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placée fur le tombeau qu’ il fit élever à fon jeune*
Bijïcre , & elle eft terminée par ce Vers :
OJJtbus infundam qu& numquam vina bibifii.
( On fait que les enfans des romains nebuvoienc
point de vin avant i’âge de la puberté.) D ailleurs
X OJfilègium 3 c en-à- lire „ la cérémonie de recueillir
les os à demi-confümés j leur donnoit le te ms
de fe refroidi*'. Ces la crématoires ont donc été
jeués dans le bûcher avec les baumes quilseon-
tenoient, & c cil le vrai feus du lacrymis &
oppobalfamo udum condidit* Cette expreflion n us
fait de plus entrevoir l’ufage des cuillères de
bronze , dont parle du Moiinet. Elles fervoient
fans doute à d.ftribuer d.u s plufieurs lacrymatoires
les baumes renfermés auparavant dans un plus grand
vafe, afin que plufieurs perfonnes placées aux
angles du bûcher puffent en répandre par-tout
en même-temps. De même que nous voyons
Achille le pratiquer aux funérailles de Patrocle, en
invoquant l’ Aqulon & leZéptïir à augmenter par
leur fpuffle la vivacité des fLmmes. L’huile verlée
fur le bois & le cadavre, remphffoit encore mieux
cette indication j & dès-lors on en^ devoit faire
des i.ifufions fur tous les cotes du bûcher.
Paffons à Fexp'icatîon des mots cum lacrymis
ponere 3 & lacrymas pofuit. Les derniers ne fe
trouvent qu'une;feule fois dans les reçueils im-
menfes de Gruter & de Muratori; d’où 1’,0'n peut
conclure que lacrymas y eft mis pour lacrymans.
Cette faute d’orthogiaphe feroit au plus la millième
de toutes ce les qui fe trouvent fur les
anciennes inferipnons. Quelque peu verfé qu’on
foit dans l’ancien ftyle lapidaire, on avouera fans
pe ne qu’il n’exifte prefque pas ^d'ar.ciei ne inf-
cription exa&cment conforme à l’ ufage ordinaire >
foit que l’on doive en accufer l’ignorance 3 la
négligence des ouvriers; foit p'utot que ces prétendues
fautes M e n t liées à des prononçi t ons
vicieufes, ou à des idiomes locaux. Si d’ailleurs
ces mots lacrymas pofuit, & cum lacrymis pofuit
doivent être pris à la lettre comme on n a généralement
pas trouvé d’urne fans lacrymatoire ,
©n n’aurcit pas dû également t-iouver d épitaphe
fins ces mêmes exoreflions. Tous les antiquaires
favent quelles ne fe trouvent cependant pas fur
la centième partie des épitaphes que nous ont
conformées Gruter & Mu r a toi i.
En parcourant ces deux vaftes collerions , on
ohferve confiamment qu’aucune infeription n’em-
ployolt ces diveifes expreflions moefiiffimus, ou
moerore confecius , avec h formule cum lacrymis,
6i cependant cette dernière devoit être entendue
dans le fens matériel , elle cefferoit d’être fyno-
nyme des premières ; elles devroient dès lors fe
trouver fouvent enfemble. La pratique confiante
$c univerfelle des romains depofe le contraire*
O n e n d o i t d o n c c o n c l u r e , e n t o u t e r i g u e u r , q u e
les deux expreflions. font purement identiques ,
& s’excluent par conféquent l’une & i’autre.
Les interp!ètes, qui en t en dolent les mots lacrymis
& oppobalfamo udum condidit de cei tains
baumes précieux, mêlés avec les larmes dans les
Lacrymatoires , s’a; pùyoient fur l’exiftence des
baumes dont et s vafes font encore remplis en
partie, & que leur confiitance réfineufe ou firu-
peufe avoit fait furvivre aux larmes, aufli promptes
à s’évapoier que l'eau pure. Acceptons leur
témognagé, & fervons -nous-en pour prouver
notre alfcrtion, & montrer encore que ces vafes
n’ont jamais contenu que des baumes deftines à
arrofer le bûcher.
