
purent voir , fans une extrême furprife J les
bleffures énormes que les romains faifoient avec
cette arme. Ce n’étoit rien moins que des bras
& des têtes coupées d’un feul coup de tranchant
» des têtes à demi-fendues , & des hommes
évencrés d’un coup de pointe. Les meilleures
armes offenfîves n'y réfiftoient pasj elles cou-
poient & perçoient les cafques & les cuiraffes
a l’épreuve. On oe doit point, après cela, s’étonner
fi les batailles des anciens étoient fi fan-
glantes. (G.)
MACKÆREUS. Voye^P y r r h u s , q u ’ i l tu a.
M A CH A N É E , (*ct%unos , onzième mois des
anciens habitans de Cor cyra, aujourd’hui Corfou.
M A C H A O N , fils d’Efculape & d’Epione ,
ou Lampetie, fut un des difciples de (Jhiron.
Il régna dans la Meffenie avec fon frère Poda-
lire; ils allèrent enfemble au fiège de T ro y e s ,
où ils commandoientles æchaliens. Virgile compte
Machaon parmi ceux qui s’enfermèrent dans le
fameux cheval de bois. Il fut tué par Eurypile ,
fils de Télephej de-là vient,-dit Paufanias, que
dans un temple d’Efculape, qui eft à Pergame ,
on chante des hymnes en l’honneur de Télephe,
fans y rien mêler qui fort à la louange d’Eury-
pile : il n’ eft pas même permis de prononcer fon
nom dans ce temple , parce qu’il eft regardé
comme le meurtrier de Machaon. Ses os furent
recueillis par Neftor, & portés à Gérénie, où
il fut inhumé, & fur fon tombeau , on lai éleva
un temple qui devint fort célèbre; car les habitans
croyoient que Machaon avoit aafli la vertu
de guérir les maladies. Dans ce temple , le dieu
étoit repréfenté en bronze debout fur fes pieds ,
ayant’ fur la tête une couronne que les méfféniens
nommoient en leur langue, Ciphos.
Mce%at» lignifie , je defire le combat.
MACHEFER. Les anciens employoient dans
la çonftruéïion des chemins cette fcorie de fer
vitrifié, que fourniflent les forges & les fourneaux,
où l’on brûle du charbon de terre.
M A G H ER A , pierre fabuleufe dont parle
Plutarque, dans fon traité dts fleuves. Elle fe
trouvoit, félon lui, en Phrygie fur le mont Be-
recyntus ; elle refiembloit au fer, & celui qui
la trouvoit au teras de la célébration des myfilètes
de la mère des dieux, devenoit fou &
furieux.
MA LHINARIUS menfor ( lib. V I I . j f fi men-
for ) eft fans doute un infpeéteur des charrois ,
puifqu’on lit suffi dans le droit ( lib. LX. jf. de
légat III. ) , afinum matkinarium , c’eft - à - dire ,
an âne de trait, ad veëtorias machinas.
MA CHINA T OR. C e mot qui fe lit dans une
infcription ( Gruter. 64z. 4. ) défigne un machi-
nîfte.
Machinator étoit auffi chez les phoenîciens
le furnom de Jupiter, fous lequel ils honoroient
Vulcain. ( Eufeb. pr&p. evang. I. IV . c. 10.).
M ACHINE S employées dans les myftères &
les initiations. « C ’ eft ici l'endroit, dit M. Paw,
( Recherches far les égyptiens & les chinois. ) où
je dois entrer dans quelques difcuülons entièrement
neuves fur la manière dont on imitoit le
tonnerre & la foudre, dans la célébration des
myftères: car il eft certain qu’on faifoit voir &
entendre ces phénomènes fimulés aux perfoniies
■ qu’ on initioit. Je ne prétends pas parler,en quelque
fens que ce foit, de ce qui doit s’être paffé en
Arabie fur le Gebel-Tour y car-cet événement
eft étranger à notre fujet: mais il faut obferver
que les égyptiens ayant les premiers imaginé tout
l’appareil des myftères, tranfportés depuis dans
l’Àfîe & dans l'Europe, doivent être regardés
\ comme les inventeurs du tonnerre artificiel, &
. de cette effufîon de lumière qui paroiffoit. tout-
i à-vcoup au milieu des ténèbres, au point qu’A-
: pulée en compare les effets à ceux du foleil:
‘ car ayant été admis , ainfi que l’on fait , aux
■ fecrets ifiaques à Corinthe, il obferva allez bien
toute la fiegularité de ce fpeétacle ». ( Noiïe
media vidi folem candido corufcantem lamine. Me*
tamorphof. lib. XI. p. ic o i . Edit. BeroalQ.
