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hiftorien , Latone , pour dérober Apollon aux persécutions
de Typhon, le cacha dans Tille de Chem-
nis, qui eft dans un lac auprès de Butes, ou de-
meuroit Latone. Elle infpira au ni de tendres délits
au géant Tytius, & ne fut préfervée des entreprîtes
de ce monftre que pa$ le courage & i'adrèfl'e
de fes enfans. Voyc* T y t i u s .
Latone 3 malgré la haine de Junon, fut admife
au rang des déeffes , en confidération de fes deux
enfans qui devinrent deux grandes divinités. Elle
eut un temple dans Tifle de Délos, auprès de celui
de fon fils. Athénée en rapporte une hiftoire affez
phi faute. Parménifque Métapontin, qui, par fa
naiffance & par fes richeffes, tenoit le premier
rang dans fon pays, ayant eu la témérité d'entrer
dans l'antre de Trophonins, en punition de fa
faute, ne pouvoic plus rire, quelqu'occafion qu'on
lui en donnât. Il confulta l'oracle d'Apollon, qui
lui répondit que fa mère, dans fa maifon , lui ren-
dtoit la fatuité de rire qu'il avoir perdue. Parménifque
entendit, par fa mère, fa patrie, ôc crut
que,, dès qu'-ii feroit arrivé dans fa maifon, il
riroit, félon la parole de l’oracle. Il s'en retourna
chez lu i, & voyant qu'il nè rioit pas plus qu'au-
paravant, il crut que l'oracle l ’avoi.t trompé. Depuis
ce temps là il fit un voyage à D d o s , vit avec
admiration tout ce qu'il y avoir dans Tifle, & entra
dans le temple de Latone, croyant y voir quel-
qu’excellente ftatue delà déeffe; mais il n'y trouva
qu’une fiatue de bois d'une figure fi miférable,
qu'il en fit un éclat de rire : il comprit alors le
fens de l’oracle, & fe trouvant guéri de fon mal,
il rendit de grands honneurs à Latone.
Cette déeffe eut un autre temple à Argos, dont ;
Paufanias fait mention. Sa ftatue étoit un ouvrage j
de Praxitèle. Voye% M é l ib é e .
Les égyptiens honoroient beaucoupçette déeffe.
De fix grandes fêtes qu’ ils cëlébroient chaque année,
la cinquième étoit en l’honneur de Latone :
la grande folemnrté étoit dans la ville de Butïs.
C ’étoit encore la divinité tutélaire des tripolitains.
Les gaules. ont auffi honoré Latone 3 comme on le
prouve par quelques înfcriptions : on croit même
qu’elle avoit un temple dans un bourg du comté
de Bourgogne, appellé Laône} en retranchant
le t ; en latin Latona : c’eft aujourd’hui Saint-Jean
de Laône. C e n’ étoit pas feulement aux femmes en '
couche auxquelles Latone préfidoit ; elle aidoit auffi
les femelles des animaux à mettre bas leurs petits,
comme on le voit par une épigramme de l'anthologie.
{lib . i . 33. cap. )
L a t o n e , portant fur ses bras étendus Apollon
& Diane, fes deux enfans, parole fur quelques
médailles d’Ephèfe, de Tripolis en Carie, & de
Magnéfie en Ionie. Sur celles de Magnéfîe, elle
nç ports quelquefois qu'un (eul de fes enfans.
