
mes, ceci arrive precifément vers 45 ans, mpi-
tié lie 90,
A ces preuves phyfiques, & par cette raifon
irrécusable, il s’en joint «d’une expvetîion pofi-
tive. Nous trouvons dans l’hiftoire de Moyfe
des détails qui non-feulement confirment ce
que nous avançons, mais encore qui déterminent
les époques de ce genre d’année.
Lors de la grêle qui fut la 7 e. plaie, il eft dit
que l’orge étoit en tuy au, le lin en graine-,
le bled au contraire 8c le froment n’étoient encore
qu’en herbe. Ces circonftances répondent
dans l’Egypte au mois de février. Plufieurs jours
après, il eft dit ( 1) : Voici le premier de vos mois
gui arrive : (2) do île le premier mois étoit mars,
6c l’année commençoît a l’équinoxe vernal* Or
il eft dit en un autre endroit (3) : Vous célébrerez
la fête des Tabernacles à là fin de Vannée, quand
vous aurez ramajfié votre dernière récolte. Si la
fin de l’année arrivait après la récolte des der- 1
niers fruits, cette récolte q u i, dans la Palef-
tin e , tombe à la fin d’ao û t, prouve que l’année
finiffoit à l’équinoxe d ’automne, qu’elle
étoit par conféquent de fix mois.
Contre c e c i, il fe préfentera bien des objections
-, car il eft parlé d’une année de douze
mo'S.au temps du déluge ; d’un feptième &
d'un onzième mois au temps de M o y fe , routes
chofes qui femblent détruire ce que j'avance :
ces difficultés feront en effet infolubles pour
ceux qui croyent au déluge de N o é comme à
un événement hiftorique, qui regardent le
Pentateuque comme l’ouvrage immédiat de
M o y fe ; mais elles tomberont au néant quand
nous aurons établi fur ces deux articles des
idées plus juftes. Quand on fera convaincu que
le Pentateuque n’eft qu’une compilation qui n’a
pu avoir lieu avant Jofias, & qui a été retardée
probablement jufqu’au temps de la captivité ,
pn concevra que les rédacteurs ont altéré les
traces d ’un état dont ils n’ont pas eu des'idées
bien juftes •, qu’ils ont accommodé à la diftri-
b y t io n , en ufage de leur temps, celle qui étoit
tombée en défuétude depuis plus de fîx cents
>(1) Exod. e, n . v. 1.
(*) Et non point comme traduifent des ignorons, ce
f i e r a l e p r em ie r d e v<$s m o i s .
{ 3 ) Exod, c, 13. v. ï6,Deut. c, i$,v. 1,3.
ans (4). C ’eft par cette raifon qu’on fait mention
d ’un feptième & d’un onzième mois, dont
il n’étoit certainement point queftion dans les
livres originaux.
No u s avons encore une preuve dont on n’a
po:nt foupçonné l’exiftence dans le jubilé que
Moyfe preferivit tous les 50 ans. Chez tous
les anciens peuples , la fin de toute période
étoit une fête folemneïle , un vrai jubilé; tels
furent les jeux olympiques, lés néméens , les p y -
thiques , les féculairtsles faturnales , & ç . Par
identité d’elprit, le jubilé des Hébreux eût le
même m otif d'infticution. M o y fe , qui ne fut
inventeur de rien, en tira l’idée des Egyptiens,
ou de roue autre peuple. O r dans les années de
douze mois , il n’exifte aucune période de 50
; ans; mais en prenant ces 50 années pour des
années de fix mois , & les réduifant à 25 des
nôtres , on trouve un cycle de 25 ans , qui fut
une période lunaire en ufage chez fes Egyptiens.
Et quand j’attribue à Moyfe des idées aftro-
nomiques , je ne fuis pas fondé feulement fur
des faits q u i , cependant fuffifenc ; mais j’ai encore
un témoignage exprès en ma faveur ; c ’eft
celui d’Appion , ancien écrivain critique, dont
Jofepne (5) cite ce paffage curieux :
« M o y f e , prêtre d ’H é lio p o lis em p lo y a
» pour gnomons des colonnes , qu’il appuyoit
>5 fur une elpèce de nacelle : l’ombre qui de la
53 pointe de ces colonnes tomboit fur le plan
33 de la nace lle, y décrivoit les mêmes routes
33 que le foîeil décrit dans les cieux a?.
D ’un pareil fait on a droit fans doute de
conclure que fi Moyfe s’occupa d’aftronom'e,
elle entra pour quelque chofe dans fes inftitu-
tions. .
