
des trous perces, pour chaque lettre , dont il en
rétablit trente-deux, comme a-fait M. Séguier à
■ Nîmes». On lui doit encore l’infcription entière
de la pierre milliaire de Saquenai, fur le grand
chemin de Langres , en 1680.
Les romains étoîent fî curieux d'inscriptions 3
& fur-tout d epitaphes, qu’ils en mettoient fur
les plus Amples monumens. La plupart des tcfsè*
res antiques ont fervi à imprimer des inscriptions
fur les vafes de terre cuite. — Ceux qui n’étoient
pas allez riches pour avoir un petit cippe élevé
fur leur fépulture 8c chargé dJune épitaphe, en
gravoient une fur une brique , ou même fur un
morceau informe de terre cuite. On en voit un
femblabie dans le cabinet de Ste. Geneviève
fur lequel on ne lit que ces mots :
F A B R I C I A E Q V I E T A E .
Vers le milieu de ce lïècle, on trouva à Rome,
près de la voie Appielinfe, dans une vigne des
PP. Somafques, plufieurs débris d'anciennes fculp-
tures. La fimplicité du travail, le beau ftyle des
infcriptions, la belle forme des caractères, le
défaut ordinaire de furnom dans les épitaphes des
ingénus & des affranchis , les firent reconnoître
pour des relies du temps de la république. On
trouva dans ces débris une grande quantité de
petites fioles appellées fî improprement lacryma-
toires ; elles n'étoient pas de verre, comme on les
voit ordinairement 3 mais de terre cuite : matière
fi commune qu'elle annonce des morts de la der-
nière^ claffe.. Sur ces petites fioles font gravés
grollîèrement, avec un couteau ou un I ly le t, des
noms d'hommes & de femmes, auxquels eil joint
un quantième du mois. Ces noms font-ils ceux
des morts, & les jours ceux de leur trépas ; ou
plutôt feroient-ce les noms des parenS qui ont
fait fur les fépultures des libations d ’huile odoriférante
, avec les petites bouteilles dé terre
cuite ?
Pour ce qui regarde la manière de lire les infcriptions
, on confultera les articles Abréviations
, Arithmétique % Notes , Sigees ,
Ponctuation , Ecriture , &c.
Il feroit difficile de donner des règles générales
fur le ftyle lapidaire , ou des infcriptions. Le plus
court moyen de s'en inftruire , eft de lire les recueils
d'infcriptions antiques , l'hiftoire métallique
des papes, 8c particulièrement l'hiftoire métallique
de Louis X IV . Cependant on peut dire 1
généralement que le ftyle lapidaire tient le milieu
entre les vers 8c la proie. Il ne faut pas qu'il foit
ni trop froid, ni trop brillant. Cicéron femble en
avoir voulu tracer les règles, lorfqu'il a dit :
Accédât oportet oratio varia , vehemens , plena
a ni mi , plena fpiritus. Omnium fententiarum gra--
vitale j omnium verborum ponderibus eft utendum.
— « Les infcriptions, dit Boileau, doivent être
courtes, fimples 8c familières. La pompe & la
multitude des paroles ne valent rien ». C e précepte
de Boileau eft trop exclufif; il détruiroie
tous les charmes du ftyle lapidaire. Il faut le modérer
& le réduire à fa juile valeur.
. Quant a la manière d’écrire ou de graver les
infcriptions, Fabretti, chanoine de S. Pierre de
Rome, dans le troifième chapitre de fon recueil
d anciennes infcriptions, publié'à Rome en 1699,
remarque que les 'anciens mettoient des points h
la fin: de chaque mot 3 mais prefque jamais au bout
des lignes, & qu’ ils en mettoient même quelquefois
après chaque fyllabe. Entre les mots des infcriptions
3 non-feulement on trouve des points,
mais ils coupent encore un même mot, comme
ad, finibus , ob. venerit 3 dum. taxat. C ’eft ce qu’on
a remarque fur un table d’ airain 3 large de dix
pieds & demi & haute de cinq & demi 3 découverte
a dix-huit milles de Plaifance, en 1747*
au lieu ou etoit la ville Veleiacium 3 dont parle
Plino, liv. 7 3 chap. 4c?.