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LA TO S . Strabon {lib, 17.p. yy8. f f o . ) nous
apprend qu'il y avoit deux poiffons , le lepidoie 8c
1 oxirinque, qui étoient généralement honorés pat-
tous les égyptiens ; que ce dernier étoit particulièrement
adore, & qu'il avoit un temple à Oxyrin-
que ,■ capitale d’un nom qui portoit le même
nom. Il y avoit auffi quelques po-ffons qui, n'é-
taat point adorés par tous les égyptiens, avoient
un culte dans quelques* villes ou cantons particu-
liers de l'Egypte : tel étoit le latos qui étoit honoré
à Latopolis. Les trois poiffons, dont parle
Strabon, fe trouvent dans le nil. On Voit par
Elien , ( kifi animal, lib. io.- c- 46. ) que Toxyrihque
étoit une^des efpèces de poiffons de ce fleuve,
ô%opwy%'Os Svos 0 t%6os rptQet l î o NilXos. Le lépidote
étoit auffi un poiffon du même fleuve. Plutarque
"( ^ Lfid. & Ofir. ) dit que le membre d’Ofiris, jeté
par Typhon dans le nil , fut mangé par trois poiffons
qu'il nomme : le premier lépidote, le fécond
phagre, le dernier oxyrinque. Il ajoute que c ’efl:
pour cela que ces trois fortes de poiffons font en
exécration chez les égyptiens ; mais il fe trompe ,
puilqu il y en avoit deux, comme on vient de le
voir luivant le témoignage de Strabon, qui étoient
honorés dans toute l'Egypte. \J oxyrinque avoit un
temple dans une ville, à laquelle il donnôit fon
nom ; le lépidote donnoit auffi fon nom à une autre
ville de l'Egypte, appelléeLépidote parPtolémée.
Ces dénominations de ville paroiffent une prèuve
qui jullifie ce que Strabon a avancé, & qui condamne
Plutarque.
Il eft bon d'obferver que les noms de ces poiffons
ne font point égyptiens, mais grecs. Les grecs,
en les traduifant en leur langue, ont eu fans doute
égard à l'analogie de la langue égyptienne , & ont
fait attention à ce qu'ils fignifioient en égyptien,
pour les expliquer en terme correfpondant.
L t phagre étoit ainfi nommé, à caufe de fa
voracité, du mot grec <p«ya>, (pùyuv, qui lignifie
manger, dévorer. Il étoit adoré à Syène, fuivant
Saint-Clément d’Alexandrie. ( Admonet. ad genti
p. *ƒ.)*
Le lépidote étoit une*fpèce de poiffon qui avoir
des écaillés,« ou plus belles, ou plus fortes que
les autres; car fon nom lignifie, celui qui a des
écailles, & vient du mot g rec, IflÊll
écorce, écaille, dont la racine eft xlvra a écorcher,
arracher la peau, ôter les écailles, Voye[ LÉPI-
. DOTE.
Le latos étoit, félon la defeription qu'en fait
Athénée, (/. V I I . c. 17.) un très-gros poiffon
du nil ; il s’en trouvoit qui pefoient.plus de deux
cents livres. C ’ eft un poiffon du genre, appellé
filure , dont on trouve plufieurs efpèces dans le
nil.
Uéiynnque portoit ce nom, à caufe de fa tête
longue, pointue, de deux mots grecs, tffàL aiguy
pointa, Sïpvy%«st bec, pointe, rofirum. Il appartient
au genre des falmones, dans lequel fe trouvent
les faumons.
LA TRIN E . f. f. littér. , latrina, <e, dans Var-
ron, lieu pubjic chez les romains, où alloient
ceux qui n’avoient point d’efclaves pour vider ou
pour laver leurs baffins. On ne trouve point dans
les écrits ni dans les bâtimensqui nous font reftés
des anciens, qu’ ils euffent des foffes à privés,
telles que nous en avons aujourd'hui. m
Leurs lieux publics, il y en avoit plufieurs de
cette efpèce à Rome, étoient nommés Latrinn. ou
lavatrins,, dzlavundo, félon l'étymologie de Var-
ron. Plaute fe fert auffi du mot latriha, , pour déligner
le badin; car il parle de la fervante qui lave
le baffin, quA latrinam lavat. O r , dans ce paf-
fage du poète, latrina ne peut être entendu de la
foffe à privé "des maifons, puifqu'il n'y en avoit
point, ni de la foffe des privés publics, puifqu'elle
étoit nettoyée par les conduits fouterrains dans
lefquels le tibre paffoit.
Non-feulement les latrines publiques étoient en
grand nombre à Rome, mais de plus on les avoit
en divers endroits de la ville pour la commodité.
On les nommoit encore très-bien fterquilima ; elles
i étoient couvertes & garnies d'éponges, ..comme
nous l'apprenons de Sénèque dans fes„épîtres.
f On avoit pour la nuit l’avantage d§§ eaux coulantes
dans toutes les rues de Rome ou Ton jettoit
les ordures ; mais les riches avoient pour leur ui%e
des baffins que les bas efclaves alloient vider a la
brune dans les .égouts, dont toutes les eaux fe
rendoient au grand cloaque, & de-là dans.le tibre.
