioit plus aujourd’hui«
1NJL€?I0N j Dom ^un <5ué M autre'
fois juftinien , pour ceux qui rhonroient de pelle ,
ou de faim, dans un temps de c< ritigion, ou de
difeite. Ceux qui n’étoient pas attaqués du mal,
©u qui n'en mourbient point, & qui rs-ftoient après
qu’il avoit celle, payoient pour le s morts.
Voye[ les anecdotes , ou hiftoire fecrète de Pro-
cope, &. Ducange dans fon Gloffaire.
IN IT A L E S , ou. IN IT A U X , nom que l'on
donnoit autrefois aux myftères de Cérès, parce
q ue, pour y alfifter, il falloit auparavant y être
-initié & confacrépar des cérémonies particulières.
J^oye^ Céréales.1
Ce mot vient du latin initiare , initier , ihfro-*
duire, conlacrer. On trouve initalia dans la Vie
de Marc-Aurèle par Capitolin,
IN IT IA LE S ( lettres
Les antiquaires appellent ainfiles flgles . oa les
premières lettres d'un mot , qui font m-ifes pour
le mot entier , ou dans les infCriptions , ou fur des
médailles. P. P. pater patrie, P. F. A. Pius ,
Félix, Augufius. On diftingue les lettres initiales
des abréviations, auxquelles on joint plufieurs lettres
, Tr. pot qui exprime Triburàtia poteftate y
Aug. qui exprime Augufius.
Si l\m avoit toujou’S ponélué les lettres , initiales
, il feroit aifé de les corinoîtfe,- & de diftin-
guer quand il en faut joindre quelques-unes pour
le même mot ; mais parce qu’on a négligé fouvent
de le Lire, particuliérement dans le bas-empire
& dans les petites médailles , on n'y trouve pas la
même facilité, & il entre fouvent bien de l’arbitraire
dans le déchiffrement de ces lettres.
I N I 1 6 0
Les antiquaires difent aufti fubft. les initiales':,
voilà les deux initiales parfaitement expliquée«.
IN IT IA T IO N . 7 ^ ♦
IN IT IÉ . f r °yel M y s t è r e s .
( Extrait d'un mémoire de M. Dupuis <k l'aca~
démie des inferiptions. ) •
Les télètes ou initiations ofit été un des moyens
que la philofophie a employés pour civilifer les
iociétés & perfe&ionner l’homme. Ce n'étoit
point, comme on l'a d it, ur.e cérémonie deftinée
a rappcller l’ancien état des hommes avant la
civilifation , ou le fouvenir d'une découverte pré-
denfe à l'humanité, telle que celle du bled; ou
des principes d'une bonne légiflation ; c'étoit encore
moins de fimples luftrations & l'obfervation
de quelques pratiques religieufes. Ceux qui les
ont envifagées fous ce point de vue , ont pris
l'accelfoire pour le principal, & ont regardé
comme acceffoire ce qui étoit le premier 8e pref-
que l'unique but de ces inftitutions. Le véritable
efpric de ces étabhffemens religieux étoit tout
entier politique ; & Vinitiation étoit un des grands
fe-crets. de la légiflation, qui fentit toute i’infuffi-
f:.nce des meilleures loix pour condu re les hommes
, & le befoin de les fortifier par la môrafe ,
& la morale elle-même par la rel'g ôn. Originairement
les initiations furent le complément des
lo'ix & une école de perfection pour l'homme fo-
cial. Le nom même de télete renferme cette idée ;
leur union avec les foix eft confirmée par leur
but commun, par fa tradition qui en fait remonter
l'origine à fa même fource.........
Ceux qui atfribüoîent à OrphéeTétabliflement
des myftères d'Eleulîs , lui attribuoient aulfi les
thefmophories , comme on petit le voir dans Théo-
doret. L'initiation d'Èleu-fis & la cérémonie des
the'môfphories, fembïoient avoir une union fi
étroite , qu’on crut devoir les rapporter à la même
fource & au même b ut, à la cxvilifatîon. Car
Orphée , comme Cérès, paffe pour avoir civilifë
les hommes. L'origine de cette Union doit être
cherchée en Égypte , 1a mère patrie de toutes les
initiations & dé tous les myftères. On ne peut le
diflimùfer que les myftères de Cérès ne foient
une copie de ceux d'Olifïs & d'Ifis , comme l’a
jiuiicieufement obfervé le même Théodoret 5 puifque
fu/vant Hérodote lui-même , l'îfis des égyptiens
eft la Cérès des grecs ; & que ce furent
les filles de Danaüs qui apportèrent d'Égypte en
Grèce les thefmophories. Plutarque & Ladance
ont aulfi reconnu l’identité de ces divinités & les
reffemblances de ces fables-
On voit donc qu'eri Égypte la même divinité
qui avoit donné des ioix avoit aulfi établi les
n yftères , & que la légilïariôn & la religion partent
de la même fotirce 5 eftedivemer.t on ne peut