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' C H R O N O L O G I E
Si ceux qui l’ont fuivi u i ont compte 3 4 -^
5«, c’elVqu’ils introduifoient les princes B ab y loniens
( 1 ' .
Si Ctéfias affuroit que de Ninus à Sardana-
p ale, l'ordre généa'ogique ne fut point întei-
rompiti il avoit raifon.
Mais fl Bion Si Alexandre Polyhiftor pré-
tendoent qu'il le f u t i l s navoient pas tort ;
car ne reconnoiflànt point Sardanapale dans Al-
catades, ils introduifirent enfuite des Rois Babyloniens
qui brifoient la famille de Ninus ( i) . B
- (,-1 La lifte de Syncelle porte une.fingekritéqurmcrite
d’être relevée. Ce compilateur, qurd ans toute oc
«non S que le copifte d'Eusèbe, outre la. lrcencf
au’il prend par-tout de réformer les nombres a fa Çon
venance , s’tft ici permis d’ajouter aux Rois Afiyriens
sÊÆ È Ê tÊM B S m ^
mis, &c.
chroniqueurs.
U ) .e La poftérité de Ninus, dirent Bion & Alexandre,
’ S g S S a kuêiJèéâ « w £ m»‘
Z puis Ninus , le rems fur en totalde >30* ans-
Ce récit prête de nouvelles.prenves à ce que j’ai avani
, r S e ururpation de Belitaras ( Baieraret e n S y n -
^ i l r P d i m u s e n C é p h o l io n , q u i l e p la c e 64c. a n s a p r e s
c e l l e , HK f l e n r E u s ü e . ) Cette ufurpation ,
U in u s , & j t e j t 4 9 rn nnièrp n u i t e n o i t d u m e r v e i lle u x
dis-je, fal-^_?i” jonev eftune allulion fenûble à celle
duBdlfvs qui dans tafias employé l’aftrologte, la
d^ation & ce que l'on appelle m a g ie , e n c h a n t e p ie n e .
E e l ù s V e c e n a i e eft encore un autfe nom de
tÏHanaoale , peut-être en DialeSe babylonien. Les
cnnr n peu entendus dans, cette partie,
uû'AUxaSrel'olyl.Slor a répété ce fait dans un autft
récit fous d’autres couleurs.
7a*1îbRm'des1 Kaldêens ^dï^MveTtourna fes
S É oe s s » « : cette^révolution , tranfmit à fon fils Nabukodono-
» for II , l’empiré des Kaldêens & de Babylone ». V o y .
Ap.Syncel.p- uo: . ' .1 ;,'‘ :j,! jj: in.
Vai déià dit que S a r a k étoit Sardanapale : la circonstance
à è \ 'ê t r e b r û lé d a n s f o n p a la i s en eft une nouvelle
c^-euve. Mais en outre on remarquera que prenant
^Vcat'des pour Sardanapale, & Amyntes pourBele-
^sfBetoasfetrouveexademefitrépondre a Nabov
avoit oui 8c n on , 8c Cephalion a -dit 1 un 8c
l’autre. (. Çephal. in Syncel. p . 16~j. ) .
Les caufes de toute cette confufion font, i° .
l'équivoque des Rois de Ninive qui régnèrent
fur Babylone, & des Rois de Babylone qui,
depuis Be efys jufqu'àNabukadenatiar H , pa-
roifient avo*r régné fur Ninive.
i ° . La différence des langues. Les monu-
mens originaux de chaque nation etoient d a-
bord écrits dans leur langue propre : mais ces
langues ayant fubi les révolutions des peuples
qui îes.parloient, les idiomes des vainqueurs
firent tomber en défuetude les idiomes des vaincus
; ceiix-c] s’altérèrent 8c s’oublièrent de jour
en jour : faute de gra,mmaires 8c de diébonnai-
res, 1 étude en devenôit très—«difficile > 1 intelligence
des livres ne fç tranfméttoit que de bouche
, moyen rapide de dépravation ; on tra-
duifit; on défigura', le rareté des manuferirs
rendit les confrontations difficiles, 8c^ par. la
fuite quand les Grecs ignorans vinrent s en mêler,'
Us fondirent en un feul corps çù des tra-
duéliôns divërfes, ou des originaux anciens.
