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Apicius ( de re coquin. 2.) parle d'une vulve de
trive farcie comme une andouille , vulvuU eficiau.
1 ampride ( cap. X IX . ) dit quTlagabale fit fervir
1 prcjTuer des boudins farcis de poiftons, de crabes
& d'autres cruftacées. Cependant les livres
attribuées à Apicius, que l’on croît avoir écrit fous
Tibèrei en font mention..
IS IN D U S , en Camphylie. is in .
Les médailles autonomes de cette ville font :
RRR. en bronze. Pellerin.
O. en or.
O. en argent.
ISIS et fit avec Offris la plus grande divinité'des
égyptiens. C ’étoit à la fois fa foe u r fo n e'poufe &
fa mère, mais fous des rapports différens. Plutarque
nous donne la clef de cette allégorie agronomique
( de Ifid, & Ofiride ) , en nous difant
qu3 Ifis &r Offris étoient la lune & le foleil, qu’ils
gouvernoienc tout ’’univers , en nourrifloient toutes
les fubftances , & qu’enfin ils préfidoknt à la
génération de tous les êtres. Sous ce rapport ils
étoient frère & foeur. Dans les premiers temps les
égyptiens rendirent un culte particulier au foleil &
à „la lune fous leurs noms ordinaires ou vulgaires.
Mais les prêtres enveloppèrent bientôt de tenebres
un culte auflî fimple , & ils déguisèrent jufqu’aux
noms de fes objets. Le foleil & la lune devinrent
Ofiris & Ifis. Celle-ci prit même le nom égyptien
( ouCophte) delà lune , Joh ou Pi-Joh. C ’eft
fur ce léger fondement qu’Hérodote ( lib, cap. I.
V . ) a trouvé une reflemblance & même l’identité
entre 1 'IJ!s égyptienne & J o , fille d’Inachus.
( Voyez J o . )
Les égyptiens voyant que la fertilité de leur
pays dépendoit des débordement du Nil , & que
ceux-ci dépyndans des pluies du folltice d’été,
accompagnoientles premières phafes d elà lune-
après cette époque, attribuèrent d'abord à cet
aftre la vertu fécondante, ou génératrice,, & en-
fuite à Ifis Ton fymbole mythologique. De la va- '
riété des phafes vinrent les cornes de vache dont
Ifis eft fi fouvent coëffée ; de la vertu fécondante
vint fa reffemblance avec Cérès des grecs. Les
égyptiens reconnoiflant deux principes fécondans
de l’univers , le chaud & l’humide, reconnurent
pour les premières divinités Ofiris ou le foleil , qui «
produit la chaleur pendant le jour, & Ifis ou la
lune * qui produit, félon l’opinion erronée des !
anciens, l’humidité pendant la nuit. Cette humi- ;
d ité, toujours félon les égyptiens, enfloit le Nil
dans les montagnes de l ’Ethiopie, & le faifoit
déborder fur l’Egypte defféchée, brûlée par lés
feux du printemps & des tropiques. De là vinrent
Us larmes d’Ifis tant defirées par ce peuplefuperftitieux,
tant invoquées dans lesmyftères, & tant
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célébrées dans les écrits des grecs qui- connurent
l ’Egypte : de là vinrent encore les attributs, ordinaires
d’Ifis (Servius in Æneid. 8. verfi 596. ) , le
fiftre qui expiime par fts finuofités celles du débordement
le vaf* ou leau quidéfigne la rentrée
du fleuve dans fon l i t . ou dans un feul canal.
Telle fut Y Ifis célefte 5 mais Ofiris étant descendu
du ciel-planétaire pour devenir le fleuve
nourricier de l’Egypte , ifis devint auflî ttrreftre,
& ce fut alors la terre elle-même ( Macro b. Saturn.
1. 21. ) que le Nilfécondoit 5 ce fut l’époufe
d’Ofiris ; ce fut la déeffe dont la vache, infh-ument
du labourage, devint le fymbole ; ce fut enfin une
divinité femblab’e à Cérès des grecs. Mais Ylfis-
terreltre ne repré fèn ta pas la terre entière ( P lu -
tare/?, delfid. & Ofir. ) fn i même toute la terre
de l'Egypte 5 elle repréfentj feulement cette portion
de terre que le Nil traverfoit & rendoit féconde.
Les contrées sèches & fié ri les de TEgvpte,
dont le N iln ’approch.oit jamais, furent repréfen-
cées par N ephthys, Voyez ce mot.