Il eft donc confiant que l’ufage des années de <>
moisexiftoitau tems d*Abfaham & de M oyfe. Il
paroît même qu’il régnoit alors dans l’E g y p te ,
dans la Phénicie , ôc à coup sûr dans la haute
Afie , où il accompagna un fyftême religieux
dont il eft le type , le dualifme de Zoroaftre (é).
(4) G’eft ce qui a dû arriver fi les livres trouvés
par Helcias , au tems de Jofias , étoient réellement de
la main de Moyfe.
(ç) Contr. app. lib. II.
(6) Il femblera peut-être contradiâoire d’admettre
les années de fix mois, quand la révolution tropique
& les ia fignes étoient connus ; mais cela n’eft pas
plus incompatible que de divifer le jour aftronomique
en deux parties, ainfi que nous le pratiquons.
Ainfi >
Ainfi, pout avoir en termes ordinaires la valeur
des tems mentionnés à cette époque, il faut tout
réduire à moitié. Les 40 ans du défert neferont
donc réellement que vingt de nos années, de
les quatre cent-trente (3) qui s’écoulèrent depuis
l’arrivée d’Abraham en Paleftine jufqu’à la
fortie d’E g y p te , n ’en Feront que deux cent
quinze.
Mais les années de fix mois ne cdlerent
point tout-a-coup , de quoique nous n’ayons
pas de preuves de leur exiftence après Jofué ,
nous avons cependant des raifôns légitimes de
l’inférer. L ’embarras eft d ’aflïgner l’époque de
letir réforme. Malheureulèffletrt cet événement
important eft arrivé dans des tems d’ignorance
de d anarchie fur lefquels les Hébreux n’ont rien
confèrvé d’exaéh T ou te la période des juges
eft un cahos ; Ce que les livres nous en apprennent
n’eft que contradidion ; peut-être même
eft il impoflible de leur donner un état précis
& certain. Néanmoins comme on y commet
des erreurs trop palpables, nous allons les relever
, & donner ce que nous voyons de plus
probable.
Faifons d’abord le tableau de ces tems tel
que le préfentent les livtes.
J o fu é ...................... ...T em s om i s .............................
U n e génération . ........... ..................................... .............
Servitude fous K u fa n .............................................8 ans
Finie parOthoniel. Paix d e . .............................40;.-. .
Servitude fous E glon...........................................1 8 . . .
Finie par Aod. Repos d e ,....................... . 80, . ;
Samgar........................................Tems Omis. . . . . . . .
Servitude fous J ab in ..........................................(zo)..
Finie par Debora. Repos d e ............. ...............4 0 . . .
Servitude fous les M a d ia n ite s ......................... 7 •• •
Finie p a rG éd é on , qui ju g e .............................4 0 . . .
A b im e le ck .............................................................3 • • •
T h o la ............................. 1 3 . . .
J a ï r ..............................................................................z i . . .
Servitude fous le sP hiliftins& les Am o aite s. 18 .
Jofué. chap, dernier, & Juges ch. icr.
Jug.^c. 1.
Jofué. c. 1 5 . v. 1 6 . Jug. c. 3. v. 1 1 .
Jug. c. 3. v. 14.
Ibid. v. 30.
Ibid. c. 4. v.
Ibid. c. 5. v. 32
... .c. 6, v. 1
------ c. 8. v . 28
. . . .c . p . V. 2 2
. . . . c . 1 0 . V. 2
. . , .I b id . v . 3
• • • ......V.
3*9
Jephté juge.................. .................... 6 ....... ........ ':..c. 11.v. 7.
Abefan....................................................... ............. . . . . 7 ...............................................v . 5 .
Ahialon................: : .y ... ; . ioj.:. . .................... ’ y . ,
A b d on - - .................................................................... 8 ............... ...............................'.v. 14.
Servitude fous les Phiiiftins........... .
Tems de Samfon........................
.D’Héli........ ............... .
Samuel.......................omis.......
Saul.........................................
David. . . . . . ; ...........................
Salomon. . . I ...................■
3i
.4 0 .
.4 0 .
.4 0 .
. .4 .
...................... c. 13 . v. 13 .
. J u g .c . 16 . v. 3 i . c . 14, v. 4.'
.Samuel, lib. 1 . c. 4. v. 18.
Lorfqu’on examine avec
498 ans
attention cette chronique, on la trouve pleine de contradic-
tions. L ’auteur faifant parler Jephté, lui fait
dire qu il s étoit palfé 500 ans depuis l’entrée en
k
(1) V o y . la bible d’Houbigant. Exod. c.'n. v. 40. Antiquités, Chronologie, Tome III»