
fcrtirent de leurs fources ., Sc en coulant très-
lentement , ils le répandirent peu-à-peu an-deflus,
de façon qu'elle s 'en. trouve couverte comme
d'une croûte. Lors de l’éruption terrible de 1631 ,
arrivée à la fuite d’un repos de cent ans, les cendres
furent également accompagnées d’une la-
vaïfe.
On a' lieu de coniééfiirer par le petit nombre de
corps morts, quç les habitans eurent le temps de
pi endre.la fuite, car on n’a trouvé aucun fquelette
ni à Portici, ni à Refîna , ni à Pompeii 5 ce n’eft
qu’à Gragnano ou à Stabia qu’on a découvert trois
corps de femmes, dont l’une, qui étoit fans doute
la fervante des deux autres, portoit vraifemblable-
ment une petit cafîeite de bois qui s’elt trouvée
placée à fes côtés; & qui, lorfqu’on a voulu y
' toucher, eft tombée en pouflière. Les deux autres
avoient desbrafîelets &des pendans d’oreille d’or,
qu’ on voit dans le cabinet. Voilà la raifbn pour
laque'le on n’a découvert que quelques médailles
d’or & quelques pierres gravées, & très-peu de
^meubles précieux, car les effets de quelque valeur
avoient été retirés par les habitans avant leur
fuite : aufli les chambres de la plupart des maifons
ont-elles paru prefque entièrement démeublées.
On a trouvé dans un appartement un coffre de
fer jetté en travers fur le plancher : les travailleurs
perfuadés qu’ils y trouveroient des effets con-
fîdéràbles, & que cette découverte leurvaudroit
une gratification , furent trompés-, car le coffe
étoit vuide. La fuite des habitans de Pompeii fut
très-précipitée : on en peut juger par la quantité
des uftenfiles pefans * qa’on a déterrés loin des
maifons, & qui avoient probablement été abandonnés
en fuyant.
Les fouilles de cette dernière ville prouvent
qu’elle avoit fubi bien plus anciennement les
éruptions du Véfuve : mais les anciens n’en avoient
que de foibles idéee, qui n’ étoient établies que
fur les feories que la montage leur préfentoit ; cependant
il leur auroit été poffible de s’en mieux
affurer. Strabon a jugé des embrâfemens de cette
montagne par fon terrein cendré & par des cavernes
remplies de pierres de la même couleur 3 qui pa-
roiffoient avoir été calcinées. Diodore ne dit rien
autre chofe , finon que l’on trouve fur cette montagne
des marques d’embrâfemeris anciens. Et
P l in e à qui l’éruption de cette montagne a coûté
la vie, parle dans deux endroits du Véfuve, fans
faire mention de fes feux ; de forte qu’il paroît
que la nature de cette montagne lui a été également
inconnue. La preuve la plus forte en faveur
de mon opinion eft la terre brûlée, mêlée de feories,
fur laquelle toute la ville de Pompeii eft
bâtie, terre qui s’appelle aujourd’hui Terra di
fuoco.
Cet, indice auroit dû fuffire pour avertir ceux
qui fouilloien? la terre en ees 'endroits dans le
deffein d’y jetter les fondemens de quelques bâti-
mens, que Je Véfuve y avoit fait' autrefois des
ravages. De plus, les rues foit d‘ Herculanum, foit
de Pompeii, font pavées de grandes pierres de
laves, qui. fe diftmguent des autres caillous &
pierres dures par un mélange particulier , & par
de petites taches blanches, fur un fond noir,tirant:
fur le gris , & forment une forte de pierre qui ne
paroît pas avoir été connue des anciens. On a tiré
d*Herculanum une feulé de ces pierres , pour la
placer dans le cabinet de Portici-; elle'eft large de
deux palmes trois pouces, filon la mefure romaine.
Le père de la Torré , dans fa defcnption du Vé-
fuve, auroit pu citer avec utilité le pavé des laves
qu’on trouve dans les villes. abîmées î jte. ce témoignage
feul lui auroit appris que lâ’lave d’aujourd'hui
n’eft pas plus dure que celle des temps anciens
: cet auteur ( Storia del Prefuvio, c. 5, §.
128, page 98 j dans la Traduction françoife
de ce livre , page 2-32. ) raifonne bien, mais
l’expérience le contredit fouvent. Les morceaux
de laves-que l’on voit employés dans les bati-
mens de Pompeii, prouvent encore, qu’ il y a eu
des éruptions antérieures au règne de Titus. ( Winc-
kelmann ).