La fuperftition ne fe repofe jamais y elle crée
toujours de nouveaux fantômes. Ifis fut non-feulement
la lune , mais encore la collection de tous
les êtres Sublimai,rés, ou plutôt Tarne dn monde ,
la f>o<r/s des grecs ( Saturn. 1. cap, zp & 2t. ) :
cette nature qui a toutes les formes, <f>Ycic
iiANAiôAOc i iant’. MHT. & qui eft mère de tout-,
comme l ’appelle une infeription dans Gruter
( X X V I. 7.O : cette nature - myrlonyme, ou à
mille noms. Ifis étant la nature univerfelle, la
mère des êtres, fut aufïi la mère d’Ofiris ou du
foleil C'étoit la doCtrinequ’enfeignèrent au temps
des Ptolémées fur Ifis les prêtres d’Egypte j c’eft-
à-dire , que voulant fe rapprocher des grecs, ils
empruntèrent les opinions des pythagoriciens, des
platoniciens & des-ftoïciens fur la nature, fur
Tarne du monde, & ils les. appliquèrent à Ifis.
De la vint que ces mêmes grecs crurent recon-
noître leur Minerve dans Ifis 3 furnommée Neitk ,
leur Diane dans Ifis 3 furnommée Bubafie, leur
Latone dans Ifis 3 furnommée Buto , leur Hécate
dans I f is , furnommée Tit/irambo , &c. & c .
Voyez tous les articles des «divinités égyptiennes
femelles.
Après avoir débrouillé, à Taide dejablonski,
le cahos des fables égyptiennes fur Ifis 3 je vais
rapporter les fables grecques qui ont rapport à
la même divinité-
P lu t a r q u e d i t q u e l l e é t o i t f i l l e d e S a tu r n e &
d e R h é a ^ & q u ’ e lle e u t p o u r f r è t e & p o u r am i
O f i r i s . I l a j o u t e , fu iv a n t u n e t r a d i t io n e x t r a v a g
a n t e , q u lfis & O f i r i s c o n ç u s d a n s l e m êm e fe in ,
s ’ é t o ie n t m a r i é s d a n s le v e n t r e d e l e u r m è r e , &
q u ’Ifis e n n a i f fa n t é t o i t d é jà g r o f f e d ’ u n f i ls . Voyez
A r u e r i s . I l s r é g n è r e n t en E g y p t e , v i v a n t d a n s
1 s 1
tire pas faite union, s'appliquant 1 un & 1 autre a
polit leurs fujtts, à leur enfe.igner 1 agriculture,
& les autres ans néceffaires a 1a vie. Olirts ayant
M Ü la vie par les embûches de Tiphcrt fon
frère Ifis , après l'avoir long-temps pleure , lut
fit de magnifiques funérailles , vengea fa mort en
pnurfuivant le tyran, & après l’avoir ntt périr,
elle gouverna l'Egypte durant la minorité de Ion
fi's Horits. Après fa mort ., les égyptiens I adorèrent
avec ton mari; & parce qu'ils s-etotent
appliqués pendant leur vie à enfeigner 1 agriculture,
le boeuf & la vache devinrent leurs fymboles : o'n
inftitua des fêtes en leurhonneur , dont une des
principales cérémonies étoit l’apparition du boeuf
Apis. On publia enfuite que- les- âmes d‘ Ifis &
d’Oris étoient allées habiter dans Te fo le ild a n s
la lune, püifqu’ ils étoient devenus ces affres bien-
fai fa ns ; en forte qu’on confondoit leur culte avec
celui du foleil & de la-lutte. Les égyptiens célébraient
la fête A'Ifis t dans le temps qu’lis Ta
croyaient occupée à pleurer la mort. d’Ofiris,
c’étoit le temps que l’eau du Nil commençoita
monter j ce qui leur, faifoit dire que" le N i l ,
anrès s’être eroffî des larmes d'Jfis 'inonde & fer-
Ifis psffa enfuite pour être la déeffe univerfelle
, à laquelle on donnoit différens noms, fuivant
fes différens attributs. Ecoutons Apulée ,
qui fait ainfi parler cette déeffe : « Je fuis
*> la nature, mère de toutes chofes , maîtreffe
» des élémens, le commencement des fiècles, la
« fouveraine des dieux, la reine des mânes, la.