Pour réformer ces erreurs, & rétablir l’ordre
I naturel, il faut d’abord, au lieu de 3p. ou 16
générations, n’en compter que quinze ; en ouïr,
e, on doit rejetter tous les nombres donnés
par les liftes .grecques ; ils font condamnés 8c
par leurs difeordances dans les memes fujets,
8< par l’autorité de Céphaiion, qui aflure que
depuis N in v a sa u cu n des Rois de Ninive ne
régna plus "de vingt ans ; (3/ 8i ce témoignage
s aeçoide avec les livres hébreux, d apres lef-
quelson ne peut donner vingt ans a chacun des
quatre princes qui fuivirent Thaï : 8c fi 1 on fa't
attention au calcul d’Hérodote, on verra q.u d
n’a fait.aucun cas de ces nombres, mais qu il
a , félon fa coutume, évalué les temps par le
{yftême des générations. Ses 5 20 ans en donnent
quinze, plus les vingt ans de Sardanapale,
t r o p connus pour être évalués fyftématique-
ment. Mais fi L’on évalue les générations félon
ce que j’ai propôfé , les 15 ne donneront que
3*75 ans : ce qui place Ninus dans le fiecle de
olaft’ar. Or comme on *
ernier que par l’equivoque- ctes noms > il faut les re
orter à fon anté-prédé'ceffeur, & tout rentrera dans
ordre». „•
(j) A Ninyâ reliqui.. ... . ab avili nobffltate défiientes
. . . . Itaut nullus vieennalis obiret. Apudàyn.
el. p. iH'
David , fans pouvoir le rejetter plus haut ; S t . ,
on peut l'abaifler jufqu’à les rendre contemporains
, car on ne doit point compter pour une
génération, Sémiramis, épaule de Ninus. Alors
on voir combien eft exaêt ce paffage de Mulon
deB e ry te , qui fait vivre Sémiramis du temps
d’A bibat, qui v é c jt du temps de David.
Si maintenant nous contemplons i'enfemble
général qui réfulie de cet.ordre, nous le trouverons
exaét : en Vain nous afture-.t-on que
Ninus fut un conquéranr univerfel, qu’ il parcourut
l'A fie , l’Inde Si 1 Aitiquej ce lont autant
de fables & d’abfurdités dérivées de l’équi
voque des mots Si des noms qui a tout con
foniudans la haute antiquité : Ninus, pris pour
homme & pour roi d’Auyrie ( i) , ne put jamais
faire que de petites conquêtes, & pofleder que
des états très-bornés. Les notes de l’anonyme
en donnent les preuves les plus évidentes ; on
y vo t que Ninus n’avoit pas même conquis les
Baétriens, puifque ce fut Arius qui acheva de
les foumettre. Il s'en falloir beaucoup qu’il eût
conquis l’Inde, puilque Baléus-Xercès nen atteignit
les frontières qu après avoir doublé l'empire
par fes viâoires. Maigié la pénurie des détails,
on lailit toutes ieS nuances d’un- ac-
croiÜ’ement progreflif, conforme à la nature
des chofes. L'ambition des premiers princes
aifyriens fe porta toute entière vers l’Orient.
Q and elle eut pris de ce côté une extenfipr.
U ) Je dis pris pour homme, car il me paroît qu’on
l’a'' pris pour toute autre chofe. Je foupçonne que 1 on
a confondu N in o s Roi, avec N in o s ville ; & en pre- ;
liant dans ce dernier fens ce que l’on raconte de?l empire
de Ninus, le récit devient plus exaâ. Mais d autre
part, Ninus me paroît avoir fait équivoque avec un
être d’une autre efpèce. J’ai lu quelque part que ce
nom en Aflÿrien.vouloit dire l e f o l e i l ; & la généalogie
de Ninüs en Xénophon (a).-, favorife ce lentiment.
