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une véritablement antique, où fur chaque face ,
qui n'a voit pas trois lignes de diamètre , étoit
gravée en relief une tète de Bacchante extrêmement
fine & pleine de feu > & l’on en trouvera
plulïeurs exemples dans le recueil de Gorlée. ».
La répétition des mêmes têtes, ou des mêmes
fujets, fur des médailles & des pierres gravées,■
ou fur des pierres gravées en creux & en relief,
pouvant faire prendre ces pierres pour des copies
modernes d'ouvrages anciens , nous allons taire
parler fur ce fujet le comte de C aylus , cet antiquaire
familier avec les procédés de tous les
arts. ( Rec. d'antiq. IV . pl. 48. n°. 4. )
« C e camée, exécuté fur une agathe de deux
couleurs, & de grandeur de bague, reprefente
la tête de Lyfîmaque , telle qu’on la voit fur les
médailles. Le travail en eft beau, & prouve ce
que j'ai dit en plulïeurs occafions, que les artift.es
grecs cxécutoient prefque toujours en relief les
têtes importantes & célèbres, avant que de les
travailler en creux j car j'ai vu cette même tête
fur des gravures en creux , & conftamment du
même tems que ce camée. Cette magnificence,
que l'on peut également remarquer pourdes fujets
de compofition, ne tombe que fur la , matière &
le Surplus du travail ; tout graveur en creux e'tant
prefque toujours obligé de faire fon modèle en
cire avant que d’employer le touret , & ce
modèle arrêté eft beaucoup plus facile à fuivre
çn relief qu'en creux. Auifi le rapport que l’on
peut remarquer entre les camées du genre de ce
euméro , & les médailles, me conduiroit à croire
que les bons graveurs grecs écoient les monétaires
des princes qui vivoient dans les temps heureux
pour ces arts, c'efl-à-dire, pendant & après le
fiècle d’Alexandre. Leurs médailles préfentent en
effet des travaux dans le même goût de grandeur
&: de perfection, enfin, tout aufli complets
que les pins belles pierres gravées de ce même
temps. | |
Tout ce que nous avons dit j'ufqu’ici fur le
travail des pierres gravées, ne fauroit s’appliquer
rigoureufement aux pierres d’un grand volume.
( On les trouvera décrites à l ’article Apothéose.)
Lorfque les ligures paffe,ut deux pouces environ,
les têtes feules offrent un beau travail ; mais les
autres parties font fort négligées, 8c il n'y a dans
elles aucune fineffe de touche ( Mariette, ) Voye%
D iamant. Grenetis.
GRAVURE fur verre.
Pline a dit que les artiftes de fon temps tournoient
le verre, & qu'ils lecifeloient comme l'argent
: torno teritur, argenti modo c&latur. Cette
cifelure n’eft autre chofe que la gravure au touret,
la même que celle des pierres. Le comte de Caylus
a cité dans fgs recueils d’antiquités ( II. page
G R E
56$. &c. &c. ) plufieurs fragmens de verre antique
gravés, & quelques-uns entr'autres trouvés daus
les fouilles de la fontaine de Nifmes.
G R A V U R E en taille douce.
Nous donnerons ici un avis très-important pour
ceux qui gravent ou font graver des monumens
antiques, médailles, pierres gravées, llatues, &c.
8c qui préviendra les méprifes involontaires échappées
£ux écrivains qui ont travaillé fur les gravures
, fans avoir vu les originaux. Lorfqu'on fait
copier en gravure une tête de profil, il eft affez
indifférent que ce profil vienne à droite où à
gauche, parce que les traits du vifage n'en font
point altérés, 8c que la tête porte toujours le
même caractère : mais s'il s'agit de reproduire plu-
fieurs figures, dont les attitudes font indiquées
d'une manière précife, ou dont les attributs ne
font point placés au hafard, la gravure dite au
miroir devient néceffaire & indifpenfable. Un
grand nombre d’antiquaires ont péché contre cette
lo i, & de-là eft venue la diffe'rence très-ordinaire
dans les defcriptions du même objet faites par
deux ou trois écrivains. L'un d’eux, allez heureux
pour avoir fous fes yeux le monument qu'il
a décrit, a placé dans la main droite ce que
l'autre écrivain, forcé de travailler fur une gravure
qui retourne l'objet, fi l'on n’a pris la précaution
de graver au miroir, a placé dans la nuin
gauche.
