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couer, ecymr^ùy 1 à fe plier obliquement, & fur
l es, f ° c^S j *A*$ÿ**$wi5 à fe prendre au corps 8c
à s’élever en l’air, à fe : heurter du front comme
des beliers , owapurrun Tupira-sru, enfin à fe tordre
le COU , rpec^tiXi^iiv,
Tous cés mots grecs 8c plufieurs autres que
je fupprime, pour ne pas ennuyer le leéteur ,
étoient confacrés à la lutte» 8C fe trouvent dans
Pollux & dans Héfychius.
Parmi les tours de foup’eflfe, 8c les rufes ordinaires
aux lutteurs,nommées en grec ■ xctxài&ppuToi,
je ne dois pas oublier celui qui çonfiftoit à fe
rendre maître des jambes de fon antagonifte j
cela s’exprimoit en grec par uvrerxixtÇuvjTrTtçS/Çw,
àyKvpt^uv 3 qui reviennent au mot français fup-
planter » donner le croc en jambe ; Dion, ou plutôt
Xiphylin, fon abréviateur, remarque dans la vie
d’Hadrien, que cette adrefle ne fut pas inutile
aux foidats romains dans un de leurs combats
contre lesjazyges.
Telle étoit la lutte, dans laquelle les athlètes
combattoient debout, 8c qui fe terminoit par la
chute ou le renverfement à terre de l’un des
combattans. Mais lorfqu’il arrivoit que l’athlète
terrafie entraînoit dans fa chute fon antagonifte,
foit par adrefle, foit autrement, le combat com-
mençoit de nouveau, & ils luttoient couchés fur
le fable, fe roulant l’ un fur l’autre, 8c s’entrelaçant
en mille façons, jufqu’ à ce que l’ un des
deux gagnant le deflus, contraignît fon adver-
faire à demander quartier , & à fe confefler
vaincu.
Une troifième efpèce de lutte fe nommoit
ùx-toxuçiTpos, parce que les athlètes n’y em-
ployoient que l’extrémité de leurs mains, fans fe
prendre au corps, comme dans les deux autres
efpèces. Il paroîr que V étoit un prélude
de la véritable lutte , par lequel les athlètes
effayoient réciproquement leurs forces, 8c com-
mençoient à dénouer leurs bras.
En effet, cet exercice çonfiftoit àfe croiferles
doigts, en fe les ferrant fortement i à fe pouffer,
en joignant les paumes des mains j à fe tordre
les poignets 8c les jointures des bras, fans féconder
ces divers efforts, par le fecours d’aucun
autre membre * 8c la vi&oire demeuroit à celui
qui obligeoit fon concurrent à demander quartier.
Paufanias parle de l’athlète Léontifque ,
qui ne terraffoit jamais fon adverfaire dans cette
forte de combat, mais le contraignoit feulement,
en lui ferrant les doigts, de fe confefler
vaincu.
Cette forte de lutte, qui faifott auffi partie du
Pancrace,étoit connued’Hipocrate, lequel, dans
le H* livre du régime, l’appelle ùy-^%uplv3. 8c lui
attribue la vertu d’exténuer le refte du corps,
8c de rendre les bras plus charnus.
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Comme nous ne pouvons plus voir ces fortes
de combats , 8c que fe teins.des fpeélacles delà
lutte eft pafle , le feu! moyen d’y fuppiéer,
à quelques égards, c ’eft de confulter, pour nous
en faire une idée , ce que la peinture &
fculpture nous ont confervé de monumens qui
nous repréfentent quelques parties de l’ancienne
gymnaftique, 8c fur-tout de recourir aux def-'
criptions que les poètes nous en ont la-iflees
8c qui font autant de peintures parlantes , propres
a mettre fous les yeux de notre imagination les
chofes que nous ne pouvons envifager d'une autre
manière.
