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pouvoir j par pîufieurs moyens, acquérir facile- j
ment le droit de bourgeoise romaine » & même
pour qu'ils devinrent de plein droit citoyens romains
il fuffifoit qu’ils euffent exercé dans leur
pays une des magiftratures annuelles, c'eft-à-dire,"
qu'ils y euffent été duumvirs, édiles , quefteurs,
6cc. Afconius Pédianus nous le fait entendre,
lorfqu'il d it, au fujet des colonies tranfpadanes
établies par Pompée, père du grand Pompée
( Afcon. Ped. in Or. Cic» Pifonian. p. i j 6. ) :
Pompeius enim non novis colonis eas conftitu.it i
Jed veteribus incolis manentibus jus dédit Latii ,
ut pojfent habcre jus quod coeters, colonis. s id eft ut
petendi magiftratus gratin , civitatem Romanam
adipifcerentur. Il eft vrai que ce dernier paffage
d'Afconïus n’eft pas abfolument clairs mais il
doit être expliqué par un paffage d'Appien, que
nous rapporterons feulement en latin , pour abréger
( Appian. Civil. L II. p, 445. ) î Urbem No-
vocomum C&far latinam coloniam in Alpibus con-
didit ita ut omnes qui in eâ per annum magiftratum
gejfijfejit , cives Romani fièrent. La même chofe
«ft exprimée très-clairement dans Sttabon , dont
le vrarfens n'a été entendu en cet endroit ni par
Xylander, ni par un favant de nos jours, qui
s'eft un peu trop fié à la veifîon latine de Xylander.
C e géographe parle de la colonie de Nîmes
( Strab. / IV . p. 187. ). Xylander traduit ainfi ce
partage : Et jus quoque Latii habent, ita ut Nemaufi
inventât Romanos, qui sdilitatis Id quefturs honorem
confecuti fint. Au lieu qu'il failoiv traduire avec
Sigonius & Onuphre ( Onuphr. Ant. Veron. I. II.
t. 1 4 .) : Latii quoque jus habent, ita ut qui &di-
litatis & quefturs munus Nemaufi adepti fuerint,
cives Romani ht fint. Strabon parie, au meme
endroit, d'une autre prérogative dont jquirtoient
pLfieurs villes latines ; c'eft qu'elles étoient
exemptes de la jurifdiétion du magiftrat envoyé de
Rome pour gouverner la province où ces villes
fe trouvoient fituées.
Les latins pouvotent encore devenir citoyens
romains en s'établiHaut à Rome , pourvu toute-
fbis qu'ils ne laiffaffent point de poftérité dans
le pays qu'ils abandonnoient ; & ce privilège leur
étoit fi bien acquis, que pour remédier aux abus
qui en pouvoient naître^, & fur-tout au dépeuplement
des villes latines 3 on étoit fouvent obligé
de faire des réglemens dont on trouvera des
exemples dans Tite-Live ( Tit. L iy .l. X U . c. 8.).
On donnoit anfli le droit de bourgeoifie aux
latins qui, ayant formé contre quelque citoyen
lomain une accufation publique de maiverfation
au fait des finances , parvenoient à le faire condamner.
Cicéron nous en fournit quelques exemples,
dans fou oraifon pour Balbus ( Cicer. pro
Balb. n 2}. ). Cum latinis omnibus feedus iBum
Sp. Cajjio, Pofthumo Cominio Cojf. quis ignorât ?....
Quomodà igitur L. Cojfinius Tiburs. . . . . damnaio
Ctelioy quomodb ex eadem civitate T» Coponius'..,
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damnato Ù. Majfone civis romanus eft faftus. . . . ;
an quod adipifei poterunt dicendo , id eis ajfequi
pugnando non licebit.? An accufutori majores noftri
majora pr&mia quam bellatori ejfe voluerunt ?