G R È C E .
La Grèce, en général, n'étoit pas un bon pays.
La Laconie contenoit beaucoup de bonnes terres;
mais elles étoient difficiles à labourer, parce que
le terrein eft entrecoupé de vallées 8c de montagnes
, ce qui rend ce canton de difficile accès
en tems de guerre. La Meffénie au contraire eft
arrofée ; elle abondoit en excellens frotnens &
en bons pâturages. Le territoire de Corinthe étoit
femblable à celui de la Laconie. L'Arcadie eft
pierreufe, & parfemée de montagnes ; cependant
il y avoit de bons pâturages, propres principalement
à nourrir des ânes & des chevaux deharas* L'Attique
étoit célèbre pour fon miel ; le mont Himeçce en
fourniflbit d'excellent. Du refte les Athéniens pofîe-
doient un terrein maigre & ingrat, qui ne faifoit
envie à perfonnç.
GRECS.
Hiftçire des arts che^ les grecs. Dans cet article
nous nous propofons de donner uné notice abrégée
de l'hiftoire des arts parmi les grecs, c'eft-à-dire,
de leur naiflance, de leurs progrès, & de leur
décadence. Nous y joindrons , autant qu'il fera
poflible, des indications fur les moyens que les
artiftes de cette célèbre nation ont employés pour
parvenir au beau, 8c même au fublime. J dans tous
G R E
tous les genres : nous faifons gloire d’avouer que
les obfervations-que nous allons publier ne font ,
pour la plupart, que l'extrait des ouvrages fuir
vans. i° . L'Hiftoire de l'art çhe^les anciens , par
J> Winckelmann. Les favans confidèrent cet ouvrage
comme les inftitutes, le rudiment , ou
plutôt comme l'analyfe de l’art. 2°. Les Recueils
d'antiquités égyptiennes , ètrufques , grecques o* romaines
, 7 vol. z/z-40, ( A Paris, chez Duchefne,
J75<$. ). Le comte de Caylus, auteur de cet ouvrage
, a rangé les monumens de l’antiquité fui •
vaut l'ordre chronologique : l’on y voit ^i°. les
effais des artiftes de chaque nation > 20. leurs
progrès, leurs fuccès & leurs triomphes ; $°. la
décadence des arts y eft prouvée par les monumens.
Ces recueils font infiniment précieux, parce
.que le comte de Caylus y développe plufieurs
procédés finguliers des anciens, & parce qu'il a lui-
même gravé une partie de cet ouvrage.Quoiqu il foit
extraordinairement difficile d'exprimer les nuances
qui diftinguent le beau ftyle des grecs de leur
lîyie médiocre , que ce favant appelloit improprement
le ftyle des romains, &c. Cependant on
peut dire que Caylus a prefque. toujours reufli
.à le cara&érifec & à Te faire fentir par le traie ; |
-4°. nous avons tiré plufieurs obfervations de 1 o-
rigine des lo ix , des arts 6* des fciences , par
M. Goguet, ( 3 vo/. rn-4e* 1758. A Paris, chez
Defaint 8c Sai.lant. ).
L'hiftoire nous apprend que les arts naquirent
en Egypte ; l'archite&ure , la fculpture, &c. fe
refïentirent du caractère de grandeur, de noblefle
& de fimplicité qu’infpiroient la morale, la religion
8c la politique chez ce peuple, dans le
temps qu'il étoit gouverné par de vrais monarques.
