
n'ait engraiffé la terre avec une craie blanche
folfile, ce qu’il faut entendre de la marne. Mais
.ce que Claudien , Lucien , Pétrone, Diodore &
Cicéron difent du froid excellîf& des,glaces de
la Gaule, peut paffer pour exagéré ».
** S’il en faut croire Pline, ce fut un artifan
helvétien , nommé Hélicon, qui le premier transporta
dans la Gaule le figuier , l ’olivier 8c la
vigne. Les vendanges ne tardèrent pas à y devenir
abondantes ; & en recueillit dans ce pays
une li grande quantité de vins , que dans la fuite
les romains y vinrent faire leurs provifions ; ce
que Columelle rapporte avec une forte de reproche
pour fes compatriotes. C ’é to it, fuivant
le récit de, Plutarque, la ville de Vienne qui
faifoit à Rome les envois ordinaires de ce vin
nommé picatum, fi eftimé des anciens. Que veulent
donc dire Vopifcus & Eusèbe, lorfqu’ils
écrivent que l'empereur Probus permit auxr"gau-
lois de faire des plantations de vignes ? De favans
hommes ne le comprennent pas encore aujourd'hui.
Quelques-uns penfent que jufqu’au règne de
Probus, il n’y avoit encore eu de vignes que
dans la Gaule braccate ou narbonnoife , c’eft-à-
d ire , dans la province romaine, & que juf-
qu'alors on n'en avoit point planté dans le relie
de cette région. Mais cela ne peut être vrai ,
puifque Pline, qui vivoit long-temps avant l’empereur
Probus , fait mention des vins du Berri &
de l’Auvergne. Diodore allure pour fon temps,
que la Gaule comate ne produifôit point de vin.
Céfar ( lib. IV . de bello gall. ) compare pour la
•fobriété & la tempérance , les fuèves de la Germanie
aux nervlens de la Gaule, c’ eft-à-dire > aux
^peuples du Hainaut. Ils ne fouffrent point, dit-
il , que l’on porte du vin chez eux , parce qu’ils
penfent que cette liqueur rend les hommes qui
en boivent, mous, efféminés , & peu propres à
fupporter les travaux & les fatigues. Aujourd’hui
k Gaule 3 ou plutôt la France, produit des vins
excellens de toute forte. Cependant la nature du
fol fe refufe en quelques provinces à la culture
de la vigne. Elle ne réuflk pas dans la plus
grande, partie de la Bretagne , en Normandie,
en Picardie, en Flandre, & c . ; cette production
y elt remplacée par des pommes & des poires,
dont on fait une boiffon faine, qu'on appelle
cidre & poiré. C ’eft la France qui fournit des vins
à ^Angleterre, à la Hollande, à tous les pays
du N o rd , ou le froid du climat ne permet point
de cultiver la vigne ».
« Pline remarque que la Gaule produit le vaciet,
où on l’ emploie pour la teinture des vêtemens
des efclaves. Le varier, autrement dit l’airelle ou
mirtile , eft un arbufte affezreffemblant au myrte:
il a les feuilles un peu oblongues , 8c produit des
baies noires ou purpurines 5 bonnes à manger. Il cp croît beaucoup dans les forêts de la Baffe-
Normandie 8c 3u Maine, où le peuple en appelle
le fruit morets ou fantines, & s'en nourrit. La
Gaule produit le coccum : c'eli la graine ou les
baies d’un arbriffeau, dont on fait ufage pour
la teinture d’écarlate. Galien attefte qu’on tiroit
de la Gaule le nard, avec quoi les anciens faî-
foient la thériaque. La culture des lins dans la
Gaule 3 ainfi que les toiles que l’on en faifoit pour
les voiles de vailfeaux , formoient une branche
conlidérable de fon commerce. Ori peut obfervec
néanmoins 3 que les voiles des navires ne fe fai-
foient pas de lin dans tous les pays, puifque
Céfar nous apprend que les peuples du diocèfe
de Vannes en Bretagne, employo ent pour cela
des peaux de bêtes au lieu de toiles. Le lin 8c
le chanvre font encore aujourd’hui un objet des
plus confîdérables du commerce de la France.
C ’eft ce royaume qui approvifionne l'Efpagnede
cordages 8e de toiles pour la marine, &c. ».
