
XXX CH R O N O L O G I E
Ariftodême. ’ Téménus.
pro1clès. Phal1c èIs.
1 Sous. .Regnidas. Hipp|afe. 1 Eurypon . 1 1
PrytanJis , /J
| En1 nom1us ...
|1 / Lycurgue.
Par ce tableau, l’on voit que Pythagore précéda
d’une génération le Légiflateur Lycurgue.
O r , ce dernier ayant fleuri dans le commence
ment du troifième fiècîe, le Philofophe appartient
à.la fin du fécond.
Voilà véritablement l’époque de P ytha gore,
aufli convient elle parfaitement à l’idée que les
meilleurs auteurs anciens fe font toujours fait
de fon antiquité *,elle venge ceux qui ont affuré
que Numa fut Pytha goricien, puifque ce
Prince n’a pu régner avant l’an 278. L’on n’eut
jamais dû aller contre cette tradition , puifqu’il
eft démontré que Numa , dans la réforme de
l’année, employa des idées tout à,fait pythagoriciennes
(1).
U n autre fait auffi notoire vienr à l’appui de
la même vérité. O n convient que Phérécide fut
le maître de Pythagore, ce rhérécide, qui avoir
puifé des connoiflances extraordinaires, difent
les Grecs, dans les livres des Phéniciens , établit
dans Vifle de Syros ou S y r a , fa patrie, un
gnomon, qui marquoit les divïfions de l’année
par tropiques Si par équinoxes | cette pièce tics«
neuve dans ces cantons ignorant, .fit beaucoup
de fenfation , & devint célèbre dans tout l’Archipel
*, o r , il eft prouvé qu’Homère en a parlé.
Au-delà d'Ortygie, faic-ii dire à Çircé , ejl une
ijle appeliée Syra, où la main d'un mortel a tracé
les routes du Soleil \ 2 ) D ’ailleurs, on trouve
dans Homère des idées toutes pythagoriciennes,
telles que lefÿftême des neuf Mufes ou des neuf
Jphires , & de la chaîne d'or qui pend des deux
en. terre , emblème de.ialiaifon qu’ont routes les
parties de l’imivers (3). Que peut-on demander
de plus conléquent que tous ces faits 2
que l’épithète d'i n t o n f u s que lui donnent les auteurs :
l’ufage de ne fe jamais paflèr le rafoir fur la tête,
qui raifoit partie de la confécration des Nazaréens,
fut apporté de l'Orient par Pythagore.
( 2 ) O r t y g i a m f u p r ^ in f u l a q i a d a m S y r a v o c a tu r u b .
C o l i s t r o p i c i . Odyflëe, Lib. i$. V. Phaleg. mot p h é r i c id e s i
( 3 ) V. Macrobe, Som. Scip. p. 19. re3 o Edit, de *472.
Toüt le fyftême des Mufesy eft très-bien expliqué, l ’ajouterai
que le Phénicien Z e n e , S p h e r e , eft lé
(1 ) V l’Aftron.anc. de M. Bailly, p. 198. M iu s é même des Grecs.
Ç’eft encore une preuve, du pythagoricifme deNuma
xxxj
C H A P I T R E I V .
Des Egyptiens.
IN o s moyens d’inftruétion fur le s temps égyp
tiens, fe reduifent à trois fragmens principaux :
je dis nos moyens ; car oh ne prrndra pa,s f oui
des connoiflances réelles des liftes de rois tronquées
, prefque ftériles, '& dont les difÇordan-
cesontjufqu’ici iaiffédans une incertitude égale
à l’ignorance abfolue. C e font ces dilcordances
qu’il s’agit de difeuter : c’eft de ces contradictions
qu’il faut tirer une vérité identique; car
file s faits n’ont qu’uns manière d’ê tre, ils ne
doivent avoir qu’une manière de fe préfemer :
les variétés ne font q.ue des accidens qui appar
tiennent, à des caufes étrangères ; c ’eft-à^ire,
dans le cas préfent, aux mains par lefquelles le
fonds a pafTé. Pour juger de la valeur des mo-
numens qui nous font parvenus, il n’eft pas
inutile de prendre une idee des écrivains qui
nous les ont tranfmis.
