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compagne ordinairement ces ouvertures meurtrières.
D'ailleurs les hommes qui avoient fubi
la même opération que les prêtres de Cibèle pou-
voient feuls, félon ce géographe , en'approcher
fans crainte , & regarder au-dedans , avec la précaution
de retenir leur haleine. C'étoit une char- ‘
latanerie des prêtres de Plutonj car tous ceux
qui, en s'abftenant de refpirer, auroiènt fermé
l'entrée de leurs poumons à l'air méphitique, pou-
voient certainement jouir de ce même privilège.
Pline ( lib. II. cap, 9$. ) avoit entrevu cette propriété
phyfîque des plutonium , puifqu'il s’en explique
ainfi : « In finuejfano agro & puteolano
» fpiracula vocant, alii ckaroneas fcrobes3 mortiferum
» fpiritum exhalantes, ». Et Cicéron ( de Divin.
I. 3 6 .) avoit dit avant lui : «c Quid enim ? non
*> videmus quam fint varia terrarum généra ? Ex
» quibus mortifera qu&dam pars efi : ut & Ampaneto
» & in AJiâ plutonia que, videmus, »,
Lucrèce ( lib, VI. v. 762 , nous apprend la
raifon pour laquelle on appelloit ces endroits méphitiques
janua ditis.
« Janua ne his orci potius regionibus effe
» Credatur pojb. Hinc animas acheruntis in oras
~ Du cere forte deos inferne reamur. . . . . » ,
On fe fervoit fans doute de ces vapeurs pour
étourdir & échauffer la pythie de Delphes. On
plaçoit fon fîége , félon le fêholiafte de Lyco-
phron, fur une fente de rocher, d’où s'exha-
loient des moffètes que l'on eroyoit fortir du tar-
tare. C ’eft pourquoi le poete appelle l'oracle de
Delphes vxtsravoç A<*rp*v, l’efclave de Pluton. Peut-
êtte aufli Lycophron le qualifie-t-il de la forte , a
caufe de l’influence que le dieu des richeffes avoit
fur fes réponfes.
GROUPE.
Les groupes de figures antiques & ifolées font
très-difficiles à trouver en bronze. On peut croire
qu'un objet compofé eft plus facilement détruit :
cependant il eft certain que les anciens ont préféré
les figures feules, & la prédilection en faveur
de ces dernières , eft fi marquée, qn'ellene mérite
point d’être difcutée. Le grand nombre de
morceaux que le comte de Caylus avoit raffem-
b lé s , fans en trouver de cette efpèce, pourrôit
Jfcùl fervir de preuve à leur rareté.
G RUE ( faut de ) , ou ( danfe de la ). -
Cette danfe, dit Julius Pollux ( L IV .c . X IV .),
s’exécute par plufieurs perfonnes qui marchent à
la fuite l'une de l'autre, & tiennent de. chaque
côté & à chaque bout ceux qui conduifent la
danfe. Elle fut inftituéê par Théfée, qui s'étant
fauve de Crète, & ayant abordé àDéh>s,après
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avoir offert à la divinité de cette ifle un facrifice
d'aétion de grâces, & l'avoir remercié des faveurs
qu'il avoit obtenues d’Ariane, forma? avec la
jeuneffe qu'il avoit délivrée du labyrinthe, une
danfe qui étoit encore en ufage du temps de
Plutarque ( vie de Théfée ) , parmi les habitans
de l’ifle de Délos. Les tours & les détours que
l'on faifoit en la danfant, étoient l’image de ceux
. que ce héros avoit été obligé de faire pour fortir
du labyrinthe.
On donnbit à cette danfe le nom de danfe de
la grue 3 parce qu’on imitoit, en la danfant, le
vol des grues qui vont en troupe, conduites ou
-précédées par une feule.
GRUES ; leurs guerres contre les pygmées.
Voye% P ygmeüs.
Les grues pafloient pour des augures favorables,
comme les aigles 8c les vautours.
GR UMENTÜM, en Italie, t p ï .
