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L A T IA R , nom de la fête inftituée parTar-
«juin en l’honneur de Jupiter-Latialis. Tarquin
ayant fait un traité d’alliance avec les latins ,
propofa, pour en aflu'rer la perpétuité, d’ériger
un temple commun, où tous les alliés, les romains,
les latins , les herniques & les volfques
s’alfemblalfent tous les ans pour y faire une foire
& y célébrer enfemble des (êtes. & des facrifices.
Telle fut l'inilitution du latiar. Tarquin n’avoit
delliné qu’un ■ four à cette fête. Les premiers
confuîs e‘n ajoutèrent un autre, après qu’ils eurent
conclu l’alliance avec les latins. On en ajouta
un troifième lorfque le peuple de Rome, qui
s’étoit retiré fur le mont facré, fut rentré dans
la ville ; & un quatrième, après qu’on eut appaifé
la fédition qui s'éleva à l’occafîon du confulat,
auquel le peuplé vouloit avoir part. Ces quatre
jours étoient ceux qu’on appelloit fériés latines ;
& tout ce qui fe faifoit pendant ces fériés, fêtes,
offrandes, facrifices „ tout cela s'appelait latiar.
. L A T IC L A V E , )
LA T IC L A V IA , > On appelle laticlave un
L A T1C L A V IU S , )
ornement de la tunique des fénateurs romains &,
de quelques autres magiftrats, qui en prirent le
furnom de- laticlami. Tout le monde reconnoît
que le latus clavus , ou la -1mica clavata , étoit
une marque de dignité, laticlavia dignitas (Cajpod.
VI. 14. ) , l’attribut de certaine magiftrature ;
mais il n’ y a rien, en fait d 'h a b its fu r quoi les
favans foient fl peu d’accord que fur la forme du
laticlave & de l’dngufiiclave.
Les uns ont. imaginé que le laticlave étoit une
bande de pourpre entièrement détachée des habits,
qu’on la paffoit fur le col fequ’on la laiffoit pendre
tout du long pardevant & parderrièré, comme le
fcapulairé d’un religieux'. D ’autres ont penfé que
c ’étoit un manteau de pourpre qui couvroit feu
lement les épaules ; maïs ces deux opinions font
également infoutenables. Indiquons-en Une troifième
qui ait plus de vraifemblance, & cela ne
fera pas difficile.
On diftinguoit chez les romains plufieurs fortes
de tuniques , & entr’autres la tunique nommée
tunica clavata. C ’étoit une tunique avec des bandes
de pourpre, appliquées en forme de galon fur le
devant, au milieu’, de la tunique & dans toute fa
longueur. Si la bande étoir-large , la tunique
s’appeiloit laticlave, latus clavus, tunica laticlavia.
Si elle étoit étroite ,-la tunique prenoit le nom
à’angufiiclave ,* angufius clavus , tunica angufii-
clavia. Voye[ C la vu s . ■
Ces deux fortes de tuniques qui fervoient àf
diftiftguer les emplois parmi les gens de qualité,
étoient oppofées à celle qui étoit'toute Unie, fans
bandes , qu’on nommoit tunicd relia, & dont
l'ufave étoit pour toutes les perfonnes qui n’avoient
point de part à l’adminiftration des affaires.
L A T
II refui te de-là , que le laticlave étoit une large
bordure de pourpre , coufue tout du long fur la
partie de devant d'une tunique > ce qui la diftinguoit
de celle des chevaliers, qui étoit à h vérité
une bordure de la même couleur <k de la même
manière,_ mais beaucoup plus étroite , d’où vient
qu'on l ’appelloic angufiiclave,
Plufieurs favans fe font perfuadés que les bandes
ou galons de ces tuniques étoient comme broche's
de têtes de clous, quafi clavis intcrtextA ; cela
peut être. Cependant Dacier, qui n’eft pas de
cet avis, remarque , pour le r é fu te rq u e les
anciens- appelloient clavus , xclôu , tout ce qui
étoit fait pour être appliqué fur quelque chofe.
C e qüi eft plus sûr, c’eft qu’on a confondu à
tort le laticlave avec la prétexte , peut-être parce
que la prétexte avoit un petit bordé de pourpre 5
mais outre que ce bordé de pourpre régnoit tout
autour, il eft; certain que ces deux habits étoient
diffgrens à d'autres égards , & même que la prétexte
fe mettoit fur le laticlave y Varron l’a dit
quelque part : d’ailleurs on fait que quand le prê-:
teur prononçoit un arret.de mort , il quittoit la
prétexte & prénoit la robe laticlave.