Les ètrufques s’inllruifirent auprès des Egyptiens
; ils commencèrent par être copiftes, enfuite
ils perfectionnèrent les détails en facrifiant une
partie de la grandeur. Dans la fuite les arts furent
tranfportés dans la Grèce : le favoir, joint à la
plus noble élégance , conduifit lés artiftes à la
perfection. Sous l'empire d’Augulte les arts s'é-
: tàblirent à Rome ; les grecs, furent invités à lés
tranfporter dans cette terre étrangère, où ils
dégénérèrent : dans l ’Italie & dans la Sicile les
arts luttèrent pendant environ deux fiècles contre
I la barbarie : la trahflation du fiège impérial dans
Byzance les fit périr dans Rome, 8c les ranima
ï un peu dans Conftantinople, & dans les villes
I de la Grèce. Les turcs prirent Conftantinople, &
r pour lors les artiftes grecs , fuyant l ’oppreffion ,
I vinrent en Italie ranimer le génie ou reflufeiter
j lé bon goût : enfin l'Italie a fervî pendant long-
I temps de modèle à la France, à l'Angleterre, à
I l'Allemagne , à la Ruflie, &c. T e l eft le chemin
K que les arts & les fciences ont parcouru, &c.
Après avoir indiqué la route des arts, & des
artiftes , nous devons obferve'r leurs progrès füc-
[ ceffifs. L'hiftoire des égyptiens, des ètrufques ?
Antiquités , T'orne H l,
G R E 7 j
des grecs , des romains, des lapons, & c . nous
démontre, par le moyen dés monumens , que
dans tous les arts & chez tous les peuples, 1 on
a commencé par fe borner au neceflaire , enfuite
Tartifte à recherché le beau , il a tente^ de parvenir
au fublime ; enfin il eft tombe dans-1 extreme
en fe précipitant du coloflal dans la miniature ,
ou dans le grotefque ; en un mot, a force de
furcharger la nature de métaux, de pierreries &
de fleurs, on l'a écrafée fous le poids des orne-
mens mefquins.
Des obfervations générales defeendons aux
particulières, qui concernent les grecs. Quatre
cents ans avant la guerre de Troy e, l’Egypte étoit
policée; dès-lors le roi Séfoftris employoit les
artiftes à fortifier des villes, a bâtir des temples
fuperbes, à élever des obélifques, des piramides,
des liâmes, &c. Mais pendant ee tetris-là, & même
jufqu'au règne de Codrus, roi d Athènes, la férocité
des moeurs des grecs répondoit a la grofïièreté de leur
efprit ; la plupart vivoient dç glands , ou de fruits
cruds ; ifs s'habilloient de peaux d'animaux ; ils
couchoient fur la terre , étendus fur ces memes
peaux i plufieurs infulaires de l’Archipel immo-
loient aux dieux leurs ennemis , les étrangers ou
leurs en fan s ,'& c .; en un mot l'on ne trouvoit
ni repos, ni sûreté dans la Grèce. Goguet ( l ’origine
des loix ) ajoute ces mots : nous rapportons
i ces faits pour prouver combien les éloges que certains
efprits poétiques donnent aux temps héroïques de la
Grèce , font faux & déraifonnables ; il s’eft pajfé
bien des fiècles avant que la plus grande partie de
tunivers foit fortie de cette funefte ignorance , dont
les vices & les excès les plus honteux font la fuite
inévitable.
Winckelmann obferve que l’art naquit beaucoup
plus tard chez les grecs que chez lés autres peuples
orientaux : mais comme la Grèce paroît être fou
terroir naturel, il y fit en peu de temps beaucoup
■ de progrès. Paufanias dit que les peuples de l’Archipel
commencèrent par adorer des cailloux, des
troncs d’arbres, des pierres équarries ou arrondies
groffièrement j telles étoient la Junon adorée
à Thefpis, la Diane adorée à Icare & à Patroa ;
Jupiter Milichius, adoré à Corinthe, & Vénus,
fous la forme d’ une colonne , adorée à Paphos >
Bacchus, les Grâces , les Amours même, étoient
repréfentés par des colonnes ; & le nom de Ydm ,
c’eft-à-dire, colonnet défigna unellatue. A Sparte,
Caftor & Poliux étoient indiqués hiéroglyphique-
ment par deux morceaux de bois parallèles, liés
par deux petites traverfes , femblables à la figure
qui défigne les gémeaux dans le zodiaque. Peu
de temps après, les grecs placèrent des têtes
fur les pierres dont on vient de parler : on donna
le nom de vpfccït, kermes , termes ou mercures à
ces pierres quarrees qui fervirent de limites &
de divinité. Dans la fuite, les grecs mirent au
centre de ces pierres quarrees, ou de ces co-
lonpés, ie s marques vifibles du fexe de la di