» première des natures céleftes , la face uniforme
des dieux & des déeffes ; c ’eft moi qui gouverne i
« la fublimitè lumineufe des cieux, les vents falu-
m taires des mers , le filence lugubre des enfers. ;
W Ma.divinité unique, mais à plufieurs formes „ eft
honorée, avec différentes cérémonies & fous
30 différens noms. Les Phéniciens m’appellent la ,
»o pefïinuntienne, mère desdieux ; ceux de Crète, ;
»o Diane , Diélynne ; les ficiliens , Proferpine
33 Hygienne; les éleufiniens, l’ancienne Cérès;
» d’autres, Junon , d’autres, Bellone quelques«-
» uns Hécate. Il y en a aufïi qui m’appellent
a» Rhamnufia ; mais les égyptiens m’honorent
»o avec des cérémonies qui me font propres &
»o m’appellent de mon véritable nom, la reine
33 Ifis o». On a trouvé une ancienne infeription
qui confirme l’idée d’Apulée, la voici:
Déeffe Ifis qui eft une & toutes chofes. '
Les grecs qui vouloient ramener toutç l’antiquité
à leur propre hiftoire , ont prétendu qu ’ Ifis étoit
la.même qu’ Io , fille d’Inachus, quoique leurs
fables ne fe reffemblent en rien ; c ’eft pour cela
qu’on trouve quelques ftatues à'ifis avec des cor nes
de vache , quoiqu’ on les prenne' auffi pour lès
eoines ou le croiffant de la lune. Voyez Io.
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Ifis étoit fur-tout honorée à Bubafte » a Copte*
& à Alexandrie. « A Copte , dit Elien (PUft* des
oo animaux y Uv- X. ch. X X 11Ï. ) , on honore
oo déeffe Ifis en bien des manières : uneentr’autres
03. eft le culte que lui rendent les femmes qui pieu-
» rent la perte de leurs maris, de leurs enfans 8c
oo de leurs frères. Quoique le pays foit plein de
oo grands ■ feorpions , dont la piquuie^ donne
oo promptement la mort, & eft fans remede,^ 8c
oo-que les-égyptiens foi eut fort attentifs à les evi-
3o ter; cespleureufes à’Ifis, quoiqu’ elles couchent
>o à platte terre , qu’elles marchent pieds mids, &
oo ■ même, pour ainfi dire , fur ces feorpions per-
33 nicieux,, - n’en fou firent jamais dé mal. Ceux de.
oo Copte honorent auflî les chèvres, difant que
oo la déeffe Ifis en fait fes délices ; mais ils man-
» _ger.t les-chevreuils ». Un homme étant entre
dans le temple à'Ifis , à Copte , pour favoir ce
qui fe paffoit dans les myItères de cette deeffe ,
& en rendre compte au gouvernem j il en fut^ en
effet témoin, s’acquitta de fa commiffion; mais il
■ mourut auflî-tôt après, dit Paufanias, qui ajoute
à certe occafion : ilfemble qu’Homère ait eu rai-.
. fon de dire que l’homme ne voit point les dieux
impunément. Les romains adoptèrent avec beaucoup
de répugnance le culte d‘ Ifis : il fut longtemps
profent à Rome, peut-être à Caufe de fes
figures bifarres j mais après qu’il eut forcé les
obftacles , il s’y établit fi b-en, qu’un grand nom^
bre de lieux publics prit le nom d’ Ifis. Il eft vrai
qu’on donna à fes ftatues une forme plus Exportable
Le fymbole le plus familier à3Ifis, eft lé fiftre
qu’on lui met à la main. L’ ufage du fiftre, dans
les myftères à.3Ifis, étoit auflî général que celui
de la cymbale dans ceux de Cybè le, & avoit le
même but, celui de faire du bruit dans le s temples
& dans les proqefiions ; ces fiftres rendoient
un fon à peu près femblable à celui des cafta-
gnettes..
Ajoutons enfin, que le culte à3Ifis paffa d’Egypte
jufque dans les Gaules. On croit meme que la ville
de Paris en a pris fon nom («-«p« htfoi, près du
temple d3Ifis ) , & qu’il y avoit à Iflî, près de Paris
, un ternie à3Ifis, comme plufieurs monumens
en font foi.
Pour les détails du culte à‘ïfis. f'b y^ I s iAQ u e s .
Les feuilles dont Ifis eft ordinairement couronnée
, font des feuilles de mufa , efpèce d’aibre
fort commun aux environs de Damiette, & que
Théophrafte a mis dans la claffe des palmiers. Si
c’eft de. cet^arbre qu’on a dit ( Horus Apoll, hierog•
lib. I. c. XXIII. ) , qu’il poufloitune feule branche
à chaque Iunaifon , & que les égyptiens l’ern-
ployoient dans leur écritute fymbolique, on ne
doit pas être furpris que fes feuilles foient entrées,
dans la parure à’Ifis, divinité qui n’étoit pas différente
de la lune. A 1 égard des cornes, Héro*;