
que confommant pour fa fu b finance le produit
d ’une grande étendue, il forme un déiert autour
de lui. Vient enfuite à pas lents i’âgricul-
ture. Alors la nourriture raffèmblée dans un
petit efpace permet aux individus de fe rappro
cher -, l’état locial commence : mais dans cette
enfance de la fociété, les réunions ne fe font
que peu à peu. U y a d’abord autant de peuples^
que de familles, autant d’états q u e 'd e - hameaux.
Bientôt furvient l’érat de guerre. Une
peuplade envahit la propriété d’une autre, Se
fe l’incorpore comme efelave ou comme alliée,
L a maffe des fociétés fe furcompofe de jour en
jour. Par la réurvon fucceflive des hameaux
aux hameaux, des cantons aux cantons, on voit
fe former les provinces; parla réunion des provinces,
les royaumes; par la réunion des royaiS
m e s , les empires : tous les pays offrent des
exemples de cette gradation. V o y e z la P a le s tine
: au temps de J o fu é , on y trouve plus de
cent rois dans un efpace de moins de 30 lieues
quarrées. Quatre cents ans après, on n’y compte
plus que trois royaumes, qui bientôt fe confondent
en une feule maffe fous les rois afly-
riens, perfes & grecs. Au temps de la guerre
d e T r o y e , la Grèce eût pu dénombrer deux
cents royaumes ou républiques : au temps de.
Xercès, le nombre en étoit réduit à une vingtaine.
Sous les Romains, ce ne fut plus qu’un
feul état*, il en fut de même de l ’Italie, de
l ’Afie Mineure, de tout pays*, Se telle eft la
néceflîté de cette divifion primitive, de cette
aggrégation progreflîve, que par-tout où l’on
vo it de grands états, on en doit conclure cette
marche préparatoire à leur formation : Se fi
l’on veut y réfléchir, on verra que l’hiftoire de
la compofition graduelle des états eft écrire
dans leurs divifions géographiques-politiques.
En effet, analyfez ces grands corps que l’on
appelle empires, vous y verrez d’abord une
divifion principale en royaumes; puis la divifion
de chaque royaume en provinces, Se encore
la fubdivifion des provinces en diftriefts : Se toutes ces divifions font les veftiges d’un état
primitif Se originel. Prenons pour exemple l’Ef-
pagne : ce qui ne forme aujourd’hui qu’un feul
roy aume, étoit jadis divifé en plufieurs, tels
q u eC a ftille , Valence , Arragon, L é o n , N a varre,
Afturies,. Grenade, Murcie, Cordoue, Sec. Si l’on pâffe aux fubiivifions de ces royaumes,
on y retrouvera la trace des états de cinq
ou fix cents peuples, que Pline y dénombroit
il y a feize fiècles. Maintenant que l’on fuppofe
que tous les.monumens viennent à fe perdre,
qu’un nouvel Qmar brûle tous les livres, qu’ar-
rivera-t-il? La poftérité perdant toute idée des
détails, ne connoîtra lEfpagne que fous fon
état le plus récent, fous celui d aggrégation qui
n’en fait qu’un feul empire. Q u ’on lui préfente
des liftes fteriies de rois d’Arragon, Valence,
Caftille, elle pourra imaginer q e ces dynafties
; ne font que des familles différentes, ou que les
capitales de ces royaumes ont tour-à tour été
le fiége de l ’empire du continent entier. Voilà
i précilëment ce qui eft arrivé pour l’Egypte.
’ Depuis Piammécik, n’ayant plus forint qu’une
monarchie, les hiftoriens qui vinrent après ce
temps, accoutumés à la regarder comme un
tout homogène, s’imaginèrent qu’e le avoit
toujours ainfi fubfifté. Ge fut par cette raifon
qu’en recaeiilant les m onumens des différentes
villes, on n’en fit qu’un feul cor^.s : comme
l’hiftoiie n’étoit bien connue que depuis Séfof-
tris, ce prince fervit de ralliement*, Se voila
pourquoi les diveifes liftes commencent toutes
. par lui.
Appliquant à l’Egypte les principes énoncés,
je retrouve fon hiftoire dans la divifion géographique.
Les 5 3 nômes ou provinces qui la com-
pofoient fous les rois grecs , me tepréfentent
autant d’états originairement indépendans ; SC
remarquant que les dynafties portent les noms
, de la plupart de ces nômes, je les regarde
comme des fragmens de liftes de leurs rois. A
cette divifion en fuccéda une autre plus fimple.