1 . Inscriptions gravées fous les portraits & fur
les marbres antiques. Fulvio Urfmi en mit fous
tous les portraits antiques qu’ il publia , & fur le
plus léger rapprochement. Winckelman les a dif-
eutées pour la plupart 3 on verra ces difeuflions à
chaque article des hommes célèbres à qui l’on a
attribue ces portraits , & à l’article de chacun des
monumens antiques qui portent une infeription.
Je me contenterai feulement de faire obferver ici,
en général3 que Pline fe plaignoit déjà, de fon
temps , de ce que les marchands gravoient les
_jioms des artiftes anciens célèbres fur des marbres
modernes 3 afin d’en rehauffer le prix. C ’eft ainii
que les premiers chrétiens fe fervirent, pour gra-'
ver leurs épitaphes, du revers de pierres chargées
à’infcriptions romaines ; mais ceci fut l’effet de
1 ignorance , de l’inhabileté, 8c non de l’envie de
i tromper.
Inscriptions des médailles. Les antiquaires
nomment ainfî les lettres ou les mots qui tiennent
lieu de revers , 8c qui chargent le champ de la
médaillé au lieu de figures , qui forment en un
mots les types des revers. Ils appellent légendes
les mots qui font gravés autour de.la médiiijè,'
8c qui fervent a expliquer les figures gravées dans
le champ.
On trouve plufieursTnédailles grecques 8rlatia
nés , qui n'ont pour revers que des infcriptions i
c eft-à-dire , que des lettres , telles que S O. Se--
natus confulto, ou d. E. E 'W /« ;
renfermées dans une couronne1. 11 y en a d’autres'
dont les infcriptions font des efpèces d’époques y
comme dans M. Aurèle. Primidécennales Cof. III.'
10alis Augufte, lmp. CsfiAug. ludi fecularei. Dans'
lebas-empire, ^ o tis . -V. XXX . Sic.
Quelquefois de grands événemens y font marqués
, comme Picioria Germanica lmp. VI. Cof.
I I I , dans Marc-Aurèîe îftgnis Parthicis receptis.
S. P. Q. R. dans Augufte; ViCioria Parthica
Maxima dans Septime-Sévère.
D ’autres expriment des titres d’honneur accordés
au prince, comme S. P. Q. R. Optimo Pria- |
dpi dans Trajan 8c dans. Antonin Pie, Adfertori
publics libertatis dans Vefpafîen. D ’autres inferip- '
dons font des marques de la reconnoiffance du fé-
nac& du peuple, comme dans Vefpafîen, libertate
P . R. réftitutâ ex S. C. Dans Galba. S. P. Q. R.
Ob cives fervatos. Dans Augufte, Salus generis .
fiumani 3 &ç,
Quelques-unès,de ces infcriptions ne regardent
que des bienfaits particuliers accordés en certains
temps 3 ou à certains lieux, avec des voeux adreftes
aux dieux pour le rétabjiftement ou pourlacon-
Krvation de la fanté des princes. Telles font fous
Augulte les médailles fuivantes gravées par l’adulation
: Jovi optimo Maximo . S. P . Q. R . Vota
f uf cePta Pro falutt Imperat. Csfaris Aug. quod per1
eumRefp, | i amp.liore atque tranquilUore fiatu eft.
JQVi vota fufeepta 3 pro falute C&f Aug. S. P . Q. R.
Imperatori C&fari 3 quod via munit s. Jînt, ex eâ pecü- :
nia 3 quam is, ad Arariufn detulit.
Parnû.ces médailles poftérieures au temps où
les empereurs de Conftajitinople quittèrent la langue
larme pour reprendre la grecque dans leurs
mjeriptions , il s’en trouve qui pourraient embar-
ralier un nouveau curieux ; telle eft le i c x c
NIKA IH COÏC XPICTOQNIKA, Je fus - Ckriftus
VMCltj 8c le KTPIE B0 H3 EI AAESIQI.Domine,
■ Adefta Alexio, AEcnOTHHIOFOYPOrENNHTmï
On trouve dans lesmédailles d'Héraclius,Dcwaa:-
juva Romanis ,* 8c c ’eft ce qu’ils ont Voulu expri-
^ j r Srec par le BotjSu, 8c que l’on auroit peine
a deviner lorfque ce mot eft écrit par les feules
lettres initiales ; car le moyen de favoir que c
E e O N p a M u 1.0. fur la médaille de Conftantin
Gopronvme, lignifie Conftantinus Léoni perpétua
Augufto , multos annos , fi M. du Cange ne l’avoir
heureufement deviné. Les plus favans ont été
arrêtes par keboh Av Ao c o v . ky p ie boh se i
CIOÏAQ COÏ Domine Adefto fervo tuo , faute de
connaître les infcriptions dontnous parlons.
