
Àu-deffus de Tautanes, il n’eft plus de moyens
de fè reconnoîcre jufqu'à la note de l’anonyme.
Cette note ell fîngulière, & j’admire comment
& par quelle raifon un écrivain toire des Rois-AJfyriens, a terminé l'hif- à ce qui paroît en faire
moins de la moitié. Dans ces deux feCtions, je
vois un caractère de différence marqué. L ’une
porte des notés , l’autre en eft abfolument
dépourvue. J examine ces'notes* ce font des
pErginypcetise nfsa,i f$acnctc sl ga\i QgTuïQerSre aux Syriens 6* aux font continuées tacite- ment pendant fix générations, jufqu’à ce qu’en-
fin le dernier achève de fubjuguerla Syrie.
Quoi ! des Rois de N inive ont fait la guerre
en Syrie avant Phal ? Et dans quel temps ? Depuis
ce prince jufqu’à Abraham, les Hébreux
ne font pas la moindre mention à'AJfyriens :
Cependant il étoit impofïible qu’ils feportaffent
dans la Syrie &,jufque vers.l’E g yp te , fans que
les Hébreux y fuffent compromis. Quelle eft la
raifon de ce filence ? Quelle eft la folution de
cette difficulté î O Ctéfias ( o chroniqueurs an- i
tiques ! o i f étoit votre jugement > Ces compilateurs
n’ont pas fenti qu’ils employoient deux
fois les mêmes princes, les mêmes événemens:
de deux liftes identiques qui n’avoient de différence
que dans les noms, ils en ont fait une
feule, tk les joignant bout à b ou t, ils ont comp- !
té deux fois un même temps. Ceci n’eft point !
une conjecture, un foupçon, c’eft une vérité
dont l’évidence fe démontre de toutes^ picces.
Baleus II eft Eupalès 8c Phal ; Afcatades eft Sardanapale, ou Afar-adon qui, fous le nom
de Sarag-oun, fit prendre À z o t , 8c mérita'
jpuagru4eàr qlau ’Soynr ideî t( id)e. lui qu’/7 avoit achevé de fub-
L ’anonyme avoit-donc bien raifon de terminer
là l’hiftoire des Aflyriens de Ninive mais
des ignoràns vinrent après lui tout gâ,ter par
un faux favoir : s’imaginant dans la différence
des noms voir une autre dynaftie, ils rentrèrent
dans les; premiers temps de l’hiftoire par des
fentiers ténébreux, 8c s’égarèrent dans le labyrinthe
qu’ils fe firent*, toujours trompés par l’équivoque
d’AJfyriens , Rois dé Babylone, ils
introduifirent réellement des Rois Babyloniens*,
tel eft VAmyntès de la fécondé feCtion, dont les
quarante-cinq ans décèlent l’identité avec le
Mârdok-entès de la lifte arabe, le même que
Merodak-Bel efys. Belochus eft peut-être encore
tloe rmesême perfonnage fous un autre nom. Baie- (2) eft le Babylonien, Bal-atfar. Mais il
n’eft pas.facile de recontioître précifémenc où
ces aveugles rentrent dans les princes afïÿriens *,
il paroît feulement qu’ils en retiennent déjà le
fil à Mithroeus, le même api Anna Mithras.
Voici donc dans les Affyriens la même erreur
que Ctéfias a. commife dans les Mèdes \ 8c fi
l’on y réfléchit, l’une n’a été qu’une continuation
de iau tre , 8c elles fé fervent réciproquement
de preuve. En-effet , les-Mèdes ayant fuc-
cédé immédiatement aux AJfyriens, l’hiftoire
de ceux -fî fut la continuation de l ’hiftoire de
çeüx -cij elle dut faire un même corps d’ouvrage.:
fi donc Ctéfias doubla, fans s’en apper-
cevoir, les temps des Mèdes, ce fut par. une
raifon plaufible, infidieufe, qui exifioit dans
les livres des Perfès» 8c qui, dérivant de la nature
ou de la formé de l’ouvrage, eût également
lieu pour lés Affyriensi, C ’eft parce que
i cette caufe exifta dans les originaux même de
j l’A fie, qu'elle devint commune à tous les Grecs
i qui y puisèrent : fi ces écrivains ne font pas
. tombés dans la même bévue à l’égard des Mc-
; des, c’eft qu’ils n’en ont point écric *, mais fe r -
[ reur de Ctéfias ne leur eft pas moins com*
: mune, puilqu’elle a glifle fous leur critique.
i Enfin ne voulut-on regarder ceci que com-
; me hypothefe, elle réfout toutes les difficultés,
& préfente un'ensemble qui concorde exactement
avec le refte de l ’hiftoire.
i ° . En prenant la première fèCEon pour une
lifte complette, 8c en retranchant de la fécondé
les princes Babyloniens , on voit le calcul de
chacune fe rapprocher tellement de celui d Hérod
ote, qu’il eft évident qu’il n’en a compté
qu’une.. .
2°. Par-là, toutes les contradiction« des Auteurs
fe réfolvenc naturellement. ( Voy:{ les
liftes. PI. L )
Si Ctéfias ne comptoit que trente générations
de Ninus à Jiardanapale, c ’eft qu’il ne
prenoit que des Affyriens, c ’e ft-à-dire, qu’il
faifoit le doublement pur & fimple de la pre •
mière feCtiqn.
(i) Le nom de S y r i e s’étendoit autrefois jufqu’à l’Egypte.
On la diftinguoit feulement par S y r ia - P a l e f i in a ,
S y r i a - P h oe n i c u m , S y r ia p r o p r ia . Hérod. lib. I. p.
(z) Bèlo-parès en Eusèbe, Un trait ajouté par le
copifte a fait du r un sr.
M