« Les terres de la Gaule, qui ne font point
occupées par les grains 3eles fruits, fervant im-'
médiatement à la nourriture de l’homme, four-
niffent de gras pâturages, où l’on élève de nombreux
troupeaux de toutes fortes de beftiaux. On
peut dire en un mot, que les habitans y font
dans une parfaite abondance de tout ce qui eil
néceffaire pour le comeftible & le vêtement,
de viandes, de laitages, de beurres, de fromages,
de laines , de peaux, de cuirs, & c . Sidoine
Apollinaire, dans fon panégyrique de Majorien ,
vante la richeffe de la Gaule, en nourritures de
troupeaux. Ariftote a écrit qu’on n’y voyoit-point
d’ânes i il y en a beaucoup aujourd’hui. Trebel-
lius Pollion ( in D. Claudio ) fait l’éloge des
cavalles de la Gaule , renommées dans l’antiquité.
C e pays nourriffoit autrefois de grandes meutes
de chiens i c’eft de quoi rendent témoignage les
poètes Ovide, Oppien, Gratius, le grammairien
Pollux, & l’orateur Euphrada. Pline afifure
avoir vu dans l’arène du grand Pompée , pn
loup cervier pris dans la Gaule. Strabon écrit
qu’on y voyoit des porcs , remarquables par leur
taille,-leur force & leur légéreté à courir: aulfi
Athénée rapporte-t-il, que la Gaule avoit la réputation
de faire les meilleurs jambons ; & le même
Strabon allure qu’il y en avoit une fi grande
quantité dans ce pays, qiie non - feulement la
ville de Rome, mais l’Italie entière y venoit faire
fes fournitures. Varron obferve de mêmt{d e r e
ruß. lib. II. cap. I V . ) , que tous les, ans on ap-
portoit de la Gaule à Rome, des jambons, des
faucilles, des cervelas, & c . On lit la même
chofe dans Pline. Le même Varron ( de L. L. )
d it, qu’on trouvoit en Gaule des lièvres d’une
grandeur extraordinaire : il fait aulïi mention des
laines de ce pays , ainfi que Strabon, qui ne fait
pas l’éloge de leur fineffe ».
« Pline fait une courre defeription de certains
oifeaux particuliers à la Gaule feptentrionale , &
vers
▼ ers l'Océan, qu’ il appelle onocrotales > ce mot
lignifie : qui a le cri d'un'fine. Ils font peu diffe-
rens du cigne. II n’oublie pas le faumon qu’on
y trouve dans les fleuves , ni le phyfetère
ou fouffleur céta’cée d’une grandeur prodi-
gieufe, lequel s’ élevant en forme de colonne,
& plus haut que les voiles d’un navire, lance au
loin un déluge d’eaux. C ’eft aulfi dans les paraf
e s de la Gaule, que cet auteur place les poif-
.fons appelles néréides , les éléphans & les béliers
marins. Stobée ‘ rapporte , d’après Callifthène ,
que dans la Saône il naît un grand poilTon , que
ceux du pays appellent ebupea, lequel au croif-
fant de la lune eft blanc , & noir après la pleine
lune j & lorfque fon corps a pris toute fa croif-;
Tance, il périt par fes propres épines oupiquans.
On dit qu’on trouve dans la tête de ce poiffon
une pierre femblable à un grain de fe l, laquelle
portée fufpendue au côté gauche, dans le temps
que la lune eft décroiffante, guérit de la fièvre
quarte. Michel Glycas, d’après Anaftafe , appelle
cette pierre clopias : 8c Plutarque la nomme
fcolopidoh. Pline raconte., fur la foi de Varron ,;
qu’on a vu autrefois une fi prodigieufe quantité:
de grenouilles dans la Gaule, qu’elles obligèrent
les habitans d’une grande ville de ce pays, à l’ abandonner
pour aller s’établir ailleurs. Enfin, voici-
ce qu’on lit au fujet des poiffops folfiles , dans
Pomponius Mêla , ( lib. II. m. fine ) , à l’endroit
où il traite de la Gaule narbonnoife : on y vo it,
dit-il, couler une fontaine , dont les eaux , loin
d’être douces, font plus falées que celles de la
mer. Tout près eft un terrein couvert de gra-
men arondinacé, qui fait une agréable verdure;
mais ce terrein eft fufpendu fur des eaux cachées
8c ftagnantes j ce qui le prouve , c eft que la
partie du milieu eft détachée du refte , & forme
comme une ifle flottante, que l’on peut mouvoir
à fon gté en la pouffant ou en la tirant. Si l’on
en précipite quelques parcelles, aufli- tôt elles
reviennent & lurnagent. C'eft de l à , ajoute-t-il,;
que les auteurs grecs & romains, foit faute de
connoître la vérité, foit par leplaifîr de raconter
d’agréables menfonges, ont pris occafion d’écrire,
& de tranfmettre à la poftérité, que dans ce pays
il fort de terre un poiffon, qui, ayant pénétré
du fond de la mer jufques-là, y eft tué & tiré,
mort par les habitans du pays. Il paroît, dit
Paul Mérula, de .qui je tiens ces recherches,
que par les grecs, dont Mêla fufperie icilafin-
"cérire, il veut parler de Strabon & d’ Athénée'.