La plus ancienne lifte que nous ayons des
rois égy^ tiens, eft d’Hérodote d’Halicarnafle,
qui, peu d ’années après le paffage de Xercès,
parcourut l’Afie pour s’inftruire de l’hiftoire des
difFérens peuples. Il rira fes inftru&ions à Baby-
lone des prêtres de B e l; à Memphis de ceux
de Vulcain; S i les prêtres étoient alors ëxclufi-
vement la partie favante des nations. A in fi,
1 on doit regarder fon hiftoire moins comme
un ouvrage qui lui foit propre, que comme un
extrait des connoiflances des favans indigènes,
écrit en quelque foire fous leur dictée. Avec ce
caractère original, il n’eft point furprenant qu’ il
fe ttouve être aujourd’hui l’écrivain de route
1 antiquité, dont le plan d’hiftoire &: de chronologie
offre le plus bel exemple '( 1 ). •
î .e fécond fragment eft de Manéthon, prêtre
égyptien, qui écrivit deux fièc:es acres H é ro dote,
fous Prolemée Phiiadelphe. Mais il a
. ( 1 ) Beaucoup d’anciens ont décrié Hérodote , &
J's modernes, qui font leurs échos, répètent leurs
1 tyres fans l’avoir lu. On fe plaît fur-tout à citer le
M o t d e Cicéron , qui l’appelle le père de l’hiftoire &
d e s fa b le s : mais ce jugement prouve que celui qui le
porta, que ceux qui l’admettent, n’onï aucune
idee du génie de l’antiquité.
pafle par les mains d'Africain Si d'Eufebe, coni-
pdateurs des premiers ficelés du chrifiianiffne ;
Si il y a fubi des altérations confidérables : il
fut encore retouché Sÿncelle oùiilè trouv e
■ aujourd’hui.
Le troifième fragment eft de Diodore de S icile
; mais comme Diodore fut le côpifte d’A -
pollodore (2 ), qui lui même avoit calqué Era-
tofthènes, x ’eft à ce dernier qu’il faut rapporter
le fyftême du premier : or , comme Eratofthè-*
nés n’écrivit que fous Ptolemée Eve ïgètes, fils
de. Ptolemée Phiiadelphe, on ne doit le regarder
lui même que comme copifte de Manéthon.
A cela, il faut joindre cinq ou fix paffages des
livres hébreux, qui font note de quelques rois
à des dates certaines, Si ces petits fragmens nous
feront du plus grand lecours..
Je ne parle point d ’une lifte de rois de T h e -
b e s , confervée par Eratofthènes, parce que
Thèbes fut un royaume particulier Si diftinét
de ceux dont nous allons traiter, Si que- d ’ailleurs
cette lifte n’offre aucun rapport avec les
autres.
Pour nepointnous égarer dans le labyr’nthe
de la chronologie "égyptienne,'ilfaut y entrer
par une porte connue, Si remontant du moderne
à l’ancien, ne pas faire un pas qui ne foit
foutenu d’un précédent.
C e fut dans le commencement de fon règne
que C am b y fe , fils & fucceffeur de C y ru s , rë-
d u fit en province des Perfes l’Egyp te, jufqti a-
lors indépendante. H érodote, qui nous apprend
ce fait (3), a oublié de fpécifier l’année ; mais
fon récit indique l a ’première ou la fécondé,
c ’eft-à-dire, l’an du Temple 464 ou Dans
fes calculs, Diodore place cet événement à l’an
3 de la 6oe. Olympiade ( 4 ) , ce qui revient à
( ï ) Marsham, p. 314.
( 3) Hérod. Lïb. 3. p. 193.
( 4) Diod.lib. I.p, 79, Edit, de WeSèling»