
Partie, la ruine de Jérufalem arriva vers l’an j à donner quarante-treis ans de règne à | p i
dix-neuf de ce prince. O r , ces mêmes Hébreux 1 bukodonofor*
s’accordent avec Berofe ( i ) 8c Ptolomée:( i ) l
Il furvécut donc à fa conquête................... ...............................................................2 $■ ans.
Après lui EviDMerodak régna,...................... ........................................................... 2
NeriglifTqr..............................................«......................... 4
Laborrofo-Achod........................... .................................................... * o 9 mois,'
Nabonide ou Balthazar,............................. ..................... ij
Tota l..................................................... 48 ans 9 mois«
Cyrus ayant conquis Babylone, y régna........................................ ...........9 ans.
^ • 3 ......... .......... .......................... ................. .......................... 7 5 moîsà
v Smerdis le M age ........... ................................... .............................. .......................... o 7 .
Darius fils d'Hyftafpes ................................1..............................., .............. 2
Total 67 ans 9 mois.
J e m'arrête ici en ce moment, parce qu’il
telle a réfoudre une difficulté qui tient à ce
fujet j je veux parler des foixante-dix ans de
captivité prédits par Jérémie. O n difpute encore
fur les époques de cette période j la plupart
de nos compilateurs s’opiniâtrent à en établir
la fin au règne de Cyrus, I l eft vrai qu’ils
ne font en ceci que copier les anciens chrono^
logiftes ch r é t ie n s te ls qu’Africanus, E ufebe,
& le Syncelle : mais ce calcul, dénué de preuves
chez les uns comme chez les autres, n’eft
fondé que fur l ’intérêt de donner à la prophétie
de Jérémie (4 ) l’accompliffement littéral qui
( i ) Berofus apud Jpfçph, pontra Appion. Ijv, 1.
*i°.2.0. Edit. d’Havercarpp.
i i ) Ptolom.in canone? Aftron. Quant au témoignage
des Hébreux, il eft renfermé dans ce partage des
lois t lib. Il, c. ^5, v, 27, * La trpnte-fpptième année
i* de la captivité de Jéchonûjs, qui fut la première
» d’Evil-Mérodac, &c, r> Or, Jéchpniàs ayant été pris
l’an 395, la trente-fepti^me année depuis celleAà eft
! an 431, qui tomba préciipmenc vingt-gx ans après
Ja ruine de Jérulaleçi.
t i I f'-ivuuio,
^A)_ S ®ft certain, 8ç quelques critiques en
déjà tait la remarque, que le nombre Joïxante-
etoit chez les Hebreiix un nombre proverbial coït
trots le fut chez les Latins. Le terme qui l’expf
Ityportp 1 equivoque de Jabçt ; & i9 phrafç que l’o
lui manque. O n a beau tourmenter les faits,
troubler l’ordre de toutes les chronologies
étrangères pour trouver 70 ans depuis C yrus
jufqu’à la ruine de Jérufalem, & même julqu’à
la prife de Jéchonias, les faits réfiflent j 8c à
l’autorité des écrivains dits prophanes , vientTe
joindre celle des Hébreux eux-mêmes : il ne
faut que les éçouter pour diflîper- les inçerti«
tudes qu’on veut maintenir fur ce fujet.
L ’an 2e. de Da r ius , le prophète Zacharie
invitant le peuple à rebâtir le aux ordres du Seigneur temple pour obéir , difoit ( 5 ) : Voici la
70e. année. N ’eft-ce pas là une allufion mani-
Dfeifeteu avuouxs praariopleense rdae Jérémie ? Après 70 ans, , & vous rebâtirez fon temple*
Çette même année, ( 2e. de Darius) le proppahsè
taer rAiv gég»ée publioit la même ebofe. N*eft-il difpitdl ( 6) , le temps défignépouf.
traduite, cette terre refient dé J en e 70 ans-, s’explique
aufli littéralement : la terre refiera déferle dés /abats
d’années, célébrera des /abats (f années, c’eft-à-dire,
ne /era rien f /era inculte : & c’eft dans ce fens qu’il
faut prendre cette foule de captivités de 70 ans, qu’l-,
fai'e, Ezéçhiel & Jérémie prodiguent aux Egyptiens,
aux Tyriens, aux Ammonites, Içfquelles n’ont jamais
eu d’accompliftement littéral.
(j) Zakar, c. 1, v, 7. n ,
.( 6 ) Agg, c. J. V.
rebâtir U temple ? Enfin, le livre de Daniel efl
meniècroer ea npnléues dec lDaiar r» iucasr il y eft dit (1) ; La prepris
que le nombre de,s (a nmnéoeis , Ddaonnite ll e) Sjeei gcnoemur
aacvcooitm ppalrilé par la bouche de Jérémie, aUoit être .