Ces fortes A’ infcriptions peuvent s’appeller des
acclamations ou des bénédidions , qui confillent
a louhaittr a 1 empereur la vie, la fanté, la viâoire.
ieile ell celle qu’ on voit dans Conftantin , plura
■ natalit,a féliciter. Celle de Conftans, Felicia de-
cennaha. Celle de Théophile, Qeocpae Tu AOv ç t e
u u n i k Ac. Celle de Baduela, B a u u e l a
pleurfas zemper. Cela nous fait fouvenird’une
belle médaillé d Antonin P ie , qui peut avoirplace
parmi ces acclamations, fenatuspopulufqueroma- j
novum 3 fau ft um 3felicem, optimo prin-
, cipi Rio. C eft ainfî que l’on doit expliquer ceslet-
très initiales, 5 . P . Q. R. A. N. F. F. optimo
principi Pio.
Je ne dois point oublier ici celle de Conftantin;
qui a donné fujet à tant de fauflès conjeâures ; elle
porte du côté de la têtélmp. C. Conftantinus P . F.
Auguft. du côté du revers , Conftantim. P. Au-
guft. Bapnat. C a r , pgur n’avoir pas reconnu
q ie l'A étoit un R à demi effacée, on a voulu
que ce fût la mémoire du baptême de Conftantin,
au lieu qu’il faut lire Bono Rei Publics Nato. Le P.
Hardouin a fenti plus heureufement que d’autres
cette vérité.
Je crois qu’on s’apperçoit affez du goût différent
des anciens 8c des modernes pour les infcriptions.
Les anciens n ont point imaginé que les médailles
fuffent propres a porter des infcriptions , à moins
que ces inscriptions ne fuffent extrêmement courtes
8c exp^reffives. Iis ont réfervé les plus longues
pour les édifices publics, pour les colonnes, pour
les arcs de triomphe , .pour les rombèaux ; mais
.les modernes en général, fur-tout les allemands
Sc les hollaridois, chargent les revers de toutes
leurs médaillés de longues infcriptions, qui n’ont
rien t ni de, la majefte, ni de la.-briéveté romaine.
On ne^ peut faire ce reproche aux médailles que
l’académie des belles-leitres a faites en Lhonneui
8c à la gloire de.Louis X IV .
Quelquefois même dans !ts infcriptions des médailles
antiques ; on ne trouve que le fimple nom
des magiflrats, comme dans Jules; L.Æmilius,
Q. F. Blica 1 I I I . Vir A . A. A. F. F. dans
Agrippa. Af. Agrippa Cof deftgnatus.
INSITOR. C e nom qui eft purement latin,'
Sc qui Vient A'inferere, greffer, t toit le nom d’un
dieu de la campagne chez les romains. Le dieu
infttor pvéfidoit aux Emaillés. Le fiamen dialis
ou flamme,de Jupiter, faifoit memion du dieu
Infttor j dans 1 hymne qu’il chantoit ou récitoic
dans le facrifïce qu’il fjifoit à Cérès ou à la
terre. ( Voye^ Saumaife, fur Solin, p. y i4 )
L’académie des Belles - Lettres a décidé qu’il
falloit retenir ces Bonis latins dans notre langue
& ne les point traduire, 8c fes académiciens lé
pratiquent dans leurs differtations,
INSO LAT IO , pratique qui entroit dans le régime
de vie des grecs 8c des romains. Elle confif-
toit à fe coucher pendant un ctrrain efpace de
temps, expofé aux rayons du fsleiL: sftate , f i quid
o tii, dit Pline , de fon oncle ,jacebat in foie ,■ ou
à fe promener nud au foleil , in fo ie , f i caret venta
ambulat nudus. ( Plin. J. le . 8c 3. l . 8.) ‘
INSPECTEUR. Il y avoit chez las romains
des infpefteurs qu’on nommoit pcroequatçres 3 éga