Elle fe portoit fans ceinture, & étoit un'peu
plus longue que la tunique ordinaire j c’eft pourquoi
Suétone obferve comme une chofe étrange
que Céfar ceignoit Ton laticlave. ce U étoit, dit
■ ».cet hiftorien, fort fingulier dans fes habits j.fon
» laticlave avoit de longues manches avec des
» bordures : il fe ceignoit toujours , & ‘toujours
» fa ceinture étoit lâche 5 ce qui donna lieu à ce
» mot de Sylla, qu’il avertifloit les grands de fe
» donner garde du jeune homme mal ceint, ut
» maie pr&cinffium puerum caverent.. »
Comme les fénateurs avoient droit de porter
le laticlave , le même Suétone remarque qu’on les
appelloit d’ûn fêul nom laticlavii.' Les confuls »
Ils.fénateurs_, les édiles , les préteurs, & ceux
qui triomphoient, jouiftoient aufti de cette décoration
« Iftodore nous apprend que , fous la jépü-
blique.^ies fils des fénateurs n’en étoient honorés
qu’à.J^age de vingt-cinq ans. Céfar fut le premier
qui ayant conçu de grandes efpérances d’Q&ave,
don neveu, & voulant l’élever le plutôt poflible
au timon de l’état, lui donna le privilège dû lati-
claye avant le-temps marqué, par les loix.
(Délave-étant parvenu à .la fuprême puifîance,
crut a fon tour devoir admettre de bonne heure
les enfans des fénateurs dans radminiftration des
affaire^ > pour cet effet, il leur accorda libérale-!
ment la même faveur qu’il avoit reçue de fon
oncle. Par ce moyen , le laticlave devint fous lui
l’ordre de l’empereur : il en revêtoit à fa volonté
les perfonnes qu’ il.lui plaifoit magiftrats, gouverneurs
de provinces, & ’ les pontifes mêmes.
Sacrificam hx&vefiem difiinguere clavo»
L A T L A T ï i ï
Il paroît que, fous fes fucceffeurs, les premiers
magiftrats des colonies & des villes municipales
obtinrent la même grâce. Enfuite les Céfàrs la
prodiguèrent à toutes leurs créatures & à quantité
de chevaliers. ;
Enfin, les dames, à leur tour, ne furent point
privées de cette décoration, qui pafla même juf-
qu’aux étrangères. Flavius Vopifcus nous rapporte
qu’Au rélien fit époufer à Bonofus, l’un de fes
capitaines, Humila, belle & aimable pririceft'e.
El:e étoit prifonnière, & d’une des plus illuftres:
familles des Goths î les frais de la noce furent
pris fur l’épargne publique. Le prince voulut avoir
le foin d’en régler les habits ; & parmi des tuniques
de toutes efpêces, il ordonna, pour cette
darne , celle du Laticlave , tunicam auro clavatam.
Ciaconus appelle de ce.nom le double rang de
courroies qui pendent au bas de la cuiraffe & fur
lés cuiffes de l'empereur, des tribuns & des autres
chefs dans les monumens. On y apperçoic fur le
bout de chacune un morceau de pourpre, qùi,
par la. réunion ', paroi? faire une bande continue.
Les deux rangs de courroies étant inégaux, pa-
roiffent former deux bandes l'une au-deftus de
l’ autre 5 c’étoit peut-être la manière dont les
militaires, décorés du laticlave , le portoient à
l’armée.
Les doutes fur cette marque diftinélive des
fénateurs paroiflent levés à la vue d’un bufte de
marbre de Philippe père, publié par M. Guattani,
dans fes Monumenti antichi, année 1784. Ce
bufte eft revêtu d’une toge, noh pas firnple comme
celle dés premiers Géfars , ou des derniers républicains
, ftiais telle qu’on le v,oit dans le troifième
fiècle. Elle offre un objet faillant très-remarquable :
c’eft un pli très-large & très-épais qui la traverfe
depuis l’épaule gauche jufque fous le bras droit.
On a cru avec afiez de vraifemblance reconnoître
à ce pli énorme le, laticlave, qui étoit coiifu à
la tunique & non à la toge. Le bufte de Philippe
jeune, au capitole , offre le même pli., q u i,
traité avec plus de fineffe , fait voir que ce grand
pli appartient à la tunique & fe confond avec
les autres plis de cet habillement, intérieur.