Je fais que le livre de Daniel a femblé défi-
gner un autre Darius que le fils d ’Hyftafpes 5.
mais c’eft une indication dont l’erreur eft re-
dreflee paT Efdras, par Jofephe ( 2 ; , par les
prophètes cités, 8c par l’examen des fa ts.
On fe rappelle que nous avons compté depuis
la ruine de Jérufalem , jufqu’à la leconde
année de Darius , foixante-fept ans neuf mois.
Une telle approximation fuffiroit déjà fans
doute pour prouver que cette année eft la vé^
ritable époque finale des foixante-dix ans;
mais nous avons une remarque à faire qui porfe
le fynchronifme à la dernière précifion. On
doit obferver que ces années font tirées des
calculs babyloniens & perfes ; or chez ces deux,
peuples l ’année étoit folaite. Chez les Hébreux,
au contraire, elle étoit lunaire, c ’eft-à dire,
de 3 5 5 jours ( 3 , félon une ancienne évaluation
des Egyptiens, qui ont prefque tout fourni
aux Hébreux. De-làréfulteen excès une différence
de 10 | jours par an : nous avons donc
à retirer fur nos 67, ou plus rondement 6 2
années folaires , 697 joursr q u i, répartis en
années lunaires , en donnent deux" moins 13
jours -, ce q u i, dans le calcul des Hébreux ,
fait en toralité 69 ans 9 mois. Apurement on
n’a pas coutume d’obtenir de femblables prédirons
dans ces fièclcs reculés.
Mais demandera quelqu’u n , quel eft ce
Darius que Daniel fait contemporain de Cyrus,
& prenant Babylone avec lui ? Malheureufe-
ment la raifon de ceci n’eft pas orthodoxe.
Quoi qu’en ait décidé le Concile de Trente,
nnioeuls ne pouvons,regarder le livre intitulé Da
, comme un livre authentique, ni comme
l ’ouvrage de l’hommê dont il porte le nom.
En vain l’auteur peint en ftyle prophétique
le retour des Ju ifs , la conquête d ’Alexandre ,
les guerres de Ptolemée 8c des Antiocbus.
Nous ne voyons dans cette formule qu’une
( 1 ) Dan. c. 9. v. i.'.
(•* ) Contr. app. lib. 1.
(3) V. Aftron. ancien, de Bailly. Liv. 6. Eclaire. $.3.
fwpercherié mal-adroite, 8c nous tenon* pour
certain cjue cet ouvrage, eft une flippofition pof-
térieure a Antiochus Epiphane(4) ; c’eft ce prince
qu’il a en vue quand il parle d e ïabomination,
de la désolation du temple, c’eft-à-dire de la fta?
tue de Jupiter qu’Antiochüs fit placer dans le
fanétuaire; & ceci explique pourquoi l’on
trouve des termes grecs dans Daniel ( 5 ) ,
&: pourquoi les Septantès , de l’aveu de St.-
Jérôme, ( 6 )n ’en ont point fait la tradu&ion.
Ceci p o fé , j’apperçois d’où vient le Darius
de Daniel. Hérodote nous apprend que du
tems de Darius, hls d’Hyftaspes , la ville de
Babylone ayant fecoué le joug des Perfes , ce
prince en fit le fiége & vint à bout de la reprendre.
C ’eft ce fiége 8c cette prife qui, dans
1 efprit du Rabbin fuppofiteur , ont fait con-
fufion avec le fiége 8c la prife par Cyrus ; 8c.
c’éft en çonféquence de cette confufion qu’il
a tranfporté au premier événement une cir-
conftance du fécond: Ceux qui connoiffent la
littérature juive de ces fiècies , favent qu’il n’eft
p o:nt 4 anachronifme 8c de fable dont l ’ignorance
fabbinique n’ait été capable.
Cette première errent établie a été la fourca
de celle que nous avons détruite ; c’eft-à dire ,
de l’opinion qui fuppofoit 70 ans de la prife
de Jérufalem au règne de Cyrus. En e ffe t,
ayant repprtéà cette époque Dtfrâw, fils d’H y ftafpes,
il a été prefque néceffaire de lui confer-
ver l’idée des 70 ans qui s’étoit déjà affociéc à
la f ie n n e (7 ) .
No u s terminerons cet article par établir le
rapport du canon du temple à notre ère
vulgaire,
Darius ayant régné trente-fix an s , mourut
l’an j 07 ( 8 ).
La bataille de Marathon, qui eut lieu cinq
ans avant la mort de ce prince, ( 9) tombe
donc à l’an 503,
(4) C’eft le fentiment de Porphyre.
( 5 ) par exemple, Symphonia. c. 3. v. 15.
( 6 ) Præf. in Daniel.
( 7 ) Jofephe me paroît le premier écrivain qui ait
copié cettetaute, Antiq.jud. lib.X. c. n. &lib. XI. c. r.
mais il la corrige enfuite dan» fon ouvrage contre
Appion. lib. t.
( 8 ) Herod, lib. 5.
- (9) Id. ib. p. 403.*