Si je n’avois pas entrepris de raffembler fous
un fcul point de vue tout ce qui peut avoir
rapport à la que (lion que je traite, je paficrois
f tus filence h ridicule expli car on que Baïuffaldi
a donnée du pafiage fuivant de Pétrone. 11 dit
en parlant de la matrone d’Ephèfe, renfermée
avec une efclave dans le tombeau de fi n époux:
Ajfidebat sgre fideliffima a ne: lia, fimulque & laçr limas
commodabat lugenti ,6 * , quoties, defeeerat in
monumenco , lumen renovabat. Plufieurs éditions
porto<erit lacrymas commendabat : mais Ruters-
huy , dtrs fes noies fur Phèdre, avoit fagement
relt.tué le commodabat ,* & K-ircfiman avoit entendu
avec lui que cette jeune efclave, peu
fufceptible de la douleur extraordinaiie, & bien
éloignée du projet funefte de fa maitreffe, s af-
fligeoit cependant & pleuroit avec elle, pour
diminuer fes chagrins, en les partageant. Cette
explication a paru trop ingénieufe & trop figurée
à Baruffaldi , qui 5 d’ ailleurs vouloir parler des
lacrymatoires. Il a expliqué ce pafiage par l’a&ion
mécanique de l’efclave, qui auroit verfé les larmes
de fon lacrymatowe dans celui de fa maitreffe»
lorfque l’évaporation diminuât le fluide ^ qui devoit
attefter la dou'eur de cette veuve. C'eft ainfî
qu’ on elf tourmenté par l’efpiit de fyfteme, &
qu’on tourmente en conféquence l *s paffages les
plus clairs, pour leur faire fïgr.ifier ce qu’on
délire.
Il eft donc certain que l'opinion des larmes recueillies
dans les lacrymatoires , n’eft fondée fur
aucun ufige ancien, & fur aucun paffage bien
ei tendu. Elle doit fon origine au méd. cia Chif-
flet, qui la répandit en Eiir -pe dans fa differa-
tion intitulée: Lacryms prifeo ritufvfa. Sans d u e
qu’il a configné dans cet éent une erreur en-
fintée par quelque Ciceroné3 ou. quelque guide
d Italie. Malgré fa nouveauté & fon invraifem-
blanjce, elle fut fucceflivement adoptée par Gou-
thier, Kirchman, Kipping, &c. Baruffa'di 1 embellit
par fa prétendue découverte des larmes
tranfvafées d’un lacrymatoire dans un autre.
Smétbius
Smethiuv enfin* & le gros des antiquaires la fuir
vit fans examen jufqu en .172 9 , que Schoefflin
commença à la ridiculîfer à la- page de fon
livret de lmp. Roman. Apdtheofi• 11 en parla encore
dans fa dilfertation citée plus haut , & le
favant Paciaudi fuivit ce critique éclairé. Sans
doute qa’il ne refiera plus d’incrédules fur cet
objet, après les preuves détaillées & Yi&orieufes
que je viens d expofer.
On voit au capitole un bas relief qui vient à
l’appui de mon opinion. Sur ce marbre qui repréfente
les funérailles de Méléagre, une femme
s’approche du bûcher» tenant d’ une main un vafe
à large ventre , fembîable à nos compotiers de
verre, & de l’autre un vafe long, mince, à col-
& à fond allongés,, femblable en tout à plufieurs
lacrymatoires d’argile du cabinet de Ste. Geneviève.
Elle eft dans l’attitude de verfer du grand
vafe dans le petit, fans doute, des baumes ou
des huiles odoriférantes, pour en arrofer le bûcher
de Méléagre.
A la vérité, on trouve fur quelques lacrymatoires
l’empre inte dé l’orbite d’un oeil, & quelquefois
des deux yeux. Fiilvîus Uifînus a fait
defliner quelques-ùns d e ces monumens, & ces
deflins font dans là bibliothèque du Vatican.
Les partifans de l’introdiuftion réelle des larmes
dans les lacrymatoires, auront cru trouver
ici de quoi étayer leur fyftême. - Mais il eft facile
de leur répondre que cet oeil eft emblématique
comme celui des monumens égyptiens» qui
défîgnoit la providence» Ofîtis, le dieu à plufieurs •
yeux. V ., L a r m e s .
