
lxvj C H R O N O L O G I E
L a route d ’Afrafiab eft
décrite à travers un
pays de défilés , & il
fut d’abord battu ,
puis il battit les Iranians
, & il régna dans
Baik.
& i! engagea un combat
dans lequel il eut
d’abord du deffus ;
mais les Baétriens ,
accablés par le nombre,
furent à la fin mis
en déroute ; & Ninus
prit la ville de Battre.
Dans ces récits, l’on ne peut douter de l’identité
d’Afrafiab & de Ninus. L ’A-foar -ia eft
évidemment le même pays & le même mot
que le Tour-an des livres Zends : & le Turkejlan
de Mirkond n'en eft que la traduétion. O n ne
trouve point -, il eft v r a i , d'Oxy-artes chez lés
orientaux, mais je ne crois point ce noin propre
& individuel ; il me paroît Arfta, compofé d’Oxus- qui peut Ggnifier prince de l’Oxus, fleuve
principal de la Bdttriane, le meme que le Gihonn dont il eft beaucoup parlé dans l’hiftoire
d ’Mrafiab. Les défilés qui féparoient les deux
Etats font les fameufes portes Cafpiennes. En
prenant NnTtqs pour Afrafiab , Diodore , ou
plutôt Ctéfias, fon auteur, peint du tems de ce
p r in ce , un état géographique, qui convient à
celui des Pariés. L ’Affyrie (1) formoit alors
un Roy aum e , l’Arménie un autre, ta Médie
un troiûème, la Badriane un quatrième, & il
parott que ce qui fut par la fuite la Babylon e
& la P e r lé , étoit alors divifé en un nombre de
petits Etats.
Le même auteur a connu Zoroaftres tel qu’il
reparoît aujourd’hui (eus les traits d un de ces
légiflateurs religieux , qui ont impofe des ,
croyances aux nations.
i con(fza)c Crah elie ldeos gAmreia dness (d deiut xC tpérfiinacsi)p e,Zsathrau]ks ( du bon
& du mauvais ) î & .Diodore compare Za-
thrauftes au Zamolxis des G è te s , & au Moyfe
des Hébreux.
L e nom d’Arians retrace évidemment celui iïlranians , qui reparoît aujourd’hui dans les
livres Zends. O j le retrouve auffi attribué aux
(i) Eiod. lib. H.
(a^Diod. lib. ï. p. ioç. Z a t h r a u f t e s b o t ium g e n ium
a v u d A r ia n o s . Les imprimés portent A r ïm a f p o s ; mais
nôtre leçon eft celle de plufieurs manulcrits. Arnobe
nous apprend que le premier livre de Ctéfias trai-
toit particulièrement du Mage Zoroaftres B a d r t e n .
Aïnou. lib. 1«
Mèdes dans une antiquité qui fe confond avec
sc ealplep-ecllio. ieJnat dAisr,i ednits Hérodote (3)* les Medes , 6c une de leurs provinces
garda le nom d'Aria.
T ro g u e Pompée avoit quelques notions de
la part qu’eût Zoroaftres dansv les guerres des
Affyriens 6c des Baétriens, comme le prouve ce
partage (4): Ninus , Roi d'Ajfyrie >fit la guerre
à Zoroajîres , Roi de Baclrianey que l on dit avoir
inventé la magie & les enchantemens.
C e -caraétëre d’enchantemens^ 6c de magie
convient très-bien à 1 idée qu on s eft formée de
Zoroaftres •, le titre de R oi eft moins ex aé t, 6c
me paroît une erreur, née fans doute de 1 équivoque
du rôle principal que joua Zoroaftres
dans ces événemens.
L ’oppofition de Zoroaftres à Ninus s’accorde
encore avec une tradition des Zoroaftriens de
nos jours , qui croyent que leur prophète vécut
dutems de ce prince (5 ).
Cette tradition ne s’éloigne pas d une autre
des orientaux , q u i, désignant Zoroaftres fous
le nom d’JïomV(6) prétendent qu’il vécut du
tems de Salomon: or en fuppofant Ninus con-
temporain de Da vid , Zoroaftres , qui vécut
foixante-dix-fept ans, a dû prolonger fa carrière
artez avant dans le premier fiecle du
temple : & cette conjecture eft d’autant plus
probable, qu’il fut en partie contemporain d’Ardjasp ou Ariaf (comme l’écrit Mirkond ),
le même qu'Arius , petit fils de Niiius , ce qui
fe démontre paf le tableau qui luit :
Ardjasp (ou Ariaf), petit-fils d'Afrafiab , recommença la guerre... fIolu esu rt md'aaibs oerndf ind uil dbeaft~- ftaictd lefcsg Ieraa nilaan sv ,i,l pler itd &e
Balk.