, M. Combe attribue à cette ville une médaille
autonome de bronze du cabinet de Hunter, avec
les lettres ci-deffus.
! GRONDILES. Voyel La r e s .
GRIFFONS. Voye\ G riffdns;
GRYLLE. Foyq; C himères ■ & G rotesque3»
G R Y N É E , ville de l’Éolide, dans i’Afie-
mineure. Apollon y avoit un temple & un bois
: facré 5 c’eft de là qu'il eft furnommé Grynéus
par les poètes.
GU AD A LC AN A R -
Les fameufes mines d’ argent de Guadalcanttr,
dans l'Andaloufie, dont les Carhaginois 82 les
romains tirèrent des fommes immenfes , fe trouvent
inondées aujourd’hui.
G U A D A L E TH E , petite rivière qui /fe jette
dans le golfe de Cadix, à l'oppcfite de cette
: ville : on croit que c’eft de cette rivière que les
anciens ont fait leur fleuve L é th é , ou fleuve
d'oubli». Voyeç LÉTHÉ.
GUBIO ( tables de_ ) , tabula Euguhina. On
trouva en 1544 * à Gubio, ville du duché’ d’Ur-
bin, dans l’ancienne Ombrie, deux tables de
bronze, fur lefquelles font gravées en lettres
étrufques plufieurs lignes. L'explication de cei
deux tables a exercé inutilement la fagacité des
érudits. Elle exige une connoiffance de la langue
étrufque, que nous fommes bien loin de pofféder.
GUEDE , plante qu’on appelle autrement;?*./^
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i Vitrant herla, ifa fs , glaftum. Elle eft de grand i
ufage chez, les,teinturiers, qui fe fervent ilu fuc
de cette herbe pour teindre en bleu-tonce. Les
t anciens bretons s'en peignoient le vifage pour pa
roître plus terribles à la guerre, comme on voit
dans Céfar.
Pline dit que les femmes en ufoient de meme
en certains facrifices.
• GUERRE. Cherchez cet article dans le dictionnaire
de l'art militaire & de l’économie diplomatique.
GUE T ( mot du ). Il falloit qu'un foldat romain
de la dernière cohorte pour l'infanterie, ou de lader-
j ïïière turme pour la cavalerie, vînt tous les jours chez
I le tribun qui commandoit ce jour-là, prendre le mot
du guet fur une tablette ou tefsêre. On ecrivoit lur
| cetre tablette le nom du foldat qui vendit le prendre
, 8e le lieu de fon logement j ce foldat rendoit
la tablette au chef de fa troupe, & en préfence
[ de témoins j ce chef remettent ladite tablette au
1 chef de la cohorte voifine i 8e ainfi de main en main
| la tablette revenoit à la première cohorte placée
I près de la tente du tribun , auquel elle etoit
I rapportée avant la nuit ; par oe moyen , le tribun
[ de jour étoit affuré que toute l’armée avoit le
t mot du guet; 8e fi quelque tablette manquoit a K être renduei'll étoit facile de favoir ou elle etoit
I demeurée , 8e dans les mains de qui.
GUIL LOCH É fur le verre.
Le comte de Caylus(Rec. II.p , 363.) dit au fujet I d’un morceau de verre blanc trouvé dans les fouilles
3 de la fontaine de Nifmes. » Ce morceau de verre I blanc, affez mince, eft la plus grande portion d'une
I petite jatte tournée en ovale. On apperçoit fur. ce
i petit monument, à des diftances parfaitement éga- I les, telles que le tour les peut produire, des orne-
| mens affez mauvais , mais guilLochés. Voilà , fans
■ doute, de quoi confondre bien des modernes , qui
■ refufent orguerlleufement aux anciens des con-
■ noiffances dont ils s'attribuent 1 invention. Il faut
1 leur accorder la gloire de la découverte, puifque
1 le fecret étoit perdu ; mais fans rabaiffer le mérite
■ -de ceux qui nous ont précédés, & qui ont ete
I inventeurs avant nous; ces monumens de leur S induftrie feront placés dans le cabinet du roi » pu
I les curieux pourront les examiner » 8c fe convain-
I cre de la vérité des. faits ».