Ces petits royaumes s’étant fucceflivement engloutis
les uns les autres, il s’en forma trois
plus confidérables, repréfentés dans la T h é -
b a ïd e , l’Heptanôme Se le- Delta : enfin les
caufes d’aggrégation perfiftant toujours, un de
ces états envahit les autres 3 ce fut Séfoftris qui
le premier opéra cette réunion *, mais elle ne
fubfifta pas. C e Zarhâ , qui paroît en Paleftine
.au temps d’A fa , indique que Thèbes avoit recouvré
fon indépendance, Se peut-être à fon
tour impofé fon joug à Memphis. Nous ignorons
les détails de ces révolutions, parce que
tous les monumens font perdus : mais il femble
que la domination des Ethiopiens ne dura
point, puifque Sabbacus revint au trôifième
fiècle reconquérir l’Egypte. Si Taracus qui lui
fuccéda régna dans le Delta , on y dojt compter
alors deux rois, puifque Sethon vivoit à la
même
/
jnême époque*,. & s’i l ’i i ÿ régnapoint, il eft
prouvé que Manéthon a fait ce que nous av-ons
d it , un recueil indigefte de liftes de Rois de
divers royaumes.. Nahum en nomme un entre
autres, quon.cloit ràppçrter à cès temps.*, car ce'
prophète parle- 'd eN d am ô u n ( 1 ) , 'Comme d’une
Ville 'capitale, comparable;à Ninive, qu’il me
nace d ’être détruite, comme venoit de 1' ’être la
première: o r , Na-amoun n’eft ni Alexandrie,
comme le prétend Saint-Jérôme, ni T h è b e s ,
comme l’a cru Bochatr, mais is Pack na amoun-, y capitale d’un nome du Delta. Enfin., dans
le commencement d 11 quatrième fiècle du T em p
le, l’Egypte* fe forma en un. feul corps d’Empire,,
fous l’a-riftocratie des douze rois. Depuis
cette époque , la'férié de fes temps étant connue
, nous fommes difpenfés d’en parler.
C H A P I T R E V.
Des Perfes, .
D epuis que les Perfes eurent conquis L A fie, ï
leur nom s’étendit comme leur domination J de devint en quelque force générique Se commun
à tous leurs lujets. Mais dans l’origine,
les Perfes écoient un corps de nation d iftind ,
divifé en tribus, dont Hérodote nomme juf-
qu'à dix (2). C e s peuples , partie pâtres,
partie laboureurs , étoient répandus dans le
pays qui fut appellé de leur nom la Perfe\
proprement dite , ayant pour limites an Nord
la chaîne des monts Elyméens , à l’Orient, les
déferts de la Carmanie , au Midi Sc à l’Queft
le T ig re & le golfe perfique.
L ’hiftoire des Perfes , ainfi que de la plupart
des peuples , n’eft point connue dans la
haute antiquité. Dans des fiècles moins reculés.,
les difcordances des Ecrivains laiffenc
douter s’ils furent fournis aux Aflyriens; car j
d'un côté , Ctefias les compte dans le dénombrement
de cet empire (3 ) ........ D'autre
p a r t , Hérodote affure qu’ils ne furent jamais
fubjugués avant Phraortes (4 ) , fécond Roi
desMèdes. C e qu’il y a dé certain, c’eftqu’ils
furent aflujettis à ces derniers, à l’aggran-
diflement defquelsils contribuèrent beaucoup,
(1) Nahum. g, 3, v, 8. il a dû écrire vers 300 & 310.
(») Hérod.lib. p. 61,
U) Ctefias apud Diodor. ficul. iib. IL
(?) Hérod.ib. g, 53.
T e l étoit l'état des Perfes depuis environ
quatre-vingt au s, quandCytus parut, & d’ un
peuple conquis & fu je t , entreprit de faire un
peuple conquérant & dominaceur.
Cyrns , en s’élevant . trouva i’A fîe inférieure
partagée prefqu’entièremenr entre trois
grandes puillances ; i ° . les M èd e s , qui ré-
gnoientdu fleuve H a ly sà laB a â r ian e ; 2 ° . les
Lydiens , qui avoient envahi la majeure partie
lle la prefqu’ile ( Afia Minôr ) ; 3 °. enfin les
Babyloniens, qui occupoient depuis le T ig re
jufqu’à la Méditerranée. Par une révolution
rapide , route cette vafte étendue de pays fut
réduite en un feul & même domaine ; & C y -
rtis, dans un règne de vingt-neuf ou trente
ans, non feulement conquit l’un après l ’au tre,
les Etats nommés . mais y ajouta encore des
peuples . qui , jufqii’alors avoient défendu
leur liber té. & confervé leur indépendance.
Pour clalfer les différeras événemens de
l’hiftoire de Cyrus , il faut partir d’une époque
principale & connue, & à ce titre fe préfente
la prife de Babylone. Selon ie canon de Pro-
lomée , Cyrus fit la conquête de cette ville
neuf ans avant fa m o r t, par confcquent dans
la vingt-unième année de fon règne : orcerre
année étant déterminée dans notre canon par
la fucceffion des Rois Babyloniens la quatre
cent cinquante-cinquième du T e îi p ie , il eft
facile de ranger les autres dates.
Nous aflignerons donc à l’an quatre cenç