:, cc S’d étoit vrai, com.me-on l’a prétendu, que
.de certains myftère s. fe célébroient dans quelques
appartemens’ du labyrinthe, alors i l n’eût point
été difficile 'd’y faire entendre des éclats fembla-
bles à ceux de la foudre ; -puifque Pline affure
que la répercuflion de l’air produifoit un bruit
•épouvantable dans ce bâtiment, dès qu’on y
ouvrcit des' portes ou des foupiraux, qui vrai-
femblablement en faifoient refermer d’autres ; car
'fans cela, je ne puis expliquer ce phénomène,
'fuivant toute la rigueur des termes employés'par
ce naturalifte, qu’il faut fuppofer avoir été bien
inftruit, & la defcription déta:llée qu’ il donne
du labyrinthe le fait penfer. ( Quarumdam autem
domoram ( in labyrintho ) talis eft fit us, ut ada-
perientibus fores tonitru intus terribile exiftat. lib.
X X X V I . cap. 13. Quanta Hérodote, on ne
voulut point lui permettre d’entrer dans les chambres
fouterraines où doit avoir été le centre de
l’artifice, & la fepulture de ces crocodiles qu’o»
nommoit les juftes, ou en égyptien , fuchu , &
qu’on a pris pour de petits 1 zirds d’une efpè'ce
différente, & laquelle n’ eft point malfaifante »•
« Quant à la Grèce, j’ avoîs d’abord cru que
le bruit qu’entendoient les initiés dans le temple
de Cérès Eleufine, venoit de la voûte ou du
comble; que Vitruve dit avoir été dans cet édifice
a pu être frappante en plein air; maïs Ans des
temples comme ceux des anciens , qui étoient
ordinairement peu exhauffés en comparaifon de
leur étendue, ce jeu n’eût point été praticable.
Quant aux vafes rangés dans le Bronteion, c’ eft-
i à-dire, le lieu où l ’on contrefaifoit le tonnerre»
on ne conçoit pas qu’ils aient pu produire un
bruit affez violent, fans le fecours du feu. 11
s’agifibit d’épouvanter les initiés, & on iesépou-
vantoit bien dans les myftères de Mithra, en leur
méttant ur.e 'épée nue fur la gorge ; mais leur
frayeur eût-elle été fort grande, fi l'on ne leur
avôit fait vo.r & entendre que les mêmes chofes
qui fe paffbient aux yeux de tour le monde fur
les théâtres ? Ces confidérations me portent à
penfer que, dans les myftères, ces phénomènes
étoient beaucoup mieux exécutés, & fans comparaifon
d’une grandeur effrayante, imrnani magnitu- |
dîne, & conftruit par un architeéle nommé le - 1
tin us. ( Vitru. Prsfat ad lib. V I I .') . Or il n’eût
pas été difficile de faire retentir cette partie par
je moyen des machines : mais fi l ’on peut ici citer
l’autorité d’ un poème tel que le Rapt de Profer-
pine, il eft fur que ce bruit fortoit de quelque
excavation pratiquée fous le pavé du temple : :
car Claudien, après avoir parlé des éclairs qu’on ;
voyoit, ajoute que le mugiffement terrible, qui
fuccédoit immédiatement , paroiffoit partir des
entrailles d'e la terre ». j'
Jam mihi cernuntur trepidis delubra moveri
Sedibus , & claram difpergere culmina lucem,
Adventum teftata Dei. Jam magnus ab imis
Auditur fremitus terris , templumque remugit
Cecropidum.
De rap. Profer. Amftelod. apud Janjfon. 1617.