La defeription que fait Homère { I l l. X X lI I>
v. 708 & fuiv. ) , de la lutte d’Ajax 8c d’Ulyffe,
1 emporte fur tous les autres pour la force , pour
le naturel 8c pour la précifion. La lutte a Hercule
8c d’Achéloüs, fi fameufe dans la fable,
a fervi de matière au tableau poétique qu’Ovide
en a fait dans le IX e liv. de [es Mctamorpkofes,
On peut voir auffi de quelle manière Lucain,
dans fa pharfale, (/. IV . v. 6 . 1 0 . & fuiv. j,
décrit la lutte d’Hercule 8c d’Aniée. La tutu
de Tydée 8c d’Agyllée, peinte par Stace dans
la Thébaïde, (/. VI. v. 84 7), eft fur-tout remarquable
par la difproportion des combattans,
dont l’un eft d’une taille gigantefque , 8c l ’autre
d’une taille petite 8c ramaflee.
Ces quatre morceaux de poéfie méritent d’autant
mieux d’ être confuités fur la lutte, qu'eu '
nous préfentant tous ce même objet, dont le
fpe&acle étoft autrefois fi célèbre, ils le montrent
à notre imagination par différens côtés, &
par-là fervent à nous le faire connoître plus parfaitement
; de forte qu’en raffemblant ce que
chacun renferme de plus particulier,, on trouve
prefque toutes les circonftances qui cara&érifoient
cette efpèce d’ exercice.
Le leéteur peut y joindre une cinquième defeription,
laquelle, quoiqu’en profe, ne peut figurer
avec la poéfie. Elle fé ttouye au XXIe.
livre de tHifioire Ethiopique d’Héliodore, ingénieux
8c aimable romancier grec d u IV e fiècle.
Cette peinturé repréfente une lutte qui tient en
quelque forte du Pancrace, 8c qui fe pafle entre
Théagène, le héros du roman, & une efpèce de
géant éthiopien.
Après avoir confidéré la lutte en elle-même,
8e renvoyé les curieux à la leéture des def-
criptions qui nous en relient, indiquons dans
quel teins on a commencé d’admettre cet exercice
dans la folemnité des jeux publics, dont il
faifoit un des principaux fpe&acles.
Nous apprenons de Paufanias que la lutte faifoit
partie des jeux olympiques, dès.le teins de
l’Hercule deThèbes; puifque ce héros en remporta
le prix. Mais Iphitus ayant rétabli îa cc-
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témoniede ces jeux, qui, depuis Hercule, aroit
été fort négligée, les différentes efpèces de combats
n’y rentrèrent que fucceffivement s en forte
que ce né fut que vers la X V I I Ie. olympiade ,
qu’on y vit paroître des lutteurs ; 8c le lacédémonien
Euryb ite fut le premier qu’on y déclara vainqueur
à la lutte. On n’y propofa des prix pour la lutte
des jeunes gens, que dans la X X X V I Ie olympiade}
8c le lacédémonien Hypolthëne y reçut
la première couronne. Les lutteurs 8c les pan-
crâtiens 11’eurent entrée dans les jeux pythiques
que beaucoup plus tard, c’ eft-à-dire , dans la
XLVIIP o'ympiade. A l'égard des jeux néméen*
8c des ifthmiques, Paufanias ni aucun auteur ne
nous apprennent en quel tems la lutte commença
d’y être admife.
Les prix que l’on propofoit aux lutteurs dans
ces jeux publics, ne .leur étoient accordes qu a
certaines conditions. Il falloir combattre trois fois
de fuite-, 8c terrafîer au moins deux fois fon
antagonifte, pour être digne de la palme: un
lutteur pouvoit donc fans honte être renverfé
une fois, ma:s il ne pouvoir l ’être une fécondé-
fans perdre i’efpérance de la viétoire.
Entre les fameux athlètes, qui furent plufieurs
fois couronnés aux jeux de la Grèce, l’hiftoire
a immortalifé les noms de Milon,. de Chilon,
de Polydamas 8c de Théagène.
Milon étoit de Crotone, 8c floriffoit du tems
des Tarquins. Sa force étonnante & fes victoires
athlétiqües ont été célébrées par Diodore, Stra-
bon,, A thénée, Philoftrate, Galien , Elien,
Euftathe, Cicéron, Valère-Maxime , Pline, Solin
& plufieurs autres. Mais Paufanias eft celui qui
paroît s’être le /plus intérefle à la gloire de cet
illuftre athlète, par le détail dans lequel il eft
entré, dans le II* livre dé fes Eliaques , fur ce
qui le concerne. Il nous apprend, entre autres
particularités, que Milon remporta fix palmés
aux jeux olympiques , toutes à la lutte , l ’une
defqudles lui fut adjugée, lorfqu’ il n’étoit encore
qu’enfant j qu’il en gagna une en luttant contre
les jeunes gens , 8c fix en luttant contre des.,
hommes faits aux jeux pythiens; que s’étant pré-
fenté une feptième fois à Olympie pour la lutte,
il ne put y combattre, faute d’y trouver un antagonifte
qui voulût fe mefarer à lui.