Le premier dit ( lib. VI. ) , que près du Tet
( qui coule à Perpignan ) , & à peu de diftance
de la mer, il y a un lieu, d’ une nature humide
8c rempli de falines, duquel on tire des poif-
fons, que l’auteur appelle keftreis ( mugiles3 des
mulets). Lorfque vous avez fouillé la terre, dit-
il, à deux ou trois pieds de profondeur, vous
trouvez, en y enfonçant une pointe de fer ou
harpon, de ces fortes de poiffons , & de la grandeur
Antiquités , Tome I ll „
ordinaire : ils vivent dans la boue comme les anguilles.
A l’égard d’Athénée, il dit ( lib. V III. ) ,
d’après Polybe ( lib. X X X IV . ) , que depuis les
montagnes des Pyrénées, jufqu’à Narbonne, il y
a une plaine, au milieu.de laquelle coulent le T e c
& le Tet î que dans cette plaine on trouvé des
poiffons qu’on appel!t poiffons • fojfiles ; que le
terroir de ce local eft léger 8c rempli d’herbes ;
que la terre étant fablonneufe à trois ou quatre
coudées de profondeur , on y rencontre de l ’eau »
qui s’y eft répandue des fleuves voifins, 8c y
coule dans des ruiffeaux fouterreins, que les
poiffons fuivent le cours de ces ruiffeaux, pour
y chercher de la nourriture j 8c qu’enfin , comme
ils aiment la racine des herbes, tout l'intérieur
des terres de ce rivage eft rempli de ces poiffons,
que les habitans prennent après avoir enlevé
la peloufe. On peut ajouter ici ce qu’Ariftote
( iit admirandis ) raconte ; favoir, que fur les
confins des terres de la république de Marfeille,
& du côté de la Ligurie, il y a un la c , dont les
eaux bouillonnantes venant à fe répandre au-
dehors, jettent une multitude prodigieufe de
poiffons ».
« Strabon écrit qu’il y a des mines d’or &
d’argent dans la Gaule ,* que les montagnes des
Cevènes produifent un or très-pur j mais que le
pays des Tarbelies, peuples qui habitoient ce
qu’on appelle aujourd’hui le Labourd, aux environs
de Bayonne , fourniffoit l’or le plus pur que
l’on connût. Le même auteur parlé des :mines
de fer du Périgord 8c du Berri. Il y a , fuivaht
Athénée, des mines d’or dans différens cantons
du pays des Celtes. Aufone donne l’épithète
ÜÂurifer au T a rn , qui coule dans l’Aquitaine.
Diodore dit, qu’il y a dans la Gaule plufieurs
fleuves qui charrient de l’or ; auffi lifons-noùs
dans Procope, que les gaulois faifoient fabriquer
des monnoiës de l’or de leur fol ; & qu’ils ne
faifoient pas porter l’empreinte & l’image des
empereurs romains , comme faifoient les autres
peuples, mais qu’ils les revêtoient d’attributs
analogues â la nation. Cafliodore ( lib. V I I .
Varior, 77. ) parle de la monnoie des gaulois.
Cette région paffoir, parmi les anciens, pour
un pays riche en métaux précieux, & opulent :
plufieUrs écrivains éh ont confàcrë les témoignages
dans leurs ouvrages ,* comme Mamlius,
Dion , Josèphe, lés Oracles fybillins. E t , fi
Diodore a écrit que la Gaule n’avoir point de
mines d’argent, d’un autre c ô té , Athénée raconte
, qu’une forêt dans les Pyrénées, ayant
été réduite en cendres par un incendie , on en
vit couler des ruiffeaux d’argent, tant en Gaule,
qu’en Efpagne. Straboh parle aulfi des mines
d’argent dans le Rouer gu e 8c le Gevaudan. Il y
a en plufieurs endroits de la Gaule des mines de
cuivre , comme l ’attefte Céfar. On y trouve des
améthiftes, félon Pline, & du corail vers les iûes
C