LA T IN ( droit du pays ). Voye£ Droit
italique.
C ’eft une faute de confondre le droit du pays
Latin avec le droit Italique 3 comme l’ont fait les
PP- Hardouin & Jobert. Afconius Pedianus,
auteur qui vivoit du temps de l’empereur Claude,
& 9U* i f l fouvent cité par Pline le naturalifte,
diftingue expreflement Ces deux droits, en parlant
des deux fortes de colonies que le peuple romain
avoit fondées ( Afcon. Ped. in Cic. or. Pifonian.
15fi* )• Duo porro , dit-il, genera ear-um colo-
niarum .que, h populo romano deduct& funt, fuerunt y ■
çrant enim ali& quibus jus Italia dabatur , ali ft item
qua Latinorurn ejfent. Pline lui-même reconnoît
cette diftinéfion en parlant des peuplés qui s’af-
fembloient à Carthagèné ( P tin, L , 3. c. 5. ). Ex
colonia accitanâ Gemellcnfes &Libifofanâ cognomine
foro-Augufianâ quibus duabus jus Italia datum , ex
: colonia Salarienfe oppidani Latii' ve’teris , CafiuLoi
nenfes. Le même Pline , en nommant d’autres
peuples , fe fert du terme de jus italicum ( id.
L I I I . c. 2 1 .) . Jus italicum liaient.............. Aluta
' Flânâtes , a quibus finus nominatur , Lopfi, Far-
varini , immunefque ajfèfiates, & ex infulis ferti-
nates, cufiotA. Mais quand il parle de ceux qui
avoient.le droit latin, il fe fert conftamment {id.
I. I I I . c. 4 .) des noms, d‘oppida latina , { id,
l. III. c. 5. ) oppida latïnorum veterum , { id. I. I F .
I c. 22.) Latii and qui 3 Latii veteris. Il nous apprend
encore que l’empereur Vefpafien avoit
accordé le droit latin à toute l’Efpagne ( id,
» /. III. c. 5. ). Univerfa HiJpantA Fejpafianuj im-
■ perator Auguftus, jattatus procellis reipublica, Latii,
jus tribuic. Cependant le jurifconfulte Paul , qui
vivoit fous Sévère & fous Caracalla , ne conipte
que trois villes de l’Efpagne citérieure qui jouiftent
du droit italique : Valence , Illici , qu’on nommé
aujourd’hui Fiche, & Barcelone , {L . S. dig.
’ cénf.). Idem jus Falentini , & lllicitani habent ,
Barcinonenjes quoque ibidem immunes funt. Le
droit italique n’efl: donc pas la même chofe que
le droit latin , puifque l’Efpagne entière jouiffoit
du droit latin depuis Vefpafien ,■ ôc que trois
villes feulement deTEfpagne citérieure jouiftoient
du droit italique dw temps de Caracalla.
C ’eft fe former une faufte idée,du droit du pays
latin que de le faire confifter à n’être point aflu-
jetti à payer des tributs & à pouvoir fervir dans
les légions romaines. Les anciens latins, depuis
le traité qu’ils firent avec les romains , fous le
confulat de Sp. Caftius & de Pofthumus Cominius
( liv. II. c. 3 v ) , l’an de Rome 2 6 1 , avoient
droit, lorfqu’ils fe trouvoient.à Rome, de donner-
leurs fuffrages dans les comices ou aftemblées du
peuple, pourvu qu’ils y fuflent invités par le
magiftrat qui préfidoit a ces aftemblées j mais
comme les latins n’étoient attachés à aucune tribu,
parce qu’ils »’étoient pas citoyens romains, dans le
cas de cette invitation, onjiroit au fort la tribu dans
laquelle ils dévoient donner leur voix. C ’eft ce
qui réfulte clairement de deux paftages, l’un de
Denys d’Halicarnafîe ( Dionyf. Hal. lib. F I I I .
,p. ^40.), l’autre de Tite-Lîve' ( Liv. I. X X F .
- c. 5 . ) , que nous nous contentons d’indiquer ;
c’eft aufti ce qu’on doit conclure du fait rapporté par
Plutarque , dans la vie de C . Gracchus, {Plutarch,
Gracch.p, 829. ). Il fut ordonné , dit cet hiftorien
, aux latins de fortir de Rome , afin qu’ils
n’afliftafîent pas à l’aflemblée où le peuple, divifé
par tribus, devoit prononcer fur les loix propofées
par Gracchus.
Les latins jouiftoient encore de l’avantage de
Iii ij