NinAursias y petit-fils de ^ recommença
ldao gmupetrerre l e),s bB aacclhreievnas .de
Et depuis ce tems
il n’en eft plus parlé
que comme de fujets
de puiffances étrangères.
(j) Herod, lib. VIL p. s 3 9 *
- (4) Trog. pomp. Ap. juft. lib. I. p. 1.
(si Foy. Mém. de l’Acad. des Infer. & Belles-Lettres.
Tom. XII j in-40. Dift'ert. fur le fabufmê , par Foui*
mont.
16) Ceci s’encadre fmgulièrement dans un paflage
de Clément d’Alexandrie, qu. dit qu un des noms de
Zoroaftres fut Er. Or ce nom ne diffère en rien de Horrèst Clem. Alex. Strom, lib.I. p* î98*
Et tout-à-coup Tbiftoire des Parfes s’obfcur-
cit 8c fe perd dans un cahos d ’invraifemblances
& d’abfurdités, telles qu’en cinq générations
elle arrive à Afcander ( Alexandre >> fans cependant
accufer l’interruption de l’ordre généalogique.
( Voy^Boundehefch. Zend. avefta ,
tom. III. )
Dans cette période, il eft évident que les livres
orientaux ont une lacune énorme ; ils fàu-,
tent toute la durée des empires Affyrien, Mède,
Babylonien 6c une partie des premiers Perfes :
6c ce ne font pas là les feuls défauts qu’on ait
à leur reprocher. Leur Géographie eft dans
le défordre le plus étrange ; on y trouve partout
le moderne & l ’antique confondus 6c fubfti-
tuésj ils tranfportentau-fiècle de Zoroaftres des
dénominations, des divifions parthes, tartares,
arabes, 6cc. T e l eft fur-tout le défaut des écrivains
mahométans, q u i , dans les traductions
ou les extraits qu’ils ont fait des livres anciens,
ont totalement défiguré le tableau des tems
antérieurs à Mahomet. Les livres des Parfes
eux-mêmes font altérés,& jufqu’àce jour nous
ne pouvons nous flatter de poffeder aucun original
bien ancien. Nous n’avons que des compilations
où l’ignorance des auteurs a introduit
des erreurs qui donneront bien de l ’embarras
aux critiques : cependant on ne fauroît trop encourager
la littérature orientale*, fi elle préfènre
de grandes difficultés, elle offre aufli de grands
fu c ç è s , 6c l ’efpoir de connoiffances entièrement
neuves. C ’eft d’elle fur-tout qu il faut attendre
la folution de tous les problèmes qui
tiennent à la première antiquité.
Par-tout ce qui a été dit dans cet article 6c
dans le précédent, il eft prouvé , i ° . que les
premiers tems de l’empire affyrien font paral-
ièles aux premiers Rois Hébreux; z®. quils
concourentaveclcs derniers temsd un royaume
( la BaCtriane ) , qui n’a point été connu avant
ce jour 30. que Zoroaftres a vécu dans cepays
à l’époque de la fondation du temple. Nous
n’avons point, à la v érité, fur tous ces faits ,
des connoiffances précifes au jour 6c à l’année ;
c’eft à des recherches ultérieures qu’il faut les
demander ■, mais du moins n’avons-nous pas
des erreurs de cinq ou fix cents ans, telles
qu’elles ont généralement fubfifte jufqu a ce
moment. D e cette efpèce étoit par exemple
l’opinion de ceux qui ont fait Zoroaftres contemporain
de Darius Hyftapide. C e fyfteme
fut imaginé dans les premiers fiècles du chrif-
tianifme, ôc l’équivoque des noms de G u f -
tasp (1) 6c Huftasp ou Hyftasp, en fut la caufe,
comme il en eft l’unique preuve. O n a voulu
fuppofer qu’il âvoit exifté plufieursZoroaftres ;
mais c ’eft une erreur auffi dépourvue de fondement.
(*) Cet équivoque femble fait pour tromper. Par uii
inverfe de l’erreur des Grecs, quelques orientaux modernes
placent D i a m a f p , célèbre philofophe Zoroaf-
trien fous G u J Ia p » parce qu’ils ne connoifl’ent point
le fils à ’ H y j ta .p c s .
Je ne parle point des anachronifmes de ces
Grecs, qui ont fait Zoroaftres antérieur de s00 ans
à la guerre deTroye, les autres de fix mille à Platon.
Ces erreurs font fi groffiêres, qu’il n’y a gue des
fautes typographiques, inférées dans les originaux
ou les copies, qui puiftent en rendre raifon.
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