Le même hiftorien raconte enfuite plufieurs
exemples de la force incomparable de cet athlète;
il portoit fur fes épaules fa propre ftatue
faite par le fculpteur Daméas, fon compatriote.
Il empoignoit une grenade, de manière que fans
l’écrafer, il la ferroit fuffifasnment pour la retenir,
malgré les efforts de ceux qui tâchoient
de la lui arracher. Il n’y avoit que fa maîtreflfe,
dit Elien en badinant, qui pût en cette occafion
lui faire quitter prife.
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Paufanias ajoute que Milon fe ter.oit fi ferme
fur un difque qu’on avoit hiiilé pour le rendre
plus gliffant, qu’il étoit comme impoflible de
l’y ébranler. Lorlqu’appuyant fon coude fur fon
c ô té , il préfentoit la main droite ouverte, les
doigts ferrés l’un, contre l’autre, à l’exception
du pouce qu’ il élevoit il n’y avoit prefque force
d’homme qui pût lui écarter le petit doigt des
trois autres. Cet athlète fi robufte , ce vainquéur
des fybarites , fut néanmoins obligé de recon-
noître que fa Crce étoit inférieure à ce'le du
berger Titorme , qu’il rencontra fur les bords
d'Evenus, s’il en faut croire Elien.
Le lutteur Chilon, natif de Patras en Achaïe ,
n’eft guère moins fameux que Milon, par le
nombre de fes vièloirés à h lutte. Il fut couronné
deux fois à Olympie , une fois à Delphes, quatre
fois aux jeux ifthmiques, 8c trois fois aux né-
méens. Sa ftatue , faite des mains de Lyfîppe,
fe voyoit encore à Olympie du temps de Paufanias.
Il fut tué dans une bataille , 8c les achéens
lui élevèrent un tombeau, avec une infcriptîon
fimple , qui contenoit les faits que je viens de
rapporter.
Paufanias parle du pancramfte Polydamas, non-
feulement comme du plus grand homme de fon
fiècle pour la taille ; mais il raconte de ce célèbre
athlète des chofes prefque aulfi furprenantes que
celles qu’on attribue à Milon. Il mourut comme
lui par trop de confiance en fes forces. Etant
entré avec quelques camarades dans une caverne
prête à fondre fur eux, elle s’entrouvrit en plufieurs
endroits. Les compagnons de Polydamas
prirent la fuite } mais lu i, moins craintif , ou plus
téméraire , éleva fes deux mains , prétendant fou-
tenir les pierres qui s’écroûloient , 8c qui l’accablèrent
de leurs ruines.
Je finis ma lifte des célèbres lutteurs par l'athlète
Théagène de Thafos, vainqueur au pancrace , au
pugilat 8c à la courfe, une fois aux jeux olympiques
, trois fois aux pythiens., neuf fois aux
néméens , 8c dix fois aux iflhmiques. Il remporta
tant de prix aux autres jeux de la Grèce , que
fes couronnes alloient jufqu’au nombre de quatorze
cents-, félon Paufanias , ou de douze cents,
félon Plutarque. ( D. J.)
On voit fur- une pâte antique de Stôfch quatorze
amours qui s’exercent à des jeux gymnaf-
tiques autour de deux colonnes, fur l’ une def-
quelles il y a une efpèce de vafe, 8c fur l’ autre
quelque thofe de crochu.
Cette pâte qui appartenoit autrefois à Bellori,
8c qui pafla enfuite à Ficoroni, 8c de là dans le cabinet
de Stofch, a été décrite 8c expliquée p,ar
Agaftini 8c MafFei.( Maffei Gem. tab. IV . tab. 59.
Montfa^ic. Ant. Expi. p. 1. pl. 118. ).
De ces quatorze amours il y a cinq grouppes
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