Les villes latines étoient à la vérité exemptes
des tributs 5 elles ne payoient pas les femmes
qu'on impofoit fur les villes des provinces, &
qui étoient deftinées à la folde des troupes, ce
qui faifoît appeller les dernières villes ftipendiaris ;
mais on les cotifoit à une certaine fomme, répartie
avec proportion , fuivant un tarif arrêté,
ex formula , exprefiion qui fe trouve cent fois
dans Tite-Live. De plus, elles fourniffoient aufli
un certain nombre de gens de guerre foudoyés à
leurs dépens : ces foldats formoient des corps
i particuliers > & n'étoient 'point enrôlés dans les
• légions. On les appelloit Jocii latini 3 focii latini
\ nominis. Us étoient commandés par des officiers
î de leur nation, qui obéiffoient aux généraux ro-
• mains : c'eft ce qu'on peut apprendre de tous les
: anciens hiftoriens, ou fiTon veut du Traité de la,
S milice romaine de Jufte Lipfe ( Lipf, Mil. rom,
• dial. VII. I . 1. ). On ne verra point que les latins
aient été admis à fervir 43ns les légions, avant
i que les romains euffent accordé le droit de bour-
i geoifie à tout le Latium ; c'eft donc à tort que
.j Hardouin, & Joubert après lui , ont prétendu
que le droit du pays latin confiftoit à ne point
payer de tribut, & à pouvoir porter les armes
! dans les légions , comme les citoyens romains.
LA TINE S (Fériés). V o y e .Fériés & L a t i ar.
L A T IN I J uniaiji 3 affranchis qui Obtinrent,
fous Augüfte, à la faveur de la loi Junia norbana,
le droit latin.
L A T I N S . ( habits des) Les latins y ou les
, peuples du Latium , ont été confondus de bonne
heure avec les romains. Virgile (Æneid. lib. f''//,
v. 178.,) leur fuppofe la trabea pour habillement,
au temps où les troyens arrivèrent en Italie ; maià
: il paroît que Virgile a vifé fouvent à peindre les
ufages des romains dans ceux de l'antiquité. Les
; lits fur lefquels il fait manger Didon, l'ufage de la
trompette, l'art de faire des*portraits en fcuîpture,
; & autres inventions fembrables , appartiennent
■ évidemment-à des fiècles poftérieurs à celui dont
: il parle. Du temps des romains, les latins étoient
1 confondus avec eux. Quant aux armes, ( Tite-
Live, déc ad. 1 , liv. 8.) il paroît que les troyens
abandonnèrent leur nom & leurs ufages,-en s'incorporant
avec les peuples d'Italie : ainfi, le
bonnet phrygien & les longues chauffes avoient
dîfparu , avant même que Rome fût bâtie.
LATI N US) toi du Latium, étoit fils de
[Faune. & de la nymphe Marrica. R avoit eu de la reine jSSitè un fils.» que lés deftins lui enlevèrent
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dans la fleur de fes jours. Il ne lui relia qu'une
fille qui, dans un âge nubile, (e voyou 1 objet
des voeux de plufieurs-prinees de 1 Ita.ic. C.e rut
alors qu'Enée aborda en cette contrée, & vint
demander à Latmus un petit efpace de terre fur
le rivage, pour s'y établir, avec fes troyens. Le
roi le reçut favorablement, & fe fouvenant d un
oracle qui lui avoit preferit de ne marier fa fille
qu'à un prince étranger , il fit alliance avec Enee,
Sc lui offrit fa fille en mariage. Les latins s oppo- ;
sèrent à cette alliance, & forcèrent leur roi à taire
la guerre à Enée. Le'prince troyen ayant eu tout
l'avantage de cette guerre, devint poffeffeur de la
princeffe, & héritier du trône de Latwus. Il
régna quarante-fix ans. Voye% La v in ie .
L a tinus , fils de Télémaque .& de Ci.rcé.
Voyei T élémaque.
L A T IU M , ou pays des latins ; c'étoit à-peu-
près le pays que nous nommons aujourd’hui campagne
de Rome. Il fut ainfi nommé du mot latere ,
te cacher, parce que , félon là fable» Saturne
ayant été châtié du ciel par fon fils Jupiter, vint
fe cacher dans cette contrée de iTtalie où régnoit
garnis.
L A TM U S , montagne de Carie, fam^ufe par
l'aventure fabuleufe d'Endymjon. Il y a un endroit
de cette montagne , dit Paufanias_, qu on appelle
encore la grotte d‘EndymionI De-la vient qu il etr
appelle’ latmius héros par'Ovide', ( Trlft. 2- ^-99^
& latmius Venator par Valerius Flaecus , 8.
z8. )
LATOBIUS. C ’eft le nom qu'on donnoit chez
les anciens Nofiques, au dieu de la fante ; c e-toit
leur Efculape » ou peut-être le^ nom de quelque
célèbre médecin, qu'ils honoroient apres fa mort.
