
auilî près de Ninive , que deviennent les conquêtes
du Roi Ninus ( i ) ? —
L a parfaite correfpondance de toutes les parties
de notre tableau hiftorique des Afîyriens,
cil (ans doute la meilleure preuve de lauthen-
tîtité de la lifte qui m’en a procuré le développement
: il faudra donc réformer des préjugés
accrédités mal-à-propos contre elle. C e n’eft
pas que je prétende nier qu’elle ne nous foie parvenue
avec des caractères fufpe&s, qu’elle ne
foit intitulée d’un auteur à qui elle n’appartient
point, quelle n’ait en un mot mérité l'épithète
d apocryphe. Mais l’idée qu’on attache à ce terme,
a excédé fes bornes. L’on a tort de rejitrer
fans examen les apocryphes des anciens •, il en
eft peu où l’on ne trouve des traits précieux *,
ôc cela ne pouvoit manquer d’arriver, parce
que cette efpèce d’ouv-rage exige toujours une
apparence de vérité, & les anciens auteurs.ont
eu des moyens que nous n’avons plus. O n doit
donc regarder la lifte ea queftion comme une
compilation faite fur les traductions grecques
des livres de 1 A fie , comme le démontrent les
analogies fui vantes.
i®. Les noms & Ie s nombres fe retrouvent
tous dans Eusèbe & le Syncelle, & accufent un
ancien original commun, tel que Caftor.
2°. L a feCtion, un anonyme termine ic i l'hif-
toire des Rois AJTyriens, lui eft commune avec
B ion , -Alexandre P o lyh ifto r , & Céphaiion.
3°. Sémiramis, foeur de Balerores, pris pour
Belejysy ( félon i’induCtion de lanote.2, page
i i i ) répond à la Sémiramis qu’Hérodote place
cinq générations avant Nitocris.
4®. Le nom de Xercès y eftexpîiquë comme
dans ce même auteur. Lib. V I . p . 483'.
5®. Il eft fingulier que prenant Afcatades
pour Sardanapale , le tremblement de terre
obfejrvé à Babyione coïncide avec celui d’A-
mos.
6°. Enfin , nous allons voir dans l’article de
Zoroaftres des rapports avec des livres orien-
. (1) En fiiivant ce nouvel ordre de tems , ôn corrigera
mille erreurs introduites dans l’explication des grands
& petits prophètes. Faute de le connoître, on a fait
des contrefens perpétuels en traduifant a u f u t u r comme
prophétique ce qui n’eft que narratif au page.
taux q u i, n'ayant été connus que récemment,
achèvent de détruire toute idée de fuppofition
dans l’éditeur de cette lifte. L’ouvrage où elle
fe trouve refta enfoui dans les bibliothèqi es
d ’Efpagn?,jufqu’à la fin du feizième fiècle. Enfin
, un prêtre ( 1 ) affez ignorant s’avifa de le
déterrer & de le publier fous un nom qu’il a
peut-être lui - même fuppofé. On y trouve
d ailleurs mille difparates mythologiques qui
s accordent avec ce que l’on recueille tant des
auteurs anciens que de ceux qui ont écrit après
l’Ere chrétienne.
Il ne me refte plus qu’une obfervation à
faire (3)3 & 'c’eft fur l’Ere de Nabon-ajfar. Ce
prince étant antérieur à Sardanapale , & de la
même famille, ne peut être que Ninivire : fi
fon nom eft babylonien , ainfi que plufieurs
autres de la même lifte, c’eft que le canon af-
tronomique, ouvrage des aftronomes de Babÿ-
!one, fut écrit en leur langue.
Il fembleroit d’abord équivoque auquel des
princes afîyriens qui nous font connus, Nabon-
ajfar eft iientique : car fi l’on calcule fon Ere
de la dix-neuvième année de Nabou-kaden-
atfar I I , (406) fa première répond à- l’an deux
cent quarante-cinq j & il eft le même que Te-
glat-phal-ajfar : fi*au contraire on part de la
dernicre d ylfar—-A.don ^301^, Nabon-ajfar répond
à l’an deux cent vingt deux, & il s’annonce
pour être Phoul. Dans cette contradiction,
notre choix eft facile ; car Ptoiomée ayant
tronqué les règnes des premiers princes babyloniens,
il eft évident qu’un calcul où cette
erreur entreroit, feroit également erroné. Nous
préférons donc la fécondé alternative, & elle
remplit exactement toutes les indications.
Dans certe lifte , on a divifé en deux por-
t ons le temps que les chroniques grecques attribuent
au régné de Sardanapale ; la différence
qui en réfulte n’eft que d ’un an : il paroît que
l’interrègne fut la minorité à 'Afar-Ad on.Ainfi,
Mejjejfi -Mordak repréifente Sennacherib, qui
régna l’an 277 ou 278, félon que l’on fuit Prolo
n g e ou. les liftes grecques. Apronadius eft
Salmanajar ; Mardokempad eft Teglatphal afar,
& Nabon afar eft Phoul. Quoique ces correspondances
ne pêchent en aucun point, il feroit
cependant poflible de les rendre encore plus
1) Annius de Viterbe.
3) Voye^ le çanon aftronomiq, ci- devant art» de
Babyl. p. 114.
exaCtes j en réquifant à 4a même efpcce les an-;
nées lunaires dans notre fa n o n s jufqu’à Kan
406, & toujours folaires dans celui des Afly-
riens : mais ce travail ne convient qu’à des ouvrages
qui traiteront l’hiftoire avec plus de
détail.
L a lifte de Ptoiomée nous eft garant, conjointement
avec celle des Hébreux, de la fauf-
fêté des nombres allégués par les chroniques
grecques •, & l’on voit que ce n’eft point par
convenance d’hypothèîe que nous les avons
rejettes.
Une circonftance chez les Hébreux nous indique
qu’effeCtivement, vers le temps dont il
s’agit, les princes afîyriens avaient pour i’aftronomie
le goût que l’on reconnoîc à Nàbon-af-
fdr . 11 eft parlé d’un cadran d’À ch a z , qui ne
fut autre chore qu’un gnomon ( 1 ) , comme
d’une pièce mcrveilleufe & nouvelle à Jérufa-
lem. O r , il paroît que le prince hébreu en rapporta
1 idée de l ’entrevue qu’il eut avecTegl^t-
phàl-arar à Dam a s , ainfi que le modèle d’ua
autel à l’aflyrienne, & plufieurs autres ouvrages
de goût ( V . Reg. I I . c. 15 & 1 6. )
(1) C’eft fur ce gnomon qu’Ifaïe opéra fon phénomène
ou plutôt fon tour de main de la rétrogradation
dufoleil; il eft três-vraifembîable, pour ne pas dire
certain, qu'il aura -, par quelque moyen , fait jouer le
gnomon , ou Ion cadran , ce qui a produit fur l’ombre
une apparence de rétrogradation.