Il faut obferver que d'autres éditions de Claudien
portent fulmina au lieu de culmina, & Ce-
cropium au lieu de Çecropidum ,* mais cette dernière
différence n’eft point fi importante que la
première. 4
«* Quoi qu’il en Toit, les machiniftes, qui tra-
vailloient à ces fpe&acles myftérieux , ont dû
être auffi embarraffés pour faire un tonnerre fî-
mulé, que pour bien copier les effets de la foudre;
car le comble du ridicule feroit de vouloir
que ceux qui-affiftoient aux myftères ne voyaient
& n’entendoient rien de femblable ; mais qu’ils
fe l’ïmaginoient, & que la frayeur faifbit en
même-tems, une égale illufîon à leurs yeux & à
leurs oreilles. On ne fauroit trop répéter que les
anciens nous parlent de toutes ces chofes d’une
manière qui ne laifle fubfifter, à cet égard, aucune
ombre de doute. Et le grec Pléthon , en
décrivant l’initiation , emploie > les termes les
moins équivoques de fa langue, comme ceux de
keraunus & de pyr, la foudre & le feu». ( Pletho.
Schol. ad Orat, mag. Zoroaft. ).
« Je dois ici avouer au leéteur que je fens
une extrême répugnance à admettre que, dans des
temples & même dans des fouterreins, on eût
fait ufage de la machine dont fe fervoient les comédiens
de l’antiquité fur les théâtres, c’eft-à-
dire, du céraunofcope, par le moyen duquel on
lançoit violemment la »foudre fur la fcène, d’un
endroit nommé le Bronteion, où , fuivant l’opL ;
mon commune, on contrefaifoit le tonnerre, en
roulant des pierres dans des vafes de cuivré ».
j ct Le céraunofcope,. dont on peut à peine aujourd’hui
fe former une idée fort claire, doit
^Yoir été une machine très-élevée, & dontl’aélioy I
, plus terribles à l’ aide de quelque corn-
pofiÿon pyrique, qui eft reliée cachée comme
celle du feu grégeois, qu’on n’a pas retrouvé de
ncs jours, àinli que l’on a affeété de le publier
pour allarmer toutes les puifiances maritimes ».
Voyei Bron té e & C é r au n o sco p io n .
. M a c h in e s de théâtre. Les anciens en avoient
de plufîéurs foites, tant celles qui étoient placées
dans l’efpace ménagé derrière la fcène , & qu’on
appelloit Ttctp eto-Kijvioy 3 que celles qui étoient fous
les portes de retour pour introduire d’un côté les
dieux des bois, des campagnes , & de l’autre les
divinités de la mer. Il y en avoit auffi d’autres
au-deffus de la fcène pour les dieux céleftes , &
enfin d’autres fous le théâtre pour les ombres,
les furies & les autres divinités infernales : ces
dernières étoient à-peu-près femblables à celles
dont nous nous fervons pour cet objet. Pol'ux
( f a I V . ) nous apprend que c’étoient des ef-
pêces de trappes qui élevoient les adeurs au niveau
de la fcène , & qui redefeendoient enfuite
fous le théâtre par le relâchement des forces qui
les avoient fait monter. Ces forces confiftoient,
comme celles de nos théâtres, en des cordes,
des roues , des contre-poids 5 c ’eft pour cela que
les grecs nommoient ces machines avcz-srurpaTu. ;
pour celles qu’ils appelloient wep/«xr«<, qui
étoient fur les portes de retour , c’étoient des
machines tournantes fur elles-mêmes , qui avoient
trois faces différentes, & qui fer’tournoient d'un
& d’autre cô té , ftIon les dieux à qui elles fervoient.
Mais de toutes ces machines , il n’y e i
avoit point dont l’ ufage fût plus ordinaire que
‘ celles qui defeendoient du ciel dans les dénoue-
mens , ,& dans lefquelles les dieux venoient, pour
ainfi dire, au fecours du poète 5 d’où vint le
proverbe azro Ces machines avoient
, même affez de rapport avec celles de nos ceintres ;
car“, au mouvement‘près, les ufages en étoient
. les mêmes , & les anciens en avoient comme
J nous de trois fortes en général j les unes, qui ne
» defeendoient point jufqù’ en bas, & qui ne faifoient