Sur-tout le refte voye^ Herculanum dans le
dictionnaire de géographie ancienne, & C abaret
d'ans celui-ci.
HERCULANUS nodus, noeud de la ceinture
des nouvelles mariées.
HERCULE : a Je voudroisfavoir, dît Cicéron,
» quel eft Y Hercule que nous adorons : car ceux
» qui ont approfondi ces hiftoires peu connues ,
» nous affinent qu’il y en a eu plus d’un. Le plus
» ancien, celui qui fe battit contre Apollon, pour
» le trépied de Delphes , eft fils de Jupiter & de
» Lylite ; mais le fécond Hercule eft (’Egyptien
» que l’on croit fils du N i l ,- & qui pafîe pour
« l’auteur des lettres Phrygiennes ; le troifième
» pour qui l’on fait des offrandes funèbres , eft
» un des daCtyles d’Ida ; le quatrième fils de Ju-
» piter & d’Aftèrie, foeur de Latone, fingu-
» fièrement honorée par les Tyriens, qui pré-
» tendent que Carthage eft fa fi,le ; le cinquième
» nommé Bel , que l’on adore dans les Indes ;
« le fixième eft Je nôtre , le fils d’Alcmène & de
» Jupiter, mais de Jupiter troifième; car il y
» en a eu plufieurs ». Il eft donc certain, d’après
le témoignage de Cicéron & de plufièurs auteurs
de l’ antiquité, qu’il y a eu plufieurs Hercules
beaucoup plus anciens que le fils d’Alcmène. On
croit iijême que le nom à*Hercule n’ étoit pas un
nom propre, mais appellatif, qu’on donnoit aux
fameux négocians qui alloient découvrir de nouveaux
pays, & y conduire des colonies : s’y
rendant fopvent aufli fameux par le foin qu’ils
prenoient de les purger des bêtgs farouches qui
lesinfeftoienr, que paf le'commeice’qu'ils y éta-
I bliffoient. Les Grecs ont charge Ihiltoire clé
1 "Hercule [de Thèbes , des exploits de tous les
autres , de ce grand nombre de voyageurs ôc
d’expéditions dont parlent les poètes, & de tant
d’avantures, pour lefquelles la vie d un feul homme
ne fuffiroit pas.
Le plus ancien Hercule, dit Cicéron eft celui
qui fe battit contre Apollon. En voici l’hiftoire:
Hercule étant allé confulter l’oracle de D&lphes ,
la prêtreffe lui-fit favoir que le Dieu n et oit pas
difpofé a répondre ce jour-la. Hercule qui n étoit
pas patient, s’emporta jufqu renverfer & met-
tire en pièces le trépied-facré. Apollon offenfe
de ce procédé, voulut tirer raifon de l infulte
qu’il avoit reçue dans fon temple ; il en vint aux
mains , dit-on , avec Hercule, mais il-fut vaincu.
VHercule \e plus connu, celui qui étoithonofé
chez les Grecs & les Romains, & auquel fe rapportent
prefque tous les anciens monumens, eit
le fils de Jupiter & d’Alcmène, femme d’Amphi-
trion, roi de Thèbes. La ^ nuit qu’i l ju t conçu ,
dura l’efpace de trois nuits , ou même de neuf:
mais l’ordre des temps ne fut pas pour cela de-
rangé, parce que les nuits fuivantes en furent
plus courtes en proportion. Le jour de fa naiflauce
le tonnerre fe fit entendre dans Thèbes à coups
redoublés , & l’on vit plufieurs prodiges , qui
annonçoient la gloire future du fils de Jupiter.
Voyei rhiftôire de fa nàiflance1 au môt Alcmène.