Ce règne de cinquante-deux r é v o lu t io n s qu’on lui
attribue , femble faire allufion àu r è g n e annuel du foleil
divifé en s x femaines. En cette qualité , je ne m’étonne
plus qu’on ait pris Ninus pour un conquérant
univerfel ; mais fes conquêtes ont été de lefpèce de
celles de Bacchus , Olyiis , Hercule , tous emblème
d u f o l e i l , qui parcourt la terre a v e c l ’ a rm é e in n o m b
ra b le d e s d e u x .
Dans l’antiquité primitive, chez tous les peuples
S à b i e n s , les Rois s'appelaient S o l e i l ; voilà la lignification
des H a à a d de Damas, des B e l u s de Babylone ,
des K y r u s des Perfes. Les Reines fou vent s'appelaient
L u n e s ; tout l’ordre des cieux étoit imité fur la terre :
& c’eft par ces équivoques que la Mythologie a été
mêlée à l’hiftoire.
(«) Xenoph. de Æquivocis. Nous la rapporterons ailleurs.
fuffifante, elle fe retourna vers le couchant, 8c
y fui vit les memes gradations. Phoul Mamitus
paffa le premier 1 Euphrate vers l’an 2 3^. Jit.'-
qu’alors les pays adjaeexis à la Méditerranée
avoient été divifés en une multitude de petits
états, tels que Tfouba , Damas, Hamat, &£C.
dont on fuit l ’indépendance depuis Abraham /
jufqu’à leur deftruétion par les Afiyriens (* ) •
Vers l’an 258, Tfeglat détruifit le royaume de
Damas (3), & il enleva même quelques cantons
hébreux 8c arabes. Salmanaiar ( 4 ) , en
273, compîetta la ruine du royaume de Sama-
'rie, 8c s’efforça d'envahir les pofieftions des
Tyriens ( 5 ) . Sennacherib porta les vues fur
Jérufalem 8c Memphis; enfin Afaradon termina
par la prife d’Azot.
Pour fentir toute la vérité de ce tableau v
écoutons un Roi A fiy r ien , Sennacherib lui-
même parlant à Ezékias.
« Infenfe qui crois que ton Dieu te garantira
de mon joug ! les Dieux des nations les ontr
>3 ilsfauvées de là main de mes peres 1 Ont-ils
» préfervé les pays de Hâran, Gou\cin, Rat-
33 faph, 8c les enfans d’Aden qui habitoient
J3 Talachar J Reg, I I . ci 19.
»3 Ont-ils fu défendre contre moi Hamat.,
»3 An a, 8c le Saphirouim ? Ibid. c. 18.
La pofition de la plupart de ces pays nous eft
connue. Hâran eft en Méfopotamie, Gou-ian eft:
le Gau-ianitis dè Ptolomée, aux environs de
Singare. Ratfaph eft fur l’Euphrate; Ana eft une
iflc fituée dans le cours de ce même fleuve. Les
Saphirouim font 1 çsSapires des G recs, au nord
de l’Arménie. ( V. Danville, Géograp. anc. b
moderne. )
O r , fi Sennacherib avoir fubjugué des peuples
auflj voifins de l’Aflvrie, fi même du tèrns
de fes pères il y avoit des pays indépendans
(a) Ce fut enconféquence de la conquête des A J p y
r ie n s que s’introduilit, comme nous l'avons dit, le nom
de S y r i e n s . Or cette dénomination ne pût devenir
ufitée que fur la fin du troifième fiècle ; &voilà pourquoi
on ne la trouve ni dans Homère, ni dans He-
fiode fon contemporain , quoiqu’ils aient parlé de ce
pays fous fon nom oriental A r im a ou A r a m . Iliad.
lib. IL Hefiod. Theogon.
(^) Reg.IÏ. c, 16.V.9. & Parai, lib.I. c. 5. (cap. 6.)
V. 16.
(4) Ib. c. 17.
(,) Ap. Joleph. Ant. Jud- lib. K c. H»