GUI DE CH Ê N E ,_ que les latins nommoient
Bt vifeum, eft une plante parafite. Comme dit Vir-
1 gile, il s'attache au chêne dont il emprunte fa fève
I & fa verdure, fans être produit d'aucune femençe,
K & il charge de fes fruits jaunes le corps de l’arbre
I qui le nourrit. Un des plus foiemnels aétes de reli-
I gion, chez les druides, éroît celui de cueillir le
I gui de chêne,.Voici comme Pline en parle ; « Les
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t druides n'ont rien de plus facré que le gui & le
» chêne qui le produit; iis choififfent des bois fa-
» crés qui foient de chêne, & ne font aucune cé-
o rémonie, ni a6le de religion, qu’ ils ne foient
o ornés des feuilles de cet arbre.. . . Ils croÿoient
» que tout ce qui naît fur cet arbre eft envoyé du
o ciel, & que c’eft une marque que cet arbre a été
•> choifi de dieu. On ne trouve le gui que rare-
»3 ment; & quand on l'a trouvé, on va le cher-
»3 cher en grande cérémonie : ils obfervent fur
»> toutes chofes que ce foit au fixième de la lune
»3 par laquelle ils commencent leurs mois, leurs
» années & leurs fiècles, qu'ils recommencent
»s après la trentième année ; parce que la lune
33 commence au fixièmejour d'être dans fa force,
33 fans qu'elle foit pourtant arrivée au milieu de
33 fon àccroiffement. Ils lui donnent un nom qui
» marque.qu'il guérît de toutes fortes de maux.
>3 Apres avoir préparé le facrifice & le repas qui fe
»3 doivent faire fous un arbre, ils amènent peur
» le facrifice deux taureaux blancs, à qui on lie
» pour la première fois les deux cornes. Le prêtre.
3» vêtu de blanc, monte fur l'arbre, coupe le gui
»> avec une ferpe d'or 8é le reçoit dans fon habit
*> blanc, après quoi il immole les vidimes & prie
33 les dieux que le préfent qu’il leur fait foit favo-
33 rable à ceux à qui il l ’a donné. Ils croient que
»» les animaux ftériles deviennent féconds en bu-
33 vant de l’eau de gui, 8c que e'eft un préfervatif
33 contre toutes fortes de poifons, tant il eft vrai
» que bien des gens mettent leur religion en des
» chofes frivoles. *3 Pline ne dit rien du lieu où
fe pratiquoit cette cérémonie : on croit que c'étoic
dans Je pays Chartrain où étoit le principal college
des druides, 8c pendant la tenue de l’affemblée
géne'rale des états. Voye% A gui Van neuf.
G U N ÉU S , père de Laonome , mère d’Amphitryon*
Voye£ Amphytrion.
G U S T A T IO , \ . - , ,,
G V S T A T O R IU M , ƒ P«mier fervice d ua
repas ; mets fervis les premiers.
G U T T O N A R I I , efpèce de milice à cheval
des romains. C e nom ne fe donnoit pas feulement
aux cavaliers, mais encore au cheval : voici d'où
ce nomvenoit, & ce qu’il fignifioit. Guttus en latin
eft, comme nous allons le dire, un vafè qui a
une ouverture fort étroite, d’où la liqueur ne tombe
que goutte à goutte &rlentement. Delà on avoit
fait guttonarius ,:pour lignifier* un cheval qui va lentement
& pas à pas ; enfuite on donna ce nom au
cavalier même. Voye% V égéce ( l. I. c. LVI*
& l. IV . c. VI. ) & Saumaife (fur Jule Capitolin,
pag. 246 & 247. ) , qui obferve , avec raifon ,
que dans Végèce, il faut lire gottonarios au-lieu
de Cottonarios, inféré par les copiftes.
GUTTURN IUM. T rr
j&DTTUS C" ^ 1 C qtürnium Vasp