On y a aufli rapporté Thiftoire des deux ferperis
envoyés dans fon berceau.. Junon adoucie parla
preuve qu’ il donna alors d’une force" divine3 &
par les prières de Palîas, confentit même à lui
donner de fon lait pour le rendre immortel. D ig-
dore raconte autrement cette dernière fable. Alc mène
craignant la jalôüfie de Junon , n’qfa s’avouer
la mère d?Hercule} & l’expofa au milieu
d’un champ dès qu’ il fut né. Minerve & Junon
paflerent bientôt par - là ; & comme Minerve re •„
gardoit cet enfant avec des yeux d’admiration ,
elle confeilla à Junon de lui donner à téter. Junon
le fit, mais l’enfant dont la force étoit déjàprodi-
gieufe , lui preffoit & lui tiroit fi rudement le
f e in q u ’ elle ne put le fouffrir ; & comme elle'
retira fa mamelle avec effort, il tomba du h it ,
qui forma dans le ciel ce qu’on-nomme la voie
laétée. Il y en a qui difent que le lait qui la forma
tomba de la bouche d’Hercule, qui avoit tété
trop goulûment. Ces fables fuppofoient que Junon
étoit alors dans le ciel j mais les Thébains
montroient l’endroit, où, félon eux, Junon trompée
p tr Jupiter , "allaita Hercule. Minerve alors le
à tirer de Tare de Rhadamante & d’Euryte ; de
Caltor, à combattre tout armé Chiron fut fon
maître en aftronomie & en médecine; Linus, félon
B prit & le porta chez Alcmène, cômme chez une.
nourrice à qui elle I’avoit recommandé. Voyez
Alcmene, Eurystée, Galaxie. Voyez aufli
Laonome.
Le jeune Hercule eut plufleurt maîtres, fl apprit
Elien, lui enfeigna à jouer d’un inftrument qui
fe touchoit avec l’archet, & comme Hercule dé-
tonnoit en touchant , Linus l’en reprit avec
quelque févérité ; Hercule, peu docile, ne put
. fouffrir la réprimande ; il jeta fon inftrument^ a
la tête du chantre, & le tua du coup. Il devint
d’une raille extraordinaire & d’une force de corps
incroyable : on lui donnoit fept pieds de haut, &
trois rangs de dents. Un ancien mythologue dit'
qu’il étoit quarré dans fa taille, nerveux, noir,
ayant le nez aquilin , les yeux bleuâtres, les
cheveux plats & fort négligés. C ’ ctoit aufli un
grand mangeur. ( Voyez Lépréas).\Jn jour qu’il
voyageoit avec fon fils Hyllus , ayant grand faim
tous les deux , il demanda des vivres à un laboureur
qui conduifoit une charrue; & , parce
qu’il n’en obtint rien, il détacha un des boeufs de
la charrue, l’immola aux Dieux & le mangea : pendant
qu’il le mangeoit, le payfan proféra mille
injures qui divertirent beaucoup Hercule. Quand
on lui eût drefle un autel dans ce canton, il voulut
que ce villageois fût fon prêtre, & lui commanda
de répéter fes injures toutes les fois qu’on lui
offritoit des facrificès.; car il n’avoit jamais, difoit-
i l , mangé avec plus grand d’appétit; & les Lin-
diens confervèrent depuis la méthode de l'injurier
dans les facrificès qu’ils luî offroîent. On raconte
un fait aflez extraordinaire relatif à l’avidité
avec laquelle il mangeoit; caron prétend qu’il faifoit
mouvoir fes oreilles. Cette faim canine l’accompagna
jufquedansle ciel : delà vient que Callimaaue
exhorte Diane à prendre; non des lièvres,, mais
des fangliers & des taureaux, parce que Hercule
n’avoit point perdu entre les Dieux la' qualité de
grand mangeur qu’il: avoit eue parmi les hommes.
Voyez Bufhagus. Il devoit être un grand buveur,
fi on en juge par la grandeur de fa coupe:
il falloir deux hommes pour la porter.; quant à
lui il n’avoit befoin que d’uné main , pour s’en
fervir iorfqu’il vouloit la. vider. De - là on appel!
a 'Herculeanus Sçypkus} , coupe d’Hércule, îe
grand vafe que l'on faifoit vider à la ronde dans
les feftins joyeux..
Hercule - étant devenu grand , fe retira., dit
Xénophon, en un JifcU à l’écart, pour penfer à
quel genre de vi,e il s’adonneroit : alors lui apparurent
deux femmes dé grande ftature , dont l’unè
fort belle qui étoit. la vertu , avoit un vifage ma-
jeftueux & plein de dignité, la pudeur dans les
yeux , la modeftie dans tous fes geftes & la robe
blanche. L ’autre/qu’on appelloit la molefle ou la
volupté, étoit dans un grand embonpoint & d’une
couleur plus relevée ; fes regards libres & fes
habits magnifiques, la faifoient connoître pour
ce qu’elle étoit. Chacune des deux tâcha de
le gagner par fes proméfies 5 il fe détermina enfin