LACS. Les gaulois avoîent un refpeét religieux
pour les lac* , qu’ ils regardoient' ou comme autant
de divinités, ou du moins comme des lieux
qu’elles choififioient pour leur demeure; iis don-
noient même à ces lacs le nom de quelques dieux
particuliers. Le plus célèbre étoit celui de Tou-
loufe, dans lequel ils jettoient, foit en efpèces,
foit en barres, ou lingots, l ’or & l’argent qu’ ils
avoient pris fur leurs ennemis. Il y avoit aufli
dans le Gevaudan, au pied d’une montagne, un
grand lac confacré a la lune, où on s’aflembloit
tous les ans des environs , pour y jetter les offrandes
que l’on faifoit à la déeffe. Strabon parle
d’un autre lac très-célèbre dans les Gaules, qu’on
Bommoit le lac des deux corbeaux ,* parce qu’il y
avoit deux de ces oifeaux qui y faifoient leur
fejourj & fur lefquels on faifoit mille contes
ridicules : mais ce qu’ il y a de certain , c’ eft
que ^dans les différends qui arrivoient» les deux
partis s’y rendoient, & leur iettoient chacun un
gateau, celui que les corbeaux mangeoient, en
fe contentant d’éparpiller l’autre, d^nnoif gain
fle^caufe..
Antiquités. Tome III,
L A C T A IR E . Colomne. ïtdclaeia , on fous-
entend columna y colcume élevée dans le marche
aux herbes à Rome, où l’on apportoit les en-
fans trouvés, pour leur faire avoir des nourrices.
Nous apprenons de Juvenal ( fatyr. V I , v. 610)
que les femmes de qualité y venoient fouvent
prendre des enfans abandonnés, pour les élever
chez elles; enfuite les antres enfans, dont per-
fonne ne fe chargéoit, étoient. nourris aux dépens
au public. (.D* J* )
L A C TO S . Dieu des farmates. Le dieu Laftos
étoit le pluton des farmates;
L A Ç T U G I N E . Voye^ L a ç i o r c ë , qui
fuit :
L A C T U R C E , ou LA C T U R C IE , i f. Terme
de mythologie. Nom d’une déeffe des anciens
romains. L 4 c turc ia. Flore avoit foin des fro-
mens en fleur; Lafturce} quand iis s’amolliffent
en laft. ( Cité de Dieu, de S. Augufi. L. IV ^,
c. S.) Louis Vivez remarque fur cet endroit
qu'au lieu de Lacturcia , d’autres lifent Laclicinia ,
& que Servius, fur le premier des Géorei'ques,
(v . 315) dit,- après Varron, que c’eft le dieu
L&cians , qui donne le lait aux blés , qui les
amollit en lait, qui leur fait produire du lait.
Les bénédi&ins, dans leur édition de St. Au-
guftin, ont mis LaElurnus., le dieu Laàurne , au
lieu de la déeffe Lacturçe, fondés, i°. fur les
anciens livres q ui, difent-ils, lifent ainfi, fans
néanmoins en indiquer aucun ; ï° . fur ce que
Servius donne cette fon&ion à un dieu, & non
pas à une déeffe. Voffius. ( de idolol. L. X ,
c. 47) & Floffman ont dit Laftucina, Lathicine,
qui ne fe trouve point ailleurs.
L A C T U R N E , f. m. Voye^ Lactwrce.
- LACUS y réfervoirs publics de Rome. Voy.
Réservoir.
L ac u s 3 jarre ou cuve, dans laquelle on
laiffoit fermenter les raifins , après les avoir
preffés. •
L a c u s , morceau quarré d’étoffe précieufe ,
coufu fur les habits, pour les orner: Ces habits
étoientappellés lacuats. veftes. Ifidore ( XIX. 22. )
le dit expreffément : Lacuata veftis , qua. lacus
quadratos quofdam kabet cum piHurâ iniextos ,
aut additos acu..... Lacus' & iràtvôtov font fyno1»
nymes.
L A C Y D O N , dans les Gaules, a a k t a îîn .
Les médailles autonomes de cette ville font :
RRR. en argent............. Pellerin.
O. en or.
O. en argent»
. ‘ ' F f f
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