Son nom (formé de fero, je porte, & , vie,
Celui qui porte là vie ) , peut le fignjfier, s'Ü vient
des grecs & des romains. Il n'eft fait mention de
ce dieu que dans deux infcriptîons trouvées en
Carinthie , & publiées pa^Gruter. (p* 87, n°. 7.
8. ). L'une des deux eft un voeu que forme une ,
mère pour la fanté de fon fils & de fa fille : ;
Latobio fac. pro falute Nam» Sabiniani & Juli&d
Babille Vindona mateh V+ S. L. L. M.
L A T O ID E , fille de Latone, furnom de M inerve.
\ a TOMIÆ J ^ anc*ennçs carrl’ères abandonnées,
Si qui fervoient de prifon à Syracufe Si
à Rome. Celles de Syracufe, appellées aujourd’hui
le tagliate, furent célèbres fous Denis le
Tyran & fous l'infâme Verrès ; celles de Rp:^e
étoient pratiquées dans les flancs du mont Capi- ]
tblin, Se leur entrée communiquoit au Tullianum.
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L A TO N E étoit la divinité appellée Buto chez
les égyptiens : elle étoit le fymbole de la pleine
lune, r ° y i‘K Bu t o .
Latone , fille du Titan Céatus & de Phæbé ,
1 fa foeur , félon Héfiode, ou fille de Saturne , ielon
Homere, fut aimée’ dé Jupiter. Junon en conçut
tant de jaloufie, qu'elle perfécuta fa rivale avec
fureur : elle fit fortir de terre le ferpent python ,
à qui elle confia fa vengeance ; 8t comme fi l'um-
, vers entier avoit embr ffé le reffentirpent de Junon,
Latone ne trouva aucun lieu où^elle ptit ac-
; coucher; car la Terre avoit juré qu'elle M lui
donnerait aucune retraite. Neptune , touche du
1 trille ïort de cette amante infortunée, fit fortir
d'un coup de fon trident l'ifle de Déios, du fond
de la mer. C'eft là que Latone, métamorphofee en
caille par Jupiter, fie retira à l'ombre d'un olivier ,
mit au monde fes deux enfans, Apollon & Diane.
Lucien, dans fon dialogue des dieux marins,
! fait ainfi parler Iris & Neptune au fujet de Latone.
cc Iris. Jupiter te commande d’arrêter cette iite
: qui fl,tte fur la mer Egée. Neptune. Pourquoi cela ?
\Iris. Pour fervir aux couches de Latone qui eft en
, travail d’er.fant. Neptune. Quoi i le Ciel & la
.! Terre né font pas fuffifans pour lui rendre ce fet-
; yice ? Iris. La colère de Junon lui ferme le C ie l,
& la Terre a juré de né la point recevoir ; de
forte que cette ifle , qui n'étoit point encore
créée , n'eft point obligée au ferment. Neptune.
Arrête à ma voix, ifle flottante, pour fervir à la
naiifancede deux jumeaux, qui feront l’honneur
du ciel, & lés plus beaux enfans de Jup.tef. Que
1 les vents retiennent leur haleine , tandis que les
tritons tranfporteront l'accouchée. Pour le ferpent
qufla pourfuit, il fervira de trophée à ces jeunes
dieux dès le moment de leur naiflance. Va dire à
Jupiter que tout eft prêt, & qu'il vienne quand il
lui plaira.
A peine Latone fut e’ le accouchée, que la vindicative
Junon ayant découvert fa re f aite, ne
“lui permit pas de goûter le repos dont elle avoit
befoin : elle l’obligea bientôt de fortir, de cette
ifle, & d’emporter fes deux enfans encore à la
mamelle. Après avoir long - temps erré à l’aventure
, elle arriva en l.ycie , où étant accablée de
laflitude & de foif, à caufe qu'il faifoit chaud,
elle pria des payfans, qui coupoient l’herbe d'un
étang, de lui donner un peu d’eau, pour appaifer
la foif qui la dévotoit ; mais ceux-ci lui en refusèrent
, & même ils troublèrent l’eau pour lui ôter
le moyen d'en pouvoir boire. Latone, pour punir
'cette méchanceté, invoqua Jupiter, qui changea
ces brutaux en grenouilles: elle fe vengea, d’une
manière plus ciuelle encore, des mépris que
Niobé lût témoigna. Voyef N io bé.
Hérodote dit que Latone n'étoit que la nourrice
d’Apollon, Si qu'Ifis en étoit là mère. Selon cet