(D . J.)
En fouillant dans les ruines du palais desCéfais,
au mont Palatin , on a trouvé depuis cinq ou fix
ans des latrines de marbre ; les fièges & leurs fup-
ports étoient de cette matière. Des incruftations
calcaires qui fubfiftent fur les murs, montrent que
le pavé étoit couvert d’eau à quelques pouces de
hauteur , 8c que-les pieds dévoient y être plongés.
LATRO y foldat étranger & mercenaire. Les
généraux les mettoient toujours en avant, comme
aujourd hui nos- enfants perdus. Servius (Æneid.
XII. 7. ) dît : Latrones vocantur conduUi milites :
moris autefn erat ut hos imperator & circa fe haberet,
. eos. primiim mitteret ad omne diferimen. De là
vint le terme de latrocinari, pour défigner ce fer-
Vice. Plaut s'en fert. ( Cornic. )
Latrocinàtus annos decem merçèdem.
Feftus dit que de. fon temps on appliquoit le
nom latro aux voleurs de grands chemins : At nunc
Viarum obfejfores dicuntur, , . . latrones.
L A TR O N E S , \ ^
LA TR UNCULI , y E ch e c s -
LA V A CR JJM 3 bains moins confidcrables que
les thermes. Le lavacrum, d’Agrippine étoit placé
dans le bas du Quirinal. Rufus place dans la région
ùii cirque de Flaminius \p lavacrum d'Apojlon.
L A V A T IO N , fête que les romains cëlébroient
en Thonneur de la mère des dieux. On portoit ce
jour-là en pompe la ftatue de la déeffe fur un char,
& on allait‘enfuite la laver dans le fleuve Almo'n ,
à l'endroit où il tombe dans 1# tibre. Cette folem-
n!té, qui arrivoit le 2j de mars, fut inftituée en
mémoire du jour auquel le culte de Cybèle fut
apporté de Phrygie à Rome. Voici comme Saint-
Auguftin parle ( liv» II. de la cité de Dieu) de
cette fête : « Le jour où on lavoit folcmnellement
C ÿb è le , cette vierge & mère de tous les dieux,
de malheureux bouffons chantcient devant fon
char des chofes fi obfcènes , qu'il eut été très indécent,
je ne dis pas que la mère des dieux, mais
que la mère de quelque perfonne que ce foit, ni
de ces bouffons même, les eût entendues : car il y
a une certaine pudeur que la nature nous a donnée
pour nos parens , que la corruption même ne nous
peut ôter. A in fi, ces baladins auroient eux-mêr
mes eu honte de répéter chez eux., & devant
leurs mères , pour s'exercer , toutes.lës paroles
& les poftures lafeives qu'ils faifoient devant'la
mère des dieux, à la vue d'une multitude de per^.
fonnes de l'un & de l'autre fexe, qui ayant été attirées
à-ce fpeétacle par leur curiofité, dévoient
au ma$)s s'en aller avec beaucoup de confufion,
d’y avoij vu des chofes qui bleffoient fi fort la p.u-
deur .u •
LAU D ICOE N I, chez les romains étoient les
mêmes que les rcçdxxeiç des grecs, gens gagés
pour applaudir aux pièces de théâtre & aux harangues
publiques. Voye[ lès détails au mot applaudissement.
L A V E R N E , ( mythol. & littéral. ) en latin
Laverna, déeffe* des voleurs ,& des fourbes chez
les romains.
Les voleürs fe voyant perfécutés fur la terre,
fohgërent à s’appuyer de quelque divinité dans lè
ciel : la haine que Ton a pour les larrons fembloit
devoir s'étendre fur une déeffe qui paffoit pour les
protéger; mais comme elle favorifoit auffi tous
ceux qui defiroient que leurs deffeins ne fuffent
pas découverts, cette raifon porta les romains à
honorer Layerne d'un culte public. On lui adref-
foit des prières en fecret & à voix baffe, & c'é-
toit là fans doute la partie principale de fon culte.
Elle avoit, dit Varron, un autel proche une
des portes de Rome, qui fe nomma pour cela la